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Nous sommes l’Alpha et l’Oméga
Nous connaissons tous la célèbre phrase prêtée au Christ Jésus dans la Bible Chrétienne : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin de toutes choses… » Mais nous sommes en droit de nous poser quelques questions à ce sujet. Tout d’abord, qu’est-ce que l’Alpha ? Nous pourrions avancer comme idée que ce terme représente le point de départ, la Source, ce qui commence et devra nécessairement finir et, par extension, il s’agirait de la Lumière, de ce que les humains nomment « le Bien Absolu. »
Certains diraient que l’Alpha, au vu des deux premières lettres de ce mot d’origine grecque (Al) est Dieu Lui-Même. Mais cela procède d’une mauvaise interprétation, puisque, comme on le verra plus loin, ce que l’on appelle « Dieu » consiste justement en les deux extrêmes (Alpha + Oméga.) Entre l’Alpha et l’Oméga se place la Création. En fait, une Création continue. Le mouvement ne va pas nécessairement d’un pôle à un autre mais oscillerait plutôt d’un pôle absolu vers un autre pôle absolu. Sans jamais atteindre aucun des deux.
Autrement dit, il n’y a pas un « départ originel », un premier départ, puis plein d’autres départs secondaires : il y a constance dans le Mouvement, si on peut le présenter ainsi et pour simplifier. Pour essayer de mieux comprendre, imaginez que vous arriviez dans un atelier de mécanique vide. Vide en termes d’êtres humains mais rempli de machines plus ou moins étranges. Vous entendez un bruit qui attire votre attention. Vous vous approchez de l’une d’entre elles qui est en fonctionnement et donc, qui fonctionnait déjà avant que vous pénétriez en ce lieu. Il est utile de noter ce détail.
Vous observez cette machine étrange qui présente une sorte de rampe huilée sur laquelle un chariot glisse alternativement vers la droite puis vers la gauche et inversement. Sur le moment, vous pensez que le mouvement de ce chariot est régulier et égal en termes de distance entre les deux points opposés formant la rampe. Puis, en y regardant de plus près et surtout, en prenant votre temps pour bien observer, vous comprenez que non seulement le chariot varie dans sa vitesse de translation mais que, de plus, il ne s’arrête pas toujours au même endroit de chaque côté, avant de retourner en direction opposée.
Autrement dit, tantôt le chariot se rapproche de chacune des deux extrémités de la rampe, tantôt il reprend son chemin en sens inverse, plus ou moins rapidement. Sur le moment, ce genre de mouvement variable vous semble quelque peu anarchique et sans logique. Presque sans intérêt, en somme. Puis, comme vous êtes fasciné par ce mouvement, vous vous prenez au jeu et demeurez plus d’une heure à observer ce qui, pour le moment, semble être un mouvement qui varie en vitesse et en distance de translation, et ce, à un rythme des plus capricieux.
Après une heure d’observation, vous remarquez une chose évidente mais qui vous avez pourtant échappé : Il n’y a aucun caprice dans ce type de variation, que ce soit la vitesse de translation ou bien la distance parcourue d’un côté avant que le chariot reparte de l’autre. Vous percevez confusément une logique interne, quelque chose d’à la fois simple et d’infiniment mystérieux. Quelque chose décide en cours de route, de la distance qui sera parcourue dans le sens inverse par le chariot et à quelle vitesse elle sera parcourue.
Alors vous imaginez un programme qui gérerait ces mouvements, leur vitesse et leurs variations. Mais un programme est réputé constant, répétitif et ne laisse guère de place à la fantaisie et encore moins à cette faculté, propre à l’être humain, de faire varier ses réactions en s’adaptant à un milieu extérieur changeant. Et d’un seul coup, il vous vient une idée extraordinaire ! Vous êtes en présence d’une machine qui n’est pas programmée dans le sens usuel de ce terme mais qui est capable de se reprogrammer en fonction de certaines situations et changements.
En somme, vous êtes devant une machine qui est intelligente, qui est capable de s’adapter, de changer d’avis bref, qui est munie de conscience ! Une question vous vient à l’esprit : est-ce que la machine favorise un côté de la rampe plutôt qu’un autre ? Préfère-t-elle envoyer le chariot sur la droite ou le ramener sur la gauche ? Pourquoi une question aussi étrange ? Simplement parce que le bloc principal de la machine, avec tous ces voyants allumés ou qui clignotent alternativement, se situent sur la gauche de la machine.
La rampe éloigne donc le chariot du bloc-moteur lorsque le mouvement se produit vers la droite. Puis, vous réalisez le degré de naïveté de cette idée. Vous venez de prêter à cette machine, une manière de percevoir la vie, de la ressentir et donc, de la vivre, qui est typiquement humaine. Il est évident que cette machine n’a pas de préférence en ce qui concerne le sens dans lequel se meut le chariot. Si c’était le cas, elle fonctionnerait autrement et, par exemple, le chariot tournerait en rond, formant une boucle dans le plan vertical (un looping). Ainsi, il pourrait être en mouvement sans se déplacer vraiment, car demeurant du côté gauche du bloc de la machine.
Mais le chariot s’éloigne puis revient pour ensuite repartir, comme pour mieux revenir ensuite. Un tas d’idées, philosophiques, morales voire religieuses pourraient être avancées, concernant cette machine et sa manière de fonctionner. Mais dans de tels cas, nous parlerions plus de la pensée humaine que du fonctionnement et du but réels de cette machine. Ainsi va l’esprit de l’être humain qui essaye de comprendre Dieu alors qu’il n’est encore qu’un homme.
Croire que l’Alpha est mieux que l’Oméga ou encore que l’un désigne le « bien », tandis que l’autre désigne le « mal », c’est prendre le risque de quitter la Machine Divine pour ne plus parler que de ce qu’elle a créé. Où est le bien ? Où est le mal ? N’est-ce pas là de simples concepts humains qui concernent plus le fonctionnement de l’homme que celui de Dieu ? Qui doit être appris : l’homme ou Dieu ? Et si tout passe par l’homme, que ce dernier ramène toujours tout à lui et qu’il consiste en sa propre et unique mesure, pourquoi ne pas directement étudier l’homme ? Autant cela nous amènera tôt ou tard à Dieu.
Serge Baccino