Empreintes animiques ou karmiques ?

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Empreintes animiques ou karmiques ?

Nous croyons que nous expérimentons des évènements extérieurs, que nous ressentons ce qui se produit au-dehors et le pire, c’est encore que nous sommes persuadés de connaître les autres ! En réalité, nous ne pouvons pas vivre autre chose que ce qui se produit, pour nous et dans la conscience. Non pas « dans notre conscience » mais bien dans LA Conscience, Une et indivisible. Ce que nous percevons est fonction de ce qui se trouve déjà en nous, les fameuses graines de pensées. Quant aux autres, nous ne savons d’eux que ce que nous pensons d’eux. Nous ne faisons que connaître cette image mentale que nous avons produite les concernant.

La Conscience unique est comparable à de l’eau de mer. Au fond de cette mer se trouvent, couchées, des bouteilles en verre qui ne sont pas bouchées. L’eau de mer pénètre donc librement dans chacune de ces bouteilles, mais pour autant, l’eau qui est dans ces dernières n’est pas coupée, distincte ou différente de l’eau du reste de cette mer. Imaginons que chacune ou presque de ces bouteilles soit colorée. Celle-ci est de couleur jaune, alors l’eau de mer qui est à l’intérieur peut sembler jaune. Celle-ci est bleue, une autre rouge, etc. Et à chaque fois, si on se fie aux apparences, nous pourrions croire que l’eau est ici bleue tandis que là elle est rouge.

 

En réalité, l’eau conserve sa clarté, son absence même de couleur. Elle demeure limpide et pure car, aucun verre coloré ne saurait en ternir l’éclat. Même si ça ne se voit pas. Toutefois, au travers de telle ou de telle autre bouteille au verre coloré, l’eau semble moins claire, moins pure et comme entachée par la structure du verre. Mais voici que nous trouvons, plus loin, une bouteille dont le verre est incolore. Dans ce dernier cas, que l’eau soit au-dedans ou qu’elle soit au-dehors, elle conserve son éclat, sa pureté et son absence de couleur. Évidemment, il n’est pas aisé d’être comme cette bouteille au verre incolore (sans idées préconçues) qui permet à l’eau (la Conscience Unique) de se manifester telle qu’en elle-même.

Mais tous, nous pouvons tendre vers ce But aux effets extraordinaire, dans notre vie et dans celle des autres. En Occident, les sages du passé, toujours présents mais non apparents, nous ont laissé certains conseils pour nous aider dans cette tâche peu banale qui consiste à laisser filtrer la Conscience sans penser aussitôt qu’il s’agit de la nôtre propre. Il n’existe qu’une seule conscience partagée simultanément par tous les corps ! Vous connaissez tous, ou presque, cette sentence ésotérique issue de la Voie de la Siddha. Mais la connaître est une chose ; en vivre le contenu en est une autre ! Pourtant, ce n’est pas impossible ou même très difficile d’expérimenter « Cela que nous sommes tous ». Il est même probable que vous l’ayez déjà expérimenté, ne serait-ce que quelques secondes, voire une ou deux minutes.

 

Pour faire perdre sa couleur aux parois de ce verre dont nous sommes faits, il suffit de ne plus penser et simplement d’être conscient. Personne n’est obligé de penser constamment ! La chose est même hautement préjudiciable, car penser brûle énormément d’énergie et favorise le vieillissement des cellules qui ne sont plus suffisamment alimentées en énergie vitale. Trop se servir de l’intellect, aux dépens de l’intuition, qui apparaît dès que nous ne sommes plus que conscients, revient à ne se servir que du bras droit en conservant le gauche attaché dans le dos. Forcément, au bout de quelque temps, le bras gauche subit une fonte musculaire et s’ankylose peu à peu, puis n’est plus apte à fonctionner.

Il en va de même de certaines de nos capacités, qu’elles soient considérées comme « psychiques » ou « spirituelles ». À force de penser, nous ne savons plus connaître autre chose que ce que nous pensons. Pourtant, il existe d’autres moyens de connaître les choses et les êtres, cela depuis l’intérieur de Soi. Soi n’est pas relatif à ce que nous croyons être, uniquement. Soi est la Somme mentale de la conscience, dans son fonctionnement nous concernant. Le Soi « se goûte », se ressent. Il a une Saveur (Rasa, en sanskrit) générale immédiatement reconnaissable pour qui l’a déjà connue, et qui se décline en des myriades de saveurs secondaires. Ce sont ces « saveurs secondaires » que nous appelons « ambiances. »

 

Ces ambiances relèvent toutes du Langage du Soi et sont relatives à des lieux, des situations et même, des êtres vivants et conscients. L’ambiance d’un lieu est nommée « empreinte énergétique » : c’est, pour le dire avec des mots humains, le point d’attache de l’ambiance considérée. C’est inhérent à la chose qui vibre et donc rayonne. L’ensemble de la Création Continue est imprégné de ces ambiances. Tout comme chaque humain possède des empreintes digitales qui lui sont propres, de même, chaque forme mentale, simple ou complexe, possède son empreinte vibratoire qui ne varie jamais, sauf intervention spécifique.

Ainsi, nous autres humains, avons une empreinte vibratoire spécifique qui permet à d’autres de se sentir bien ou non en notre compagnie. On la nomme « empreinte animique », c’est-à-dire relative à l’âme. Nous pouvons librement jouir des empreintes dont l’émanation (ou ambiance) est considérée comme étant positive. Et nous ne sommes pas obligés de nous arrêter, mentalement, sur celles qui nous paraissent négatives ou pires encore. Si nous aimons ce que nous ressentons, par le biais d’un lieu, d’une situation, d’un évènement ou d’une personne, nous chercherons tout naturellement à reproduire ce qui est ressenti.

 

Si nous n’aimons pas ce que nous ressentons, cela au point d’émettre des critiques et d’y penser à de nombreuses reprises, souvent et longtemps (rythme et durée), alors ce qui n’était qu’une empreinte reliée à quelque chose ou quelqu’un et une ambiance relative à notre propre ressenti, se transforme en empreinte karmique. Une empreinte karmique se produit lorsque nous conservons le souvenir de ce qui a été ressenti. On nomme aussi cela « Les Mémoires » Généralement, il s’agit d’un ressenti désagréable au moins. Une empreinte karmique ne dépend pas des choses et des êtres mais de notre choix de l’évoquer à plusieurs reprises, alors qu’il serait bien plus rationnel de ne plus y penser, voire d’en chasser jusqu’à l’idée.

Une ambiance énergétique (pour les choses) ou animique (pour les êtres vivants) est donc toujours relative aux choses et aux êtres. Mais cela ne devrait consister qu’en un simple épisode de la Création, c’est-à-dire ne durer que l’espace d’un instant, tandis que nous sommes mis en relation avec le rayonnement de l’empreinte originale. Tant que c’est l’empreinte relative à la chose ou à l’être qui rayonne, nous sommes libres de conserver l’ambiance qui en découle ou de nous en détourner, mentalement. Pour le dire d’une manière grossière, c’est comme si cette empreinte demeurait distincte de nous et qu’elle reste au-dehors.

 

Mais si nous évoquons ce que nous avons ressenti (ambiance) tandis que nous étions en présence de l’évènement, du lieu, de la chose ou de l’être qui était rendu manifeste par le biais de l’ambiance ressentie, une fois que l’épisode est passé, nous générons une empreinte intérieure qui, à son tour, va se mettre à rayonner l’ambiance délétère qui n’aurait dû être qu’épisodique. Une empreinte karmique apparaît donc lorsqu’une personne commet l’erreur grossière de repenser, assez souvent et assez longtemps, à ce qu’elle n’aurait dû que ressentir ponctuellement.

C’est évidemment le subconscient qui est « saisi » par cette forme d’attraction morbide et qui en déduit, tout naturellement, qu’il serait heureux d’installer à demeure ce qui a autant marqué le « moi » personnel ou objectif. Pour mémoire, le subconscient raisonne toujours par déduction et par associations d’idées. Nous pourrions imaginer que notre vie actuelle, dans la chair, n’est qu’un simple épisode de la Grande Vie dont nous faisons désormais partie, et ce, depuis l’apparition de la Conscience en nous. Partant, nous pourrions, à juste titre, considérer comme « épisodique » (ponctuel) tout ce que nous expérimentons durant ce laps de temps.

En clair, rien n’est fait pour durer, c’est-à-dire que rien n’est fait pour nous marquer suffisamment pour que nous reproduisions, intérieurement, ce que nous avons pourtant jugé négatif, lors de la toute première expérimentation. Dans ce cas, pourquoi est-il si difficile de ne pas retenir au moins ce qui nous plaît et nous séduit le plus ? Notre Nature intérieure semble nous pousser à reproduire, mentalement, toutes ces ambiances fort agréables. En fait, même cela ne serait pas ou du moins, ne serait plus, un problème, si nous ne commettions plus une tragique erreur à propos du temps et de l’espace qui semble nous séparer de tout ce que nous affectionnons.

Mais présentons-le différemment. Lorsque nous avons aimé une certaine ambiance, liée à un évènement, un lieu, une chose ou bien un être vivant, nous essayons de « nous en souvenir », partant alors du principe absolument faux, que cette ambiance appartient au passé. Si une ambiance appartenait vraiment au passé, nous ne pourrions plus la revisiter au présent, même en esprit. Il n’existe ni temps ni espace au niveau de la conscience. Tout est toujours disponible, ici même (là où nous nous trouvons.) Le temps et l’espace appartiennent au mental humain qui étant un contenant, est nécessairement limité, ne serait-ce que par ses caractéristiques. Sans compter que ce qui tourne en boucle au sein de ce même mental limité, ne varie presque jamais ou à peine.

 

Lorsque nous nous replaçons au niveau de LA Conscience (et non pas « de notre conscience »), tout redevient immédiatement disponible. Mieux encore : nous réalisons, émerveillés, qu’il n’est même pas utile de faire un effort pour se remémorer, puisque les perceptions du Soi n’ont absolument rien à voir avec la mémoire humaine. Bien que nous puissions nous satisfaire de cette idée lumineuse qu’il existe une Mémoire Divine, formée de la somme de tout ce qui a déjà été créé en esprit. Nous pourrions même parler de « Mémoire du futur », puisque tout préexiste déjà en esprit, même si non encore formulé, en vérité.

Ainsi, si vous prenez la Noble habitude de rechercher uniquement les ambiances, vous ne capterez plus que ce que rayonne la Création, les empreintes énergétiques ou animiques des choses ou des êtres. Dès lors, le mental demeurera tranquille et stable et vous ne serez plus dans le jugement (polarisation) ni dans la séparation : vous serez unis à la seule chose qui soit.

 

Serge Baccino