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J’ouvre et je ferme
(Extraits d’une conférence)
On se souvient de ce verset célèbre : « Là où je ferme, nul n’ouvrira, là où j’ouvre, nul ne fermera. » Mais il est opportun de se souvenir de « Qui » parle. Ou plutôt « Quoi », s’exprime ainsi pour le mental humain. C’est l’esprit qui est capable « d’ouvrir » ou bien de « fermer. » OK, mais comment et, surtout, pourquoi ? Le comment, par la pensée, tout simplement. Pour mémoire, nos pensées sont faites d’esprit. Le pourquoi ? Encore plus simple : « Parce que seul existe l’esprit. » C’est donc « en esprit et par le biais de la pensée » que l’être humain « ouvre » ou « ferme », selon les cas. Selon quels cas ? Et en quoi une pensée peut-elle fermer quoique ce soit ou même l’ouvrir ?
Essayons d’avancer progressivement, afin d’être certains de ne rien oublier, de ne rien laisser au hasard. Les psy éso sont les scientifiques de l’esprit, vous vous en souvenez ? Alors raisonnons d’une manière qui soit vraiment scientifique. Pour comprendre en quoi ou pourquoi l’esprit peut soit ouvrir, soit fermer et qu’est-ce qu’il ferme et ouvre ainsi, nous devons revoir brièvement les deux formes connues de ce que nous connaissons sous le vocable de « conscience. » Nous savons, bien évidemment, que nous sommes conscients. Mais nous ne sommes pas toujours au courant du type de conscience dont nous bénéficions. En psy éso, nous distinguons les deux formes de conscience les plus répandues et usitées : la conscience dite « par soi » et la conscience de soi.
La première est issue de nos processus mentaux, de nos ressentis : nous sommes conscients aux travers de nos sens, en somme. La seconde est la conscience qui ne nécessite ni de penser, ni de ressentir : elle est juste une présence, en nous et c’est elle qui est le plus proche de « Qui nous sommes vraiment. » Pour notre sujet de ce jour, nous ne retiendrons que la conscience par soi, c’est-à-dire le fait d’être conscients au travers de tout ce qui se produit en nous et autour de nous, par le biais de nos sens et du fait qu’il se produit beaucoup de choses, autour de nous, qui ont le pouvoir de réquisitionner notre attention mentale. Nous pourrions déjà dire que plus nous sommes attentifs à ce que nous percevons, que ce soit en nous ou autour de nous, plus nous devenons conscients de ces mêmes perceptions.
Nous savons, par ailleurs, que c’est par le biais de nos sens que nous percevons les choses et les êtres. Nous sommes donc plus conscients de nos perceptions que de ce qu’elles racontent. Pour le dire autrement, lorsque nous regardons quelque chose, nous ne voyons pas vraiment cette chose : nous voyons ce qu’il nous est possible d’en discerner et donc, d’en comprendre visuellement. Il est un fait que la conscience par soi est relative à toutes les formes de connaissances. Nous ne pouvons pas savoir quelque chose à propos de ce que nous ne percevons pas. Nos perceptions représentent le connu, mais nous ne connaissons jamais vraiment ce qui est ainsi perçu par nos sens. Ceci est important si on désire connaître les prémisses de cette idée ancienne et moderne que « Tout est illusions. »
Si nous ne connaissons des choses et des êtres que ce que nous en informent nos sens, alors nous connaissons plus nos perceptions que les choses et les êtres perçus. C’est le principe aujourd’hui bien connu mais plus ou moins bien compris, de l’image dans notre cerveau. Si nous observons la Tour Eiffel, ce sera son image qui sera dans notre cerveau et non la Tour Eiffel elle-même, bien évidemment. C’est ce qui a fait dire à la plupart des véritables initiés du monde, que nous ne pouvons pas prendre conscience d’une chose qui ne soit pas dans notre conscience. Il est clair que ce n’est jamais la chose en elle-même qui se trouve dans notre conscience, mais la perception que nous en avons. Bien. Mais en quoi une pensée, faites d’esprit comme nous l’avons vue, peut-elle soit « ouvrir », soit « fermer » ?
En réalité, nos pensées ainsi que la majorité de nos perceptions nous limitent dans la mesure où nous sommes forcément limités dans nos perceptions. Mais c’est là qu’il faut nous montrer attentifs : ce ne sont pas vraiment nos perceptions qui nous limitent mais bien le fait que nous ne pouvons pas nous concentrer sur plus d’un objet d’attention à la fois. Notre mental est fait pour apprendre, pour comprendre voire pour classifier ensuite. S’il devait se concentrer sur plusieurs choses en même temps, il n’arriverait plus à rien de bien. Est-ce à dire qu’il y aurait une différence notre entre le fait qu’une pensée nous limite, et ce, tout naturellement, et une pensée qui nous enferme ? Tout à fait.
L’esprit n’est en rien gêné lorsqu’il est limité, car cela lui permet de ne traiter qu’un seul sujet à fois et donc, de le pénétrer le plus possible. Par contre, l’esprit peut se retrouver enfermé, littéralement, dans une pensée, lorsque cette dernière est non seulement invariable (ou dure dans le temps) mais interdit également qu’on la passe outre. Bien que les exemples ne manquent pas, nous n’en retiendrons que deux, pour étayer notre propos. La première pensée consistera en une croyance et la seconde sera inspirée par la peur. Imaginons que pour une personne pieuse mais ignorante des réalités spirituelles, Dieu soit un esprit machiavélique, courroucé pour un rien et vengeur à la moindre occasion.
Certaines personnes abritent de telles croyances, ont une conception qui implique un Dieu jaloux et rancunier, par exemple. Nous en avons une parfaite illustration par le biais de l’ancien Testament. Aux yeux de certaines autres personnes, non concernées par cette étonnante version mentale, un tel dieu passerait plus volontiers pour un démon ! Nous pourrions ajouter ici que ces dernières personnes « n’entreront » jamais dans un tel état d’esprit ou n’accepteront jamais de telles croyances moyenâgeuses. Tandis que les premières auront un mal fou à « s’extraire » de cette même croyance.
Ainsi, il est bien des pensées (ou des idées) qui enferment tandis que d’autres ne seront que rarement visitées, car considérées comme trop empiriques et dépassées. Nous voyons ici quelque chose que peu de gens prennent le temps de considérer. Puisque nous parlons « d’entrer » ou de « sortir » d’une idée ou d’une croyance, c’est bien parce qu’une partie de nous prend un malin plaisir à y pénétrer. Un peu comme si notre état d’esprit général, à savoir la somme de nos processus mentaux, croyances et idéaux confondus, consistait en une sorte de décorum. Ou plus sobrement, un endroit où habiter. Certains sont persuadés que le Monde est en nous. Ils n’ont pas tort mais ils n’ont pas pour autant entièrement raison !
Le monde est immanent ; il se trouve dans notre conscience. Dans le cas contraire, nous ne pourrions pas en prendre conscience, n’est-ce pas ? Mais l’immanence n’exclut en rien celui, opposé mais complémentaire, de la transcendance. Autrement dit, non seulement le monde est en nous mais il est également « autour de nous ». Là encore, attention aux subtilités ! Le fait que le monde soit « autour de nous », n’exclut pas qu’il soit aussi « en nous ». Si nos perceptions intimes donnent naissance à tout un monde intérieur, nous n’en sommes pas moins réduits à -puisque inclut dans- ce monde intérieur !
Si vous avez du mal avec ce sujet de l’immanence et de la transcendance, remplacez-le par cette compréhension bien plus accessible : « Tandis que votre monde est intérieur, votre conscience se meut au sein même de ce monde intérieur. » Tout se passe dans la conscience et ce que vous appelez « votre conscience » en est la partie réduite à cet univers intérieur. D’ailleurs, il faudra bien, tôt ou tard, qu’un accord soit trouvé pour satisfaire tout le monde au sujet de la Conscience qualifiée de « Une et indivisible » ! En effet, sommes-nous LA Conscience (la Grande, l’unique) ou avons-nous une conscience qui soit « à nous » ? Le sujet étant on ne peut plus hermétique pour la plupart des gens, essayons de trouver une sorte d’accord mettant (presque) tout le monde d’accord !
Nous partirons du Principe, par ailleurs exact, que TOUT se produit en effet au sein même de LA Conscience, la seule, l’unique, nommée Shiva par certains. Mais nous devons considérer le fait que seule cette même Conscience est capable d’accéder à tout en simultané. Nous autres, créatures humaines momentanées, nous ne le pouvons pas, comme évoqué plus haut. Nous ne pouvons nous concentrer que sur un seul sujet d’attention à la fois. Ainsi, si la transcendance concerne le Tout, la Soi-Conscience Universelle, l’immanence concerne aussi, voire surtout, les êtres vivants et conscients. Des êtres étant seulement conscients au sein de leurs mondes mentaux. Ces mondes étant soit « ouverts » (s’ils peuvent réussir à penser autre chose ou autrement) ou bien « fermés », si ces mondes ont une emprise diabolique sur leur conscience par soi.
(Fin de l’extrait.)
Serge Baccino