Moi n’a aucun problème

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Pourquoi ne devrions-nous pas nous plaindre de notre « moi » humain, de notre ego, comme disent encore certains ? Pour deux raisons principales, l’une connues de beaucoup, l’autre seulement de quelques-uns. La première raison est que le « moi » n’est pas une chose qui « existe » (dure en l’état), qui est construite une fois pour toutes et qui ne varie plus ensuite. Le « moi » a été formé à partir de la prime enfance et au travers de toutes les expérience rencontrées, plus ou moins marquantes et donc, plus ou moins fidèlement enregistrées. Et comme les adultes apprennent et découvrent aussi, on est obligé d’en arriver à la conclusion logique que le « moi » n’est pas statique, qu’il est au contraire quelque chose d’évolutif. Il est donc inutile de se plaindre de l’état ponctuel de son propre « moi », sachant qu’il n’est qu’une résultante d’expériences linéaires qui le feront évoluer voire changer au cours du temps.

La preuve ? Nos états d’âme ne varient-elles pas d’un jour à l’autre ? Le lundi nous pensons que notre vie est inutile et morne, et le mardi, nous rencontrons une personne formidable et nous trouvons la vie belle et enrichissante de nouveau ! Ce n’est pas là signe de déséquilibre mais signe d’évolution et donc, de véritable lâcher prise ponctuel.

 

Se plaindre de son « moi » revient donc à se plaindre tandis qu’un plat mijote encore et sous le prétexte qu’on désire le déguster tout de suite. Le « moi » est en cours de construction permanente, pourrait-on dire ici. Il est donc inutile de s’y référer comme à une chose aussi immobile qu’invariable. La seconde raison est que le « moi » n’est pas conçu pour être « préservé en l’état » mais pour servir de référentiel immédiat par rapport à toute nouvelle expérience se présentant à nous et qui pourrait menacer nos « assises psychologiques » (certitudes antérieures.) Et comme le but de toute expérience vivante et consciente est justement de nous confronter graduellement mais directement au processus évolutif, cette volonté de conserver un « moi » statique va à l’encontre même de l’évolution des âmes.

Le « moi » est un outil qui nous permet de « croire exister » avant d’avoir l’occasion d’être. Le « moi » n’est en fait que la somme globale de nos diverses réactions fasse à l’évènementiel. Ce n’est pas notre identité mais, au contraire, ce qui la masque pour le moment. Mais là n’est pas le problème, puisque l’identité humaine ne saurait se résumer à la somme de circonstances vécues et de réactions face à elle.

 

Si réaction il y a eut, c’est qu’il y avait peut-être quelqu’un pour le faire ! Et si le « moi » est vraiment la somme de nos arriérés spirituels, à savoir la somme d’expériences et de réactions face à celles déjà engrangées, alors le « moi » est simplement l’équivalence d’une base de données comme on peut en rencontrer en informatique. Le « moi » n’est que MÉMOIRES et ces dernières ne peuvent pas appartenir à autre chose qu’à l’Être, à cela qui finira tôt ou tard par se rencontrer au travers de ses expériences et des manières différentes de réagir faces à elles. Nous ne devons plus confondre « cela qui réagit » avec la raison profonde et toute légitime de ce type de réactions. L’être a des raison valables ou légitimes de réagir comme il le fait et ce, depuis les tous débuts de sa venue sur Terre. Le problème est qu’il s’est progressivement confondu avec l’expérience vivante, ne réalisant pas « qui vivait ces choses » à force de s’identifier à elles.

 

Lidentification à nos Mémoires est un phénomène bien connu de la psy éso, spécialisée dans la psychologie comportementale de toute personne en recherche de son propre Soi. Mais pour « atteindre » Soi (en prendre conscience), il faut réussir tout d’abord à « se distinguer » du « moi », de son contenu, à savoir de la Mémoire Résidentielle, de tous ces souvenirs qui « expliquent » pourquoi nous réagissons si souvent comme nous le faisons, mais qui ne seront jamais capables de nous « montrer » QUI réagit de la sorte et à chaque fois. C’est à nous de faire la différence, mentalement, entre les deux. Clairement, « moi » n’a aucun soucis finalement, puisqu’il remplit TOUJOURS sa Mission première qui est de pallier temporairement à l’absence non pas de « Soi » mais de la prise de conscience salvatrice que Soi est déjà en activité, mais en arrière-plan de notre conscience de veille. C’est la raison pour laquelle les Maîtres Siddha du passé affirmaient que « le Soi ne peut pas être atteint, puisque nous sommes déjà ce que nous nous proposons de devenir ! »

 

Toutefois, même s’il est vrai que nous sommes déjà tous un Soi (en potentiel), pour autant, nous n’en avons pas tous conscience ! C’est cette prise de conscience qui est « absente », de notre mental, pas le Soi. C’est cette prise de conscience que nous devons « atteindre », pas le Soi qui lui, est déjà atteint, en quelque sorte, mais sans que nous le sachions et donc, sans que nous puissions jouir de cette acquisition en toute conscience. Le problème est que l’être humain s’imagine qu’il doit à tout prix protéger son « moi », entendez par-là tout faire pour qu’il dure et demeure « en l’état ». Là est le véritable voire l’unique problème, en fait ! Si le « moi » n’a jamais été prévu pour durer en l’état, alors toute tentative dans le but d’y parvenir tout de même, s’oppose aux lois spirituelles les plus puissantes qui soient ! Ce qui ne peut donner que des problèmes mentaux (ou psychologiques) et, à force, physiologiques (ou de santé.)

 

Un « moi » équilibré est non seulement un outil servant à atteindre le But fixé au préalable (prendre conscience de qui vit toutes ces choses) mais également un outil qui jamais ne cesse de s’affûter par le jeux des frictions inter humaines (relationnel.) Ne vouloir que des expériences « heureuses » selon les Mémoires du « moi », revient à ne désirer que ce qui se trouve déjà dans ces Mémoires et qui rassurent le « moi », c’est-à-dire qui lui évitent de… Bouger ! Et nous savons ce qui arrive à une chose vivante lorsqu’elle cesse d’être en mouvement ! Si ce n’est pas encore le cas, laissez un verre d’eau une semaine à l’air libre, voire au soleil, puis buvez cette eau et vous comprendrez deux choses : la première, qu’il ne fallait surtout pas le faire ! La seconde, l’intérêt de l’invention des cabinets de toilettes !

 

Serge Baccino