Quelle section est la nôtre

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Il existe actuellement deux grandes sections au sein du peuple.
La première cherche l’union, afin de faire respecter ses droits les plus inaliénables. La seconde a si peur d’éventuelles représailles, qu’elle préfère s’opposer à l’autre partie ou section du peuple, plutôt que d’affronter sa propre lâcheté, issue d’une évidente médiocrité mentale. Médiocrité héritée, comme expliqué plus loin.

 

Ainsi, à un certain degré de lâcheté, la seconde section du peuple en arrive presque à devenir courageuse. A sa manière s’entend. En effet, lorsque les représentants de la première section décident de s’unir pour être plus forts et faire respecter leurs droits, les lâches préfèreront, et de loin, se liguer contre eux, sans réaliser que nonobstant leur degré d’abrutissement mental, ils pourraient, avec le même degré d’agressivité, se joindre aux premiers, afin de vaincre une adversité qui n’existe, en fin de compte, qu’à cause d’eux.

 

Le peuple n’est pas faible : il est affaibli. Les gouvernements ne sont pas « forts » : ils profitent juste de la faiblesse des masses. Et ce qui affaiblit les peuples, c’est la division mentale, à savoir le fait de croire que « penser différemment » est la seule manière de se distinguer vraiment. Pour se distinguer, il suffit de définir ce qui, en nous, est de nous ou des autres. C’est ce qui est « des autres » qui nous divise. Une fois que l’être humain distingue qui il est vraiment, il devient le seul à être lui. Il n’est pas seul : il est « seulement lui-même. »

 

Or, tous ceux qui ont réussi à s’unir à leur propre Centre, à devenir vraiment eux, sans se sentir obligés de penser comme les autres dans l’espoir de faire partie d’un groupe quelconque, sont devenus des êtres humains authentiques, des êtres vivants et conscients. Ce sont ces êtres-là qui ne sont jamais seuls et qui attirent leur – ou sont attirés par – leurs semblables.

 

La Règle en la matière est on ne peut plus simple : on ne peut attirer les autres à soi que si on est soi et s’ils le sont aussi. Dans le cas contraire, ce sont nos schémas mentaux opposés mais complémentaires, qui s’attirent entre eux. A notre insu s’entend. Et du même coup, ne peuvent nous attirer à eux que ceux qui sont eux aussi de véritables individualités (du latin indivi : qui ne peut être diviser.) Celui qui cherche à « s’unir » aux autres se fond en eux et s’y perd, peu à peu. Celui qui réussit à s’unir à lui-même, pourra ensuite se lier à n’importe qui, sans jamais être attaché à personne ni à rien. C’est lui qui, toujours, tiens dans sa main droite, la corde qui l’unit aux autres ou aux choses, jamais l’inverse.

 

Le problème d’une des deux sections du peuple (la seconde), c’est qu’elle est désunie. Non pas seulement désunie en tant que section de ce même peuple et avec ses autres composants, mais du fait qu’aucun de ses représentant n’est capable de se représenter lui-même. Et quand l’homme est incapable de se représenter lui-même, il est représenté par un tas d’idée préconçues et, surtout, non remplaçables par d’autres, y compris meilleures pour lui mais qui pourraient le déstabiliser.

 

Pour de telles personnes, même la stabilité mentale n’est qu’une simple idée… Qui repose sur d’autres idées encore, tout aussi simplistes, pour ne pas dire mieux. L’idée de départ est que tout changement d’état d’esprit, correspond à une forme de « mort psychologique. » Métaphoriquement parlant, si on leur retire ce sur quoi ils se reposent, mentalement, ils risquent fort de perdre l’équilibre puis de tomber. Mais la vie n’est pas une simple métaphore. Et il ne faut pas confondre « équilibre » et « stabilité. »

 

Le besoin compulsif de stabilité équivaut à la peur du déséquilibre mental. Or, l’équilibre n’est atteint que dans le Mouvement. Le véritable équilibre du moins. Observez un funambule sur son fil, et vous comprendrez mieux ce dont il est question ici. Le soi-disant équilibre que recherchent les gens, ressemble plus à de la rigidité mentale, pour ne pas dire à de la rigor mortis (rigidité cadavérique.) Car nous devenons ce que nous pensons, ce sur quoi nous conservons notre attention mentale rivée, le plus souvent et le plus longtemps (rythme et durée.)

 

C‘est lorsque les choses changent, bougent et évoluent sans cesse, que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue. Si sous prétexte de « sécurité » (en fait la peur de ne plus rien contrôler en cas de changement), on cherche à retenir ce qui devrait passer (états d’esprit ou autres), il ne peut en résulter qu’une peur panique à la seule idée que ce qui est censé nous rassurer, puisse disparaître subitement. Observez tous ces gens qui n’attendent qu’une chose, c’est que « tout redevienne comme avant » !

 

C‘est d’ailleurs pour cela que les jeunes générations, qui ont à peine eu le temps de connaître ce « avant », se sentent lassées et peu enclines à participer à un monde dans lequel elles ne réussissent pas à s’inscrire. Mais en même temps, elles craignent le changement, presque autant que leurs aînés, car elles sont conscientes de leur état d’esprit et de sa valeur véritable. Beaucoup d’entre ces jeunes gens, confondent d’ailleurs la valeur de leur état d’esprit, avec leur propre valeur. Ce qui est fâcheux.

 

En résumé, c’est parce que le peuple est formé non pas d’individualités capables de penser seules et d’une manière originale, mais de personnes dont l’état d’esprit est issu d’idées préconçues, voire prémâchées, que la division la plus complète règne, plus que tout gouvernement, sur la vie et sur l’avenir de ceux qui composent ce même peuple de soumis. De soumis à de simples idées qui n’ont même pas la bonne fortune d’accepter d’évoluer lorsqu’il leur est (enfin) proposé de le faire.

 

Plus que jamais, le terme « psychorigide » s’adresse à ce type de personnalités. Ceux qui désirent le changement ne sont sans doute pas complètement à l’abri de la peur de l’inconnu, mais eux au moins préfèrent se mettre potentiellement en état d’insécurité (l’inconnu) plutôt que de continuer à vivre tels des robots programmés au service de leurs maîtres incontestés.

Non pas « incontestables » mais bien « incontestés » (c’est-à-dire jamais remis en question par le robot de chair lui-même.)

Accepte ou pas, qui est encore libre de choix !

 

Serge Baccino (Tous droits réservés ©2021)