Le mal et le karma

Getting your Trinity Audio player ready...

Le mal et le Karma

(Extrait d’une conférence.)

Quel est donc le secret détenu par celles et ceux qui font du mal ? En effet, ils semblent agir comme s’ils pouvaient le faire « en toute impunité. » D’ailleurs, pourquoi c’est toujours le mal qui triomphe, contrairement aux scénarios ringards des films américains ? Est-ce une réalité vraie ou une croyance ? Est-ce que notre réalité ne dépend-elle pas de croyances ? Est-ce que le problème et donc aussi, la solution, se situerait au niveau de ce rôle poisseux mais volontairement maintenu, que nous jouons tous, avec plus ou moins de succès d’ailleurs ? Pour le dire autrement, nous avons tous besoin de nous sentir être. De nous sentir être… Quelque chose, ou quelqu’un. Car nous ne pourrions pas nous sentir être s’il n’y avait pas quelque chose à sentir, justement.

Par exemple, nous avons besoin de nous positionner, de nous identifier du mieux possible à un rôle, à une personnification de ce que nous sommes par ailleurs. Et par ailleurs, nous ne sommes rien de précis ou de défini, puisque nous sommes la Conscience. Certes, mais la conscience… De quoi ? Ou de qui ? Être juste conscient nous paraît impossible sans y adjoindre quelque chose d’autre, une sorte de support sur lequel pourrait s’adosser, s’appuyer voire carrément se déposer, cette même conscience. Puisque nous avons cette conscience d’être, il nous semble évident que nous devons définir cela que nous sommes, c’est-à-dire l’être. Mais cela est impossible ! Nous ne pouvons pas définir qui ou quoi nous sommes, sans devenir, ne serait-ce que temporairement, autre chose que ce que nous sommes vraiment.

C’est un peu une sorte de gag : lorsque nous tentons de nous définir, nous perdons de vue ce que nous sommes vraiment, pour devenir ce que nous ne sommes pas. Et même si nous passions en revue tout ce que nous ne sommes pas, nous ne saurions toujours pas qui ou quoi nous sommes vraiment. Nous sommes pour ainsi dire condamnés à ne jamais savoir qui nous sommes, et donc, à toujours nous imaginer être… Qui nous ne sommes pas ! Et nous avons l’embarras du choix, puisque « Tout ce que nous ne sommes pas » et que nous pouvons aussi bien « passer en revue », est infini, illimité. Ainsi, non seulement nous ne saurons jamais « Qui nous sommes vraiment », car la Conscience peut tout observer, sauf elle-même, mais de plus, une éternité ne nous suffira pas pour définir « Qui nous ne sommes pas. »

Les premiers Grands Éclairés de notre humanité, lorsqu’ils sont arrivés à cette étonnante conclusion, ont imaginé un moyen de continuer à être, sans pour autant devenir fou ou bien sombrer dans les pires illusions ou « enchantements de l’esprit ». Car oui, forcément, l’esprit peut nous proposer « toutes les fausses réalités » ou « toutes les véritables illusions » qui puissent se concevoir. Mieux encore : non seulement l’esprit contient déjà l’historique de tout ce qui a été inventé ou imaginé, depuis toujours mais, de plus, il peut donner forme à tout ce que nous pouvons imaginer pouvoir ou devoir être. Jamais l’esprit ne donnera son avis sur l’une de ses créations, cela parce qu’il les contient toutes et qu’il n’en possède donc aucune, en particulier. Il s’agit là de pure logique ésotérique. Autant demander à un patchwork, quelle est sa couleur unique.

Ainsi, si vous croyez que vous êtes « quelqu’un de bien », vous le deviendrez puis vous le serez. Du moins, aussi longtemps que vous choisirez de vous identifier à cette croyance. Et bien sûr, vous auriez le loisir de manifester tous les attributs relatifs à de votre version personnelle ou même collective de « quelqu’un de bien » !
Car vous pouvez « penser seuls », comme le disent certains. Et vous pouvez penser « comme le plus grand nombre ». Cela importe peu, car dans les deux cas, vous ne faites que jouer un rôle ou porter un masque choisi ponctuellement ou durablement pour habiller votre conscience. En psy éso, ce masque, ce rôle que nous sommes plus ou moins obligés de jouer peu ou prou, est formé par le contenu de l’âme ou, et plus exactement, par les différentes parties qui, mises bout à bout, forment ce que nous appelons « notre âme. »

Mais il s’agit là autant de notre âme qu’il s’agit de notre véritable identité ! En effet, les mêmes bouts d’âmes peuvent servir à différentes personnes, incarnées ou non, leur permettant de trouver une identité ponctuelle ou durable qui puisse s’adapter, voire se « calquer » avec celle d’un certain nombre d’autres. Nous connaissons tous ce plaisir qui consiste à se retrouver groupé avec des personnes partageant en partie au moins, le même état d’esprit que nous. Cela rassure, réconforte et nous donne l’illusion que « nous sommes dans la vérité. » En fait, le seul résultat est que cela augmente le degré d’illusion, la densité des particules d’esprit qui s’imaginent avoir trouvé une forme sécurisante et sécurisée. Mais ce n’est, encore et toujours, qu’une illusion, pas la seule et unique réalité ou vérité.

D’ailleurs, il n’existe aucune réalité, puisqu’elles peuvent toutes se manifester tour à tour ou simultanément ! Tout peut devenir « réel » pour ceux qui choisissent de vivre et de ressentir une réalité plutôt qu’une autre. De même, il n’existe aucune vérité, puisqu’il en existe autant que de formes mentales vivantes et conscientes capables de « vivre vraiment » ce sur quoi s’appuie leur conscience personnelle.
Certes, il existe des formes mentales, des croyances et donc, des « bouts d’âme » qui ne laissent guère de choix ou de latitude à la conscience ! Une forme (mentale) conditionne toujours l’expression de la conscience, attendue que c’est selon les limites propres à cette forme que la conscience pourra s’exprimer. C’est la seconde révélation qu’eurent nos Grands Éveillés du passé et que nous pourrions résumer ainsi, en termes modernes : « Puisque la forme mentale conditionne toujours l’expression de la conscience, en termes de qualité et de quantité, il est préférable de ne retenir que les formes mentales les plus agréables et légères. »

Hélas, rien ni personne n’est là pour nous dire quelles sont les formes mentales (croyances, idées, bouts d’âme) qui peuvent le plus être profitable à la conscience ! Nous commettons souvent l’erreur grossière de le penser tout de même, cela parce que dès qu’il y a conditionnement mental ou présence d’un filtre pour la conscience, ce n’est plus la conscience qui dirige mais la forme, devenue consciente à son tour. Autrement dit, ce sera la forme mentale qui jugera ensuite ce qui lui est utile, agréable et qui lui semble léger, et non plus la conscience. Très bien, mais quel rapport avec le mal, le karma ? Le rapport est direct, voire absolu !
Qui décrète ce qui est bien ou mal, selon vous ? La conscience ? Certainement pas ! Pour cela, il faudrait qu’il n’y ait que la conscience sans aucune forme. Et nous avons compris que c’est au moins improbable, au vu du niveau général d’évolution actuel.

Alors oui, c’est la personnification provisoire de cette même conscience qui va ensuite tout gérer, tout diriger et tout définir. Le Soi n’est pas une personne : seule l’âme peut le devenir. Nous parlerons donc de « personnalité animique » (ou relative à l’âme.) Si une personnalité animique décrète qu’elle a raison, rien au monde ne pourra la faire changer d’avis ! De même si cette même personnalité animique a tort ! Certains petits malins argumenteront sans doute ainsi : « Mais voyons, puisqu’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas non plus de mensonge ni même de raison ou de tort ! » En effet, il n’y en pas… Dans l’absolu, pour nous servir d’étalon modèle, dirons-nous ici et pour simplifier. Mais il y en a dès que la personne ment consciemment et qu’elle fait une chose qui risque de lui coûter très cher !

À partir de l’âme humaine, nous quittons les Grandes Lois pour nous retrouver au niveau du relatif et donc, du respect des conditions imposées par un état d’esprit ou un autre. Mentir et se faire du mal en prétendant que c’est plus fort que nous, cela revient à violer les propres règles du rôle incarné, du masque social choisi puis porté avec quelque ostentation. Un représentant de la loi, des forces publiques et qui prétend incarner au mieux son choix social, ne peut pas se permettre de voler, de piller, de violer ou de nuire à autrui gratuitement. De même pour celle ou celui qui prétend « servir son prochain » et qui se servirait lui-même. Mais nous savons fort bien que de tels scélérats et parasites sociaux existent bel et bien. Nous pourrions nous demander, en reprenant l’idée directrice évoquée au début de cet article, comment de telles personnes peuvent faire autant de mal et surtout, en toute impunité, pour les cas les plus importants.

Ce serait méconnaître les lois du fonctionnement de l’esprit et, surtout, nier les problèmes inclus dans nos propres choix de vie. Car chacun de nous choisi d’incarner telle personnification de la conscience ou bien telle autre. Évidemment, ce choix est plus ou moins conscient, du fait même que certains rôles ou masques sociaux, permettent à la conscience de s’exprimer plus ou moins librement. Pour réaliser que nous commettons une erreur, par exemple, il faut que nous en soyons conscients avant tout. Nos processus mentaux eux-mêmes sont sous la tutelle de l’âme et sont donc relatifs à la puissance de filtrage conscient qu’elle produit, selon sa nature. C’est ce qui a donné naissance à ce concept spirituel d’évolution. On entend dire que telle personne est très peu évoluée, alors que telle autre est déjà bien évoluée.

Vous vous doutez bien que ce genre de perception est déjà relatif à un manque d’évolution ! Mais cette réplique n’est qu’un gag ! En fait, il n’y a pas vraiment de personnes plus évoluées que d’autres, car toutes font partie intégrante de l’esprit vivant et conscient. Il y a seulement des choix plus ou moins heureux, en matière d’économie de la vie, de rapports humains, etc. La personne considérée comme « en retard », si elle change d’âme, paraîtra alors très en avance. Et bien sûr, à l’inverse, si une personne dite « avancée » décide de revêtir un « manteau animique » imposant une personnalité d’intelligence et donc, de conscience très limitée. Voyons ce que pense une personne qui, aux yeux des autres (notez bien ce détail important !) a tort et même, fait du mal plus que du bien. Réponse : cette personne pense qu’elle est dans son droit et que ce sont les autres qui ont un sérieux problème !

Que pense une personne qui, aux yeux d’autrui, a totalement raison ? Réponse : cette personne pense qu’il faudrait être stupide pour ne pas se rendre compte qu’elle a toujours raison ! Voyez-vous mieux le problème ? Demander à une personne de ne pas ou de ne plus se servir de son âme pour penser et ressentir, revient à exiger de la couleur bleue qu’elle produise du rouge. Ou encore, de demander à du métal d’être en bois et à un arbre d’articuler en parlant plus distinctement. Cela ne frise-t-il pas le gag, finalement ? Une fois que nous avons compris qu’une personne est bien obligée de se servir de ce qu’elle incarne (âme) pour penser et ressentir, il nous reste cette question : « Pourquoi la personne semble-t-elle avoir un mal fou à changer ? »

En somme, nous demandons à une autre personne de… Changer d’âme, carrément, et cela, juste pour satisfaire à la nôtre, d’âme qui, bien évidemment, refuse de changer, tout en réclamant à d’autres de le faire pour elle et à sa place !
À ce stade, on est en droit de se demander si ce qui nous paraissait tantôt être une simple farce, ne serait pas plutôt une sombre tragédie à l’échelle humaine ! Attendre d’autrui qu’il fasse ce que nous redoutons le plus de faire puis s’indigner dès qu’il fait mine de ne pas y réussir ou simplement y consentir, est-ce là « le Bien » ? Question : pouvons-nous obliger les autres à changer ? Réponse : non, nous ne le pouvons pas, même s’il est possible de les détruire en les forçant tout de même à y parvenir. Question : pourquoi avons-nous tant de mal à changer, même lorsque nous le souhaitons, de toute notre âme ? Réponse : parce que, dans ce cas-là, c’est à notre âme que nous demandons pour ainsi dire de « mourir », d’accepter de ne plus être consciente d’elle-même.

C’est au travers de NOTRE Conscience que les bouts d’âme ont la sensation de vivre et d’exister. Le besoin, en termes de « support » est bilatéral : nous avons besoin de l’âme pour être conscients… De quelque chose, de soi, dirons-nous, et l’âme a besoin de la conscience que nous sommes pour avoir conscience d’être.
Forcément, proposer à des bouts d’âme de se barrer pour céder la place à d’autres bouts d’âme nous paraissant plus adaptés à notre nouvelle personnalité souhaitée, c’est demander à quelque chose de vivant d’accepter de ne plus l’être afin que d’autres le soient en leur lieu et place. On comprend alors mieux la très forte résistance et le fait que la plupart des gens sont persuadés de ne jamais pouvoir changer. C’est rendu seulement « vrai » du fait de la résistance de nos schémas mentaux, eux-mêmes incarnés par les bouts d’âme qui s’efforcent de nous paraître telle une seule chose, un seul et unique tissu, de couleur unique et parfaitement adapté.

Certains ont même fait allusion au fait que nous, les humains, étions « possédés » par des entités, plus ou moins humaines, et que ces dernières avaient pour rôle unique de nous parasiter, de vivre à nos dépens, etc. Ceci n’est pas complètement vrai, ni complètement faux, d’ailleurs ! Mais il s’agit d’un autre sujet, traité plus largement ailleurs. Voyons à présent notre fameux « karma » ! Question : « Pourquoi les gens qui font du mal ne sont-ils pas tout le temps punis ? » La question serait amusante si elle n’était pas aussi naïve que sincère, finalement. Réponse : punis par… Qui, exactement ? Par quelque loi étrange et peu connue ? Par Dieu ? Par qui ou par quoi pensez-vous que pourraient être « punis » ceux qui font du mal… Selon ceux qui ne sont tout simplement pas capables d’en faire ?

Car là est le vrai problème et là est aussi la solution. Pour ceux qui en ont encore besoin s’entend. Mais suivez plutôt ce raisonnement logique… Tout est fait d’esprit. L’esprit contient ou forme toutes choses et de ce fait, il n’est ni une chose en particulier, ni une autre (Neti, Neti, en sanskrit.) Il est donc aussi bien ce que nous commettons l’erreur de nommer « Le Mal » que de nommer « Le Bien. » Pour l’esprit, ces deux concepts mentaux antagonistes n’ont aucune existence et sont simplement impossibles à gérer. De fait, l’esprit ne peut pas « punir » celui ou celle qui se sert de lui pour penser. Même si cette forme de pensée est jugée très négative par d’autres. Pour l’esprit, il n’y a nul bien, nul mal, point ! Et comme l’esprit est Dieu, n’est-ce pas, ni l’esprit ni même Dieu, ne peuvent « punir » ni même « récompenser » qui que ce soit !

Quant aux lois, ce sont celles de l’esprit lui-même et donc, de Dieu et nous imaginons mal le Divin lutter contre lui-même ! Toutefois, nous voyons bien qu’au sein de l’esprit universel (ou Dieu), il existe des idées qui semblent être en contre d’autres idées, voire s’opposer carrément à elles ! En fait, il n’en est rien. Il n’y a aucun combat au cœur de l’esprit universel : tout y repose bien sagement et paisiblement. Le vrai et seul problème commence et se termine par l’être humain ! C’est lui qui est responsable de l’emploi qu’il fait avec l’esprit, lorsqu’il le décrète sien. C’est lui aussi qui gère, sans le savoir, ce que l’on nomme « le karma. »

(Fin de l’extrait.)

Serge Baccino