Le Tout et la conscience de Tout

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Le Tout et la conscience de Tout

Ou Une leçon d’Hermétisme moderne.

 

Un être humain, c’est-à-dire une personne, est quelque chose de défini, de « fini », même, puisque l’on pourrait aussi bien dire que sa forme physique, à savoir l’espace occupé par son corps de chair, commence ici et se termine là. Cette personne physique est née à telle date et à l’heure actuelle, elle a tel âge précis, pèse tant de kilos, a tel genre de caractère, etc. Un être humain est donc quelque chose à la fois d’unique, de délimité et donc, de limité. Il en va de l’être humain comme de toutes choses. Par exemple, on reconnait une chaise, quelle que soit sa forme générale ou le style qui a prévalu à sa confection, au fait qu’elle possède les principales caractéristiques d’une chaise. Lorsqu’on la voit, on sait que l’on peut s’assoir dessus. De même qu’une maison, même si elle se présente sous un style architectural des plus recherchés, ressemblera toujours à ce qu’elle est censée être et assumer comme fonction.

 

Aucun objet n’est conçu de manière à n’avoir aucune limite ou aucune fin. Aucun d’eux ne saurait remplir tout l’espace intersidéral. Même la plus grosse étoile d’une galaxie possède des mesures qui lui sont propres et donc, des limites bien précises. Il ne saurait y avoir une chose qui soit infinie et sans aucune limite. Et si cela arrivait, ce ne serait alors plus « quelque chose de précis » mais toutes choses ou la somme de « Tout-ce-qui-Est. » On pourrait simplifier en affirmant que tout ce qui est connu, nommé et qui possède des caractéristiques précises, consiste en quelque chose de limité. Essayez donc de nommer et de visualiser une chose que vous connaissez ou dont vous avez entendu parler, et vous comprendrez alors ce qui est présenté ici comme concept logique. Il est bien entendu question de nommer quelque chose de précis et de vraiment connu : évitons donc des concepts aussi abstraits que l’espace, le temps, l’univers, etc. De toute manière, nous n’avons aucune preuve que ces concepts, qui ne sont pas des choses définies et précises, aient une existence en dehors de notre prise de conscience les concernant.

 

Notre prémisse de départ sera donc que tout ce qui possède nom, mesure, poids, dimension et qui demeure quantifiable, est quelque chose de limité et de précis. Ce qui concerne et englobe les Règnes successifs (minéral, végétal, animal et humain.) Pour simplifier, nous écrirons tout au masculin. Un homme est donc une chose précise, limitée et qui présente des caractéristiques permettant de le distinguer d’une femme, évidemment, mais également, de tous les autres hommes. Cet homme ne pourrait pas être « Tout » ou « Le Tout » et être de ce fait illimité ou infini. Étant « un homme », il est obligé d’être « quelque chose. » Et ce quelque chose se nomme « un être humain », dont le Genre est soit féminin, soit masculin.

 

Si un être humain n’avait pas les caractéristiques usuelles propres à son Genre, à sa couleur de peau, à son lieu et à sa date de naissance, à sa nationalité, à son âge et à toutes ses autres caractéristiques physiques et psychologiques, il deviendrait impossible de savoir qui il est et de ce fait, de le distinguer d’une autre personne. Ce sont donc les caractéristiques propres à une chose définie, qui la définissent et qui la distinguent de « Tout le reste » (choses et êtres vivants confondus.) Si nous devions considérer l’opposé complémentaire d’une chose quelconque (objet et être humain confondus), nous nommerions cet opposé « Le Tout » ou encore « Tout le reste » ou « Toutes choses », etc. Peu importent les mots retenus ou choisis. Des termes qui laissent clairement entendre qu’il ne s’agit plus là de parler de « quelque chose » mais de toutes choses et, de ce fait, d’aucune d’entre elles en particulier.

 

Il est difficile, pour un esprit vraiment rationnel, de traiter de « Tout » ! En fait, « Tout » ou « Rien », c’est la même chose et cela revient au même en termes de valeur absolue, comme nous allons essayer de l’expliquer plus loin. « Le Tout » n’est pas quelque chose mais toutes choses en simultané. « Tout » n’est pas une chose précise, finie ou limitée ; « Tout » est un concept mental imprécis par excellence, car supposément illimité ou infini. Pourtant, le mental humain refuse de considérer « Le Tout » comme étant infini, car ce n’est pas quelque chose dont il puisse prendre conscience, même « avec du temps ». D’ailleurs,  combien de temps faut-il, pour évaluer Le Tout ? L’éternité ? « Tout » et éternité sont synonymes, car il faudrait l’éternité pour connaître « Le Tout. » Ce qui ne veut pas dire grand chose, finalement.

 

Pour le mental humain, « Tout » ou « Le Tout » ressemble plus à un potentiel à être qu’à toute autre formulation envisageable. Comment affirmer que « Tout » soit… Quelque chose ? S’il était quelque chose, il serait déjà connu, car connaissable de part sa nature limitée. Et s’il était limité, il ne serait pas… Tout ! Et si « Tout » est illimité, quelque chose, comme nous l’avons déjà mentionné, est obligatoirement limité, ne serait-ce que dans ses attributs spécifiques (forme, taille, poids, contenu, etc.) « Tout » ne pouvant pas être « quelque chose », sinon, il ne serait pas Tout, est donc obligé d’être « Toutes Choses », à savoir, d’être la somme de toute les limitations possibles et imaginables, de tout ce qui ne saurait être « Le Tout » mais qui peut, par contre, former ce même « Tout », avec toutes les autres choses limitées, à l’infini.

 

Présenté autrement, « Le Tout » peut très bien être la somme de toutes les limites possibles et imaginables, la somme de tous les possibles. Dans ce cas, toutes les limitations doivent être illimitées en nombre, ceci afin de former « Le Tout. » Pour le dire au plus simple, en considérant TOUTES LES LIMITATIONS, à savoir, toutes les choses prises séparément puis en les additionnant, nous pourrions, éventuellement, arriver à la Somme Dernière, c’est-à-dire au « Tout. » En théorie seulement ! Car là encore, nous nous heurterions très vite au « mur mental » de l’illimité ! Comment imaginer pouvoir additionner… « Toutes choses » ? Même si chacune de ces choses était affreusement limitée, comment, en les additionnant, trouver le temps (et la patience !) d’atteindre… « Tout » ? C’est évidemment impossible et ceci, en toute logique une fois encore.

 

Lorsqu’on place deux chaises ou deux personnes l’une à côté de l’autre, on sait instantanément « où commence et se termine l’une » et du même coup, « où commence et se termine l’autre. » Pour l’individu observant l’autre individu, « l’intrus », c’est l’autre, évidemment ! Tout être humain sait qu’il est bien lui-même, qu’il est ce « Moi » qui par son observation de tout ce qu’il considère comme n’étant pas lui, en arrive à se définir comme étant le point central d’observation de quelque chose d’autre qui, du même coup, se retrouve relégué à la seule place qui reste : à l’extérieur. La perception humaine se produit à partir de six directions différentes, cela aussi longtemps que la Vision Ésotérique n’est pas acquise (voir plus loin.) Une personne qui ignore encore la Vérité de son Être Global, ne peut considérer l’univers et les autres que selon le point de vue offert par les six directions usuelles, à savoir : devant, derrière, à gauche, à droite, en haut et en bas. Une fois éclairé sur sa Nature intrinsèque, l’homme s’ajoute une septième direction vers laquelle Regarder. Il s’ajoute la Direction Intérieure et se met à observer en lui-même, voire à s’observer lui-même. Il est un fait que, pour le moment, chaque être vivant et conscient, perçoit le monde comme étant extérieur et séparé de lui, comme s’il était lui-même un « point central d’observation » avec tout le reste de l’univers positionné dans les six directions, autant dire « tout autour de lui. »

 

Il est amusant de songer que l’homme se trouve au centre géographique d’une sphère cinématographique, dont la paroi unique refléterait, sur l’ensemble de sa rotondité, le film de la vie. De la vie de celui qui, croyant n’être que l’observateur de tout ce qui semble se produire tout autour de lui, en est en fait le projectionniste unique mais inconscient de ce qui s’y passe. Il est clair que l’acte même de percevoir consiste en un acte séparatiste qui, s’il est inconscient et donc involontaire, n’en est pas moins d’une efficacité meurtrière ! Qui pourrait croire que ce qu’il voit là, sous ses yeux et à l’extérieur, est en fait dans sa conscience, à l’intérieur, et n’est donc pas séparé ni même distinct de celui qui perçoit ? L’observation est un acte double, aussi bien d’affirmation que de négation, et ceci en simultané.

D’affirmation, tout d’abord, du fait d’être persuadé que ce qui est ainsi perçu par les sens se trouve au-dehors ou à l’extérieur. De négation, aussi, car du même coup, ce qui est extérieur à nous et que nous pouvons dès lors observer sans passion, ne peut être que séparé de nous et donc, ne rien à voir de commun avec nous (et pourtant, nous en sommes souvent affectés, intérieurement !)

 

La logique hurle aux oreilles de l’observateur, que c’est le fait qu’il peut observer au-dehors une chose physiquement séparée de lui, qui « prouve » que cette chose n’a absolument rien à voir avec lui, qu’elle ne fait pas partie de lui. Sinon, il n’y aurait pas deux et donc, pas observation. L’exposé de la raison est on ne peut plus cruel et définitif à ce propos : pour observer une chose, il faut en être distinct et donc, séparé. Malgré tout, il n’est pas utile qu’une chose soit liée à nous pour que nous puissions la savoir nôtre. Prenons l’exemple du rêve. Lorsque nous rêvons, le contenu formel de ce rêve est-il situé « au-dehors » de nous ou bien se trouve-t-il au sein même de notre conscience ? N’est-ce pas notre propre esprit qui, mentalement, nous pond le scénario on ne peut plus vivant d’une course poursuite ou d’une rencontre amoureuse, avec  les sensations et sentiments distincts et relatifs à ces situations ?

 

Le rêve a l’air si réel, tandis que nous rêvons, n’est-ce pas ? Et pourtant ! Même si le contenu de ce rêve nous place au centre d’évènements qui ont l’air de se produire à l’extérieur de nous, voire tout autour de nous, notre image ainsi que le scénario de ce rêve se trouvent en notre propre esprit. Les rêves nocturnes de même que la vie humaine diurne, peuvent se produire du fait que nous sommes une conscience qui se croit aussi individuelle que limitée. Du fait que nous ayons un « Moi » qui puisse se faire croire puis affirmer qu’il est « ceci »  ou bien « cela », devenant de ce fait aussi limité que « personnifié. » La personnification humaine provient de deux facteurs psychologiques bien connus qui sont l’attachement et l’identification. L’être humain s’attache tout d’abord à quelque forme mentale produite en esprit et dans sa conscience, puis l’affectionnant, il finit par s’identifier à elle.

 

Il croit se reconnaître, par exemple dans cette image du héros de guerre qui préfère donner sa vie à la France plutôt que de voir son pays tomber entre les mains de l’ennemi. Ou alors, il s’identifie à cette image du bon père de famille, aussi aimant que bienveillant, qui sacrifiera ses propres besoins et envies pour que ses enfants bénéficient plus tard du nécessaire comme du superflu. Ou encore, il va s’identifier à ce rôle bien plus plébiscité de nos jours, de celui qui saura jouir des biens amassés par autrui, si possible en faisant lui-même le moins d’efforts possibles.

Le Principe de Création Continue de l’esprit, peut donner Forme et Force à autant de « visions attachantes » qu’il est possible d’imaginer puis de vivre. De vivre en esprit, dans une forme de rêve ou dans une autre, plus dense et donc, plus « réaliste. » Tous les scenarii probables peuvent être tirés de l’esprit. Tel scénario probable deviendra très attachant puisqu’il permettra de produire de fortes émotions qui, à leur tour, impacteront profondément la conscience séparatrice du « Moi », de la personne humaine.

 

Tel autre scénario probable sera jugé terriblement effrayant, car il produira de fortes émotions également, mais négatives et désagréables cette fois, qui impacteront tout autant, sinon plus, les consciences personnelles de ces « Moi » humains. Dans les deux cas, la personne sera profondément marquée et du même coup, les scenarii producteurs des plus fortes émotions seront mémorisés et serviront ensuite de repères psychologiques lui permettant d’être capable soit de REPRODUIRE les émotions jugées positives et agréables, soit de se prémunir ou même d’éviter carrément les émotions associées aux sentiments de souffrances. La dualité engendre le choix. Fromage ou dessert ?

(Suite dans le prochain article…)

 

Serge Baccino