De l’enseignement et de ses dangers

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De l’enseignement et des dangers de suivre ceux qui enseignent eux-mêmes au lieu de transmettre un enseignement.

Celui qui enseigne les autres ne devrait jamais parler de lui mais seulement aux autres de l’enseignement. Parler de soi enseigne aux autres à se concentrer sur un autre qu’eux, ce qui les rapproche de ces autres et les éloigne d’eux. Et de cela, tout le monde en est déjà très capable, assurément ! Celui qui parle d’enseignement et non de ses propres expériences et de la compréhension qu’il en a, attire l’attention sur l’enseignement et non pas sur lui-même. Et comme l’enseignement conduit à Soi, l’étudiant en arrive à se rencontrer lui-même, à force de s’étudier.

Celui qui parle de lui ramène tout à lui et quitte l’enseignement pour se consacrer à lui seul. Ce qui serait une noble cause s’il n’attendait pas des autres qu’ils en fassent de même ! Se consacrer aux expériences d’autrui est la meilleure façon de ne jamais en avoir soi-même. Ou d’en vivre mais seulement par procuration ! Il n’est qu’un enseignement et ce dernier ne passera jamais par l’expérience propre à une seule personne mais par une mise en pratique individuelle d’un enseignement déjà existant, depuis toujours et réservé à tous. Non pas d’un enseignement « passé », car le temps n’existe pas pour celui qui sait vivre dans l’éternel présent au lieu de se contenter d’en parler seulement.

Un enseignement digne de ce nom permet à chacun de se concentrer sur lui-même et de découvrir que le seul enseignement qui en vaille la peine ne peut concerner que celui qui se propose d’apprendre. Celui qui se propose d’apprendre demeure ignorant, cela aussi longtemps qu’il ne réalise pas qu’apprendre se résume à s’apprendre Soi. Ce qui concerne les détails de la trajectoire spirituelle des autres, l’étudiant n’a pas à les connaître et encore moins à les étudier, car cela ne le rapprocherait pas de lui, bien au contraire !

Heureux celui qui comprend ces choses et qui les applique au lieu de se contenter de hocher la tête avec gravité, en signe d’assentiment. Ceux qui préfèrent suivre un autre qu’eux, une personne plutôt qu’un enseignement, devront se contenter de l’expérience d’un autre mais jamais ils n’auront l’expérience d’eux-mêmes. Et seule cette dernière compte et comptera, une fois passés « de l’Autre Côté du Voile. »

Nombreux sont les enseignants qui pensent que leur propre vécu et leurs modestes expériences plus ou moins bien assimilées, doivent former la matière de leur enseignement. Comme si enseigner pouvait se résumer à raconter sa vie aux autres, en particulier à ceux qui ont soif d’expériences vivantes et conscientes ! Autant souffler l’air de vos poumons dans les narines des autres en prétextant leur apprendre à respirer le seul air qui puisse exister !

L’air de cimes se respire au singulier du plus que présent à Soi.

Les véritables enseignants se transmettent un S’Avoir sans âge de siècles en siècles et c’est cette transmission qui est précieuse, et non le bois qui, ponctuellement, porte cette Flamme Sacrée. Puissent tous les portes-flambeaux du Monde (qui se veut) Nouveau, cesser de se prendre pour La Flamme !

Et il en sera ainsi !

(Note : Channélisé il y a pas mal d’années déjà, mais hélas toujours d’actualité, voire plus que jamais auparavant.)

 

Serge Baccino