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Il est de mode, à notre époque, de se lancer dans des débats interminables durant lesquels chacune des parties en présence essaye de convaincre l’autre (ou les autres) de son bon droit et de ses raisons. On trouve aussi bien ce genre de débat stérile dans des groupes d’amis, lorsque deux d’entre eux ont du mal à s’admettre ou à se supporter mutuellement, ou, cas le plus répandu, au travail, avec les collègues, un chef ou l’employeur.
Pourquoi la psy éso nomme ce genre d’échange interminable entre personnes des « débats stériles » ? Nous pourrions répondre : « Parce que la psy éso connaît l’homme comme si elle l’avait fait ! » Mais ceci ne consisterait pas en une réponse satisfaisante, n’est-ce pas ? Alors nous développerons un peu. Si vous prenez la peine d’observer sans passion mais avec honnêteté, vous en arriverez très vite à cette conclusion : « Ceux qui recherchent le plus le dialogue sont aussi et surtout ceux qui y sont le moins ouverts et qui désirent seulement avoir raison. »
En effet, pourquoi discuter lorsque les faits sont là pour témoigner ? Si je sais avoir tort, pourquoi discuter ? Si je sais avoir raison, pourquoi discuter ? Qu’est-ce que ce fameux « dialogue », en vérité ? Lorsqu’une personne insiste pour avoir raison, l’autre l’accuse de fermeture d’esprit, admettant de ce fait que son esprit à elle est plus « ouvert » tandis qu’elle insiste également pour avoir le dernier mot ou pire, refuse que l’autre essaye seulement d’y parvenir.
Il est vrai que si l’un des deux protagonistes de ces joutes oratoires se sent blessé ou mis en danger, il quittera immédiatement le sujet du débat pour tenter de se justifier et de défendre ses droits. C’est d’ailleurs ce qui arrive quatre fois sur dix, lors de discussions interminables durant lesquelles chacun essaye de prouver à l’autre qu’il a tort. On dit que de la discussion naît la lumière. Celui qui a accouché de cette fumisterie devait adorer argumenter et donc, avoir raison dans toutes ses discussions. La lumière ne saurait naître de quoi que ce soit, car elle est déjà là ou bien ne se manifestera plus.
Celui qui vit dans la Lumière est éclairé dans ses pensées, dans ses propos et, bien sûr, dans ses actes. Il commet des erreurs comme tout être humain, car la Lumière éclaire, certes, mais ne vit pas à notre place et nous laisse libre d’accepter ou non ce qu’elle met en valeur. Mais dans ce cas, l’erreur est connue (conscientisée) et l’éclairé ne se perd pas en palabres, car il sait que la Lumière a déjà montré. Celui qui refuse de voir ce que la Lumière révèle est aussi libre que celui qui se laisse pénétrer par cette même Lumière au point de ne plus faire qu’Un avec Elle. Argumenter n’est pas seulement un manque de respect envers l’autre : c’est avant tout un manque de respect envers soi-même et envers la Lumière. En effet, argumenter malgré l’éclairage naturel, revient à agir comme si cet éclairage n’était pas suffisant ou comme si la Lumière ne savait pas éclairer chacun de nous comme il se doit.
Mais attention : il n’est pas ici question de mysticisme, d’amour inconditionnel et autres grandiloquences issues d’un Moi-Idéalisé ayant pris le pas sur l’Intelligence humaine. Il est question d’économie d’énergie, de logique et du bon sens le plus élémentaire. Il faut deux secondes à une personne vraiment éclairée pour comprendre que son vis-à-vis est un gros boulet qui a un besoin viscéral d’avoir raison, d’être le plus beau, le plus grand et le plus fort. La bonne question a se poser à soi-même (et non à l’autre) est celle-ci :
« Étant donné que j’ai conscience d’avoir affaire à un boulet de première qui va me faire perdre mon temps, pourquoi est-ce que je me laisse piéger à mon tour et insiste également pour avoir raison à tout prix ? »
La réponse peut nous faire beaucoup de peine bien qu’évidente en soi :
« Parce que moi aussi j’ai besoin d’avoir raison, même si je semble un peu moins atteint que l’autre pingouin ! »
Très bien, mais pourquoi aurais-je BESOIN d’avoir raison ? Et si c’était le cas, si l’autre truffe me disait que j’ai raison, qu’est-ce que cela me permettrait de penser, de ressentir et d’être ? La réponse, une fois encore, coule de source :
« Je me sentirais rassuré, je penserais plus de bien de moi et je pourrais être une personne aimée, respectée et que tout le monde écoute ! »
Ah, c’était donc ça…. Damned ! Voilà qui change quelque peu la donne et nous fait oublier deux minutes les défauts supposés du voisin pour nous concentrer un peu plus sur nos défauts avérés. Mais, au fait, est-il bien question ici de défaut ? Est-ce un défaut d’avoir besoin d’amour, de reconnaissance et de respect ? Sans doute pas mais avouons que c’est tout de même un brin risqué d’être mené par ce genre de besoin plus ou moins primitif/compulsif !
A l’évidence, si j’ai autant besoin des autres pour me sentir exister, alors j’offre à ces autres un pouvoir supérieur au mien puisqu’ils possèdent des moyens que je ne possède plus : ceux qui me permettent de me sentir exister et d’y trouver sécurité et plaisir. En clair, j’ai besoin moi aussi d’avoir raison parce que je doute sans cesse de moi, de ma valeur et du fait d’être ou pas « dans le droit chemin », comme disaient nos ancêtres. Et si je suis vraiment éclairé ? Et si la Lumière –qui est l’Intelligence de l’Esprit- éclairait non seulement mon chemin mais aussi, chacun de mes coins d’ombre, serais-je tout autant tributaire d’autrui ? Serais-je autant porté à leur offrir un pouvoir que je me refuse à moi-même ?
La réponse, pour moins évidente qu’elle soit, est assez facile à imaginer. Si chacun de mes coins d’ombres est éclairé et si j’accepte de regarder en face la vérité (les faits), alors oui, je puis me suffire à moi-même et m’émanciper du regard d’autrui. M’en émanciper vraiment et… Définitivement. Mais être éclairé ne suffit pas : encore faut-il accueillir la Lumière en soi et la laisser nous montrer ce qui cloche dans notre état d’esprit actuel. On a souvent cru que les êtres Illuminés (qui sont bien plus nombreux qu’on ne le croit) sont des êtres devenus parfaits, des sortes d’anges asexués qui ne commettent plus aucune erreur. L’erreur étant humaine, tant que l’on demeure humain, on lui demeure assujetti.
Le problème n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais dans l’erreur elle-même mais dans le fait de persister dans l’ignorance, une fois cette ignorance éclairée (désignée.)
D’ailleurs, ce que l’homme moyen appelle une erreur, le Maître de Sagesse l’appelle Une expérience enrichissante. Mais tout comme il est possible de s’enrichir de différentes manières, de même il est possible (et préférable) de s’instruire par le biais de différentes « erreurs. » Commettre sans cesse les mêmes sans rien en retirer, frôle à mon goût l’aberration mentale. Ainsi, celui qui est éclairé est aussi faillible que celui qui ne l’est pas mais le premier ne commet pas sans cesse les mêmes erreurs et apprend très vite de sa propre ignorance.
Et il apprend parce qu’il désire avancer et qu’il a le courage de conserver ses yeux et ses oreilles ouverts et attentifs aux moindres signes de la Grande Vie. Signes qui, bien sûr, peuvent très bien passer par les autres (paroles, comportements) mais qui peuvent tout aussi bien se passer d’intermédiaire et se manifester dans notre esprit, notre cœur, notre corps et notre vie de tous les jours. Voici un petit secret de psychologue ésotériste, comprenne qui pourra :
« Les Maître sont aussi faillibles que les hommes ordinaires mais à l’inverse d’eux, ils apprennent directement de la Vie, plus de leurs semblables. »
Les Maîtres n’apprennent plus rien de leur semblables ? Oui, cela signifie qu’ils n’ont plus besoin d’attendre que leur propre divinité les rencontre depuis l’extérieur et par le biais d’un autre : ils ont tous accueilli, en leur cœur, cette Divinité et elle peut désormais les instruire et les Guider depuis l’intérieur. Sans vouloir vexer personne, sachez même que le fait d’apprendre « grâce aux autres » ou « par l’intermédiaire d’autrui » est un signe de manque d’évolution ou d’immaturité spirituelle ! Cela se comprend (et s’accepte) un peu mieux si on se souvient que le BUT UNIQUE de l’évolution humaine est de permettre au Divin de se manifester pleinement au travers la forme physique de l’homme, et non d’être instruit par aussi timoré que lui ! Présenté ainsi, c’est plus simple à capter et donc à retenir.
Si vous laissez la Lumière se répandre sur vous et en vous, alors vous allez être comme les Maîtres, c’est-à-dire que vous serez, avant tout, « maître de votre propre esprit » et donc capable de percevoir clairement la vérité des choses et des êtres. Lorsque vous rencontrerez une personne malade dans son esprit et fiévreuse à l’idée d’avoir le dernier mot, vous le lui laisserez volontiers ! Pas parce que vous avez pitié de l’autre truffe mais parce que vous aurez désormais pitié de vous ! Vous n’aurez plus envie de vous faire du mal, de vous énerver pour un rien ou de vous rendre malade à l’idée de ne pas avoir « mouché » l’autre andouille de Gontran qui faisait le beau, lors du repas de fin d’année de votre boite.
Lorsque vous rencontrerez Léon, vous obéirez à ses ordres sans discuter (même s’ils sont idiots) parce que vous savez désormais deux choses dont la seconde est primordiale : Qu’il est votre chef de service (ou assimilé.) Que lui a besoin d’avoir raison pour réussir à survivre dans ce monde de cinglés.
Alors vous serez dans la paix et vous pourrez enfin ressentir Ananda.
Serge Baccino
(Note : Sauf pour les images, trouvées sur le Web et réputées libres et gratuites)