Différences et vérités

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Différences et vérités

Il est dit et accepté, presque unanimement, que nous sommes tous différents. Partant, comment pourrions-nous prétendre trouver puis proposer, une « vérité » qui soit acceptable par tous ? En fait, il ne s’agit même plus d’une question mais d’une affirmation ! Clairement, nous ne sommes pas capables de trouver puis de proposer à tous une seule vérité qui soit acceptable et qui puisse sembler « réelle » à tous. Oui mais voilà : ceci est loin d’être rassurant !

Même si nous acceptons cette prémisse au sujet de notre différence, voire de notre unicité, nous espérons, au moins en secret, trouver une vérité qui non seulement nous corresponde mais puisse correspondre aussi à tous. Et quand nous n’y arrivons pas, nous souffrons ou nous sommes en colère, arguant du double fait que l’autre « se trompe » puisque… Nous avons raison ! Fallait y penser.

Chacun tient à sa différence. Chacun tient aussi à sa vérité, qu’il s’empresse de « partager » avec d’autres, pour les plus aimables, ou d’imposer aux autres, pour les moins rassurés d’entre nous. Car être le détenteur d’une vérité unique et associable à toutes les mentalités, voilà qui a de quoi faire rêver plus d’une et plus d’un ! Et en ce moment de notre évolution terrestre, il y en a qui ne se gênent pas pour non seulement proposer leur vérité, plus ou moins originale mais, conjointement, démonter ou dénaturer celle des autres. Une double méthode qui semble avoir fait ses preuves et qui marchent. Surtout auprès des moins intelligents d’entre nous.

Pourrions-nous trouver une version intelligente ou, à tout le moins, objective du sujet ? Qui a raison ? Qui a tort ? Existe-t-il une vérité qui soit compatible avec le fonctionnement mental de tous les êtres humains présents sur cette Terre ou « en incarnation » ? Réponse : oui et… Non ! Oui, tout d’abord, parce que la solution à ce dilemme mental de « la vérité vraie » se trouve justement dans son impossibilité naturelle. Non, parce que, justement, du fait de cette même impossibilité de concilier ce qui ne peut pas l’être, il ne sera pas possible, avant sans doute très longtemps, de définir une vérité acceptable par tous, du fait même de ces différences.

Nous ne reviendrons pas sur le fait qu’aucune vérité ne semble convenir à tous. Un minimum d’observation devrait pouvoir nous convaincre de la chose. Mais nous avons mentionné la possibilité de trouver une solution acceptable par tout être humain intelligent, tout en respectant une différence naturelle qui, de toute manière, s’impose à chacun et à tous. S’il s’agit d’une astuce psychologique, disons qu’elle nous est offerte non seulement par la pluralité des vérités actuellement « sur le marché de la spiritualité » mais aussi par les réactions parfois épidermiques de certains qui semblent plus sensibles à « la fausse vérité des autres » qu’à leur propre vérité.

Autrement dit, il suffit de suivre certains écrits et les commentaires qu’ils font naître sur Facebook ou tout autre réseau social du même tonneau, pour réaliser que les gens sont plus enclins à critiquer la vérité des autres qu’à défendre tout naturellement la leur. Et par « défendre » leur vérité, nous entendons se borner à écrire, et par exemple, seulement sur ce qu’ils supposent être vrai et légitime. Imaginez un peu un romancier de science-fiction, qui au lieu d’écrire son roman et de ne se concentrer que sur son œuvre, perdrait son temps (ainsi qu’une partie de son amour-propre) à écrire au sujet des autres romanciers qui ne connaissent décidément rien à la science-fiction, la preuve : ils n’écrivent pas comme lui ni la même chose que lui !

Mais quelle est donc cette astuce, en résumé ? La voici sous une forme quelque peu contractée, pour gagner du temps.

Si nous partons de la prémisse, pour nous indéniable, que nous sommes tous différents, alors nous devons considérer avec tout le sérieux qui s’impose, cette autre prémisse que nous ne sommes pas tous rendus au même niveau d’évolution spirituelle. Et forcément, ce qui est vérité pour l’un, pourra apparaître comme « désinformation » ou mensonge pour un autre.

L’astuce consiste donc à conserver ces deux prémisses à l’esprit et en arriver à la conclusion logique qu’il faut, absolument, qu’il puisse exister des vérités différentes capables de satisfaire l’état d’esprit « en place » de chacun d’entre nous.

Autrement dit, il est essentiel que chacun puisse accéder à un niveau de vérité qui lui soit profitable ou, à tout le moins, qui ne lui soit pas préjudiciable. Ensuite, à chacun et à tous de faire évoluer croyances, certitudes ou même connaissances, au rythme de sa propre évolution spirituelle. Ce qui laisserait à chacun de nous le loisir de posséder non seulement « une vérité du moment », mais aussi (ou surtout), de pouvoir changer de vérité quand cela est jugé nécessaire ou profitable.

Cette version ou « astuce » peut sembler de prime abord être du réchauffé, car de nombreuses personnes ont déjà proposé de respecter l’avis de chacun et de tous en matière de croyance et vérités. Toutefois, rares sont celles et ceux qui ont pensé à ces deux détails qui nous semblent intéressants : premièrement, il n’est pas mentionné cette difficulté, pour un être, d’accepter une vérité d’autrui qui ne lui soit pas accessible, mentalement ou qui puisse le déranger, d’une quelconque façon. En second, personne ne semble remarquer un problème d’actualité qui, selon nous, serait en fait une solution, voire la solution à cet épineux problème.

Le fait qu’une personne ne puisse pas réussir à accéder à une manière de penser et de ressentir, n’indique en rien qu’elle soit « en tort » ou que l’autre personne puisse posséder une vérité de niveau supérieur à celle de la première. Cela indique seulement une incapacité latente à partager autre chose que tout ce qui est déjà présent, en tant que Mémoires, dans la subconscience d’une personne.

Cette personne pense et croit comme elle le fait, en fonction de son matériel mental, lui-même assujetti à son vécu et donc, à ses Mémoires.

De même, ce que nous acceptons pour vrai, même si c’est apparemment « nouveau pour nous », est en fait dépendant de tout ce qui se trouve déjà en nous. En cette partie de notre mental qui est plus ou moins consciente. Il s’agit donc, du moins au départ, d’une authentique incapacité à partager autre chose que… Ce qui nous partage déjà ! Car nous sommes en effet partagés, entre cette volonté d’avancer, d’apprendre plus, d’évoluer et de découvrir d’autres horizons mentaux, et cette peur immense, atavique, qui nous prend aux tripes, de lâcher le connu, rassurant et choyé.

Les Hindous nomment ce réflexe de ne se fier qu’au connu, reconnu et choyé, l’Aspect Vishnou. Vishnou représente (ou symbolise) l’aspect CONSERVATEUR de notre nature globale. Nous aimons et sommes attachés à tout ce que nous connaissons et qui nous procure du plaisir (en gros.) Tout naturellement, nous ne lâcherons un plaisir que pour un autre, plus grand encore. De même, nous ne lâcherons une vérité que pour une autre, plus rassurante et agréable.

Mais nous expliquions, plus haut, que bien peu de gens semblent remarquer un « problème » d’actualité qui, selon nous, serait en fait une solution, voire la solution à cet épineux problème. Quel est-il ? Selon toute apparence, il existerait une foule de vérités aussi différentes que contradictoires pour quelques-unes, et cela pourrait, selon certains, induire de graves problèmes de compréhension. En réalité, le manque de compréhension ne viendra jamais de ce qui existe en tant que différentes propositions de vérités. Le manque de compréhension vient toujours de l’âme humaine, à savoir, de « ce qui nous anime », et donc, de nos processus mentaux et des émotions qu’ils font naître.

Ou de nos Mémoires, si vous préférez cette version. De même que le choix d’articles différents dans un supermarché, ne sera un problème que pour ceux qui ne savent pas très bien de quoi ils ont vraiment besoin. Appauvrir les rayons dans l’espoir de « moins tenter » les clients, serait pour le moins une méthode naïve, pour ne pas dire mieux. Les supermarchés ont une politique inverse.

Ainsi, cette pluralité de vérités potentielles et applicables à qui veut bien en épouser une, plutôt qu’une autre, nous semble être une solution au problème. Le problème serait plutôt une absence de choix en la matière, une sorte de planification des consciences, avec volonté qu’un maximum de personnes épousent une seule et même vérité. Le manque de liberté s’apparente au manque de choix.

Si on s’amuse à suivre l’actualité spirituelle sur Facebook et par exemple, on a désormais le choix de croire que les extraterrestres vont venir nous sauver ou, et à l’inverse, qu’ils sont tous des comploteurs qui visent à nous maintenir en esclavage pour leurs besoins personnels.

Celui-ci nous poussera entre les mains salvatrices des anges et des archanges, tandis que celle-là nous apprendra (pour notre bien) que les anges et les archanges font partie d’un complot cosmique qui a pour but de nous réduire en esclavage. L’un nous apprendra que Jésus n’a jamais existé, tandis que l’autre nous demandera de nous repentir et d’embrasser les pas du Maître (qui serait le fils unique de Dieu, bien évidemment.) Il serait laborieux de citer toute la panoplie d’Archontes, de Reptiliens, de galactiques et d’autres races inconnues des hommes : notre but n’est pas de définir ce qui est vrai ou faux, ce qui est juste ou inutile, mais bien de démontrer que cette diversité poussée à l’extrême nous incite simplement à faire un choix, d’en tester les effets sur nous puis, éventuellement, de… Changer de crémerie !

La liberté consiste à choisir librement, tout en étant conscient qu’il ne s’agit là que d’un choix provisoire. Tout choix ne peut être que provisoire. Sauf si notre but ultime est de cesser carrément d’évoluer. Si tant est que la chose soit possible, bien évidemment. L’erreur, selon nous, serait de passer d’une croyance à une autre, en une recherche effrénée d’une vérité qui ne dépendra toujours que de celui qui la recherche ainsi.

Non pas qu’il n’y ait pas de vérité. Ni d’ailleurs qu’il y ait une vérité acceptable par tous. Simplement, nous devons nous fier à ce que nous ressentons, en restant lucide au moins sur un point : nous n’aurons sans doute jamais la preuve aussi définitive qu’absolue d’être « dans la vérité. » Mais nous pouvons vivre dans (ou selon) notre vérité du moment, en acceptant, en toute objectivité, que nous serons amenés à transformer notre état d’esprit et donc, de vivre selon une vérité toute autre.

 

Serge Baccino