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L’énurésie

« Ne crie pas sur moi, maman ! »

C’est un petit garçon, il a 4/5 ans, son attention est rivée sur sa maman. Cette dernière pleure, se plaint toute la journée, car elle vit une situation difficile. Elle vient de divorcée, se retrouve seule, se sent démunie.

Ce petit bonhomme se tient devant son bol de chocolat et tout en buvant sa boisson chaude écoute maman lui déverser un trop plein d’émotions dont elle n’arrive pas à se débarrasser. Elle se plaint auprès de lui, car il est le seul à l’écouter, sa petite sœur est encore un bébé et ne peut pas encore lui prêter une oreille attentive, devenant ainsi un possible réceptacle à sa souffrance de femme. Cela dure des jours, des semaines.

 

Le soir venu, ce petit garçon va se coucher. Il appréhende cette fin de journée, car il pressent qu’il va vivre un moment difficile et honteux pour lui : il sait qu’il va encore se réveiller en pleine nuit car il aura fait pipi au lit. Maman se lève avec patience et compréhension les premières nuits. Les premiers incidents sont mis sur le compte de la séparation des deux parents. Mais les autres incidents qui surviendront, les autres nuits, seront agrémentés de reproches. Elle lui demandera de faire un effort. Pour elle.

 

Le temps passe. Maman en a assez de changer les draps tous les matins. Elle est fatiguée :  elle travaille de nuit, parce que c’est mieux payée, car dit-elle à son petit garçon, papa nous a abandonné (elle est divorcée), il nous a laissé tombé et c’est difficile, pour une femme seule, de vous élever tous les deux. Parce qu’il  y a la petite sœur, n’est-ce pas, sur laquelle il doit veiller, désormais. Maman ne peut pas, elle travaille.

C’est beaucoup trop d’émotions pour ce petit bonhomme. Il n’a pas la capacité de les conserver en lui. Maman lui crie dessus ou le gronde. C’est parce qu’elle n’en peut plus de cette situation. On comprendra ici que pour seul résultat, elle le culpabilise.  Ce petit bonhomme se sent responsable. Il croit que c’est à cause de lui qu’elle doit travailler aussi dur. Alors, son subconscient en déduit que c’est à lui de supporter le trop plein d’émotions déversé chaque jour par maman.

 

Mais le corps de ce petit garçon n’a pas la capacité de contenir ce débordement incessant d’émotions. Surtout des émotions d’adultes, qu’il ne comprend même pas et qui, d’ailleurs, ne le concernent pas. Pas encore. La Nature humaine n’a pas prévue que nos organes d’élimination servent à compenser le déversement émotif d’autrui, même si cet autrui fait partie de notre famille. Ce n’est pas prévu par la nature et cela ne le sera jamais.

 

Alors le soir venu, lorsque le corps psychique se sera décalé, l’intelligence cellulaire (subconscience) prendra le relais et videra le surplus d’émotions (eau.) A ce moment, rien ne peut manifester la volonté de se retenir puisque l’enfant dort. Il le vivra par ce que l’on appelle l’énurésie. Le corps a la capacité de gérer une quantité d’émotions qui provient de son propriétaire exclusif, et uniquement de lui. Quant au reste, le surplus, tout ce qui ne provient pas du légitime occupant de ce corps de chair, tout est évacué par les voies naturelles. Le subconscient est pré-programmé ainsi et a ordre de fonctionner selon ce programme de base.

 

Il n’est pas prévu par la Nature que les êtres humains se déversent sur d’autres êtres humains, dans l’espoir de se sentir mieux. Le petit corps d’un enfant n’a pas (encore) la capacité de se défendre, cela en distinguant ce qui provient de lui de ce qui provient des autres, en matière d’émotions. Les enfants sont prisonniers de l’emprise psychologique quasi-totale de leurs géniteurs, voire de la plupart des adultes qui gravitent autour d’eux (famille.) Lorsqu’un adulte se déverse sur un enfant, il fait endurer à ce dernier un véritable calvaire émotionnel.

 

Comprenons bien que sa maman est un véritable dieu, aux yeux d’un enfant ! Il ne peut qu’accepter tout déversement émotionnel; il ne peut que recevoir les flots d’émotions refoulés puis projetés des adultes. Surtout si cet adulte se nomme « Maman« . Une maman incapable de maîtriser les vagues émotionnelles qui la submergent, débordée qu’elle est par sa situation de femme seule et abandonnée, avec deux enfants sur les bras.

 

Ce n’est pas de la faute de cet enfant qui n’entend rien aux affaires des adultes et ne peut que subir ce que d’autres vont lui imposer sans même le réaliser. Mais puisque le corps ne peut accepter ce débordement, cela parce que ces vagues d’émotions ne lui appartiennent pas, ce petit corps n’aura comme ultime recours que d’évacuer ce trop-plein. En particulier lorsque l’enfant est inconscient, c’est-à-dire lorsqu’il est plongé dans un sommeil sans rêves.

La mère ignore tout des faits; elle n’a aucunement l’intention d’affaiblir les résistances psychologiques de son propre enfant, mais c’est pourtant ce qu’elle réussit à faire en transmettant au petit bonhomme, son lot d’émotions. Cette âme que l’on appelle « Maman » est et demeurera sans doute inconsciente des torts causés à son enfant. Et lorsque ce dernier fera régulièrement pipi au lit, elle croira que c’est lui qui a un problème, qui vit mal la perte de son père…

Et c’est lorsque l’enfant sera malade que la mère pourra se sentir un peu mieux. Alors elle prendra son enfant dans les bras et lui dira : « Allez ce n’est pas grave, va jouer avec ta petite sœur, elle a besoin de toi. »

Cette mère devrait sentir quel est son degré exact de responsabilité. Elle devrait savoir que les enfants n’ont pas un système psycho-émotionnel capable de percevoir toutes les subtilités du relationnel des adultes. Eux-mêmes n’y arrivent que peu souvent ! A croire que certaines femmes ne font des enfants que pour se sentir mieux, pour se débarrasser de toutes leurs souffrances ou «  pour sauver leur couple « , comme disent quelques-unes d’entre elles, sans même frémir d’horreur en s’écoutant parler… Mais qui s’écoute parler, à notre époque ? Qui le fait correctement s’entend.

 

Mon but n’est pas de faire le procès des femmes qui sont aussi des mères, ni de dresser d’elles un portrait aussi injuste qu’exagéré. Mon propos est de faire réfléchir les consciences disposées à le faire sans arrières-pensées ni réflexe de justification. Aussi, j’aimerais que les mères qui ont des enfants qui font pipi au lit, se tournent vers leur propre problématique, avant de rechercher celle de leurs enfants, encore trop jeunes pour prétendre en avoir.

J’aimerais montrer l’importance de cette relation charnelle entre la mère et son enfant. Même après la naissance, tout ce que ressent et subit la mère, l’enfant le ressent et le subit également. Du moins les cinq premières années, environ. Mais pour lui, les dégâts sont bien plus importants et peuvent l’accompagner ensuite, et toute une vie durant.

J’aimerais, enfin, montrer l’importance du moindre de nos gestes, de la plus innocente des paroles ou des réparties, lancées comme ça, sans même prendre le temps d’y réfléchir. L’enfant est bloqué dans sa souffrance, car cette dernière le taraude depuis son propre intérieur, depuis ses tripes et jusque dans son âme.

Il ne peut pas s’échapper, du moins au début. De même qu’il ne peut se couper des liens maternels. Et son amour pour sa mère est encore le pire de ces liens. Comment se défier de celle qui incarne la sécurité à l’état pur ? Comment ne plus lui faire confiance ? Comment réussir à la haïr, sans avoir eu le temps de devenir un adulte pour se faire ?

Chères maman, pensez d’abord à vos enfants et essayez d’être heureuses au moins pour eux. Et cessez de croire que vos enfants ont assez d’expérience vivante et un ego assez développé pour pouvoir se payer le luxe de souffrir. S’ils souffrent tout de même, ce n’est que bien rarement à cause d’eux.

 

Merci pour eux.

 

Laetitia@FréquenceSoi