Sur le mensonge

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Les mensonges d’autrui nous renvoient-ils toujours et nécessairement aux nôtres ?

 

Le mensonge d’autrui peut (et devrait) en effet nous renvoyer aux nôtres, mais est-ce à dire pour autant que lorsque nous ne mentons plus, nous ne rencontrons plus de personnes qui se mentent ? Puis-je vraiment pousser cette règle purement humaine, au point d’en faire une loi spirituelle ? Auquel cas, les êtres les plus évolués de la planète, incarnés ou non, sont toujours des menteurs, puisqu’ils risquent d’en côtoyer encore ? Cette version n’est-elle pas celle de tous ceux qui débutent en spiritualité, tout en essayant d’instruire les autres, cela avant d’être prêts eux-mêmes à le faire ?

 

Cette version est quelque peu risquée. Sans doute bien plus que le mensonge à soi, puisque la vie nous y confrontera, de toute manière. Mais si elle perdure, elle ne pourra servir, de toute évidence, que celles et ceux incapables de vraiment s’améliorer. Elle les servira, avec une efficacité que même les Forces de l’Axe n’ont jamais pu obtenir dans le passé, à savoir niveler les consciences humaines et faire de chaque homme un homme aussi ordinaire que tous les autres, lui ôtant de ce fait toute idée d’évolution et de progression véritables.

 

Les autres sont là non pas pour être jugés mais pour nous permettre de nous « jauger ». De juger de notre évolution feinte ou avérée, en fait. L’autre nous parle de nous même lorsqu’il se borne à nous assurer que, désormais, nous ne sommes plus comme lui, car ne partageant plus le même état d’esprit, les mêmes réactions émotives et donc, le même vécu journalier. La question est donc de définir si nous en sommes toujours à devoir nous servir des autres pour réussir à nous connaître nous-mêmes, ou si nous pouvons commencer à nous passer de leur présence pour être enfin présents à nous-mêmes.

 

Mais comment définir, sans se tromper, si nous mentons encore et que c’est la raison pour laquelle nous attirons encore le mensonge à nous, sous la forme trompeuse de l’altérité ? Mais d’où vient cette idée que si je côtoie des menteurs, cela signifie que je me mens à mon tour, que je me mens toujours ? Pour le comprendre, il faut tenir compte du temps qui a passé et du désir grandissant des gens d’aider les autres afin de ne pas avoir à le faire pour eux et d’instruire autrui afin d’éviter autant que faire se peut de se comprendre vraiment soi-même. Mais la Grande Vie est intelligente et rusée ! Ceux qui cèdent ainsi à la facilité, se font gentiment « piéger » en bout de course ou, pour les plus sincères et sains, en cours de route voire dès les débuts.

 

Alors qu’ils s’imaginent enseigner ou aider autrui, ils finissent par réaliser qu’ils s’aident et s’apprennent eux-mêmes, d’une façon dont ils n’auraient jamais osé rêver auparavant. Dès lors, les critères mentaux et moraux deviennent encore plus exigeants. Non seulement seuls ceux qui réalisaient le « piège » tendu aimablement par la Grande Vie, parviennent à se réformer vraiment, mais ensuite, le tri devient plus sélectif encore. Seuls ceux qui admettent puis témoignent librement du fait auprès de ceux qu’ils continuent à aider et instruire, sont reconnus comme étant de véritables guides, dignes de confiance. L’étaient-ils avant ? Certainement pas ! Ils se sont préparés en SE SERVANT pour cela des autres, qu’ils finissent par l’admettre ou pas.

 

Autrement dit, au départ, ils ne font que tricher, prétextant enseigner et aider, alors qu’ils ont eux-mêmes tant besoin d’être aidés et demeurent tout aussi ignorants que ceux qu’ils prétendent enseigner. C’est là un « détail » qu’il nous faut retenir pour comprendre la suite, qui sans cela, demeurera trop subtile pour être perçue correctement. Les ésotéristes affirment que l’homme doit d’abord s’aider lui-même et se réformer suffisamment, pour s’octroyer le droit de prétendre aider autrui et l’enseigner. Cela leur semble d’une logique si évidente, qu’il faudrait être de mauvaise foi pour oser la contester. Et durant des millénaires, ceux qui se formaient en vue de partager ensuite avec d’autres, cette opportunité unique d’évoluer, de devenir meilleur, étaient tous, à quelques très rares exceptions, compétents en la matière.

 

Alors quoi ? Que nous arrive-t’il ? Les anciens avaient raison et les nouveaux instructeurs auraient donc tort ? Non. Bien sûr que non ! C’est bien plus subtil que cela. Pour comprendre l’idée dans son entièreté, il faut faire ce que notre subconscient est incapable de faire pour nous et à notre place, à savoir tenir compte du temps qui passe ! Soyons logiques deux minutes, voulez-vous ?

Pour tenter de mieux expliquer cette subtilité, servons-nous d’un exemple concret. Imaginez que vous révisiez en vue d’un examen futur. Cet examen est disons pour dans six mois. Êtes-vous pressés ? Non, vous avez largement le temps d’étudier en vue d’être préparé à passer cet examen.

 

A présent, fort de la Fable du lièvre et de la tortue, imaginons que durant les cinq mois suivant, vous passiez votre temps à batifoler, à vous amuser, insouciant des semaines et des mois qui passent sans tenir compte, eux non plus, de votre niveau élevé d’insouciance. Que se passera-t’il, dans votre esprit et dans votre cœur, lorsque vous réaliserez, confus, que vous êtes à une semaine de l’examen et que vous n’avez absolument rien révisé ?

Il en va de même pour l’humanité. Durant des millénaires, elle n’était guère encline à s’instruire des choses de l’esprit, laissant cela aux philosophes et à ceux qui avaient, semble t’il, « du temps à perdre » ! Mais aujourd’hui, (2019), tout va de travers, tout s’accélère, y compris le temps, selon certains ! L’homme réalise qu’il n’a rien fait pour améliorer son sort, pire encore : il a surtout œuvré à sa propre décadence, sans compter ce qu’il a fait à sa planète !

 

Alors un sentiment D’URGENCE se fait jour dans la conscience de l’humanité. Chacun ressent cette urgence, mais peu savent en interpréter les arcanes. En fait, l’homme doit rattraper son retard au plus vite, car l’examen de fin de cycle est proche et il le ressent très fort. Toutefois, il ne sait pas très bien quoi faire. Alors, dans l’urgence, et seulement parce que plus personne n’a d’autres choix, il est permis à monsieur et madame Toulemonde, de se bombarder qui « enseignant », qui « coach de vie » ou encore voyant à la petite semaine.

Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? En fait, c’est les deux ou aucun des deux, puisque désormais, nous n’avons plus le choix et que « le temps presse ». C’est du moins le sentiment partagé par de très nombreuses personnes, et pas nécessairement « spirituelles » !

 

Serge Baccino