Les Mémoires du moi

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Les Mémoires du moi

 

Quoique que nous soyons ou croyions être, ce que nous exprimons de ce que nous croyons être est de la mémoire pure. Nous sommes nos Mémoires, en somme. Quoique nous croyions faire, et surtout si nous croyons le faire « librement », l’ensemble de nos actes se résume à nos Mémoires. Ce sont ces Mémoires qui agissent selon ce qu’elles récitent ou égrènent sans cesse, et ce sont donc elles qui sont libres de s’exprimer, pas nous. Pour qu’il y ait liberté d’être, encore faut-il qu’il y ait, au préalable, un être qui Soit ! S’il y a un être conscient, alors il peut devenir tout ce qu’il veut. Or, que sommes-nous d’autre que de simples idées et réactions émotives, compactées et référencées, classées et donc, mémorisées ? Nous ressemblons plus à un robot de chair qu’à un véritable être humain digne de ce nom !

 

Mais la chose est-elle obligatoire ? Pouvons-nous être autre chose que la somme de tout ce qui a été retenu de tout ce qui a déjà été vécu par ce corps de chair ? Bien sûr ! Nous pouvons ne plus être « choisi » mais CHOISIR enfin ! Comment ? Rien de plus simple. Prenons un exemple : vous sentez que vous allez vous énerver ? Alors ne luttez surtout pas contre cette émotion puissante (vous perdriez) mais remplacez la pensée mémorisée et à l’origine de cette réaction émotive, par une pensée contraire ! Par exemple, observez les mouvances de votre propre esprit qui, pour le moment du moins, ne vous est pas « propre », justement (ne vous appartient pas encore) puis définissez, d’une manière générale, l’état d’esprit qui préside à cette réaction mémorielle. Pour y parvenir, vous devrez sans doute « sacrifier » deux ou trois colères de plus qui, pour une fois, ne seront pas inutiles mais déterminantes pour vos changements futurs.

 

Par exemple, vous êtes sur la route et vous voyez une personne se conduire et donc, conduire son véhicule, d’une manière dangereuse pour les autres usagers. Et là, vous sentez une colère monter en vous que vous connaissez bien, hélas ! Cette colère est issue d’une simple idée enregistrée, qui se reproduit à chaque fois que vous vous retrouvez confrontés à une expérience semblable. Oubliez l’émotion, qui n’est qu’une simple résultante énergétique, allez directement à l’idée directrice qui se cache derrière elle et se protège de la conscience, de ce que vous êtes depuis toujours sans même le réaliser, en fait. Que pourrait-bien dire cette idée ? Vous n’avez même pas besoin d’en connaître les contours exacts : les contours généraux suffiront amplement, comme vous allez très vite le constater.

 

Essayez d’imaginer… Une personne, sous votre nez, se conduit mal ! Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Non ? Vraiment ? Quand vous n’étiez encore qu’un enfant ? Mais ce n’est pas grave, vous n’avez pas besoin de remonter si loin dans les Mémoires : vous avez juste besoin de VIDER ces Mémoires, de vous en débarrasser au plus vite et d’une manière définitive, d’accord ? Alors nous pouvons poursuivre. Cette personne se conduit mal et sa façon de conduire s’en ressent ! Vous savez, au fond de vous, que vous voyez les choses « dans le bon sens ». La personne se conduit mal, en société et avec ses proches, du coup, elle ne peut pas faire autrement que mal conduire sa voiture. Et ce ne peut être l’inverse qui soit vrai. Le fait de mal conduire une auto ne peut pas impliquer une mauvaise conduite sociale. Vous savez aussi que les gens se conduisent mal, envers les autres, mais que ça ne se voit vraiment que lorsqu’ils montent en voiture puis « partagent » (ou si peu) la route avec les autres usagers.

 

Vous avez donc déjà de précieux indices : ce qui vous énerve est de voir que des personnes se conduisent mal en voiture mais sont assez hypocrites et lâches pour le cacher en société. Ils ne l’avouent inconsciemment que sur la route et vous êtes parmi quelques rares à l’avoir remarqué. Ce qui vous énerve, ce n’est donc pas le fait que d’autres conducteurs d’autos conduisent mal mais le fait d’être confronté à une réalité que vous préfèreriez ignorer, car elle vous renvoie à des EFFORTS que vous entretenez, inconsciemment, pour tente de COMPENSER l’irresponsabilité et le manque d’évolution réelle de nombreux autres, que vous croyez être obligés de fréquenter et donc, de « croiser sur les routes de la vie ». C’est cela qui est mémorisé en vous et à votre insu (subconscient) et nous pourrions le résumer ainsi :

« Je vais devoir encore me farcir, et sans doute ma vie durant, des gens qui ne font jamais aucun efforts pour vivre en société et qui comptent sur les plus cons qui eux, font des efforts pour dix, voire pour cent ! »

 

Franchement, à partir de telles Mémoires récurrentes, qui ne pèterait pas un câble à la moindre occasion ? Et tout cela pourquoi ? Parce que, sans aucun doute, tandis que vous étiez encore très jeune et méritiez d’être insouciant, un abruti d’adulte, qui l’était si peu, a tenté puis a réussi à vous responsabiliser ! Comprenez par-là qu’il a réussi surtout à vous transmettre ses programmations mentales, sans doute dans l’espoir très immature de s’en débarrasser, de trouver un autre pigeon pour jouer le rôle du con de service qui fait des efforts pour compenser l’absence de savoir-vivre d’autrui. Mais un schéma mental est tel un virus : le transmettre à autrui ne suffit pas à s’en débarrasser ! On fait juste plus de victimes.

 

Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas tant l’historique linéaire (temporel) qui compte que de définir ce qui se reproduit sans cesse comme idée merdique et, puisqu’elle se reproduit, elle se produit donc régulièrement ! Et lorsqu’elle se reproduit, elle devient un effet dont la cause ne demeurera plus bien longtemps cachée ! Du moins si vous souhaitez vous extraire un jour de ce cercle vicieux autogène qui vous empoisonne la vie. Car personne n’oserait affirmer que la colère est une excellente chose et qu’elle fait un bien durable à celui qui choisi de la laisser s’exprimer sans retenue aucune ! En un sens, la clef de l’évolution humaine est donnée par le saumon qui pour se reproduire, n’hésite pas à remonter le courant et donc, à nager de sa position actuelle à la source. Il le fait pour se reproduire ; l’homme le fait pour SE PRODUIRE enfin !

Se produire signifiant ainsi « devenir enfin quelqu’un » et ne plus se limiter à un vulgaire enregistrement capable de définir notre vie et de nous priver ainsi du plaisir de vivre soi.

 

Mais alors que faire ? Il faut juste un peu d’imagination, une pincée de bon sens, une pointe d’humour et un peu de patience ! Dans l’exemple donnée ci-dessus, la colère n’est pas vraiment issue du fait que certains conduisent mal et donc, se conduisent mal ! Non, elle provient de cette crainte chaque fois renouvelée, de DEVOIR FAIRE DES EFFORTS à la place des autres qui eux, ont décidés de n’en faire aucun ! Vous captez l’idée ? Car après tout, combien d’accidents de voiture a produit cette incapacité flagrante à vivre en société et en bonne intelligence avec tous ? Avez-vous un accident grave ou même mortel tous les jours ? Ce n’est pas la mauvaise conduite d’autrui qui vous pèse mais les efforts que vous continuez à fournir vous-même pour « bien vous conduire » !

Si vous n’aviez pas cette idée de « bien vous conduire », vous ne prêteriez plus autant d’attention à ceux qui, assurément et par ailleurs, n’en ont rien à foutre des autres !

 

Certes, ces personnes indélicates existeraient toujours mais… Pour les autres ! Si vous pouviez annuler le programme précédent et le remplacer par une affirmation inverse, vous seriez libre en quelques jours à peine ! Et quelle serait alors l’affirmation inverse, seule capable de supprimer et de remplacer l’affirmation originelle ? Par exemple celle-là : « Je vois bien que certains se conduisent sur la route comme en société et que, pour le moment, ce n’est qu’en voiture qu’ils osent se lâcher, mais ça ne me concerne pas, puisque je le vois et que de ce fait, suis distinct de ce que je vois. Je vais donc abandonner cette idée de pouvoir y changer quoique ce soit et passer enfin à autre chose ! »

Et le plus beau, c’est que quelques jours après et « comme par hasard », vous ne croiserez pratiquement plus de débiles mentaux conduisant avec leur permis de chasse ! Ils existeront toujours mais… Plus pour vous ! Sur votre route devenue individuelle, vous ne partagerez votre cheminement qu’avec des personnes convenables et saines d’esprit ! Comme vous !

 

 

 

Il vous reste juste une chose à apprendre, comprendre et à retenir : pourquoi ces choses-là, à l’extérieur et qui sont désagréables au possible, vous arrivent à vous, en particulier ? Réponse : parce que c’est la seule option trouvée par la Grande Vie pour vous montrer ce qui, en vous mais qui n’est pas vous, vous prive d’amour, de paix, de joie ou de plaisir (selon les cas.) En vous faisant rencontrer au-dehors et par le biais des autres, des problèmes qui sont en fait présents ou générés en vous-mêmes, la Grande Vie vous exhorte à vous réformer ! Elle se dit qu’à force de souffrir milles morts, vous finirez par vous poser la bonne question, la seule question qui mérite d’être posée et dont votre subconscient détient la réponse ultime : « Pourquoi ces choses-là m’arrivent-elles à moi ? » Et la réponse de la Grande Vie est unique pour tous :

« Parce que ta vie extérieure sera toujours le fidèle reflet de ta vie intérieure ! »

 Voilà déjà de quoi « conduire » de fructueuses méditations !

 

Serge Baccino