Origine de la peur de l’altérité en cas de conflits

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Origine de la peur de l’altérité en cas de conflits

Il existe un phénomène de société qui semble avoir le pouvoir de scinder en deux parties plus qu’inégales, les représentants de cette même société. Je veux parler du fait que certains trouvent l’occasion de vider le contenu formel de leur « moi » (leur mal-être) sur les uns, tandis que les autres ne se sentent pas d’en faire autant (d’y répondre ou même de s’en défendre seulement.) L’idée n’est pas de savoir si nous devons réagir ou non, ni même laquelle des deux parties en présence, est « dans la vérité » ou « dans le mensonge à soi. » En vérité, LES DEUX sont dans le mensonge à soi, et d’une manière quasi complète. Bien que non reconnue ou vécu sciemment.

L‘idée n’est donc pas de laisser les autres se vider sur nous, sous le prétexte hypocrite de « se montrer spirituel » (et donc, supérieurs), mais de comprendre ce qui se produit en nous quand d’autres le font sans aucune vergogne. Et ce qui se produit en nous, c’est que l’on s’imagine ne pas devoir ou ne pas pouvoir en faire de même !

Le problème vient de nous, pas des autres.

 

On se croit et l’on se sent en insécurité, car nous sommes alors persuadés de ne pas pouvoir les suivre dans leurs débordements émotionnels. Idée qui, évidemment, nous terrorise et nous impose ce sentiment affreux d’impuissance. Sans compter que nous craignons, en même temps et à force, d’en arriver un jour à leur ressembler, pour peu que nous décidions de nous laisser aller, nous aussi, à notre vindicte personnelle (réagir comme eux, donc.)

Mais soyons clairs : cela ne signifie pas que nous pouvons ou que nous devons absolument « agoniser » les autres d’insultes et leur vomir dessus notre propre mal-être ! C’est plus subtil que cela, tout de même ! Sans compter que notre propre mal-être n’a rien à voir avec celui des autres, car même s’il lui ressemble, il ne les concerne pas mais ne concerne que nous (et réciproquement.)

L‘idée est de comprendre que c’est nous qui créons une différence de pouvoir entre les autres et nous. On appelle cela « une DDP animique », en psy éso. Autrement dit, une Différence De Potentiel (pouvoir d’action) entre une âme et une autre. Un truc du style : « Merde alors, eux peuvent se vider sur moi, en toute impunité, à l’inverse de moi, mais alors, eux seuls ont le pouvoir sur moi et je suis donc en danger permanent ? » Cette peur d’être LE SEUL à ne pas pouvoir se défendre efficacement ou au moins, comme tous ceux qui y parviennent, remonte à la prime enfance.

En effet, à cette époque, nous devions SUBIR la volonté et les désirs de nos parents, cela en toute impuissance. Eux seuls pouvaient (éventuellement) nous mettre minables, mais nous, nous n’avions absolument pas le droit d’en faire autant. Le fait que neuf fois sur dix, ces mêmes parents étaient inconscients des effets ultérieurs de chacun de leurs mots et actes, n’a pas pour autant le pouvoir de MINIMISER ce qui en a résulté , plus tard et lorsque l’enfant est rendu à l’âge adulte.

 

Cette obligation de SE TAIRE face à ceux qui, seuls, semblent posséder le pouvoir décisionnel, y compris sur le moindre détail de notre vie, et le fait de nous contenter de SUBIR en silence, est toujours gravée, au présent, dans notre subconscient. Un peu comme si nous avions toujours six ans et que seuls nos parents (et tous les autres adultes) aient ce pouvoir démoniaque de s’exprimer librement en nous refusant cette même liberté.

 

En somme, eux seuls, « les Décideurs », ont le pouvoir d’être éventuellement négatifs, en colère, humiliants voire menaçants, mais pas nous qui devons nous contenter d’en faire les frais. Voilà, très brièvement, l’origine de ce sentiment de mal-être face à la vindicte de tous ceux qui ne partagent pas (ou plus) ce même schéma (ou conditionnement) mental. Cela ne fait pas d’eux des êtres plus libres que nous : cela constitue un schéma mental démoniaque qui contient, comme toute chose, deux principes opposés, deux polarités opposées mais TRÈS complémentaires ! (Du genre victime/bourreau.)

 

Serge Baccino