Qu’est-ce que la Réalisation ?

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Qu’est-ce que la Réalisation ?

On parle souvent de Réalisation, en spiritualité. Avec un R majuscule, pour bien en souligner l’importance. Mais que devrions-nous réaliser, au juste ? Et que signifie ce mot, au fait ? La réalisation, c’est bien quand nous réalisons, non ? Certes, mais ce mot peut prendre deux sens différents.

Le premier, nous réalisons, dans le sens de prendre conscience, de comprendre quelque chose, par exemple. Le second sens, celui qui nous intéresse le plus ici, est lié au fait de « rendre réel » quelque chose. Autrement dit, c’est le sens qui nous indique que quelque chose a été réalisé, a été fait (réaliser un chef-d’œuvre, une œuvre d’art, par exemple.)

L’Évangile Essénien de la Paix propose cette phrase magnifique : « Que votre esprit connaisse cette paix, que votre cœur la désire, que votre corps la réalise. » Tiens, déjà à cette époque, il était question de réalisation ? OK, mais dans quel sens ? Celui de comprendre, de prendre conscience ? Mais dans ce cas, posons-nous cette question :
« Le corps peut-il réaliser quelque chose, soit en prendre conscience, comprendre cette chose ? »

La réponse est « oui », comme nous le verrons plus loin. Mais nous pouvons déjà proposer cette seconde question : « De quelle manière exacte le corps peut-il réaliser une chose, à savoir la comprendre, en avoir conscience ? » La réponse nous paraît assez évidente : par le biais des sens objectifs. Le corps peut avoir accès à un quelconque enseignement ou savoir, à une quelconque connaissance, du moment que les sens physiques sont capables de rendre un témoignage de l’existence de cette chose.

Il est important, à ce stade, de noter précieusement que notre corps peut avoir accès à une connaissance ou un savoir quelconque, par le biais de ses sens objectifs. D’ailleurs, on pourrait nommer cela « objectiver une chose par le biais du témoignage de nos sens. » Mais les choses ne s’arrêtent pas là, bien au contraire ! Non seulement le corps est « outillé » pour prendre conscience des choses et des êtres mais de plus (ou surtout ?), il est capable de prendre conscience de bien d’autres choses encore !

Autrement dit, notre corps à des capacités que nous ignorons, cela parce qu’il n’a jamais eu l’occasion de nous démontrer ce qu’il savait faire. Ou alors, il nous l’a démontré maintes et maintes fois, mais dans des domaines que nous avons eu l’imprudence de considérer comme banals ou même acquits. Nous savons donc déjà que notre corps est capable d’apprendre, de comprendre et, en un fait, de prendre conscience de tout et de n’importe quoi.

Et dans le mot « Tout », il reste peu de chose pour le reste, n’est-ce pas ? Nous savons également que le corps peu « prendre conscience » par le biais des sens dits « objectifs », c’est-à-dire relatifs aux objets des sens. Objets des sens qui ne sont pas nécessairement « des objets » ou même des choses de nature physique ou pondérable : nous parlons ici de toutes choses auxquelles nos sens physiques peuvent avoir accès. Ce qui est très différent et élargi considérablement le débat !

Avant d’aller plus loin et de définir de quelle manière exacte le corps peut prendre conscience de toutes choses, via le fonctionnement naturel des sens physiques, arrêtons-nous quelques minutes sur l’expression « prendre conscience ». Que peut bien contenir comme petit secret spirituel, cette expression maintes fois employée de « prendre conscience » ? D’ailleurs, nous l’employons tellement que nous ne sommes plus enclins à revisiter le concept lui-même !

Pour nous, ces deux mots signifient simplement que nous devenons conscients ou que nous rendons conscient quelque chose pour nous. Une chose peut très bien être proche de nous sans que nous en soyons conscients, n’est-ce pas ? De fait, prendre conscience reviendrait, en somme, à s’approprier, d’une quelconque façon, la chose dont nous sommes désormais conscients.

Elle existait là, sans nous, elle fait désormais partie de nous, à savoir, de notre conscience. Mais est-ce tout ce que peut nous révéler cette expression ? Et en quoi cela concerne-t-il le corps, au juste ? 
C’est ce que nous allons voir plus loin. Avant cela, revenons une toute dernière fois à cette expression étonnante s’il en est, qui est loin de nous avoir offert tous les trésors spirituels qu’elle contient.

Tout est là, sous notre nez, caché au milieu ou au cœur des mots et du pouvoir extraordinaire qu’ils peuvent éventuellement véhiculer, si nous avons des oreilles correctement préparées à Entendre. C’est la fameuse « Matrika Shakti », traduit généralement par « le pouvoir des mots » (en fait, des Lettres), pouvoir qui, étonnement, n’agit que pour et sur celles et ceux qui en connaissent les Arcanes (les secrets, si vous préférez.)

Écoutez les mots que vous prononcez quand vous dites « Je prends conscience… » (peu importe de quoi, de ce que vous placez à la suite de ces mots.) Vous « prenez conscience » ? Ah bon ? La Conscience serait donc une chose qui se prend ? Mais puisque « Tout est double », la conscience peut donc être une chose qui peut également ne pas être prise ? La conscience peut donc être prise ou laissée, OK.
Mais prise ou laissée par quoi ou qui et surtout, comment ?

À ce stade, nous serions tentés de nous précipiter sur l’âme, si nous pouvons dire ! En effet, l’âme nous permet AUSSI d’être conscients, c’est un fait évident en soi. L’âme nous permet de penser, de sentir ET d’être conscients, oui, youpi ! Mais du coup, nous avons un problème sur les bras ! Nous pouvons être conscients et prendre conscience. Mais est-ce la même chose, en fin de compte ?
 Non, ce n’est pas la même chose, même si cela semble l’être.

Vous connaissez peut-être ce que propose à ce sujet l’enseignement de la psy éso ? Selon ce même enseignement, Il existe la Conscience DE Soi, et il existe la conscience PAR Soi. La première est relative au fonctionnement du « noyau dur » de l’âme, de notre identité spirituelle. La seconde dépend exclusivement de nos sens objectifs. Nous prenons conscience des êtres et des choses au travers du rendu de nos sens, de ce qu’ils nous racontent, à la condition que nos Mémoires ne viennent pas tout saborder !

Mais si notre prise de conscience se résume à voir un oiseau posé sur une branche, il y a de fortes chances pour que nos Mémoires nous laissent souffler durant ce laps de temps. Alors, nous allons imaginer ce qui, il y a quelques années, nous aurait apparu comme inimaginable, voir hors de portée de notre personnalité incarnée. Nous allons imaginer deux choses et laisser de côté la première pour commencer à nous émerveiller sur la seconde.

La première chose nous rappelle que nous pouvons ÊTRE conscient, c’est-à-dire nous retrouver dans la condition même de conscience. À ce moment, nous sommes cette conscience. Très bien. Oublions cela à présent ! Concentrons-nous plutôt sur ce qu’implique la « prise de conscience » qui ne saurait concerner autre chose que notre corps de chair, ainsi que les sens qui lui permettent de manifester certains de ses attributs. Nous comprenons, désormais, que notre corps peut PRENDRE CONSCIENCE, littéralement, à savoir s’emparer et pour ainsi dire de cette même conscience.

Mais il ne peut le faire que par le biais des sens ! Et à quoi servent les sens, selon nous ? Nous serions tentés de répondre : « à prendre conscience du monde qui nous entoure. » Mais cela nous obligerait à tourner en rond. Alors nous allons nous poser une question qui fâche, pour parvenir à une réalisation qui enthousiasme ! À quel moment ou dans quelles conditions sommes-nous les plus conscients de ce qui nous arrive ?

Réponse qui fâche : lorsque nous avons mal, souffrons d’une quelconque manière. Si vous avez de puissantes coliques qui vous vrillent le ventre, vous allez en être on ne peut plus conscients, n’est-ce pas ? Alors voici la question qui se pose d’elle-même : « Comment pouvez-vous savoir ou comprendre que vous souffrez ? » La réponse ne devrait pas se faire attendre : « Mais enfin ! Je ne le sais pas, je n’ai pas besoin de le comprendre ni même d’en avoir la preuve : je le sens ! » En effet, vous le sentez. La prise de conscience la plus puissante, complète et définitive de notre corps, c’est le ressenti.

Lorsque vous souffrez beaucoup, vous n’avez pas besoin de preuve, d’explications et encore moins de comprendre quoique ce soit : c’est un peu comme si vous incarniez cette souffrance, car elle est physique ! Comprenez-vous ? Pour vous et à ce moment, la souffrance est une chose qui est rendue « réelle », qui existe réellement non pas seulement pour votre âme mais aussi ou surtout, pour votre corps !

À présent, merci de conserver à l’esprit ces quelques mots écrits plus haut : « c’est un peu comme si vous incarniez cette souffrance. » Le ressenti est ce qui fait passer la souffrance au niveau de la chair et ainsi, cette souffrance est vraiment incarnée. Que disait L’Évangile Essénien de la Paix ? Il proposait cette phrase magnifique : « Que votre esprit connaisse cette paix, que votre cœur la désire, que votre corps la réalise. » Si nous considérons que ce qui est valable pour la paix, est valable pour tout, alors nous possédons une Maîtresse clef de l’évolution véritable.

Notre mental ou notre esprit doit seulement connaître ou comprendre. Notre cœur doit désirer fortement VIVRE quelque chose afin de l’obtenir. Et enfin, notre corps doit SENTIR (ou réaliser) cette chose. Et il en va ainsi pour toutes choses. Toutes choses y compris… Le Divin ! Car comment saurions-nous que nous sommes divins ? En le croyant ? En le pensant ? C’est là le rôle de l’esprit ! En désirant ? C’est là le rôle de l’âme. Alors, il ne reste qu’une seule solution : en le ressentant.

Si nous venons sur Terre et dans un corps, dans cette dimension spécifique, avec tout ce que cela implique comme négativité probable, ce n’est pas pour des prunes ! C’est parce que nous devons INCARNER le Divin et rien d’autre. Alors, nous avons le corps. Ce corps nous sert surtout à prendre conscience, par notre ressenti, que nous sommes effectivement divins ! Le croire ou même en être convaincu ne suffira jamais : nous devons le sentir.

Réaliser Dieu en nous revient à le sentir présent jusque dans notre corps de chair, jusque dans nos tripes. Et ainsi, la promesse de la Voie de la Siddha est enfin réalisée. Dieu est en nous en tant que nous. Et nous sommes incarnés pour le Réaliser, pour sentir à quel point c’est la vérité. Et c’est cette vérité essentielle ressentie dans la chair, qui nous affranchira de notre esclavage spirituel.

 

Serge Baccino