Nosce te ipsum

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Comme vous l’aurez sans doute remarqué, la mode spirituelle la plus en vogue est celle qui conseille au gens « en recherche », de laisser le savoir, la connaissance ésotérique, au profit de « vivre et aimer », ou autres platitudes du même genre. Des lieux communs seulement capables de séduire une catégorie de gens de plus en plus nombreux, et qui essayent sournoisement de se faire passer pour les dignes représentants de la nouvelle « élite spirituelle », ceci après avoir eux-mêmes dénoncé l’ancienne, formée par des gens ayant eu l’audace de se dire « initiés. »

Pourquoi cet engouement pour le « laisser vivre et ne rien savoir » ? La réponse est évidente. Elle fut d’ailleurs gravée en son temps sur le fronton du Temple de Delphes. Et elle me semble toujours d’actualité, voire comme jamais auparavant ! « Connais-toi toi-même » (« Gnôthi Seauton » en grec ou encore « Nosce te ipsum » en latin.)

Cela signifie que LA SEULE connaissance digne de ce nom, c’est celle qui se résume à se connaître soi-même (et non un tas d’inutilités livresques qui surchargent l’intellect.) Oui mais voilà : se connaître soi réclame de s’étudier, de s’apprendre, de se comprendre et donc, de se découvrir « tel qu’en l’état. » Ce qui, pour beaucoup, revient à courir le risque de ne pas aimer, mais alors pas du tout, ce qu’ils risquent ainsi de découvrir aux tréfonds de leur être.

On comprend mieux dès lors certaines choses… Pourquoi, par exemple, les gens écrivent de plus en plus mal et deviennent quasiment idiots, à force de « se simplifier la vie » ! Ou qu’ils fassent dix fautes d’orthographe par lignes écrites à la va-vite et à partir de leur « smartphone » ! Non pas que ces personnes n’aient pas eu accès à l’éducation scolaire, bien au contraire ! La plupart ont leur « BAC+ quelque chose », d’ailleurs. Et donc sont censées être plus instruites au moins que je ne le suis moi-même. Ce qui prouve s’il en était encore besoin, qu’instruction et intelligence sont deux choses très différentes, seule la première pouvant être acquise, en s’usant les fonds de culottes sur les bancs poussiéreux d’une école.

L’intelligence quant à elle réclame l’auto-analyse, l’observation de soi, la réflexion, la méditation et l’envie d’amélioration en tous les domaines. Et par dessus tout, elle s’appuie sur la connaissance des lois et des principes qui président au fonctionnement de l’esprit. Sans cela, l’être ne peut prétendre qu’à savoir beaucoup de choses lui étant inutiles, puisque bien incapables de le transformer lui, de l’améliorer et, en un mot, de lui permettre d’évoluer. Car se connaître pousse à l’évolution, du moins si au lieu de se juger et de se faire peur tout seul, on décide d’améliorer ce que l’on découvre en soi et sur soi.

Ainsi, à tous ceux qui prônent cette idée sournoise que l’enseignement ésotérique (de « ésotérikos » = « dedans » ou « intérieur »), qui revient à s’étudier soi-même, est une mauvaise chose, je poserai cette question qui se veut dérangeante et qui s’assume : « Qu’avez-vous donc à vous cacher et à cacher aux autres, cela au point de refuser de pénétrer dans le Temple et d’empêcher les autres d’y entrer ? » (« pénétrer dans le temple » = « Faire la démarche psychologique très courageuse qui consiste à se connaître soi. »)

Tous les prophètes véritables ont averti l’humanité au sujet des « faux instructeurs » qui pullulent actuellement sur le Web, qui demandent des sommes exorbitante pour offrir aux autres ce que ces derniers possèdent déjà en eux et depuis leur naissance.

Je pourrais résumer la somme de leurs différentes alertes lancées (en vain) à l’humanité, par ce qui n’est déjà plus une prophétie mais un fait avéré :

« Il viendra une époque humaine où ceux qui devraient s’employer à s’apprendre, auront plutôt à cœur d’enseigner celles et ceux qui sont aussi ignorants qu’eux mais qui ne désirent pas le rester. Dès lors, ils feront deux fois le mal, car tandis qu’ils enseigneront des choses inutiles ou même fausses, ils empêcheront ceux qui savent vraiment d’enseigner, cela parce qu’ils usurperont leur place et affirmeront qu’il est inutile de faire appel à ceux qui ne sont venus que pour enseigner, partager leur savoir acquit de haute lutte. »

Bien sûr, chacun a le droit d’apprendre puis d’enseigner à son tour ! Que les moins instruits et donc, les plus intelligents de mes lecteurs, ne se méprennent surtout pas sur le sens à donner à ce texte ! Enseigner est chose naturelle, certes ! Cela à la condition expresse d’apprendre avec les bonnes personnes et la seule chose qu’il faut connaitre : SOI ! Mais à cause des faux instructeurs, soucieux de gagner beaucoup d’argent et surtout très vite, les chercheurs de Lumière ne savent plus où donner de la tête.  Alors ils vont « du côté ou ça brille le plus. » Ils ignorent encore que tout ce qui brille n’est pas de l’or et qu’il existe des pierres non précieuses qui affectent l’éclat du diamant mais n’en ont aucunement la valeur.

Alors les gens passent des années à apprendre la seule chose qui puisse les éloigner d’eux-mêmes. Ils restent « des chercheurs » et cela, toute leur vie. Non sans avoir fait les choux gras de ceux qui s’ignorent toujours mais jouissent en attendant d’un confortable compte en banque.  Alors oui, il est devenu difficile de ne pas confondre une corneille d’un véritable échassier. Les corneilles se sont teint en blanc et sont montées sur de hautes échasses, afin qu’on puisse les voir mieux, que l’on puisse ne voir qu’elles. Cela dit, difficile n’est pas synonyme d’impossible ! Le chercheur sincère demeure, sa vie durant, coresponsable de ses réussites comme de ses échecs.

Pourquoi puis-je me permettre d’écrire ces choses ? Parce que d’autres se permettent, chaque jour, de ridiculiser la connaissance initiatique et de faire des véritables ésotéristes, des collectionneurs de savoir théorique. Comme si connaissance devait nécessairement rimer avec théorie seulement ! Pratiquer est devenu urgent, en fait. L’ignoreriez vous encore ? Mais pratiquer… Quoi ? Si on est ignorant de ce qu’il faut pratiquer, comment le pratiquer et surtout pourquoi ? Tant que les gens auront besoin qu’on les endorment, ils trouveront sur leur chemin, d’anciens endormeurs reconvertis à la va-vite en « éveilleurs des consciences. » Car eux, au moins, ont appris qu’avec le second rôle, ils gagnent mieux leur vie.

Terminons par cette question : « Doit-on croire que les gens sont abrutis par ceux qui désirent les maintenir dans l’abrutissement mental, ou doit-on imaginer que chacun reçoit en fonction de ce qu’il a préalablement désiré et donc, appelé à lui ? »

Je vous laisse juge de trancher, car pour moi, « je crois » à laissé la place à « je sais », en ce qui concerne cette épineuse question !

 

Serge Baccino

(Merci de citer auteur et blog si vous désirez reproduire ce texte.)