Lorsque la Nature reprend ses droits
Il y a quelques années de cela, sachant que j’aimais les chats, on m’informe qu’il y a une portée de chatons à donner, qu’ils ont environ 2 mois à peine et tout naturellement on me demande si je veux bien en prendre un. Après mon accord, voilà ma première surprise on m’apporte un chaton dans un carton bien fermé ? J’apporte donc ce petit chat chez moi, il a le regard peureux (être dans cette boîte ce n’est pas très rassurant). Pendant le trajet, je lui parle, le monte à mon appartement et lui ouvre cette boîte en carton… Il est craintif et a peur de l’homme, je suis surprise de ce comportement mais le laisse prendre contact dans son nouvel espace de vie. Ce petit animal va s’appeler Donald, j’aime bien Walt Disney. Donald se cache donc derrière la cuisinière, et ne bouge plus, ou alors, uniquement lorsque je ne partage plus le même espace que le sien et, bien sûr, lorsqu’il veut manger. Le lendemain, je demande des explications et voilà que l’on m’explique que ce chaton est né dans la nature, près d’une habitation et au lieu de les laisser vivre ainsi ils ont été récupérés par l’homme. Une forme de « récupération » un peu spéciale car Récupéré = des hommes et des chiens lui ont couru après.
Il ne peut être remis dans la nature car maman n’est plus là, ses frères et sœurs non plus. Alors il va se passer des jours, des semaines ou doucement ce petit animal va reprendre confiance en lui. Je lui donnais à manger puis partais ou lui parlais, je ne le touchais pas, parfois, je lisais, pas très loin de lui et à même le sol, afin que je n’apparaisse pas comme un géant à ses côtés. Le soir Donald venait sur le lit mais dès que je bougeais, je sentais ce petit corps quitter le lit avec un sursaut.
Donald a grandi, petit à petit, s’est rapproché de moi, avait confiance et lorsque du monde venait à la maison, elle allait se cacher puis dans la soirée s’approchait de ces hommes et femmes uniquement si j’étais présente dans la pièce. Chez le vétérinaire, elle n’était pas agressive mais venait se cacher dans mon dos en s’agrippant entre mon pull et mon manteau. Car Donald était en fait une fifille ! Les mois ont passé et Donald devenait lentement mais sûrement une petite chatte adorable et, un jour, elle a eu de beaux chatons. Pendant nos vacances, elle a même pris l’avion avec son chaton sans aucun stress mais Donald avait gardé une peur en elle, la peur de sa propre espèce.
Donald a déjà 2 ans et un jour, la laissant chez une amie, pour l’emmener en week-end à la campagne comme j’avais l’habitude de le faire, elle s’est fait agresser par le chat de la maison. Le soir après le travail, je vais donc à la rencontre de Donald qui s’était cachée dans le maquis. M’entendant elle s’approche de moi, je la caresse et la prends dans mes bras pour l’emmener chez nous. Elle voit la maison ou elle a été agressée et pris de panique, peur que je l’amène encore là-bas, elle s’échappe violemment de mes bras et retourne dans le maquis. Je reste quelques secondes seule, puis je retourne la chercher. Donald avait toujours peur de sa propre espèce.
Sur le petit chemin, j’appelle Donald et à la place sort d’un talus, un chat. C’est un chat sauvage qui a élu domicile dans le maquis, il a cette tête de baroudeur, il me regarde et là je vois non pas un simple chat mais cette présence reconnaissable lorsque le Déva participe de près à la vie de son extension. Nous nous regardons et restons dans le silence, je me sens scanné par lui, puis une petite tête sort du talus, Donald est là et me regarde. Elle n’a plus peur de sa propre espèce et ce beau matou la protège. Je sais à ce moment-là qu’elle ne reviendra pas vers moi mais qu’elle me dit au revoir. Je remercie ce beau matou et regarde Donald se retirer doucement avec son nouveau compagnon dans le maquis. Je suis retournée chez moi sans Donald, certes, mais en paix, car elle aussi avait trouvé la paix. Et cela seul comptait. Une famille d’homme nourrissait des chats depuis des années, Donald étant opéré, elle ne pouvait pas lui apporter d’autres petits et risquer eux aussi d’être poursuivis par d’autres hommes et chiens. La trajectoire spirituelle de cette petite chatte impliquait d’être avec les siens et en confiance. La vie a organisé les bonnes rencontres et j’ai toujours cette tendresse en moi pour Donald.
Lætitia
Je suis heureuse de voir cette histoire écrite car j’adore l’écouter et maintenant la lire. Elle me touche à chaque fois, cette expérience selon moi décrit très bien l’union de tous les éléments ( acteur, observateur … ) lorsque je me branche à cette histoire je ressens une énergie qui englobe le « Tout » , l’harmonie de la vie sans émotions ni pensées ! C’est très apaisant 🙂 merci pour ce partage