Image des autres et image de soi

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Image des autres et image de soi

Nous adorons être reconnu, respecté et aimé. Nous adorons séduire, voire manipuler. OK, mais pourquoi ? Voilà la bonne question. Les autres ont ils ce pouvoir de nous donner la foi en nous-mêmes ? Non, mais nous leur prêtons ce pouvoir afin qu’ils nous le rendent en version améliorée, remastérisée. Nous nous servons des autres dans l’espoir de compenser ce que nous croyons, à notre sujet et plus ou moins consciemment. Et même quand ça marche, on est volé car ça ne fait que compenser ponctuellement, ça n’efface pas ce que nous croyons à notre propos.

Alors, nous recommençons à nous servir des autres, sans nous questionner plus avant. Et ainsi de suite. Mais pourquoi avons-nous besoin des autres ? Pour qu’ils réussissent à nous convaincre, à nous rassurer, pour qu’ils nous certifient, nous confirment, en retour, que nous sommes bien ceci ou cela, à savoir ce que nous aimerions tant être et manifester. En réalité, nous n’y croyons pas vraiment. Nous sommes en mode auto-condamnation et intérieurement, sans doute inconsciemment, nous sommes persuadés du contraire. Du contraire de ce que nous demandons aux autres de nous prouver.

D’où le besoin de remettre le couvert, chaque jour, d’attendre des autres qu’ils nous rassurent voire qu’ils nous aiment et nous respectent à notre place, qu’ils aient confiance en nous, toutes choses que nous ne réussissons pas à nous offrir à nous-mêmes. Généralement, le problème vient de l’enfance. Nos parents n’ont pas réussi ou même n’ont pas voulu reconnaître notre valeur, nos qualités, ou bien ils ont fait mine de relever surtout les traits de caractère qui leur plaisaient à eux, qui leur parlait d’eux.

Où se trouve le pouvoir ? Il se trouve en nous, au sein de l’inconscient ou même du subconscient. Le conscient ou « moi » n’a aucun pouvoir, si ce n’est celui d’arbitrer notre vie, de faire savoir ce qui est bon ou mauvais, juste ou pas, agréable à vivre ou non. Les affirmations et autres « loi d’attraction » sont de la fumisterie. Le conscient a beau désirer, ce qu’il obtient, c’est ce qu’il pense de lui et en secret. Et c’est tout. Exemple, celui qui a besoin d’être apprécié et qui adore séduire, a en fait peur des autres, de ceux qu’il ne contrôle pas et donc, qui pourraient lui faire du mal. Ou simplement lui refuser le strict nécessaire.

Une personne qui désire devenir riche, le désire t’elle pour son propre plaisir secret ou pour prouver aux autres qu’elle vaut mieux que… Que quoi ? Que la vision défaitiste qu’elle entretient en secret d’elle-même ? L’univers répond toujours à nos demandes, dit-on. Mais il ne faudrait pas se tromper d’étage ou même de demandes ! L’univers ne cautionnera jamais cette idée de vouloir prouver que l’on vaut mieux que ce qu’une partie de nous le croit. Il écoutera donc la partie inconsciente et lui refusera de s’enrichir. Car qui, dès lors, deviendrait riche ? Réponse : l’état d’esprit défaitiste. Ce qui serait terrible.

Posez-vous toujours la question : Pourquoi ? Pourquoi j’aime ceci plutôt que cela ou pourquoi je désire devenir ceci plutôt que cela. Et vous réaliserez alors que ce que vous désirez, avant toute chose, c’est faire mentir votre subconscient, lui prouver qu’il a tort, que vous valez mieux que ça, etc. Vous ne réussirez, au mieux, qu’à compenser ponctuellement, pas à annuler la manière morbide de penser à vous. Pour annuler la façon de penser inconsciente, il faut rendre consciente la cause réelle de vos comportements les plus usuels. Et là, vous pourriez être surpris !

Observez-vous. Questionnez-vous : pourquoi ? Pourquoi suis-je en train d’essayer de séduire, de plaire, de me faire aimer, de passer pour une personne formidable, instruite, etc. Prenez-vous en flagrant délit d’adultère psychologique : vous « couchez » avec un état d’esprit qui n’est pas le vôtre. Que désirez-vous compenser ? Quelle idée terrible entretenez-vous à votre propre égard ? Voulez-vous encore et toujours faire mentir l’un quelconque de vos parents, qui vous affirmait que vous étiez incapable de ceci ou bien de cela ? Quel démon intime souhaitez-vous exorciser, en vous servant des autres pour y parvenir ?

Serge Baccino