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Devenir ou être
Quelle est la différence entre devenir et être ? C’est la même différence qu’entre le fait de ne pas s’accepter et de se fuir, et partir de ce que nous sommes pour le moment, dans le but d’arriver, un de ces jours, à ce que nous pourrions être et par ailleurs. Mais en Psy Éso, on nous demande de nous observer, voire de faire la chasse à tout ce qui n’est pas nous, non ? Certes, et se faisant, nous sommes obligés de nous concentrer sur ce que nous croyons être, au présent et pour le moment. Et quand nous trouvons une chose qui n’est pas nous, généralement un conditionnement mental, nous comprenons que sans cette intériorisation, cette concentration sur soi, nous continuerions à ne pas être.
Ne pas être, ça signifie ou ça implique quoi, au juste ? Il existe plusieurs méthodes pour ne pas être, mais nous ne retiendrons que les principales, au nombre de trois :
1. Se mentir à propos de soi.
2. Avoir peur de se regarder en face, de crainte de ne pas aimer ce que nous verrions alors.
3. Se fuir en préférant analyser les autres et à rechercher, en eux, tout ce qui, en fait, se trouve en nous.
Soyons logiques un moment : si nous sommes incapables de voir qu’en nous, il y a des pensées et des émotions qui ne sont pas les bienvenues ou pire, qui n’ont rien à voir avec ce que nous devrions être, nous ne sommes pas un être mais quelque chose qui tente d’éviter la confrontation avec lui-même. Et peu importent les raisons. En quoi consiste le fait d’être incomplet ou d’avoir quelque chose de trop et d’inadapté en nous ? Réponse : cela consiste à être « en devenir », puisque nous ne sommes pas encore vraiment nous. Nous pouvons être « en devenir » du fait que nous nous mentions à notre propos. Le devenir étant, dans ce cas-là, le moment où nous accepterons enfin d’être véridiques, de ne plus mentir à notre propos.
Nous pouvons être « en devenir », du fait que nous n’aimons pas qui nous sommes (ou croyons être) pour le moment. Ne pas s’aimer revient à refuser qui nous sommes et donc, à ne pas être. Et si nous ne sommes pas encore, nous sommes bien « en devenir », à savoir que nous serons de véritables êtres humains « plus tard » ou « un jour ». Le tout demeurant indéfini si possible. Mais quelle est la différence entre ne pas s’aimer et donc, ne pas s’accepter en l’état, et suivre un processus d’évolution ? Pour comprendre cette différence, nous devons nous montrer attentifs et précis.
S’il était question de nous ajouter quelque chose de plus, de mieux, par exemple, alors il n’y aurait aucune différence : nous serions encore et toujours « en devenir », puisque susceptibles d’améliorations. Mais il est seulement question de trouver, en soi, tout ce qui n’est pas soi. Autrement dit, il est question de retirer des choses inutiles et qui n’ont rien à faire en nous, et non en ajouter. Il est clair que le terme même « d’évolution » est piégeur à souhait ! Évoluer sous-entend de passer d’une condition à une autre ou d’un état à un autre. Cela ne sous-entend pas que nous ne sommes pas déjà « complètement soi » : cela sous-entend seulement que nous avons des choses inutiles voire restrictives, pour ce même soi, à retirer. C’est très différent !
Présentons la chose différemment pour être certains de bien nous comprendre à ce sujet précis et primordial. Imaginons que l’être humain naturel soit une entité multidimensionnelle qui s’étage sur sept niveaux principaux. Nous partirons du principe de base que chacun de nous est déjà doté de ces sept niveaux. Un détail très important ! Mais voilà que deux possibles problèmes se posent à l’homme naturel : soit il est limité et ne peut pas se servir de ses sept niveaux librement, soit on a réussi à lui faire croire qu’il ne possédait pas d’autres niveaux que celui, usuel, auquel la plupart des humains sont habitués et ont accès.
Pour notre exemple, nous dirons que ce dernier cas, un seul niveau d’activité, se réfère essentiellement à la vie terrestre incarnée, à la 3D, comme on dit de nos jours. Pour ce qui est du premier problème, nous dirons que même si l’homme se sait bénéficier de sept niveaux différents d’expression, il a encore du mal à le croire, car ces mêmes niveaux sont si conditionnés, qu’il est impossible d’imaginer ce que serait la vie humaine s’ils fonctionnaient tous et librement. Et nous savons déjà que, dans ce premier cas ou possible problème, nous sommes en présence de programmations mentales ou pires, de programmes mentaux incomplets et défectueux.
Or donc, que nous soyons incapables d’user librement de nos sept niveaux ou que nous soyons inconscients de leur existence, le résultat demeure le même : nous ne sommes pas ce que nous devrions être et par ailleurs. Cependant, et grâce à ces deux exemples, nous comprenons que nous sommes déjà complets, que potentiellement, nous n’avons rien à atteindre ou à nous ajouter. Tout est déjà là, en place, mais rien ne fonctionne comme cela devrait et c’est là le seul vrai problème. Si on nous proposait et par exemple, de « développer nos pouvoirs », cela ne servirait à rien. Ou presque, car cela aurait surtout pour effet de nous abuser et de donner l’occasion à certaines entités astrales peu recommandables, de nous faire miroiter encore plus d’illusions que de raison.
Alors, et dans ce cas, quoi faire ? Devons-nous « atteindre le Soi » ? Nous savons déjà que cela est impossible puisque déjà fait. Nous sommes déjà ce que nous devrions être et, en fait, tout ce que nous pourrions être. Dans ce cas, pourquoi ne sommes-nous pas conscients d’être le Soi, si nous le sommes déjà ? Parce que certaines idées, dont nous avons presque tous hérité, sont autant de lourds nuages gris qui nous cachent le soleil. Et nous sommes ce soleil qui demeure caché. Donc, définitivement, nous n’avons pas à « devenir », rien ni jamais. Nous sommes déjà ce que nous devons être. Mais nous pouvons et nous devons retirer de chacun de nos sept étages, ce qui nous empêche d’être ce que nous sommes par ailleurs.
Mais dans ce cas, comment être (ou être Soi) vraiment ? Comment ne plus se complaire dans le devenir ? Comment ne plus chercher à remettre à plus tard cet important rendez-vous avec soi-même ? Déjà, il nous faut cesser une chose : le paraître ! C’est parce que nous en sommes arrivés à la fausse conclusion que nous ne pouvons pas être librement nous-mêmes, que nous avons essayé de devenir autre chose, susceptible d’être plus libre et donc, plus heureux. Et c’est depuis lors que nous souffrons ! Car il n’est pas de plus grande souffrance que de ne pas être soi. Nous connaissons déjà le processus au complet, n’est-ce pas ? Nous savons que le « moi » a été brimé et obligé d’exprimer autre chose et autrement que ce qui était prévu dès le départ, soit avant la naissance.
Et quand le « moi » se sent incapable d’exprimer qui il est, il tente alors d’exprimer « qui il n’est pas. » Nous connaissons le phénomène sous le nom « Moi-Idéalisé. » Le « moi », las de ne pas réussir à être, transfère donc sa conscience dans le « Moi-Idéalisé », afin de tenter de nier tout ce qui est en lui et l’empêche pourtant d’être lui. Le problème, que nous connaissons déjà, c’est que le « moi » ne pourra jamais vivre selon les prétentions extravagantes du « Moi-Idéalisé. » Restons rationnels et logiques : si déjà le « moi » ne réussit pas à être lui-même, comment pourrait-il réussir à être quelqu’un d’autre mais « en mieux » ? À moins d’inventer un dicton du genre : « Qui échoue à tenter le moins, réussira au plus et même au mieux. »
Nous comprenons, à présent, que d’essayer de biaiser, de nier ou de fuir ce que nous croyons être mais que nous ne sommes pas, est au moins stupide. Nous comprenons, dès lors, que nous n’avons pas à nous confectionner un « moi » de procuration, idéalisé en diable. Si déjà nous ne réussissons pas à vivre ce simple « moi », comment pourrions-nous vivre un « moi » fortement idéalisé, en plus d’être totalement illusoire ? Il ne nous reste donc qu’une seule solution, la seule que, justement, personne ne veut utiliser. C’est une piste que bien de gens connaissent pourtant, mais qu’ils craignent plus que tout de suivre. Du moins jusqu’au bout.
À un moment ou un autre, celui qui prétend haut et fort s’étudier pour mieux se connaître, cessera de le faire en faisant mine qu’il n’est pas au courant de cette décision. De cette désertion, devrions-nous dire. Mais pourquoi les gens ont-ils si peur de se regarder en face et de s’accepter tels qu’ils sont ? La réponse est évidente : parce qu’ils sont persuadés que ça va leur faire énormément de peine ! Comment le savent-ils ? Ils ne le savent pas : ils le sentent. Et que sentent-ils ? Généralement, de la honte, de la culpabilité, de la rancune et surtout, cette peur immense à la seule idée que leur « moi » de procuration soit démasqué.
Comment pourrait-il être démasqué, ce pauvre « moi » qui n’existe même pas, sauf dans l’imagination de la personne ? Il serait démasqué si les autres, à l’extérieur, comprenaient qu’il n’est pas aussi beau, grand, fort et merveilleux qu’il le prétend, depuis toujours et que c’est donc un simple rôle de composition qui leur est présenté. En somme, la principale peur des gens est que les autres s’aperçoivent qu’ils ne sont pas ce « Moi-Idéalisé » ou pire encore, qu’ils sont… Comme tout le monde, pas plus, pas moins. Jouer un rôle, même si cela nous paraît séduisant, voire vital, est proprement épuisant ! Se faire passer pour ce que l’on n’est pas tout en craignant d’être vu comme nous croyons être, voilà de quoi devenir au moins paranoïaque. Pour ne pas dire mieux.
Pourtant, la clef se trouve au niveau de cette peur, justement. Le « moi » a peur que l’on découvre non pas ce qu’il est, puisqu’il l’ignore lui-même, mais ce qu’il croit être ! La différence est colossale ! D’ailleurs, quand nous réalisons pleinement ce que cette nuance implique, nous sommes déjà à moitié rassurés ! Essayez de comprendre les faits, simplement les faits. Si votre peur consiste à croire que vous êtes extrêmement moches et méchants, sur quoi repose vraiment cette même peur ? Réponse : sur rien de concret, juste sur une croyance générale. Toutefois, c’est cette même croyance qui vous oblige soit à contourner votre « moi », soit à vous inventer un « moi » bien plus élégant et beau. Mais lui aussi ne repose que sur du vent, c’est-à-dire sur votre croyance en le fait que vous devez être une chose susceptible de compenser…
De compenser quoi, au juste ? Ce que vous êtes ou ce que vous croyez être ? Dans le premier cas, c’est peine perdue : vous ne pouvez pas être autre chose que ce que vous êtes déjà, que cela vous plaise ou non. Dans le second cas, c’est encore plus peine perdue, car il est impossible de compenser ce qui n’existe pas ou n’est pas capable de se manifester, ce qui revient au même. Alors quoi ? Comment devrions-nous réagir ? Pour commencer, nous devrions comprendre que nous sommes déjà cela que nous aimerions être mais que nous ne pouvons pas le conscientiser, cela à cause de la présence, en nous, de considérations mentales qui n’ont rien à voir avec nous.
L’être humain a cette capacité de s’associer avec puis de s’identifier à tout et n’importe quoi. S’il choisit de s’identifier à tout ce qui n’est pas lui et ne le sera jamais, alors il demeure un être « en devenir » mais n’est pas encore. Le plus simple serait qu’il s’identifie avec tout ce qu’il est déjà, car la chose serait aussi immédiate que spontanée. Hélas, la place est déjà prise, si nous pouvons le dire ainsi, à savoir que l’imaginaire, en nous, a déjà décidé de se lier avec tout ce qui n’est pas et peut être nous. S’imaginer être, se projeter est épuisant et ne mène à rien, en fin de compte. S’accepter en l’état et tel que nous sommes, pour le moment, faux « moi » inclut, est le seul moyen de se libérer du carcan mental issu de notre société mourante et incapable d’apporter la moindre aide réelle à qui que ce soit.
Bien sûr, dès que vous déciderez de tourner votre attention mentale en direction des coins les plus obscurs et reculés de votre âme, vous aurez un très net sentiment d’inconfort. Pourquoi cela, puisque le contenu du « moi » est en grande partie factice ? En fait, même si ce ne sont que des croyances, que rien ne soit vrai, le fait pour votre « moi » de croire en leur existence, suffit pour provoquer les pires sentiments de doute et de frayeur. Nous pourrions dire que vous avez alors vraiment peur, mais que cette dernière ne repose sur rien de concret, juste sur des croyances pernicieuses au possible. Par exemple, si vous ressentez de la colère, cela ne signifie pas pour autant que VOUS êtes en colère ou que cette dernière est la vôtre. De même pour un sentiment de rancune ou de honte, par exemple. Cela est en effet « en vous », mais cela n’est ni de vous ni même « pour vous. »
Vous n’avez donc pas à ressentir de la honte à l’idée que vous ressentez de la peur. Mais vous devez absolument réussir à comprendre que même si ce sentiment est en vous, il n’est ni de vous ni pour vous. Ainsi détaché, vous pouvez alors vous lancer en toute quiétude dans l’exploration de votre « moi », rien ne pourra vous nuire ou vous gêner, bien au contraire. Chaque fois que vous exhumerez un schéma mental vicieux, vous vous sentirez tout de suite mieux.
Serge Baccino