Polymerdence spirituelle

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Polymerdence spirituelle

Ou tenter de s’occuper de tous les domaines de la spiritualité en même temps ou pire, d’un seul mais trop tôt.

 

Nous sommes, paraît-il, au siècle de la polyvalence, le saviez-vous ? Si vous l’ignorez encore, c’est que vous ne bossez plus pour un employeur depuis fort longtemps déjà. Du genre une vingtaine d’années au moins ! Car dans le cas contraire, et sauf votre respect, (voir plus loin), vous êtes embarqué dans la même galère que tous les autres bossant en entreprise ou dans une quelconque société et pour un patron. Au départ, l’idée pouvait en effet paraître séduisante. Du moins pour le patron. Bien que du point de vue d’un employé passablement naïf, il est bon d’apprendre, encore et toujours et ce, dans son propre métier.

Si vous travaillez au rayon chaussure d’une grande enseigne de sport, par exemple, vous devez en savoir déjà pas mal sur les différentes formes de chaussures, ainsi que leur utilité, par exemple. Mais si par manque d’effectif (excuse souvent invoquée, même de nos jours) vous devez passer au rayons « pêche et appâts », vous risquez de ne plus pouvoir mettre à profit vos connaissance en chaussures de sport. De même si vous passez, le jour d’après, au rayon des « boissons toniques » et la semaine suivante, au rayons des « vêtements de sport masculin. »

 

La phrase magique entonnée par tous les employeurs de France et de Navarre est : « De nos jours, il faut être polyvalent ! » Traduction complète et en tenant compte des véritables intérêts de chacune des deux parties (employeur/employés) : « Vous allez devoir travailler pour deux, voire pour trois, et vite apprendre des spécialités que vous ne connaissez pas. Bien sur, vous deviendrez ainsi de bien piètres conseillés de vente pour les clients, mais moi, je vais faire des économies substantielles ! » Si au bout de quelques années, vous en avez marre d’être toujours payé au SMIC, vous irez sans doute tenter votre chance chez un autre employeur. Comme vous en connaissez « un rayon » (le cas de le dire) sur votre premier métier (rayon chaussures de sports), vous allez chez le concurrent direct de votre précédent employeur, croyant pouvoir ainsi le faire suer.

Là, vous demandez à vous occuper du rayon chaussures de sport, et l’employeur vous questionne sans même pouffer : « Mais vous ne savez vendre que des chaussures ??? » Alors, en toute innocence, voire naïveté, vous répondez : « Non, car dans mon emploi précédent, je passais souvent dans les autres rayons mais… »

Et avant que vous terminiez votre phrase, l’employeur probable vous lâche un sournois : « Évidemment ! Plus personne n’embauche d’employés qui refusent de se plier aux exigences de l’entreprise ! »

 

Et là, vous apprenez que pour une somme modique (car vous débutez chez eux, n’est-ce pas ? Même dix ans d’expérience comptent pour du beurre, quant on change d’emploi) Vous allez avoir les mêmes fonctions que chez votre ancien employeurs. Tous deux en riront d’ailleurs beaucoup, devant un verre, en se racontant leurs aventures de patrons d’entreprise, et votre ex-employeur dira en trinquant avec sa troisième bière : « Il s’imaginait quoi, le bougre, qu’ailleurs ce serait le Pérou ? » Ce qui leur permettra de rire de longues minutes encore et grâce à vous.

Bien. Vous allez sans doute me demander quel rapport avec la choucroute ? En quoi cette histoire bien triste de polyvalence concerne la spiritualité ? Pour le comprendre, je dois poursuivre quelques lignes encore puis ensuite, promis, vous allez comprendre ! Surtout les concernés !

 

Nous retrouvons notre infortuné spécialiste en chaussures de sport, qui décide de changer non pas de crémerie seulement mais carrément de métier. Il va d’abord, et avant de prendre cette douloureuse décision (voir plus loin) chez un marchand de chaussures, se disant que là, au moins, il est assuré de… Vendre des chaussure. Même si c’est pour un SMIC ! Et là, l’employeur potentiel lui demande : « Vous avez quelle expérience de la chaussure et sur combien d’années successives ? » Toujours sans aucun vice, soucieux d’équité et honnête, l’homme répond : « Disons que je n’ai pas fait que ça, car dans mes trois précédents emplois, il fallait être polyvalent, et… »

Et là, le marchand de chaussure lui coupe la parole et rétorque avec un air narquois du plus bel effet : « Polyvalent ??? Quelle drôle d’idée ! Si vous vendez des chaussures, vous n’allez pas vendre des saucisses chaudes ou des voitures de course : vous devez rester dans votre spécialité, cela au risque d’être surtout mauvais en tout ! Je suis désolé, mais la place vacante dans mon magasin réclame un vrai chausseur, qui n’a fait que cela les dix dernières années au moins. »

 

En colère, on le serait à moins, l’homme quitte le magasin de chaussures et décide de changer de métier. Carrément ! Et dès son premier rendez-vous d’embauche, la première question qu’on lui pose, c’est : « Quelle expérience sur un long terme avez-vous et dans quel métier précis, cher monsieur ? Car notre entreprise n’embauche que des spécialistes. » Croyez-vous utile de continuer ou vous commencez à « sentir arriver la patate », comme le disait un pote ?

A présent, nous pouvons parler de spiritualité. Mais oui ! Spiritualité qui contient tant de domaines différents, spéciaux, fascinants, n’est-ce pas ? Qui serait assez fou pour se limiter à l’étude exhaustive… D’un seul sujet ? Un inconscient, sans doute ? Faut voir…

 

Au départ, on est littéralement fasciné et nous trouvons tous les sujets comme étant fascinants. C’est un fait. Mais c’est surtout un problème, voire un piège dans lequel tombent désormais les générations de « Chercheurs de Lumière » qui, je vous rassure, ne « chercheront » pas bien longtemps ! Peut-être le temps de deux, trois séminaires sur un week-end et après avoir lu deux livres et rencontré l’auteur de ces derniers. Tout au plus. Au départ, ils vont tout lire, tout avaler, de plus en plus d’info et de plus en plus vite. Jusqu’à l’indigestion. Ensuite, ils deviendront quasiment sages et décideront de se « spécialiser » !

Entendez par là qu’après avoir perdu leur temps sur des années à étudier mille sujets différents et sans aucune relation, si possible, ils vont, en quelques mois, voire une année tout au plus (pour les plus sérieux), « se spécialiser » dans un des différents domaines de la spiritualité.

 

Vous me rétorquerez sans doute que, jusque là, ma foi, il n’y a rien de répréhensible ni même de critiquable ! Nous verrons bien. Au vu de ma longue introduction, si j’ose dire, on pourrait penser que ce désir de se spécialiser, après de longues errances dans différents secteurs, ce désir de spécialisation va dans le sens apparent de nos espoirs. Mais il n’en est rien. Car faire tout et n’importe quoi, c’est la meilleure manière de devenir non pas « bon à tout » mais « mauvais à tout ». Rien n’est plus hasardeux qu’une connaissance incomplète.

Mais prétendre « se spécialiser » en n’étudiant et ne pratiquant que quelques mois seulement et à la va-vite, revient à postuler à un emploi pour lequel il est réclamé vingt ans de métier alors que l’on commence à peine à en connaître les bases. Car la nouvelle « maladie » chronique et hautement transmissible par voies mentales, qui sévit depuis quelques petites années dans le Monde de la spiritualité, se nomme : « Demain, je m’installe à mon compte pour enseigner les autres ! » Comme déjà mentionné, un ou deux stages intensifs, une demi douzaine de livres et la rencontre d’un célèbre praticien (qui a un demi siècle d’expérience à son actif, mais bon) et hop ! Je peux m’installer comme Pro, la conscience tranquille !

 

Mais est-ce bien là de la spécialisation ? D’aucuns (sans doute concernés mais chut) argumenteront : « Oui, mais bon, pour l’obtenir, cette expérience, cette spécialisation, encore faut-il débuter et attendre que les années passent en faisant leur œuvre, non ? » Réponse mesquine mais honnête : Oui et… Non ! Oui, car la formulation est bonne, au départ. Il faut en effet débuter puis laisser faire le temps avec la pratique.

Mais certainement pas d’une manière professionnelle et sur le dos d’autrui, surtout !

Rien ne vous empêche de vous entrainer « à vide » ou sur des parents et amis et ce, durant quelques petites années, en toute gratuité (encore heureux.) AVANT d’en faire votre métier et laisser entendre ainsi que vous êtes déjà un pro de la question ! Car même si vous ne le dites pas ouvertement, votre carte de visite le laisse désormais entendre.

La nouvelle vague, pour ne pas employer le mot mode, c’est « le coaching » ! Une véritable hécatombe chaque année ! A ce rythme là, la plupart des jeunes gens qui avaient bien besoin d’être guidés et d’apprendre à s’assumer en l’état, voire retrouver le sentiment de leur propre valeur, vont être « coach » !
Ben oui, ce sont surtout les jeunes gens qui ont le plus besoin de guidance et/ou de conseils éclairés, non ? Mais si la prémisse est bonne, qui va « coacher » qui, si le nombre de « coachs » est tel, qu’il n’y a presque plus de jeunes à coacher ? C’est rigolo, non, présenté ainsi ? Pas vraiment, non. Cela ferait plutôt peur !

Une nouvelle vague, n’ayant pas peur du ridicule qui, décidément, ne tue pas, c’est maintenant un fait probants, se nomment elle-même « coachs de vie » ! COACHS DE VIE ! Vous réalisez ou pas encore ? Eux, c’est clair, ils ne réalisent pas. Ils n’ont d’ailleurs aucun intérêt à le faire, c’est clair !

 

A une époque où les spiritualistes de Facebook ont la bouche pleine et débordante d’amour, de compassion et, surtout, d’humilité (sic), voilà que nos jeunes gens à peine équarris par la vie, prétendent « apprendre à vivre » à leurs semblables ! Eux qui n’ont pas encore eu l’occasion de s’y entrainer un minimum au moins. Coachs de vie ! Au secours ! Le monde est devenu complètement maboul ! On peu désormais faire avaler tout et n’importe quoi au peuple : il ne voit ni ne comprend plus rien, désormais. La désinformation de masse est un franc succès : félicitations ! Remarquez, c’est peut-être pour cela que le premier gamin venu peut leur réapprendre à vivre ?

Si c’est bien le cas, cela fait encore plus froid dans le dos ! Et le fait que ceux qui sont concernés se sentiront surtout « agressés », comme tout jeune un peu déboussolé qui se respecte, n’est pas fait pour nous encourager à penser différemment ! Car si les premiers concernés ne réalisent pas dans quel piège spirituel très anciens ils sont tombés, la tête la première, ils auront tendance à se débattre et donc, à s’enfoncer plus encore. Sans compter qu’ils ne comprendront alors jamais pourquoi ils ont choisi de s’occuper des autres, au lieu d’eux-mêmes, comme ils l’auraient dû.

 

« C’est le progrès, c’est de notre temps », dirons certains vieux sans trop y croire mais décidés à ne plus se prendre la tête en vain et pour des personnalités naissantes n’en valant peut-être pas la peine, finalement. Mais dans un monde où règne en maître la désinformation et autres pièges à gogo, un monde où certains (soi-disant) « lanceurs d’alertes » font très gaffe à ce qu’ils disent ou écrivent, n’est-il pas naturel voire simplement humain de vouloir tirer à son tour la sonnette d’alarme, puisque personne d’autre n’ose le faire ? A moins qu’il y ait des « alertes » à lancer et d’autres, surtout pas ? Nous savons la Presse officielle définitivement gagnée par cette gangrène de l’information conditionnée et orientée, lorsqu’elle n’est pas carrément fausse ou prévue pour faire figure de somnifère public.

Allons-nous au devant d’une époque dans laquelle même les spiritualistes soit disant « purs et durs » vont apprendre à se taire, voire à parler la langue de bois des hommes politiques ? De toutes manières, quels sont les « risques » réels encourus par nos charmantes têtes blondes à peine sorties des jupes de leur maman, mais prêts à enfiler la tenu du médecin, du psychiatre voire de Superman ?

 

Un juge d’instruction, un procureur ou un ministre, par exemple ont un réel pouvoir sur les masses. Si l’un d’eux se met à dénoncer une activité quelconque, là oui, il y a de quoi se faire un brin de souci ! Mais une personne ordinaire, issue du peuple et y restant, surtout, quel pouvoir a t’elle vraiment ? Et pourtant, les personnes concernées s’affolent littéralement et en arrivent à être méchantes et acides dans leurs propos ou dans leurs actes, lorsqu’on fait mine de parler seulement de leur manque de maturité spirituelle (car c’est de cela qu’il s’agit en fait, mais chut.) Pourquoi cette réaction ? Que risquent-ils les pauvres choux ? Qu’on fasse cesser de force leurs activités un brin superflues, pour ne pas dire mieux ? Et avec quel pouvoir, s’il vous plaît ?

 

Alors leur frayeur doit être tout autre et venir d’autres part. Ou de bien plus haut dans leur propre hiérarchie animique. Mais là n’est pas la question, car ce dernier point nous entrainerait trop loin et la patience de mes lecteurs les plus assidus, a des limites quand même ! Je terminerai cet article par une question déjà posée mais que je désire absolument proposer à votre réflexion : « A quel moment un lanceur d’alerte véritable devient-il gênant pour ceux qui ont inventé ce principe visant, justement, à avertir simplement les autres d’un risque potentiel ? N’est-ce valable que pour les autres, pour les méchants déjà reconnus comme tels ou bien est-ce valable pour tout et pour tous ? » Mais dès lors, ne risquons-nous pas à en arriver à ce qu’il se crée des « lanceurs d’alertes » pour dénoncer… Les « lanceurs d’alertes » ?

Qui va s’y retrouver, si cela arrive ? Les gens du peuple ? Surement pas ! Voyez déjà pour qui ils votent et dans quel état d’esprit ils vont voter, et passons tout de suite à autre chose. A la suite logique de cette dégringolade des valeurs humaines.

Et vous, qui lisez, qu’en pensez-vous ?

Nota : Cette question ne s’adresse pas aux « coachs » et assimilés, car je connais déjà leur réponses et je crois que je survivrais si je dois me passer encore un peu de leur avis éclairé.

 

Serge Baccino