Temps psychologique et temps linéaire

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Temps psychologique et temps linéaire

 

Les ésotéristes affirment que le temps n’existe pas. Toutefois, ils n’affirment pas qu’il n’existe aucune tentative pour créer une mesure appelée « le temps qui passe. » Et pour mesurer un présumé temps qui passerait sous notre nez et sans aucune vergogne, il faut inventer une mesure basée sur un mouvement quelconque (rotation d’une aiguille, sable qui s’écoule dans un sablier, etc.,) qui puisse servir de base de calcul pour de nombreuses autres mesure, par exemple, le rythme. Le rythme est un mouvement mesuré dans le temps. Le temps étant lui-même un mouvement, le rythme est donc un mouvement mesuré grâce à une autre mouvement, pris comme base première de calcul. Pour que cette base de calcul soit recevable par tous, il faut qu’elle concerne toutes choses ainsi que tous. Autrement dit, cette base de calcul doit être accueillie et entérinée par tous, cela malgré les différence engendrée par les langues et les écritures différentes.

 

Ainsi, bien que cela puisse s’écrire et se prononcer très différemment, dans toutes les langues et dans tous les pays, les secondes, les minutes, les heures et les jours, sont planétairement acceptées comme base de calcul. Contrairement à d’autres bases de calculs, secondaires par rapport au temps, tels que les unités de mesure, qui peuvent grandement varier d’un pays à l’autre (voir le système métrique et celui des anglo-saxons, par exemple.) Le temps linéaire, ou du moins cet accord international à propos d’un mouvement quelconque servant de référentiel pour créer des unités de temps, a été inventé pour compenser le fait que tous les homme ne perçoivent pas le défilement d’une journée solaire de la même manière. La chose demeure un tant soit peu subjective, dirons-nous ici et pour simplifier.

Il existe donc deux formes de mesure du temps : le temps linéaire, entériné par tous et servant de base de calcul commun, et le temps psychologique, relatif au sentiment personnel à propos de ce supposé défilement du temps. Bien sûr, ce sont les choses qui bougent et pas ceux qui s’en servent de point de référence. C’est du moins le sentiment qu’en ont et que se partagent la majorité des êtres humains.

 

Mais le temps psychologique peut non seulement varier d’une personne à une autre, mais de plus, il peut varier en fonction des moments de la journée. Dix minutes d’attente chez le dentiste quand on en a très peur, est très différent de dix minutes passées en charmante compagnie. Dans le premier cas, il nous semble que le temps « s’étire » et dure des heures, tandis que dans le second cas, dix minutes, qu’est-ce que ça peut nous sembler  court ! Si on comprend que le temps linéaire est basé sur des évènements plus ou moins naturels, tels que la rotation planétaire, l’exposition d’un objet ou d’un point géographique à la lumière solaire, ou encore à l’écoulement d’une eau, d’un sable ou à la rotation des aiguilles d’une montre sur un cadran, entre autres, il nous reste à définir ce qu’est « le temps psychologique. » Non pas seulement en donner un bref aperçu en disant que parfois, le minutes semblent « s’éterniser » tandis qu’à d’autres moments, elles semblent nous filer entre les doigts, mais d’en décortiquer le mécanisme profond. En clair, il nous faut à présent comprendre ce qui se passe, et surtout, pourquoi .

 

Si nous devions offrir une définition lapidaire mais néanmoins exacte du temps psychologique, nous dirions qu’il consiste en le nombre d’informations que notre mental traite en une minute. S’il en traite dix en une minute ou s’il en traite cent, le sentiment qui en résultera alors diffèrera grandement. Ce qui semble logique, puisque si le fait de traiter dix infos par minute représente pour nous une durée de temps linéaire qui s’écoule normalement (ou comme d’habitude), alors si le nombre d’info à traiter en une minute double ou triple, nous allons très certainement avoir le net sentiment de ne pas être capables de traiter autant d’info supplémentaires. Bien sûr, le temps linéaire partagé avec tous, c’est-à-dire la durée durant laquelle un certain nombre d’info sont traitées, demeurera identique. Une minute restera donc une minute, un point c’est tout !

 

Mais comme le nombre d’info à traiter dans ce même laps de temps a par exemple… Disons doublé, nous aurons tout d’abord le sentiment de ne pas réussir à tout analyser. Et puisque d’habitude nous en avons le temps, nous aurons la sensation de disposer de moins de temps pour traiter un certain nombre d’info. Nous allons nous « mettre en retard » de minutes en minutes, renvoyant à plus tard (à d’autres minutes déjà bien chargées, donc) le traitement des info en surnombre. Ce qui engendrera un net sentiment de « ne pas avoir le temps » de gérer autant d’info en si peu de temps. Hélas, l’augmentation du nombre d’info à traiter sera reléguée à la seconde place, laissant en vedette le fait que nous n’avons plus autant de temps qu’auparavant pour analyser des données.

 

C’est donc un phénomène purement mental qui a donné naissance à cette croyance stupide que le temps raccourcissait. Ce qui est bien évidemment impossible. Une minutes ne comptera pas moins de seconde en 2035 qu’elle n’en compte en 2019. Les spiritualistes de la dernière heures s’étonnent de ne pas être pris au sérieux par les scientifiques ou même par les gens rationalistes et fiers de le rester. Mais pour une fois, le manque de largesse d’esprit n’est pas de la partie. En fait, ce serait plutôt le manque de bon sens et d’intelligence des spiritualistes qui ne s’écoutent pas parler ni ne prennent le temps de se relire, qui est en cause. Nous vivons une époque extraordinaire qui voit naître à chaque jour des changements aussi radicaux que majeurs. L’intellect des nouveaux étudiants (collège, lycée, Fac, etc.,) est désormais non plus seulement surchargé mais bien encombré de connaissance aussi hétéroclites qu’inutiles au demeurant.

Tout étudiant n’est pas un génie dans l’une au moins des matières scolaires imposées à l’école. Sans parler des stages, des formations tout aussi obligatoires, dans certains corps de métiers et en entreprise. L’inutile est gratuit et l’indispensable, souvent « oublié », est évidemment devenu payant.

 

Ainsi, en environ une trentaine d’années, le taux d’informations transitant par notre conscience de veille ou objective, a au moins doublé, si ce n’est pas triplé ! Et tandis que nous traitions dix informations à la minute, ce qui nous laissait toute latitude d’explorer de nombreuses combinaisons mentales afin de rentabiliser ces infos captées, nous en traitons à présent une trentaine au moins. Forcément, nous n’avons plus le temps de faire face à ce supplément d’infos en tous genres et somme obligés d’en mettre au moins la moitié de côté. « Pour plus tard. »

Il est donc bien question de « temps » et non de quantité (info) comme ce devrait être le cas. Rares sont les personnes qui affirment avoir trop d’informations nouvelles ou différentes à traiter en une seule journée ! L’idée en présence serait plutôt orientée « temps », à savoir que nous n’en avons plus assez pour nous occuper de tout, pour faire face à tous les défis qui s’imposent désormais à nous et dans notre vie. Pourtant, et encore une fois, il est bien moins question d’une variation dans le défilement linéaire du temps que d’une augmentation des informations auxquelles nous devons nous confronter et que nous devons traiter. Si possible avec le plus de bon sens et d’intelligence possible !

 

Et affirmer que « le temps se raccourci » revient à quasiment exiger des autres qu’ils nous prennent pour des abrutis ! Ce que d’aucuns ne se gênent pas de faire il est vrai ! Mais comment leur en vouloir, finalement ? Ainsi, la prochaine fois que vous aurez le net sentiment que vous manquez de temps, ne refusez pas les faits. Les faits se résumant à la présence, en vous, d’un sentiment. Et comme il est difficilement imaginable d’avoir subitement conscience d’une chose qui n’existe pas, au moins pour nous, c’est cette présence en vous d’un tel sentiment, qui est réel, pas son contenu formel (ce qu’il affirme par ailleurs.)

Vous sentez bien mais vous déduisez mal, en somme ! Vous sentez que vous n’avez pas assez de temps pour traiter toutes les infos qui se proposent à vous en une seule et même journée, ce qui est exact, mais ce n’est pas une histoire de temps mais de quantité.

Vous pourriez et par exemple, vous en sortir par une petite pirouette mentale en vous disant qu’effectivement, vous n’avez pas la capacité de traiter AUTANT de nouvelles infos en si peu de temps. Et du moment que vous gardez à l’esprit qu’une multitude d’infos aussi secondaires qu’inutiles se sont mélangées aux info aussi valables qu’utiles pour votre évolution, vous réussirez toujours à « boucler votre journée » comme un chef, sans ressentir le moindre stress. Stress qui est d’ailleurs induit par cette idée, exacte par ailleurs, que vous ne réussissez pas à assumer toutes ces choses auxquelles vous êtes confrontés en une même journée.

 

Si cela peut (et devrait) vous consoler un peu, sachez que c’est effectivement le cas ! Vous faites face à bien trop de pression psychologique en essayant de gérer ce qui ne peut l’être et c’est la prise de conscience de votre propre incapacité à tout pouvoir gérer et contrôler, qui vous plonge dans un stress monumental ! Acceptez simplement l’idée que VOUS NE POUVEZ PAS et en fait, que VOUS NE DEVEZ SURTOUT PAS réussir à gérer toutes ces merdes inutiles, et votre stress diminuera d’abord de moitié pour disparaître par la suite en quelques semaines seulement. C’est parce que vous CROYEZ devoir réussir à tout contrôler dans votre vie (voire dans celle des autres) que vous stressez !

Vous ne souffrez pas à cause d’un supposé « échec » mais du fait que vous tentez de réalisez l’impossible et que vos tentatives se soldent nécessairement par un échec. Échec présumé qui vous protège plus que ce que vous pourriez l’imaginer aujourd’hui ! Mais ceci est sans doute une autre histoire…

Nous vous la conterons peut-être une autre fois.

 

Serge Baccino