La solutionnite une maladie moderne

Getting your Trinity Audio player ready...

La solutionnite : une maladie moderne

 

Inutile de chercher sur le dictionnaire médical : ce mot ainsi que la « maladie » qu’il est censé nommer, n’existent ni l’un, ni l’autre ! Étant donné que les académiciens se permettent de changer le sens premier des mots les plus subtils et importants de la langue française, je m’autorise quant à moi à en inventer dès que je le peux ! Je me suis laissé dire que le pouvoir était au peuple et non à ceux qui se précipitent toujours pour le diriger et qui refusent ensuite de lâcher leur confortable position de leaders.

Bien sûr, le sujet est au moins psychologique, pour ne pas dire ésotérique. Comme d’habitude. Comme il se doit pour un psychologue ésotériste. Fallait y penser, oui, merci.

 

Or donc, et nonobstant mes divagations linguisto-philosophiques, que signifie le mot « solutionnite » ? Histoire de nous marrer un brin, nous dirons que cela signifie « inflammation de la solution ». Ou pour dire au mieux : « Inflammation de ce désir de trouver une solution au moindre problème qui se présente à nous. » Et alors ? Où est le problème, s’insurgeront certains, qui sont à l’art de s’indigner ce que la rappe est au fromage sec ? L’idée n’est pas de présenter un problème mais une absence de solution réelle. Il est clair que si nous partons gaiement de la prémisse on ne peut plus pratique que tout problème appelle à une solution, alors oui, nous avons le droit de hausser un sourcil aussi choqué qu’accusateur.

 

Mais si nous nous prétendons spiritualiste au minimum, à savoir une personne censée étudier sa vie et en retirer un quelconque enseignement spirituel, alors notre indignation, feinte ou avérée, cache une peur énorme, plus qu’un réel manque d’observation ou même, de discernement. Et pour un psy éso, la peur consiste en une maladie spirituelle. Une maladie qui empêche celui qui se prétend pourtant « chercheur de Lumière », de trouver cette même Lumière qu’il affirme rechercher. Mais comme le dirait un Maître du passé :  » Des lèvres qui énoncent à l’acte qui concrétise, il y a parfois plus que l’espace d’une vie humaine… » Une manière élégante de souligner le fait que beaucoup évoluent « avec la langue » sans changer vraiment. La parole est agile, l’acte est difficile, dit-on.

 

Venons en aux faits. Pour nous, la « solutionnite » est une habitude quasi maladive qui va à l’encontre même de l’évolution, aussi bien Planétaire qu’individuelle. Pourquoi ? Parce que chaque problème qui SEMBLE se proposer à nous, est bien moins un « problème » qu’une solution à tout ce qu’évoque ce soi-disant problème. Essayons d’éclaircir ce dernier point. Si nous partons de la prémisse fondamentale, incontournable pour un être qui se dit spirituel, que nous venons sur Terre POUR APPRENDRE, alors il est indispensable de considérer cette même Terre comme une formidable École spirituelle dont chaque évènement, aussi insignifiant qu’il puisse nous paraître, est en fait un enseignement parmi tant d’autres. En d’autres termes, notre vie même ainsi que chaque évènement, consistent en les matières Nobles qu’il nous faut étudier, avec toute la bienveillance et le sérieux requis.

 

Si nous partons de la fausse prémisse que chaque évènement considéré comme étant « négatif » consiste en « un problème » qu’il nous faut régler au plus vite, alors nous allons prendre cette habitude des plus néfastes qui consiste à chercher une solution au moindre problème qui oserait s’immiscer dans notre vie, à savoir dans ce qui devient très rapidement le courant sans risque d’un long fleuve tranquille. Imaginez un peu que tandis qu’un enfant est encore à l’école, il n’accepte d’examiner puis d’étudier QUE les matières qui lui semblent les plus agréables… Un calcul est compliqué ? Qu’à cela ne tienne : sautons vite ce trouble-fête et, par la même occasion, si nous évitions d’apprendre les tables de multiplication ainsi que l’alphabet, comme la vie serait plus simple !

Nous pourrions et par exemple, passer notre vie allongés dans l’herbe, près d’une rivière, et rêvasser huit heures par jour, avant d’aller nous coucher, afin de nous reposer d’une journée aussi violente qu’éprouvante pour les nerfs !

 

L‘homme veut bien apprendre, prétend il la main sur le cœur et donc du côté de son portefeuille, mais que cela ne lui coûte pas un rond ! Sinon il s’offusque et montre les dents. Et puis apprendre ne devrait-il pas être un plaisir avant tout ? Alors n’apprenons que ce qui est agréable et laissons tout ce qui pourrait nous contrarier, voire nous peiner ! Et si une chose, un être et un évènement quelconques se présentent en ayant le pouvoir de nous déranger durant la sieste, nommons-le « problème » et le tour sera joué ! Un problème n’enseigne rien, c’est bien connu ! Non ? Alors comme à tout problème il existe une solution, réglons tous nos problèmes, du moins ceux que nous ne réussissons pas à nier, refouler ou, au mieux, à refiler aux autres et passons vite à autre chose de bien plus plaisant ! On est à l’école, certes, mais uniquement pour jouer : youpi ! Quelqu’un aurait un joint, dans le même élan et tant qu’à faire ?

 

Bon, OK, les plus rusés ont compris où nous désirions en arriver. Mais quelle serait… La solution, du moins, selon la psy éso ? La solution unique serait de ne plus prendre la Grande École de la Vie pour un problème mais pour un moyen extraordinaire et très rapide d’évoluer vraiment. D’évoluer enfin, au lieu de ne faire qu’en parler sur les réseaux sociaux, pour se donner l’illusion de faire bouger les choses. Les choses n’ont pas à bouger : c’est nous qui devons changer ! Ne l’aviez-vous pas encore compris ? On ne met pas fin à la guerre : chacun met fin en soi à ce désir de guerroyer. Tout autre méthode « de groupe » ou « de masse » n’est que rêve éveillé ne produisant que mirage et illusions supplémentaires. Comme nous l’évoquons souvent :  » Aux conventions pour la paix, on ne trouve que ceux qui sont déjà pour la paix. » Le jour où on y trouvera ceux par lesquels toutes guerres arrivent, ce jour-là il y aura vraiment convention. Et effets !

 

Dans la pratique, si avant de nous insurger contre un évènement, une personne ou de simples paroles écrites ou dites, nous tentions de comprendre POURQUOI ces choses-là nous arrivent MAINTENANT, ICI ET A NOUS (il faut les trois), alors nous changerions radicalement notre façon de vivre sur Terre. Nous redeviendrions ces écoliers que nous étions jadis, mais cette fois, c’est notre vie qui deviendrait un enseignement permanent et la planète entière qui devient une formidable école. Et pour une fois, nous jouerions les deux rôles à la fois, aussi bien celui de l’élève (confrontation à l’évènementiel) que celui du professeur (compréhension des messages spirituels sous-jacents.)

 

C‘est ce qu’enseigne et explique la psy éso depuis ces quatre cents dernières années, du moins en ce qui concerne l’Europe. C’est ce que proposent, depuis des années, les derniers professeurs de cette sagesse sans âge, non pas cachée ou difficile d’accès mais seulement proposée et non-imposée. Ce qui n’est pas imposé, désormais, n’est pas réellement pris au sérieux. De même que très peu d’entre nous seraient allé à l’école si aucune des matières quelques peu arides n’avaient été imposées. Imaginez des parents et des enseignants laxistes… Quel enfant aurait accepté de passer des heures assis derrière un livre à étudier une matière aussi indigeste que potentiellement inutile pour la suite de son existence ? Pour apprendre, l’homme a besoin de poigne. Voire de coups. C’est pour cela qu’il en reçoit de plus en plus, puisque c’est devenu, hélas, le seul moyen pour qu’il apprennent le minimum vital lui permettant de rester en vie et en équilibre psychologique plus ou moins précaire.

 

Bien sûr, il y a les autres ! Celles et ceux qui, depuis toujours, comprennent les vérités les plus subtiles de la Grande Vie. Ceux-là sont parfois montrés du doigts comme étant bizarres, car ne partageant pas la vie ni la manière de penser de tout un chacun. Ces autres ont décidé d’apprendre volontairement et quoiqu’il leur en coûte finalement. Et fait amusant, ce sont justement ceux qui, s’ils ne sont pas les plus heureux, sont au moins et déjà ceux qui souffrent le moins. Ils ont appris et compris que résister à la Vie revient à passer son existence terrestre à se retrouver confronté aux autres. En effet, si la Grande Vie ne peut plus nous chuchoter ce que nous sommes venu apprendre, alors ce sont les autres qui seront chargés de nous hurler aux oreilles de la chair et à nous secouer, si cela s’avère indispensable. A méditer. Ou pas, c’est égal.

 

Serge Baccino