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Cessez donc de vous faire avoir !
Vous est-il déjà arrivé de vous faire baratiner, de vous laissez avoir, comme on dit vulgairement ? Si vous invoquez vos souvenirs à ce sujet, vous constaterez toujours le même phénomène : d’abord vous vous laissez abuser puis, seulement ensuite, vous réaliser ce qui vient de se produire. Ce n’est jamais simultané, en somme. Lorsque vous vous faites avoir, c’est toujours parce que la prise de conscience succède à l’acte. Les deux conditions mentales ne sont jamais simultanées. OK, mais pourquoi ? Déjà, parce que vous ne pouvez pas penser et être conscient en même temps ! Lorsque nous pensons, notre conscience se résume au contenu formel de la pensée.
Autrement dit, le niveau de conscience correspond parfaitement à celui permit par les processus mentaux en cours. Ce n’est que lorsque les processus mentaux cessent, que la conscience peut alors prendre le relais. Mais les deux, pensées et conscience ne peuvent pas se manifester en même temps. Vous pourriez commettre dès lors une erreur assez grossière, bien plus grave que le simple fait de vous faire avoir, comme on dit. Erreur consistant à vouloir comprendre, d’un point de vue purement humain, comment et pourquoi vous vous êtes fait ainsi avoir. En présentant le problème en partant de la prémisse négative au possible que l’on a abusé de vous, de votre mental, de votre intelligence, même, vous risquez seulement d’arriver à de très désagréables conclusions.
Conclusions qui, en plus d’être désagréables, seront tout à fait fausses ! En effet, quel pourraient bien être vos conclusions, partant de la prémisse risquée que vous vous faites souvent avoir ? Une des plus accessibles, à ce niveau de conscience, est par exemple, que vous êtes trop « naïf », comme on dit. Et qu’est-ce que la naïveté, en fin de compte ? Selon nos actuels critères de jugement, quelqu’un de naïf est quelqu’un qui croit très facilement tout ce qu’on lui dit. Ensuite, vous allez essayer de comprendre qu’est-ce qui pousse une personne telle que vous à tout prendre « pour argent comptant », à tout « gober », comme disent certains ? Et en conclusion disons « logique » de cette prémisse que vous êtes naïf, vous allez en déduire que cette naïveté vous rend incapable de juger sainement, vous endort ou pire, vous transforme en un idiot véritable.
Et cela parce que vous êtes partis de vous, en fait ! Et d’où auriez-vous pu partir, sinon de vous, puisque c’est vous qui vous êtes fait avoir ? Pour le comprendre, vous devrez toujours vous souvenir de ces deux sentences pourtant bien connues : la première qui énonce que « Tout est double », toujours ! Et la seconde qui ajoute « Qu’il ne vous arrive jamais rien à vous » !
A présent, présentons l’idée sous un autre angle. Que s’est-il passé au juste ? Nous avions d’un côté vous, qui avez foi en la vie, voire en les autres, qui êtes positif et qui savez que tout s’arrange toujours pour votre seul bénéfice. En clair, de votre côté, nous avons un véritable initié, confiant en cet univers duquel il fait partie intégrante. D’un autre côté, nous avions une personnalité en souffrance qui s’imagine toujours qu’il n’y a pas assez de bonnes choses dans son petit univers mesquin qui se résume à sa façon médiocre de penser et donc, de ressentir et de vivre.
Pour une telle personne, pour obtenir une chose, un autre doit la perdre, car il n’y a pas assez pour tout le monde, voyez-vous ? En lui, point de générosité, de confiance en l’humanité ou même en Dieu. Cette personne croit fermement que si elle ne vole pas à autrui ce qu’elle convoite, jamais cet autrui ne partagera quoi que ce soit avec elle. Il lui faut donc, tromper, trahir et, en un mot, manipuler autrui afin d’obtenir ce qui lui paraît nécessaire à sa survie.
Mais comme il s’agit d’un état d’esprit invariable, quoique puisse posséder ou voler cette personne, elle continuera de se croire « en manque. » A présent, amusons-nous à comparer ces deux états d’esprit opposés et, hélas, complémentaires, et posons-nous cette judicieuse question : Lequel de ces deux état d’esprit est le plus enviable ? Montrons-nous plus radical encore en ajoutant cette seconde question : Attendu que la vie humaine incarnée est courte mais que l’âme peut vivre éternellement dans l’état d’esprit qui est actuellement le sien, lequel de ces deux états d’esprit j’ai envie de vivre, durant des millénaires, de l’Autre Côté du Voile ?
Que nous apprend cette courte démonstration ? En premier, que nous commettons l’erreur de confondre des qualités spirituelles très rares avec un quelconque défaut, voire une tare purement humaine. En second elle nous explique l’origine de notre erreur de base : nous partons de nous au lieu de partir du contexte, c’est-à-dire de l’extérieur et des autres.
Pourquoi auriez-vous honte d’être plus évolués que la moyenne ? La honte ne devrait-elle pas être du côté de celui qui vit dans un état de misère morale telle, qu’il se sent obligé de tromper son prochain dès qu’il s’imagine le voir ? Mais que voit-il en fait, si ce n’est une excuse extérieure pour cautionner tout ce qui se trouve déjà dans sa petite tête ? Aimeriez-vous être à la place de ce pauvre diable ? Préfèreriez-vous vous produire au travers de son état d’esprit pitoyable ? Réfléchissez bien !
Vous n’êtes pas naïfs : vous êtes juste encore très inconscient de votre véritable valeur. De même, vous n’êtes pas « victime de la vindicte d’autrui » : vous êtes seulement victime d’une croyance que partage encore, hélas et toujours, la plupart des spiritualistes du monde ! Quelle est cette croyance ? Pour réussir à la comprendre vraiment, complètement et parfaitement, nous devons tout d’abord revenir à cet axiome bien connu : « Tout est double. »
Si « Tout est double », toujours, croyez-vous vraiment que la fameuse naïveté dont vous pourriez croire être atteint, se rapporte exclusivement aux autres et donc, au monde extérieur, à la Matrice artificielle ? Si vous le croyez, cessez immédiatement de le croire ! Car sinon, vous voici plus en danger encore que lorsque vous devez faire face à la décrépitude mentale d’autrui ! Ce qui se produit apparemment « au-dehors » se produit en vérité « au-dedans », la projection extérieure nécessitant obligatoirement un projecteur et un film à projeter. Et film et projecteur ne peuvent se trouver qu’en nous. Le projecteur, c’est simplement notre pouvoir de nous faire ressentir et vivre l’essentiel de ce que nous pensons. Cela n’est en rien une malédiction, bien au contraire !
Sans ce Jeu de projection mentale, nous ne pourrions jamais expérimenter vraiment la valeur, pour nous, de nos processus mentaux et des émotions qu’ils font naître. En clair, c’est parce que nous goûterons toujours au contenu de nos pensées, que nous réussirons à faire le choix entre ce qu’il est préférable de penser et ce qu’il vaudrait mieux éviter de penser. Rien de bien compliqué. Cela dit, si ce qui nous arrive au-dehors est semblable à ce qui se produit au-dedans mais à notre insu, la plupart du temps, alors qui est le supposé « Naïf » et qui est le supposé abuseur de confiance ?
C’est à ce niveau que les choses deviennent vraiment intéressantes pour nous, chercheurs de vérités. En effet, se dire que ce sont les autres qui ont un problème, en plus d’être quelque peu risqué, peut s’avérer à la longue lassant. OK, les autres sont de vilains pas beaux, et après ? Est-ce que ça fait d nous des personnes plus belles ou meilleures ? Mais quand nous conduisons notre petite enquête spirituelle vers nos profondeurs animiques, cela devient tout de suite plus précis et, surtout, plus rentable pour notre vie, présente et future. Nous avons déjà défini qu’il n’y avait aucune naïveté dans le fait de posséder un esprit pur et sain, à savoir sans crainte ni vision négative d’autrui. Il serait hautement préjudiciable de croire que le fait d’être de belles âmes au contenu lumineux et sain, consiste en une quelconque tare !
En partant de cette prémisse, aucun enfant n’est vraiment naïf. Il est simplement confiant en la vie et en tout ce qu’elle lui propose de vivre. Il s’agit de l’un des plus puissants de nos fondamentaux spirituels ! N’oublions jamais qui nous sommes vraiment et, surtout, qui nous pouvons être et cela, pour l’éternité ! Fort bien ! Dans ce cas, nous allons partir de la prémisse plus sérieuse que Cela qui peut éventuellement se faire berner, en nous… Eh bien, c’est nous ! C’est le Soi, ce que nous sommes vraiment, indépendamment de toutes les idées loufoques ou diaboliques qui peuvent éventuellement peupler notre mental humain. Il ne nous viendrait pas à l’idée de traiter notre Conscience Intérieure de naïve, n’est-ce pas ? Cela parce qu’elle n’a pas à croire quoi que ce soit mais a juste à incarner, pour ainsi dire, la confiance en sa propre divinité.
Partant, qui jouera donc le rôle de l’abuseur, du trompeur, du Diable et de Satan, à savoir le rôle peut enviable de celui qui nous oriente là où nous ne pourrions pas aller ou qui résiste à notre pureté sacrée ? Contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas le mental qu’il nous faut diaboliser mais plutôt son contenu ! Et que contient notre mental ? Réponse : des pensées qui ne sont que bien rarement « à nous » ni même « pour nous » (pour notre bénéfice, donc.) Et en quoi consiste l’acte d’être abusé ? Réponse : il se résume à cet acte sacrilège qui consiste à s’identifier avec ce contenu formel de notre mental. Nous ne sommes ni naïfs ni crétins : nous commettons simplement l’erreur de croire que c’est nous qui pensons. Du moins, durant le laps de temps où nous sommes pleinement identifié à nos processus mentaux.
Puis, juste à la suite, nous réalisons que ces mêmes processus mentaux sont d’un degré de médiocrité épouvantable ! Alors nous entrons en dépression, car nous sommes persuadés que c’est bien nous qui pensons ainsi et que, forcément, nous sommes tel que nous décrivent nos propres pensées ! Voyez-vous le piège ? Le voyez-vous vraiment ce piège ? Si c’est le cas, vous venez tout juste de percer le secret de l’incarnation humaine ! Si ce n’est pas encore le cas, vous venez juste de comprendre comment et par quoi vous vous faites régulièrement piéger. Mais il vous reste encore non pas à comprendre mais à en accepter l’idée.
C’est là qu’une forme de peur atavique peut faire son apparition et paralyser les plus courageux d’entre nous ! Mais, si je ne suis pas tout ce que je pense et croit, alors que c’est justement ça qui me personnalise, me caractérise, me distingue de tout le reste et de tous les autres, qui suis-je ou que suis-je ? La réponse est évidente : nous sommes tout ce que nous voulons ou désirons être, tour à tour mais pas simultanément. Mais pour cela, nous ne devons pas croire que nous sommes ceci ou bien cela de précis et de durable, car dans ce cas, notre vie et notre bonheur même dépendront du contenu formel de l’état d’esprit avec lequel nous avons commit l’erreur de nous associer puis de nous identifier.
Serge Baccino