Variabilité de l’ego

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Variabilité de l’ego

 

La vie nous a démontré à maintes occasions, que nous pouvions non seulement nous améliorer et donc, évoluer, mais aussi changer carrément, du tout au tout. L’ego ou le « moi » humain étant censé représenter « ce que nous sommes » ou, et plus exactement, « ce à quoi nous jugeons bon de nous identifier », Cela implique que notre ego ou « moi » soit lui-même évolutif. Or, ce « moi » ou ego semble invariable pour le moins. Nous pourrions presque en conclure que nous changeons tous et vraiment, mais que tous, nous n’avons pas envie ou le courage d’en assumer les effets ultérieurs et donc, le désir de reconnaître la nature ainsi que l’étendue de ces changements dans notre personnalité.

 

On dit généralement qu’un drame peut changer un homme. Nous serions en droit de nous demander pourquoi l’homme a besoin d’un drame pour changer. Mais changer et évoluer sont deux choses très différentes. Nous pouvons changer « en mal », selon l’expression consacrée, mais nous ne pouvons pas évoluer « en mal », puisque l’évolution sous-entend l’amélioration graduelle. Mais si évolution il y a, qu’est-ce qui peut bien évoluer en l’homme ? À l’évidence, ce ne peut être que cet ego ou ce « moi » auquel nous avons commis la bévue de nous associer étroitement, cela au point de nous identifier à lui.

Note : La psy éso préfère parler de « moi » plutôt que d’ego. Nous conserverons donc la première dénomination pour la suite de cet article.

 

Nous avons appris, par le biais de connaissances propres à la psychologie ésotérique proposées dans les articles précédents, que le « moi » consiste en la somme de nos Mémoires. Le mot « mémoire » ne doit surtout pas abuser nos lecteurs assidus ! Il n’est pas question ici de se référer au « passé », mais plutôt à quelque chose qui étant présent en nous, là, actuellement, nous aide ou nous limite là et maintenant. Le passé n’a pas d’existence autre que du fait de ces Mémoires qui se trouvent présentement en nous. C’est d’ailleurs pour cela que nous pouvons « nous souvenir », aujourd’hui, d’événements qui sont censés se référer « au passé ». Mais si « le passé » était vraiment passé, il ne serait pas présent en nous, cela sous forme de Mémoires. Mémoires qui ne consistent pas seulement en de l’information enregistrée, mais également en de l’énergie emmagasinée.

 

C’est d’ailleurs cette même énergie associée étroitement au contenu mémoriel, qui nous donne la force d’évoquer le passé qui, en fin de compte, continue de nous hanter au présent, puisque présent en nos cellules, sous la forme de Mémoires gravée d’une manière électromagnétique. Un peu comme les informations gravées sur un disque dur d’ordinateur, sauf qu’ici, ce sont chacune de nos cellules qui font office de « cluster » de ce grand disque dur qu’est notre corps de chair. Notre corps qui fait office de bibliothèque vivante et consciente, comme tout ce qui est fait d’esprit. Et comme « Tout est fait d’esprit », alors tout peut se résumer à de la Mémoire vivante, à de la conscience, en somme.

 

La question est donc de savoir si les Mémoires se bornent à évoquer le passé ou si elles y sont reliées d’une quelconque manière. Comment savons-nous qui nous sommes, c’est-à-dire notre nom, notre lieu de naissance, nos connaissances, nos doutes, nos peurs et tout ce qui fait de nous des êtres vivants et (plus ou moins) conscients ? Réponse : ce sont ces Mémoires. Notre « moi » se résume à ses Mémoires mais ces dernières parlent seulement du passé en termes de souvenir non pas de ce qui fut mais de l’impact qu’a eu sur nous ce qui fut. En clair, les Mémoires ne nous relient pas au passé, mais à nos réactions face à ce passé. Et comme cette Mémoire se trouve dans nos cellules, ces réactions ne sont jamais « passées » puisqu’elles nous suivent encore et toujours, faussant notre vécu actuel, grandement teinté par le souvenir de nos réactions personnelles à quelque chose qui n’est plus mais dont nous conservons les traces mémorielles.

 

Pour le présenter différemment, nous pourrions évoluer dix fois plus vite et cent fois mieux, si nos expériences d’aujourd’hui n’étaient pas toutes immanquablement « teintées » de nos réactions passées. Réactions passées, certes, mais comme nous réagissons encore et toujours de la même manière, il n’est plus question de « passé » mais de « présent largement contrarié » (ou faussé.) Ainsi, il devient évident que les Mémoires ne nous relient pas au passé, mais à un type de réaction enregistré et présentement susceptible de nous pourrir la vie ou, et à tout le moins, de nous la fausser, cela en nous obligeant à réagir selon le contenu formel de nos Mémoires (ce qu’elles racontent, donc.)

 

Avançons encore un peu et nous aurons tôt fait d’en arriver à une autre conclusion désobligeante : nous ne sommes jamais « en rapport avec l’actualité » (l’évènementiel, ce qui se produit en fait) mais avec le contenu de ces Mémoires, formées par nos diverses réactions enregistrées et accessoirement relatives à un passé qui est censé être révolu. Ainsi, selon notre attitude face à ces Mémoires, nous vivons soit en continue les mêmes choses, soit des choses différentes bien que semblables. Que nous vivions des évènements récurrents s’explique du fait que nous entretenons une relation identique à nos Mémoires. Si nous pensons toujours les mêmes choses, fidèlement enregistrées, alors nous vivrons toujours les mêmes évènements issus en grande partie de ces enregistrements.

 

C’est ce qui a fait dire aux anciens Maîtres que « Nous vivons toujours le contenu de nos pensées. » En fait et plus exactement, notre vécu est fonction de notre manière de nous positionner ou de réagir par rapport à ces Mémoires. Si nous réagissons encore pareillement, ce que nous vivrons ensuite ne différera pas non plus. Mais le fait que le temps nous permette d’évoluer, peu ou prou, démontre s’il en était besoin encore, que ces Mémoires nous PROPOSENT un mode comportemental mais ne nous l’impose jamais ! Nous sommes libres de nous positionner différemment face à ces Mémoires. Par exemple, nous pouvons décider, du jour au lendemain, que ce que nous pensions la veille concernait la veille mais n’est plus valable pour cette nouvelle journée !

 

Ce type de positionnement mental, d’attitude (Mudra, en sanskrit) peut nous permettre de débloquer les mécanismes profonds de notre psyché. Nous pouvons tous le faire mais nous n’avons pas tous nécessairement ENVIE de le faire. Être programmé est rassurant pour toute personne désireuse de ne prendre aucun risque et de n’en faire prendre aucun à ses proches. Ce qui est en général une excuse largement suffisante pour ne jamais avoir à « bouger », au long d’une vie. Et pourtant ! Puisque notre « moi » peut évoluer et s’impliquer dans « d’autres versions de soi », cela en s’orientant vers d’autres Mémoires que celles couramment invoquées puis « accueillies en l’état », pourquoi tant de personne ont encore si peur de changer de nos jours ? Durant la sombre époque du Moyen Âge, cela pouvait se concevoir et même sous la Révolution, mais de nos jours ! Qu’est-ce qui en l’homme peut avoir si peur du changement ? La réponse est aussi étonnante que « logique », du moins pour tous ceux qui trouvent « logique » le raisonnement de l’intellect, grand responsable devant le Créateur, de la plupart de nos problèmes.

 

Pour l’intellect, qui pourrait être réduit au mode de fonctionnement (plus ou moins) organisé du « moi », en relation avec « les évènements extérieurs et les autres », évoluer n’est pas le vrai problème : le vrai problème est qu’il implique de lâcher un état de l’esprit pour un autre réputé « meilleur » ! Or, l’intellect, qui fonctionne à cent pour cent sur les Mémoires les plus usitées, ne connaît que… Ce qu’il connaît déjà et pour le moment ! Ou si vous préférez, l’intellect est incapable de lâcher un mode de fonctionnement CONNU pour un autre qui ne l’est pas. Cela lui est mathématiquement impossible, puisqu’il INCARNE ce connu et que pour aller vers l’inconnu, cela l’obligerait à se suicider en tant que « connu » avec l’espoir immature de revivre par l’intermédiaire de l’inconnu. En somme, l’inconnu est l’absence d’intellect, puisque ce dernier est la mémoire du déjà connu !

 

Est-ce que vous réussissez à capter vraiment la problématique ? Attendre de votre intellect qu’il vous permette d’évoluer, cela revient à lui demander de se tuer lui-même. Or, il peut autant conduire ce processus jusqu’à son terme que vous pourriez être capable de vous mordre une dent en vous servant de cette même dent pour se faire ! Les anciens avaient une image amusante qu’ils présentaient aux enfants, ravis de découvrir leur première impossibilité mathématique. Ils leur racontaient l’histoire de ce serpent qui non content de se dévorer la queue, s’était mis dans la tête de se dévorer lui-même entièrement ! L’histoire se termine avec un serpent s’avouant incapable de se manger… La bouche ! Voilà bien de quoi marquer l’imagination d’un enfant !

 

Il est en effet des choses que celui qui se propose d’agir ne pourra jamais réaliser. Bien de spiritualistes se font avoir avec ça, d’ailleurs. Dès le début, comme ils ne sont pas informés et donc, prévenus, ils s’imaginent pouvoir se réformer eux-mêmes et bien sûr, tous seuls ! Et l’une des choses qu’ils ne réalisent que trop tard, voire jamais, c’est que l’intellect s’empare immanquablement du moindre processus mental ! Et comme l’intellect se résume à de la mémoire et donc, du connu, il est absolument incapable d’orienter la conscience personnelle en direction de l’inconnu, cela au risque de disparaître en cours de route ! Et comme l’intellect tiens à vivre, voire à survivre par tous les moyens, la plupart des spiritualistes incorrectement initiés n’arrivent, au mieux, qu’à se faire croire qu’ils ont évolué et au pire, à s’illusionner à propos de leur niveau d’évolution réel.

 

Alors quoi ? Comment peut-on évoluer, puisque ce qui affirme nous conduire au but (l’intellect), n’y réussira jamais sous peine de s’autodétruire lui-même et du même coup ? Il existe une astuce fort utile pour y parvenir tout de même, cela sans brusquer l’intellect ni lui imposer une mort certaine. Cette astuce se résume à une connaissance suffisante du processus évolutif dans son ensemble, et non dans ses détails ou parties. Nous avons vu que le « moi » se résumait à des Mémoires. Mais ces dernières sont dites « globales », c’est-à-dire qu’elles se réfèrent à TOUTES les Mémoires concernant, de près ou de loin, la personne qui se propose d’évoluer. Cela peut aller de connaissances concernant les trisaïeuls et des évènements remontant à plus de 200 ans, jusqu’aux connaissances nominales de cette personne, mais qui ont pu « échapper » à sa conscience objective. En clair, les Mémoires d’une personne sont extraordinairement étendues et nombreuses, mais toutes ne sont pas conscientes, tant s’en faut !

 

Et c’est là que ça peut devenir intéressant ! Surtout lorsqu’on apprend que l’intellect ne peut accéder qu’aux Mémoires conscientes, autrement dit, tout ce qui a été vécu, appris et donc « conscientisé » par la personne ! Il y a donc les Mémoires dites « globales », à savoir toutes celles héritées (génétique/ancêtres, etc.), ainsi que les Mémoires dites « personnelles » et donc, personnellement mémorisées. Même si certains détails ont été oubliés, avec le temps, l’intellect peut accéder à tout le vécu expérimental et donc CONSCIENT de la personnalité. Autant dire que le vécu sera quelque peu répétitif, en fin de compte.

 

Fort bien, il est donc question de « se passer » provisoirement de la partie mémorielle de l’intellect (le déjà connu et appris) et d’accéder à l’immense partie non encore exploitée, du moins consciemment et par une personnalité donnée. OK, mais comment ? Le comment est donné par le « quoi », si nous pouvons dire ! Le « quoi » étant ce qu’il nous faut faire, à savoir nous passer de l’aide de l’intellect. Or, il n’existe pas cinquante manières de se passer de l’intellect : Cool ! Et quel est l’opposé complémentaire de l’intellect ? Nous lui donnons plusieurs noms mais le plus connu est sans aucun doute « l’intuition. » Ici, il va nous falloir invoquer brièvement un peu de technicité. Il existe deux modes opposés de raisonnements : le déductif, qui est celui de l’intellect, et l’inductif, qui est celui de l’intuition, voire de l’imaginaire. Nous pourrions aussi bien parler de conscience OBJECTIVE et de conscience SUBJECTIVE. Cela reviendrait au même, en partant toutefois de chemins différents, du moins au départ.

 

L’intellect, nous l’avons vu, se fie uniquement au connu, au déjà appris. Il a donc une sainte horreur de tout ce qui ne lui permet pas de se raccrocher à ce qui le sécurise et lui permet surtout de « se produire » d’une manière répétitive qui lui donne l’impression de « durer. » Et ce mode de production mentale fait appel à la conscience objective, seule capable d’invoquer les mémoires acquises et CONNUES. L’intuition, tout comme l’imagination, d’ailleurs, font appel quant à elles à la conscience subjective et donc, à une forme de mémoires plus élaborées et étendues. Le mode subjectif tolère parfaitement le nouveau, du moment que ce nouveau est compréhensible, même s’il ne correspond à rien de connu.

 

Le mode de raisonnement de la conscience objective est déductif : l’intellect se base sur le connu pour traiter tout nouvel évènement, même (ou surtout) s’il est inconnu. Il trouve toujours, à l’aide du raisonnement déductif et associatif (association d’idées), un moyen de « faire coller » toute nouveauté avec ce qui est ancien et rassurant puisque déjà enregistré. L’intellect a donc pour but de nous ménager un terrain de jeu rassurant et connu puisque maintes fois arpenté, mais du même coup, il appauvrit notre expérience terrestre et même, spirituelle, puisqu’il limite l’expérimental et nos processus mentaux, en ne retenant que les expériences semblables et les états d’esprits identiques et donc, répétitifs.

 

À l’inverse, le mode de raisonnement de la conscience subjective est inductif et de ce fait, nécessairement innovant, rafraîchissant et donc susceptible de nous extraire de la morosité d’un même « climat mental », maintes fois expérimenté d’un bout à l’autre et dans tous les sens. Tout le monde sait que l’imagination est capable « d’inventer » des choses qui paraissent abracadabrantes à un esprit dit « cartésien. » En fait, la conscience subjective n’invente rien : elle puise dans d’autres secteurs mentaux de l’Inconscient Collectif, tandis que l’intellect se borne à quelques centimètres carrés de ce même Inconscient collectif, devenu, pour l’occasion, un « conscient individuel », si l’on peut dire.

 

Qui n’a pas fait l’expérience, lors de moments de rêverie ou de méditation, de voir poindre en le mental, des idées qui semblent issues de nulle part, mais certainement pas de la mémoire personnelle, puisque n’évoquant absolument rien de connu pour celui qui en fait l’expérience ? Soyons logiques et écoutons les mots : s’il nous vient une idée, c’est que cette idée qui nous est venue, n’est ni « de nous » ni même émise par nous, puisqu’elle nous vient brusquement à l’esprit ! Mais dans ce cas, d’où vient-elle ? Nous pourrions répondre : « d’au-delà de notre conscient objectif, ou de notre intellect », mais cela ne nous avancerait guère, n’est-ce pas ? Mais quand on apprend que le « conscient » d’une personne ainsi que ses Mémoires servant au fonctionnement de ce « conscient » personnel, font partie de l’Inconscient Collectif mais représente ce qu’une personne donnée en a retiré pour se confectionner une identité mentale propre, on commence alors à voir poindre les prémisses d’une plus vaste compréhension !

 

Imaginez un immense réservoir de pensées, auquel sont « branchés » tous les êtres humains. Imaginez, ensuite, que chacun y puise une infime partie qu’il nomme ensuite « mes pensées », et vous allez encore progresser en compréhension ! Enfin, essayez d’admettre que si l’un quelconque de ces personnes décide brusquement de se brancher « ailleurs », au sein de ce même Inconscient Collectif, alors ses pensées vont différer sans doute du tout au tout, et là, vous aurez acquis un grand savoir ! Un savoir vous permettant, du même coup, d’évoluer à volonté, cela simplement en passant d’un « moi » formel à un autre, sans jamais vous arrêter, du moins, pas avant d’en avoir retiré le moindre des bénéfices qu’un tel nouveau « moi » peut vous apporter.

 

 

 

En somme, cela revient à changer d’état d’esprit en fonction de vos buts et idéaux du moment, et non plus d’imaginer que vous changez, en fonction d’un Moi-Idéalisé vécu seulement en esprit mais impossible à incarner, en vérité. Difficile pour ne pas dire impossible, dites-vous ? Voilà qui est pour le moins étonnant, car en vérité, vous faites déjà et depuis bien longtemps, une chose que vous jugez pourtant difficile, voire impossible ! La preuve ? Très bien, en voici une : êtes-vous capable de vous adapter à une situation si vos intérêts, voire votre vie en dépendent ? La réponse est évidente : vous l’avez déjà fait, maintes et maintes fois encore ! Nous le faisons tous ! Oui mais voilà : personne n’affirme ici que tous, nous le vivons bien pour autant !

 

Nous pourrions tous user d’une souplesse mentale extraordinaire et ce, à volonté ! Mais nous n’usons pas tous de cette capacité spirituelle magnifique. Pourquoi ? Parce que dès que nous dérogeons à nos Mémoires, un jugement est émis à notre endroit ! Notez que nous ne disons pas que nous avons la triste habitude de nous juger ! En réalité, cela qui fait preuve de souplesse mentale et qui devrait logiquement en jouir, est différent de cela qui nous juge et émet une condamnation. Et c’est ce jugement émis sans que nous réalisions ce qui se passe, qui nous pousse à ressentir de la honte, du regret, nous pousse à nous justifier, preuve que quelque chose, en nous, est persuadé que nous ne sommes pas en droit de changer ni même qu’il est justifié de tenter de le faire. La vraie et même, l’unique question est de définir, une fois pour toutes, QUI ou QUOI ose juger ainsi notre comportement.

Ne cherchez pas bien longtemps : c’est encore une des frasques de l’intellect ! C’est lui qui nous force à ne plus faire preuve de souplesse mentale, car sa propre rigidité lui interdit de nous suivre dans cette direction. Direction qui se résume à l’évolution ! Ainsi, si nous avons envie de nous transformer mais que nous échouons si souvent, c’est parce qu’une partie de nous mais qui n’est pas nous, tente de nous inculper pour un crime commis par elle seule et à chaque fois !  Il s’agit-là d’un crime de lèse évolution, en somme.

 

Il est vrai qu’il est difficile d’avancer dans la vie et donc, d’évoluer, tout en se sentant moche, coupable, lâche ou bien égoïste ! Sans compter que les autres peuvent nous conforter dans cette optique, à seule fin de nous voir demeurer tel qu’ils se sont habitués à nous voir. L’image plaquée par les autres sur notre personne physique serait d’un moindre impact, si on ne nous avait pas appris à tenir compte de leur avis. Nos proches ont besoin que nous demeurions les mêmes, une vie durant. Cela les rassure et les conforte dans cette idée terrible qu’ils ne doivent pas changer non plus. D’ailleurs, les autres les en empêcheraient à leur tour, s’ils faisaient seulement mine de vouloir « sortir des rangs » ! Mais au cas, il existe toujours l’arme suprême consistant à demander à un être qui fait mine de « bouger » sans l’assentiment de ses proches, s’il n’est pas « tombé dans une secte » !

Mais sommes-nous pour autant et uniquement, ce que les autres voient en nous ou s’attendent à y trouver ? Vivons-nous pour les autres ? Si oui, il ne faut surtout pas évoluer ; cela les peinerait au plus haut point ! Mais si on vit tout d’abord pour soi, alors il faut penser tout d’abord à soi et suivre son instinct, plutôt que « Vox Populi ». Deux mille ans sont passés, certes, mais si l’on ne crucifie plus ceux qui marquent leur temps par leur différence, on fait tout pour qu’ils passent, sans marquer personne et surtout pas les consciences !

 

Serge Baccino