Apprendre à sortir de la dualité

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Apprendre à sortir de la dualité

 

Il est souvent question de s’extraire de la dualité terrestre, en ésotérisme et, depuis peu, en spiritualité. On est en droit de se questionner à ce sujet, attendu que ce même ésotérisme, spécialisé dans le fonctionnement de l’esprit humain, affirme par ailleurs que « Tout est double. » Si tout est double, alors la dualité est l’état naturel de la vie terrestre incarnée. C’est du moins ce que pourrait nous chuchoter à l’oreille l’exposé de la raison. Mais en fait, le sujet est tout de même un peu plus complexe que cela. La dualité dont traite l’ésotérisme ne provient pas du « deux » mais du « un. » Ou pour le dire plus sobrement, ne provient pas d’un choix possible entre deux conditions différentes, mais plutôt du fait qu’il nous faudra bien « faire un choix unique à partir de deux conditions différentes. » C’est le fameux « fromage ou dessert » de certains restaurants.

 

En fait, plus que la dualité en elle-même, le problème se situe bien plus au niveau du sentiment de dualité. Par exemple, une femme est amoureuse de deux hommes en même temps et, bien évidemment, chacun de ces deux hommes presse l’infortunée amante potentielle de se décider et donc, de faire un choix. Un choix qui statuera et annoncera qui, en définitive, héritera des faveurs de la belle. Des faveurs… Exclusives s’entend ! N’est-il pas dramatique de devoir faire un choix, non pas entre un fromage et un dessert, mais entre une personne à aimer d’une manière exclusive et donc, à l’exclusion d’une autre ? Il y a fort à parier que pour cette dame, le choix fera figure de drame. Gageons qu’une fois ce choix effectué, cette brave femme sera obligée de réprimer ou de refouler puis de nier carrément, un sentiment de dualité. Sentiment reposant sur le fait qu’elle ne saura jamais si elle a fait le bon choix, en fin de compte.

 

Nous voyons donc ici et clairement, que ce n’est pas le fait que tout soit (toujours) double, qui est problématique, mais le fait qu’il nous faille souvent faire des choix entre deux conditions qui semblent s’opposer entre elles. Choix qui nous privent toujours d’une chose au profit d’une autre et inversement. Ce qui et immanquablement, induit ce fameux sentiment de dualité. Le sentiment de dualité est donc relatif à notre incapacité à unir les deux pôles opposés mais complémentaires de toutes choses.

Une grande part de nos souffrances intimes, qu’elles soient exprimées ou non, provient de ces frustrations répétitives. A tel point que certains en arrivent à se demander si les règles de morale, d’éthique ou même les lois humaines, ont bien été édictées par… Des êtres humains ! Tant de souffrances, alors qu’à l’origine, nous étions LIBRES de penser différemment et, surtout, de nous extraire non pas de la dualité, ce qui ne veut plus rien dire désormais, mais de ce sentiment puissant qui, depuis notre prime enfance, s’efforce de nous pourrir la vie, voire de nous saboter notre vie terrestre. Avec succès, il nous faut bien le reconnaître ici.

 

Alors quoi ? Devons-révolutionner le monde de la restauration et jusqu’aux aspects les plus intimistes de notre vie ? Cela deviendrait du même coup à exiger Fromage ET dessert et, pourquoi pas, non plus, créer une forme de vie communautaire dans laquelle personne n’appartient à personne ? Plutôt qu’un simple couple, pourquoi ne pas viser carrément une sorte de trio marital comptant une femme pour deux homme ou bien deux hommes pour une seule femme ? Qui cela gênerait, en plus des restaurateurs radins n’aimant pas ou plus un simple métier plus qu’une réelle passion ? Réponse : cela ne gênerait, au pire, que 90% des êtres humains actuellement présents sur Terre !

Car soyons honnêtes, voulez-vous ? Parler d’amour inconditionnel, de pardon, de partage, d’empathie et autres calembredaines est une chose : en appliquer la Lettre afin de la rendre vivante en soi et à l’extérieur de soi, est une toute autre affaire ! Qui est prêt à offrir plus que ce pour quoi les autres payent ? Qui est prêt à partager ce qui est devenu une simple marchandise malgré qu’elle concerne de prétendues « relations humaines ? »

 

Mais ne vous méprenez pas sur le sens exact à donner à nos présents propos : l’idée n’est pas de créer une révolution dans l’esprit de personnes déjà trop frileuses pour revendiquer puis pour assumer leurs propres erreurs ou torts. Le but est d’encourager discrètement l’évolution de quelques-uns seulement, non pas par choix arbitraire et nécessairement partial, mais par absence de DEMANDE réelle. C’est là aussi le principe de l’offre et de la demande. Que la demande faiblisse et l’offre fera mine de disparaître conjointement. Car tout est double, n’est-ce pas ? Du coup, il y a toujours deux choix à faire : celui induisant ce sentiment affreux de dualité, avec sa jeune sœur qui se nomme la peur de s’être trompé, de n’avoir pas su faire le bon choix, puis il y a… Le second choix. Choix qui fait hilarant, se résume à ne plus choisir. Jamais !

Mais ceci est une toute autre histoire, avouez-le !

 

Serge Baccino