La Métaphysique – Par Jean Charon (Citation)

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« Alors que la Physique est sans doute la plus apte à éclairer les problèmes mé­taphysiques, les physiciens, pour leur part, refusent depuis près de trois siècles de voir la Métaphysique pénétrer dans leur langage et leur champ d’expérience ; comme si ces problèmes étaient indignes de la connaissance « scientifique  » ; ou encore, comme si les questions qui forment les thèmes de la Métaphysique n ‘étaient pas, finalement, celles auxquelles l’Homme souhaite le plus avidement obtenir des éléments de réponse…

On peut d’abord se demander si les thèmes principaux de la Métaphysique ont quelque rapport avec les problèmes étudiés en Physique. La Connaissance, l’existence du monde extérieur, la substance et la forme, le problème de la vie et de la mort, l’âme et le corps, le problème de Dieu, tous ces objets d’investigation traditionnels de la Méta­physique sont-ils susceptibles d’entrer dans le champ des recherches en Physique ?

La réponse à cette question sera affirmative ou non suivant qu ‘on acceptera ou non de considérer l’analyse de l’Esprit comme un objet d’étude de la physique. Le problème de la nature et des mécanismes de l’Esprit est en effet, sans nul doute, le problème cen­tral de toute la Métaphysique, celui dont dérivent tous les autres objets de réflexion (la Connaissance, la vie, la mort, la Matière, Dieu…). La Physique et la Métaphysique for­ment donc deux disciplines complémentaires en charge d’accroître notre connaissance de l’Univers si, et seulement si, Matière et Esprit sont inséparables dans les méthodes de recherche et les langages de ces deux branches de la Connaissance.

Or, comment pourrait-on raisonnablement refuser à la Physique d’accomplir des progrès au moyen d’une analyse non pas de la Matière seule, mais encore de l’Es­prit ? Dès que les investigations des physiciens se tournent vers le plus petit, ou encore vers le plus grand, vers ces mystérieuses particules formant l’essence de la Matière ou encore vers notre Univers dans son ensemble, alors le mot de saint Augustin devient aujourd’hui toujours plus vrai : « Le monde est tel qu’il nous apparaît fait de choses qui ne nous apparaissent point ». Et Teilhard de Chardin remarquait également que « parvenus à l’extrême de leurs analyses, les physiciens ne savent plus trop si la struc­ture qu ‘ils atteignent est l’essence de la Matière qu ‘ils étudient ou bien le reflet de leur propre pensée« …

Comment, dans ce cas, ne pas reconnaître comme une évidence ac­tuelle que l’Esprit est en fait partie intégrante du domaine d’investigation de la Physi­que, au même titre que la Matière, puisqu’il n’y a pas de description possible de la Matière qui ne fasse intervenir, au premier plan, les mécanisme structurels de notre propre Esprit ? »

 

JEAN E. CHARON [L’Esprit – cet inconnu.]

 

Pour écouter ce grand Monsieur :