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Articles divers que le lecteur pourra kindleliser s’il le désire.

Complices du péché d’autrui

Complices du péché d’autrui

Le problème de l’humanité, à notre époque, est le mensonge. Il a, au départ et comme origine première, un intérêt quelconque à cacher de véritables pensées ou actes. Voire à oublier de mentionner certains évènements. Pour quelle raison ? En toute logique, il peut très certainement y avoir de nombreuses raisons, mais nous n’en retiendrons que trois principales. La première raison, que nous placerons dans l’ordre ascendant  « de gravité », est le mensonge par peur de l’effet négatif sur autrui. Par exemple, nous pouvons cacher, à une personne cardiaque ou mourante, un évènement pouvant l’accabler plus encore. Nous pourrions voir là une certaine preuve de compassion mais en réalité, la personne qui cache se protège elle-même d’un point de vue émotif, car si elle ignore la possible réaction de la personne à laquelle elle ment, elle connaît nécessairement la peur et l’émotion qui sont les siennes.

La seconde raison, moins beaucoup moins élégante déjà, est le mensonge dans le but d’éviter un scandale, cela bien souvent aux dépens d’une tierce personne. L’exemple le plus flagrant et connu de ce second type de mensonge par omission volontaire, est celui d’une mère sachant que l’un quelconque des membres adultes de sa famille s’est permis des attouchements sur son enfant. L’excuse invoquée est souvent soit « Si jamais ton père venait à l’apprendre, il pourrait le tuer sur un coup de colère, alors tais-toi ! » ou pire encore : « Tu veux vraiment détruire notre famille par pur égoïsme et pour de regrettables caresses plus ou moins intentionnelles ? »

Dans ce second cas de mensonge, la différence est qu’il implique de faire culpabiliser une personne afin que d’autres puissent conserver un semblant de paix. On nomme cela « secrets de famille », dans l’espoir immature d’arriver à la conclusion forcée que c’est le lot inévitable de toute famille qui se respecte ! Un comble. Inutile de préciser l’impact désastreux de ce type de mensonge par omission volontaire (ou M.O.V.) aura sur l’infortunée victime non pas seulement d’attouchements mais du sentiment de culpabilité qui en résultera.

En fait, la victime en deviendra une de trois manières différentes bien que liées. Premièrement, elle sera victime d’attouchements et l’impact psychologique de ces derniers ne sera sans doute jamais effacé. En second, elle sera victime d’un sentiment de culpabilité parmi les plus difficile à résorber. Un très net sentiment de trahison pourra s’y affilier, mais en arrière-plan. Enfin, elle sera victime de la lâcheté de sa mère, de son manque d’empathie et de sa volonté de faire passer son propre confort mental et social, avant l’équilibre psychologique de son enfant.

Il existe évidemment d’autres exemples de mensonge par omission volontaire (M.O.V.) mais celui évoqué ici devrait largement nous suffire. La troisième raison consiste en un mensonge par intérêt direct et conscient. Ce dernier peut, à son tour, être décomposé en deux catégories assez distinctes. Dans la première catégorie se rangent tous les mensonges qui concourent à cacher, aux autres, tout ce dont nous ne sommes pas vraiment fiers. Disons nos erreurs, nos manquements divers et, surtout, ces moments qui nous ont surpris en fâcheuse situation.

Dans cette première catégorie se range, en somme, tout ce qui pourrait nier les prétentions de notre « Moi-Idéalisé » et, éventuellement, tout ce qui permettrait, à d’autres, d’user de nos faiblesses avérées s’ils venaient à les connaître. Cette catégorie pourrait paraître légitime au moins et ne réclamer aucune forme particulière d’attention de notre part. Or, nous verrons, plus loin, que c’est celle qui nous limite le plus et finit par rendre notre esprit plus ou moins aberré. C’est également celle qui fait l’objet du présent thème de cet article tiré d’une conférence.

Reste la seconde catégorie de la troisième raison du mensonge, en général. Cette dernière est sans doute la plus connue et la plus crainte de toutes celles déjà citées. Elle se résume à mentir à autrui dans le but soit de lui nuire, soit d’obtenir de lui une chose convoitée et impossible à obtenir d’une autre façon. Mentir dans le but de nuire, un simple exemple : une femme dit à sa supposée « meilleure amie » que son mari la trompe et qu’elle en a la preuve.

Notez au passage le souci vicieux en diable de fournir des preuves, si possible irréfutables, cela afin de détruire toute forme de résistance de la part de l’infortunée « meilleure amie » ! Une excellente manière, assurément, de se venger du bonheur supposé d’autrui et de le rabaisser à un niveau de vie qui est celui de celle qui révèle une vérité qu’elle sait pourtant blessante. C’est fou, d’ailleurs, le nombre d’ami(e) s « bien intentionné(e) s » qui font appel, en toute bienveillance et amitié, à ce type de délation purement gratuite.

L’excuse passe-partout invoquée alors : « Tu comprends, c’est parce que tu es ma meilleure amie et que je t’aime que je te révèle la vérité sur ton mec… » On est en droit de se demander comment elle agirait si elle détestait… Sa meilleure amie ! Terminons cet avant-propos avec le mensonge dans le but d’obtenir une chose convoitée, que l’on suppose ne pouvoir obtenir par d’autres solutions. Nous serions tentés d’inclure, dans cette dernière forme de mensonge à autrui, l’ensemble des commerciaux et démarcheurs de vente par téléphone. Mais il est possible que certains s’en ressentent flétris au moins.

Pourtant, que désirent tous les vendeurs, tous les commerciaux ? Vendre ? Sans doute, mais en réalité, c’est votre argent qu’ils convoitent ainsi et, possiblement, une solide commission sur les profits obtenus grâce à leur savoir-faire en matière de baratin de la clientèle potentielle. Tout l’art de la vente est de convaincre un potentiel acheteur. C’est bien connu. Mais convaincre est-il suffisant ? Il y a de quoi en douter. Au départ, les commerciaux se contentaient de décrire et de flatter les qualités d’un produit quelconque. Leur but était alors de convaincre non pas d’acheter, coûte que coûte, mais d’acheter cet ustensile-là lorsque le client avouait en avoir besoin.

Dans ce cas, le conseil était souvent éclairé, voire honnête. Par exemple : « Prenez plutôt cette machine à café, l’autre est plus chère, certes, mais cela ne représente pas un gage de qualité supérieure… » Désormais, le but est non seulement de faire acheter ce qui est le plus cher mais de faire croire au client qu’il a absolument besoin de tel article connexe que l’on ne saurait négliger, si on est un minimum conscient. Et il y a l’arme suprême, la bombe sale qui surpasse toutes les bassesses commerciales réunies : « Dépêchez-vous d’acheter cet article car il n’en reste plus que dix en stock et le prochain arrivage sera 50 % plus cher ! » À ce compte-là, qui serait assez fou pour ne pas se précipiter ?

Parfait. À présent, nous pouvons pénétrer de pleins pieds dans le vif du sujet et traiter de l’origine ou du départ de toute forme de mensonge à autrui, qu’il soit volontaire et donc, conscient, ou plus ou moins automatique et donc, plus ou moins conscient. Nous traiterons du Mensonge à soi, un des sujets phares de l’enseignement de la Psy Éso dans sa version moderne. Tout d’abord, que signifient les termes « mensonge à soi » ? Pourrions-nous nous mentir… Sans le réaliser ? La réponse est sans appel : « bien sûr que non, car nous ne pouvons pas choisir une manière de nous comporter, mentalement, sans en être automatiquement conscients. »

Cela nous paraît être l’évidence même. Alors pourquoi parler de « mensonge à soi » ? Le mensonge est de second degré, si nous pouvons le présenter ainsi. Au départ, nous savons pertinemment que nous sommes en train de mentir. C’est évident. Mais nous commettons alors une grossière erreur en tentant de justifier ce mensonge et en réussissant à y parvenir, aidés en cela par nos conditionnements mentaux. En effet, si les autres connaissaient l’étendue de nos faiblesses, le contenu de nos peurs et nos désirs inavoués (inavouées aux autres s’entend), ils pourraient fort bien s’en servir pour nous nuire.

Alors mentir devient légitime et se transforme rapidement en nécessité. Chose qui est finalement entérinée par notre subconscient. Donc, le mensonge à soi ne consiste pas à réussir à se cacher à soi-même la vérité, nous avons défini que la chose était impossible, mais bien de trouver en tout temps et tous lieux, le moyen de justifier le fait de mentir. Alors mentir devient non seulement une habitude, mais surtout, une manière d’être dont il est ensuite très difficile de s’extraire.

Toutefois, on peut se guérir de cette maladie mentale qu’est le mensonge à soi, cela en revisitant les raisons invoquées de mentir et de révoquer leur degré supposé de d’intérêt et donc, de légitimité. Symboliquement et à une plus grande échelle, c’est ce qu’entreprend actuellement le 47e Président des États-Unis. Il ne signe pas seulement des décrets : il révoque les anciens et surtout, ceux qui précèdent son mandat et en instaure de nouveaux. Il est heureux d’associer le fait que les nouveaux décrets rendent leur liberté aux citoyens américains, avec celui de faire cesser le mensonge à soi pour opter pour une franchise intelligente.

La franchise intelligente pourrait se résumer en questions existentielles très importantes. La première : « Est-ce que mon mensonge induira d’éventuelles souffrances à autrui ? » La seconde : « Est-ce que ma franchise induira d’éventuelles souffrances à autrui ? » Captez-vous la nuance ? Elle possède son importance. À présent, en quoi nous pourrions nous faire complices du péché d’autrui ? Réponse en pensant et en agissant de manière que nos proches (ceux que nous côtoyons) puissent continuer à se mentir en croyant se protéger et donc, être dans leur bon droit.

C’est ici que nous devons faire preuve d’intelligence et d’objectivité ! Il n’est pas question que vous vous transformiez en justiciers de la vérité en intraveineuse ! Il est clair que certains d’entre vous pratiquent déjà ce sport amusant (pour vous) qui consiste à expliquer aux autres ce qu’ils devraient penser, dire ou faire. On se comprend ! Ici, il n’est pas question d’imposer une vérité qui dépende en exclusivité de vos propres processus mentaux. Il est question de se montrer attentif au mensonge à soi que nous révèlent librement les autres. La nuance est à saisir rapidement !

Si vous donnez votre avis à une personne qui ne vous a rien demandé, vous êtes un simple agresseur verbal. Vous ne valez pas mieux que tous ceux qui s’occupent de la paille dans l’œil du voisin, cela parce que leur poutre commence à peser et à les aveugler un brin. S’occuper des défauts des autres est encore un moyen efficace de laisser les nôtres festoyer dans notre dos. Personne ne souffre de ne pas être compris par les autres : chacun souffre de ne pas réussir à se connaître, de peur de se comprendre et de devoir agir.

Alors quoi ? Quelle est la technique qui nous permettrait de ne plus nous faire complices des péchés d’autrui, sans pour autant nous transformer en moralisateur tyrannique ? Cette technique existe et s’appuie sur une vérité sans appel : « celui qui s’adresse à nous pour nous informer de ses problèmes, nous demande inconsciemment de l’aider à sortir du mensonge à soi. » C’est d’ailleurs le seul problème qu’il puisse avoir : se mentir. Tout le reste n’est qu’effet de cette cause unique et première. Les gens n’ont pas besoin d’être aidés : ils ont besoin de ne plus réussir à se mentir, même si c’est là leur intention pour un moment encore.

Mais c’est à eux et à eux seuls qu’il appartient de nous prévenir qu’ils sont prêts à changer. Avec un petit coup de pouce seulement, pas une intervention musclée du SWAT ! Et ils nous préviennent de leur degré de préparation uniquement lorsqu’ils viennent à nous, nous interrogent ou nous confient leurs problèmes supposés. Observez les faits : lorsqu’une conférence Zoom est lancée, même s’il y a une centaine de personnes présentes, il y a toujours une majorité qui ne participe pas. Ou qui le fait juste pour exposer des expériences vécues ou des résultats obtenus, pas pour disserter de problèmes vécus. !

D’après vous, quelle en est la cause ? Elle est très simple à comprendre. Tout être humain est capable de sentir qu’il se ment, c’est un fait, mais si sa peur des conséquences s’il venait à tout avouer, est supérieure à ce ressenti, alors il préférera continuer de se mentir et se sentir plus en sécurité. Cet état d’esprit trouve son origine dans la prime enfance, quand des parents, n’ayant pas inventé l’eau chaude, exigeaient de nous que nous leur disions la vérité, tout en réussissant à nous convaincre que nous devons être sévèrement punis pour nos fautes.

Connaissez-vous ce proverbe inventé par des démons de l’enfer : « faute avouée à demi pardonnée » ? Faut-il avoir atteint le fond de la déchéance mentale humaine pour accoucher de telles ignominies ? Ainsi, nous devenons « complices du péché d’autrui », lorsque quelqu’un qui vient à nous nous montre carrément qu’il se ment et qu’au lieu d’en tenir compte, nous préférons opter pour la conservation de nos propres mensonges à soi. Car, que pourrait-il se produire si vous aidiez quelqu’un à ne plus se mentir ?

La réponse est évidente : cette personne chercherait alors à vous rendre la politesse et se mettrait en devoir de vous placer vos propres mensonges sous le nez. Bien sûr, la personne peut aussi bien mal réagir et chercher à vous abaisser, se croyant elle-même attaquée ou mise en état d’infériorité. Voilà qui devrait suffire pour de fructueuses méditations.

(Fin de l’extrait.)

 

Serge Baccino

 

L’objectivité spirituelle

L’objectivité spirituelle

Il est parfois question de se montrer « objectif » et donc, de voir notre conscience de nouveau reliée avec un objet des sens. Or, on précise bien, en psy éso, que la conscience relative aux objets est limitative et même, qu’elle implique les processus mentaux, autrement dit, les pensées.

Qu’en est-il dans ce cas ? Le problème n’est pas tant la pensée en elle-même que le fait qu’elle soit à chaque fois reliée au passé ! En effet, la conscience relative aux objets des sens nous ramène aux pensées et ces dernières nous ramènent aux Mémoires.
Il est peu envisageable que nous puissions avoir une pensée en réaction avec la perception d’un objet des sens, sans nous référer aux Mémoires.

Mieux encore : même si ce que nous observons, par exemple, ne correspond à rien de ce que nous avons préalablement mémorisé, le mental analytique tentera de faire correspondre au plus près, l’objet et l’un quelconque de nos souvenirs. Le mental est tout à fait incapable de « voir » le futur, n’est-ce pas ? Il ne peut que concevoir que ce qu’il a déjà connu. Et chaque fois qu’il connaît quelque chose considéré par nous comme « nouveau », en réalité, il classe immédiatement la chose dans le dossier contenant déjà des informations identiques, similaires ou complémentaires.

Le mental ne part jamais de zéro, même si on le croit : il rassemble ce qui, pour lui, se ressemble ou, plus exactement, « devrait se ressembler. » Cela au risque, bien évidemment, d’associer ce qui ne devrait surtout pas l’être. Il est donc question, ici, de nous montrer vraiment objectifs, afin de déjouer les pièges tendus par le fonctionnement de notre intellect, à savoir la manière dont les informations contenues dans notre mental se rappellent à nous quand les évènements paraissent les invoquer.

 

C’est là que réside la difficulté engendrée par la manière de concevoir le sens premier ou second des mots. Être vraiment objectif est une qualité spirituelle indéniable, mais bien rare sont celles et ceux qui ont compris le sens premier de ces mots. Se montrer objectif nécessite de permettre à la conscience de rester polarisée sur quelque chose de précis, assez longtemps, au début, pour en recevoir des informations directes.

Un peu comme si les objets, faute d’avoir réellement une âme telle que nous la concevons, possédaient au moins certaines informations à leur propre sujet. N’oublions pas que la matière est énergie, certes, mais aussi informations. Ces informations font partie intégrante des constituants spirituels de la matière, à savoir de l’esprit. Esprit qui semble bien placé pour connaître les objets des sens, puisque c’est lui qui les constitue, leur offre une forme tous !

 

Ainsi, en partant de la prémisse que tout objet rayonne et que nous sommes capables de capter puis d’interpréter ce rayonnement, il nous est possible de connaître les objets des sens (ce qui nous entoure) en recevant directement les informations les concernant. Ces informations, de nature spirituelle, ne passent donc pas par nos Mémoires mais « émanent » bien des objets eux-mêmes. Nos sens permettent simplement de capter ce même rayonnement.

Si nous réussissons à perdre ce réflexe fâcheux d’associer le contenu de nos Mémoires à ce que nous percevons sans cesse, dans notre vie de tous les jours, nous commençons à voir la vie sous un tout autre angle que celui propre à la majorité des gens. D’ailleurs, nous avons chaque jour la preuve de l’existence de cette faculté spirituelle et encore plus à notre époque.

 

En effet, pourquoi des gens acceptent-ils tout ce qu’on leur impose ou même propose comme s’il s’agissait de la vérité unique, tandis que d’autres ne cautionnent pas et perçoivent même l’opposé de ce que les autres perçoivent ? La réponse est évidente : tandis que les premiers ne font qu’observer leurs Mémoires, c’est-à-dire ce qui devrait être, normalement et comme toujours, au lieu de ce qui est pour cette fois au moins, d’autres se contentent de voir l’actualité et non le contenu de leurs Mémoires concernant ce qui leur est montré. Ainsi, les premiers accepteront de se faire inoculer n’importe quel produit encore à l’étude sans se poser de questions, tandis que d’autres refuseront et poseront un tas de questions embarrassantes.

Les premiers se disent qu’il n’y a aucune raison pour que les choses soient différentes, d’une décennie à une autre, tandis que les seconds ont appris à contrôler chacune des propositions qui leur est faite, jour après jour, sans se soucier de ce qui devrait être ou de ce qu’ils devraient faire, selon les croyances en vogue. Il est clair que si un objet inanimé peut rayonner des informations à son sujet, les formes spirituelles humaines que nous sommes contiennent encore plus de riches informations à leur sujet !

 

Lorsque l’objet d’attention est humain, alors l’observation a tout intérêt à se montrer ponctuelle et relative à ce qui est rayonné sur le moment, plutôt que de se référer à tout ce qui a été appris et qui est retenu (mémorisé, donc) au sujet de ce qui est observé. Essayons de nous montrer encore plus précis et cela par le biais d’un exemple concret. Vous observez une personne en train de pleurer. Si vous n’y prêtez pas attention, une foule d’idées disparates vont jaillir à l’avant-scène de votre conscience.

Certains diront que notre intellect va tenter de nous « expliquer » pourquoi cette personne pleure. Après tout, ce brave intellect est persuadé que c’est là son seul et unique boulot ! Dès le départ, cette idée qui consiste à croire que nos Mémoires contiennent toutes les raisons et toutes les réponses, même aux mystères du comportement d’autrui, est au moins singulière, pour ne pas dire mieux. Cela implique que tout est déjà connu, que rien ne change ni ne varie sans cesse. Or, nous savons que c’est au moins le contraire qui est vrai. Même celui qui refuse d’évoluer sera obligé de le faire, qu’il le veuille ou non.

 

La vie et certains évènements plus ou moins marquants, se chargeront de le changer en profondeur, même s’il ne le réalise pas tout de suite. Mais reprenons notre exemple. Une personne est en train de pleurer, OK. Pourquoi ? Comment le savoir, c’est elle qui pleure et qui a Sûrement des raisons de le faire, pas nous ! Nous sommes tellement persuadés de ne pas être capables de capter les raisons profondes ou premières de ce chagrin, que nous nous référons automatiquement à nos Mémoires.

Alors nous cherchons, dans nos souvenirs, quelles sont les raisons connues et plus ou moins valables de nous mettre dans cet état.
Hélas, en nos Mémoires, il n’y a que ce qui nous concerne nous, pas ce qui concerne les autres. Donc, nous ne pourrons trouver, au mieux, que les raisons qui, selon nous, pourraient justifier des pleurs. Et il est fort probable que, faute de mieux, nous projetions sur autrui ce contenu formel de nos propres Mémoires. Nous ne connaissons rien d’autre, voyez-vous ? C’est du moins ce que nous croyons.

 

Toutefois, si la personne pleure et que, comprenant le processus autonome mental, nous refusons d’écouter les prétentions de nos Mémoires via notre intellect qui croit pouvoir tout expliquer, il va alors se produire un phénomène très peu connu qui pourrait se résumer ainsi : Lorsque nous cessons de penser aux causes concernant autrui, c’est autrui qui nous informe directement des causes le concernant.

Autrement dit, si nous faisons cesser la moulinette mentale et refusons de lui prêter la moindre attention, c’est l’esprit lui-même et directement, depuis l’autre personne, qui nous explique ou nous fait ressentir « en live » les raisons de son actuel chagrin.

…. Et c’est sur cette idée pleine de promesses futures que nous en resterons-là, à propos de ce sujet intéressant.

(Extrait d’une conférence.)

Serge Baccino

 

 

Le plus que parfait de l’éternel présent

Le plus que parfait de l’éternel présent

 

Il est dit que nous devons nous concentrer sur le « Ici et maintenant. » Mais nous ignorons en fait pourquoi ni même comment nous y prendre. Raison pour laquelle nous ne réussissons guère à vivre selon ce précepte ésotérique. Ne pas comprendre complètement une chose nous empêche de la vivre complètement. Vécu intelligent et savoir vont toujours de pair. Les gens hésitent à apprendre, car pour eux, le savoir ne peut être que théorique, voire livresque.

Ce qui est follement amusant, surtout quand on pense aux longues années d’études, conduites par certains, à propos de matières dont ils ne se serviront jamais ! Hélas, sans connaissance préalable, impossible d’appliquer ce que l’on ignore encore ! Ce n’est pas la connaissance, le problème mais bien le fait de l’appliquer ensuite ou non. L’idéal étant évidemment d’alterner entre étude et mise en pratique de ce qui est déjà appris. En fait, si trop de temps passe entre l’étude et la mise en pratique, il y a fort à parier qu’ensuite, nous ne trouvions pas l’intérêt d’appliquer une connaissance jugée disons « dépassée. »

Il est également question du « pouvoir du moment présent. » Mais de quel pouvoir parle-t-on ici ? Est-ce une chose désagréable qui cesse grâce à ce supposé pouvoir ou bien quelque chose d’agréable qui commence grâce à lui ? Et d’abord, même si nous comprenons le sens de la demande, pourquoi devrions-nous à tout prix nous concentrer sur le moment présent ? Qu’a-t-il de plus ou de moins que les autres temps, à savoir le passé et le futur ?

Pour commencer à comprendre de quoi il retourne exactement, il est bon de définir, une fois pour toutes, ce qu’est le temps. Qu’est-ce que le temps ? Comment ou pourquoi devons-nous en tenir compte ? Présentons déjà quelque chose ressemblant à une loi du fonctionnement de l’esprit capable d’expliquer ce qu’est le temps, du moins pour les ésotéristes les mieux initiés. Imaginons que vous deviez aller faire vos courses dans un supermarché. Vous avez votre liste sous les yeux et décidez de commencer par les plats qui feront office d’entrées, puis vous passerez à ce qui consistera en les plats de résistance et vous terminerez par les desserts.

Dans cet exemple, il y a fort à parier que vous n’allez pas vous jeter sur les premières denrées qui vous passent sous le nez : vous allez très certainement prendre le temps de lire les étiquettes afin de connaître la composition de chaque article et, évidemment, vous allez comparer les prix. Disons que vous allez passer en revue et en tout, six articles faisant office d’entrées, six autres concernant les plats de résistance et vous hésiterez seulement entre trois ou quatre desserts différents.

Tout cela va vous réclamer du temps, n’est-ce pas ? Et dans notre exemple, nous pouvons comprendre que ce fameux temps consistera en une sorte de déroulé de votre attention mentale, qui passera d’un article à un autre, afin d’en connaître le prix et la composition. On va simplifier et partir de la prémisse que vous accorderez deux minutes pleines pour chaque article passé en revue. Ce qui fait et par exemple, six fois deux minutes pour les entrées, six fois deux minutes pour les plats de résistance et disons quatre fois deux minutes pour les desserts.

Cette attention mentale allouée à chacun des articles et le fait que cette même attention va passer d’un objet (article) à un autre, vont faire en sorte que votre conscience va littéralement « se dérouler », en passant d’un objet d’attention mentale à un autre. Selon un petit calcul pour notre exemple, nous dirons que vos courses vont durer environ un peu plus d’une demi-heure, soit 32 minutes. Puis vous passerez à la caisse.

Et là, vous allez assister à une autre création de temps qui passe. Vous pourrez alors constater que la caissière passe chaque article acheté au-dessus d’un appareil capable de lire le code-barres de l’article. Ce mouvement et le fait que l’attention de la caissière soit concentrée sur ce qu’elle fait, vont produire du temps. Nous voici donc armés d’une solide loi du fonctionnement de l’esprit concernant « le temps qui passe. »

Cette loi pourrait s’énoncer ainsi : « Le temps est le déroulement de la conscience qui passe d’un objet d’attention à un autre, selon un rythme et une durée pouvant varier ou être égaux. » Vous remarquerez que nous avons associé le rythme et la durée au déroulement de la conscience. En effet, rien ne vous interdit, lorsque vous passez en revue plusieurs éléments ou sujets d’attention mentale, de prodiguer à tel objet plus d’attention qu’aux autres ou inversement.

Que pouvons-nous découvrir d’autre grâce à cette loi spirituelle ? Par exemple, nous comprenons que pour que notre attention mentale soit réquisitionnée puis plus ou moins focalisée (ou concentrée), il faut des objets sur lesquels la conscience de veille puisse s’arrêter, sur un rythme et pour une durée pouvant varier. Sans objet d’attention mentale, point de concentration. Sans concentration, point de processus mentaux !

En effet, pour qu’il y ait pensé, il faut qu’il y ait polarisation de l’attention mentale sur un quelconque objet des sens. Ce peut être quelque chose de vu, d’entendu, de touché, de senti ou de goûté. Ainsi, sans l’intervention des sens et sans quelque chose pour les faire réagir, la conscience repose en elle-même, ne se déroule pas et ne produit donc aucune pensée.

Les anciens Siddha affirmaient que c’est la conscience (Chitti) qui se transforme en pensées (Chitta) lorsqu’elle se met en mouvement. Et elle se met en mouvement seulement lorsqu’elle est concentrée sur un point focal d’attention mentale puis doit s’en extraire pour aller se concentrer sur un autre objet des sens. De là à dire que la Conscience c’est quand l’esprit ne bouge pas, il n’y avait qu’un pas, que tous les ésotéristes du monde se sont empressés de franchir.

Bien sûr, ce que l’on nomme l’exposé de la raison, à savoir notre propre capacité mentale à appréhender les choses de l’esprit, n’est pas forcément l’unique exposé de la plus pure vérité ! Mais il n’est pas nécessaire de connaître toute l’Actualité Cosmique pour comprendre une large partie du fonctionnement du Cosmos. Il est dit que « Tout est en Tout » et que « Ce qui se produit en infiniment petit, se produit également en infiniment grand. » Ou plus communément : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… »

Il est donc inutile de tout savoir : il suffit de comprendre les lois spirituelles en rapport avec la vie terrestre incarnée, pour comprendre les lois de la Grande Vie spirituelle et hors de la chair (ou supposée telle.) Si l’on s’inspire de ce qui a déjà été mentionné plus haut, on comprend très vite que c’est pour ainsi dire la pensée qui engendre le temps. Lorsque notre conscience n’a aucun « point d’appui » à se mettre sous la dent, à savoir lorsqu’elle n’a aucun repère objectif à sa disposition, elle est pour ainsi dire coupée de ce que l’on nomme « le spatiotemporel. »

Et sans repères psychologiques pouvant offrir un support à la conscience sous la forme d’une attention mentale polarisée, il ne peut pas y avoir de processus mentaux. D’ailleurs, il est facile de contrôler qu’il est impossible de penser sans un sujet à partir duquel peuvent s’élaborer nos processus mentaux. Autrement dit, on ne peut pas « penser à rien », contrairement à ce que prétendent certains. Rien ne se pense pas. Lorsqu’une personne ne pense pas, elle est seulement consciente. Elle ne se préoccupe pas de savoir ce qu’elle est et si ce qu’elle est, est correct ou sujet à critique.

Mais si cette personne voit son attention mentale attirée puis réquisitionnée par les singeries mentales d’un tiers, alors cette personne va très certainement se remettre à penser. Et dès que la pensée apparaît, le temps fait également son apparition. Très bien, mais quel rapport avec notre sujet principal ? Le rapport est direct et d’ailleurs inséparable de tout ce qui vient d’être proposé ici.

Imaginons que vous soyez chez vous, assis dans votre canapé, à ne penser à rien et donc, à n’avoir aucune conscience du temps qui passe. Tout à coup le téléphone sonne et vous sursautez, ce qui vous fait sortir de cette sorte de léthargie mentale. C’est votre amie Léon qui vous informe qu’il vous attend en bas de chez lui depuis près d’un quart d’heure. Et là, vous réalisez que vous aviez complètement oublié votre rendez-vous ! Vous êtes déjà bien en retard, même !
Comment savez-vous que vous êtes en retard ?

Très simple : ce sont les mémoires qui vous le font savoir ! Votre conscience a fait une rapide incursion dans le passé et a compris qu’elle avait promis à Léon d’être devant chez lui à telle heure précise. Puis votre conscience va faire un autre bond, cette fois-ci dans le futur. Un futur probable, bien évidemment ! Et dans ce futur-là, il est plus que probable que Léon vous fasse la gueule une bonne partie de la journée. Pour vous apprendre à l’oublier, vous voyez ? Bien.

Qu’avons-nous ici ? Tout d’abord, vous êtes dans une sorte d’état de conscience sans pensées et perdez toute notion de temps. Léon en est la preuve même ! D’ailleurs, nous serions assez tentés d’ajouter que durant cette période sans pensées, le temps n’existait pas pour vous. En fait, il n’existait pas encore parce que vous ne l’aviez pas encore créé ! Mais tout à coup, Léon fait vibrer le téléphone et vous voici informé du temps qui a passé. Qui est passé… Sans vous, à votre insu ! Dès lors, vous prenez conscience de votre oubli et dans la foulée, vous changez même de temps, passant du passé au futur, en imaginant les réactions intempestives de Léon.

Vous voici revenu au sein du temps linéaire, de ce « temps » qui consiste non pas à être seulement conscient, mais plutôt conscient de quelque chose. De quelque chose d’autre que Soi, en fait. Lorsque la conscience est inerte, qu’elle repose sur elle-même et ne passe plus ou pas d’un objet d’attention mentale à un autre, elle n’est que pure conscience d’être. Mais lorsque cette même conscience se produit au travers de différents états d’esprit, de nombreuses pensées, alors elle n’est plus la conscience : elle devient l’esprit.

Comme vous le savez déjà, l’esprit est ce qui sert à penser. À penser et à produire toutes choses, puisque tout, absolument tout, est fait d’esprit ! La Conscience est donc elle aussi de l’esprit, mais un esprit informel, non encore associé à des formes mentales issues de l’observation et de l’idéation. Et quand on sait que la personnalité et le caractère d’un être humain se rapportent exclusivement à la quantité et à la qualité de ses processus mentaux, de ce qu’il pense et des émotions que ces pensées engendrent, on commence à comprendre certaines choses.

Par exemple que la somme ou l’entièreté de la souffrance humaine est causée par l’esprit formel, à savoir par des formes mentales et donc, des pensées. Allons plus loin encore : si la pensée, issue de la conscience qui se déroule d’un objet d’attention à un autre, engendre le temps qui passe, alors nous pouvons en déduire que nous ne souffrons qu’aussi longtemps que nous persistons à penser au lieu d’être seulement conscient. Prenons un exemple précis afin de voir exactement comment et pourquoi naissent les pensées.

Vous observez une rue passante depuis la fenêtre du premier étage de votre appartement. Votre attention se porte tour à tour sur une vieille dame qui avance courbée en deux, puis sur une très jolie jeune femme qui a eu la bonne idée de porter un décolleté profond. Dans le premier cas, la vieille dame, le fait de vous polariser quelques secondes seulement sur elle vous fait penser que la vie est parfois injuste, qu’elle passe trop vite et qu’elle apporte à chacun son lot de souffrance.

Puis, quand votre attention mentale réussit à se « décoller » de la vieille dame souffreteuse pour venir se river avec joie dans les profondeurs de la généreuse poitrine de la jeune femme, vous ressentez de la joie à l’idée d’être encore jeune et en bonne santé et susceptible d’embellir la journée de ladite demoiselle, pour peu qu’elle vous en laisse la chance ou le droit. Ces deux exemples suffisent amplement pour constater que nos pensées apparaissent puis disparaissent pour laisser la place à d’autres pensées, ceci au rythme créé par le changement de focale mentale.

Si nous pensons souvent (rythme) et longtemps (durée) à quelque chose qui éveille en nous des émotions peu réjouissantes, nous pouvons ressentir, à la longue, une très nette baisse de vitalité. Notre vitalité dépend, en grande partie, du contenu formel ou de la nature de nos processus mentaux. À l’inverse, si nous avons l’occasion de nous concentrer souvent et assez longtemps sur des idées agréables, nous instaurons, en notre mental, des fréquences vibratoires hautes qui, à la longue, nous offrent le sentiment que nous sommes immortels, que tout est possible et que la jeunesse n’est en fait qu’à simple état d’esprit.

Dès lors, nous commençons à mieux comprendre cette idée de l’instant présent. Au sein du Maintenant, il n’y a pas de pensées et donc, il n’y a pas de temps, puisque aucun mouvement d’un point focal d’attention à un autre et ainsi de suite. Seul le déroulement de la conscience engendre ce sentiment de temps qui passe et même, celui de l’espace, autour de nous. Nous savons qu’il nous faudra un certain temps pour nous déplacer d’un point à un autre et donc, nous prenons conscience de l’espace en même temps que du temps, les deux étant étroitement liés.

Observez vos pensées lorsqu’elles se proposent à vous. Viennent-elles du passé, c’est-à-dire des Mémoires ? Dans ce cas, le passé en tant que tel n’a aucune existence. Sont-elles en rapport avec quelque évènement probable futur ? Alors si ce n’est que probable, car non encore manifesté, il s’agit là encore plus d’illusion que de réalité. En somme, la seule chose qui soit certaine, le seul « temps » hors du temps, c’est le présent. Présentement, il ne se passe rien, ni en vous ni hors de vous et rien n’attire puis ne maintient votre attention mentale. Vous êtes tranquille et aucune souffrance mentale ne peut vous atteindre si vous ne lui donnez pas l’opportunité d’exister pour vous et en vous, c’est-à-dire en votre conscience mentale.

 

Serge Baccino

Doit-on sortir de l’illusion

Doit-on sortir de l’illusion ?

On parle beaucoup d’éveil, actuellement et sans doute plus que jamais, auparavant. Mais qui dit « éveil » dit également sommeil, car ne peut se réveiller que celui qui dort, selon toute logique. Dormons-nous ? Nous ne le croyons pas. Rêvons-nous ? Nous ne le croyons pas non plus. Nous avons lu, dernièrement, que seule la personnalité peut parler d’éveil, alors que l’éveil est l’absence même de personnalité.

Sommes-nous d’accord avec cette très jolie formulation ? Certainement pas ! Cela parce qu’elle consiste à soigner une carie avec un marteau-piqueur. Rien n’est plus dangereux que ce genre de sentence qui se veut d’un degré de spiritualité absolu. Et comme l’absolu n’existe pas, ne pouvant pas être atteint, force nous est de constater que les spiritualistes modernes abusent et exagèrent un enseignement qui était préalablement réservé à des mentalités très différentes des nôtres et, surtout, bien plus subtiles.

Affirmer que la personnalité doit disparaître, que c’est là la seule forme authentique d’éveil est bien plus qu’abuser, en fait : c’est simplement ridicule ! Cela parce que c’est bien une personnalité qui a eu l’idée de génie d’accoucher d’une telle ânerie. En ce sens, cette personnalité-là devrait effectivement disparaître, faisant ainsi une œuvre utile à tous ! Les choses qui se produisent sont toutes bonnes. Tout est déjà là, tout est accessible, tout est permis, puisque présent et donc immédiat, mais pour autant, tout n’est pas utile.

C’est en nous inspirant cette allusion à la célèbre phrase de saint-Augustin (« Tout est permis mais tout n’est pas utile ») que nous allons tenter d’étayer quelque peu nos présentes propositions. Commençons par le début : devons-nous oui ou non nous réveiller ? Réponse non, puisque nous ne dormons pas. Devons-nous devenir des « éveillés » ? Non plus, car il serait alors précieux d’apprendre en quoi cela consiste.

Si nous ne dormons pas, nous n’avons ni à être éveillé, ni à nous réveiller. Par contre, nous pouvons nous montrer plus attentifs aux faits et en tirer les conclusions logiques qui s’imposent d’elles-mêmes. Autrement dit, plutôt que l’éveil, qui ne veut rien dire, nous devrions être bien plus attentifs à ce qui se produit en nous et autour de nous. Ensuite, il serait de bon ton d’établir de justes relations entre ce qui semble se produire au-dehors et par l’intermédiaire des autres, et ce que nous conservons et utilisons comme processus mentaux.

En somme, nous devrions toujours chercher à connaître puis à comprendre la relation évidente qui existe entre ce qui nous arrive sans cesse et que nous nommons « notre vie de tous les jours », et notre manière de penser, de croire et d’exprimer qui nous croyons être ou devoir être. Ainsi, le problème n’est pas tant que nous dormons et devons de ce fait nous réveiller, que de retrouver ce goût normalement inné de l’étude de soi.

Orienter différemment notre attention mentale et interroger la vie au lieu de croire que nous en connaissons déjà l’essentiel à son propos. En effet, nous agissons comme si nous connaissions déjà toute l’histoire, du début à la fin ! En réalité, quoiqu’il puisse se produire ou arriver, que ce soit en nous ou à l’extérieur et chez les autres, nous avons ce réflexe de croire que « nous savons. »

En réalité, ce sont nos Mémoires, nos enregistrements mentaux, qui tournent en boucle et qui nous font croire que nous nous connaissons et que nous connaissons les autres et même la vie. D’ailleurs, certains s’imaginent même connaître Dieu et ont décrété que, du même coup, ils devaient se distinguer par leurs habits et leur raison sociale, afin de paraître autorisés à instruire les autres de leur propre vision de Dieu. Comme si ces autres n’étaient pas déjà assez programmés pour s’illusionner seul et bien mieux encore !

Il a été fait mention, plus avant, que nous devrions retrouver ce goût normalement inné de l’étude de soi. S’il nous faut le retrouver, c’est que nous l’avons perdu. Ou pire encore : que nous ne l’avons jamais connu ! Ce qui serait d’ailleurs plus exact. Mais comme il s’agit là d’une faculté essentielle, inhérente à l’esprit lui-même, de ce même esprit dont nous sommes faits et qui nous sert à penser, alors nous pouvons parler de retrouver quelque chose préalablement perdue par l’ensemble de l’humanité.

La vraie question est donc : « Qu’est-ce qui a fait perdre aux humains le goût pour l’étude de soi ? » Nous pourrions trouver plusieurs réponses, toutes aussi différentes que valables, mais nous n’en retiendrons qu’une seule : le manque de curiosité. D’où provient ce manque de curiosité ? Réponse : de la peur de savoir. OK, mais de la peur de savoir… Quoi ? De la peur de savoir que nous ne sommes pas alignés sur ce que nous devrions être ou faire.

Fort bien, mais être ou faire… Selon qui ou quoi ? La personne abrite seulement cette idée macabre et en ressent les effets. Elle a peur, un point c’est tout. Ensuite, l’extérieur et les autres lui apprendront peut-être en quoi, quand et où elle a fauté en n’étant pas et/ou en ne faisant pas, ce qu’elle devait être et/ou faire. Alors les gens se mettent à écouter ailleurs que là où se situe et se manifeste cette peur. Ils vont essayer de savoir ce que Dieu attend d’eux et, éventuellement, ce que le Diable sera capable de leur imposer comme expériences traumatisantes.

Ils écouteront les autres, à savoir les parents, les frères et sœurs, les amis, les enseignants, les prêtres et les initiés, pourquoi pas. Le but sera essentiellement de se déculpabiliser, de trouver une théorie capable de justifier ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Le problème est que ce qu’ils sont et ce qu’ils font est déjà « justifié » : c’est juste cela qu’ils sont et font, pour le moment. Alors ils vont rechercher en vain, parfois une vie durant, quelque chose susceptible de les rassurer, de faire cesser cette peur qu’ils ressentent au fond de leur cœur, sous la forme de cette croyance qu’ils font mal, pas assez bien ou qu’ils sont sans intérêt, sans importance, etc.

Mais rares sont celles et ceux qui vont réaliser, en peu d’années, qu’à l’extérieur et chez les autres, ils ne peuvent trouver que de simples idées et croyances supplémentaires, pas nécessairement plus viables ou intelligentes que les leurs ! Chacun croit détenir une vérité valable pour tous. Hélas, il y a autant de vérités que de personnalités humaines pour les accueillir. Sommes-nous heureux ? Drôle de question,  direz-vous. Pourtant, est-ce qu’une croyance, aussi subtile soit-elle, est originellement prévue pour nous faire souffrir durant des années ?

Est-ce cela la vérité, que nous voulons et tenons absolument à souffrir ? Non, dites-vous ? Dans ce cas, pourquoi souffrez-vous, ne serait-ce que de temps à autre ? Croyez-vous que cette souffrance dépend de toute autre chose que de votre propre mental ? Que croyez-vous ? Que pensez-vous ? En quoi ou en qui avez-vous le plus foi ? Avez-vous commis cette affreuse erreur qui consiste non pas à être chassée du paradis mais bien de tenir à en rester le plus éloigné possible ? Personne n’a jamais chassé personne de nulle part ! L’être humain n’a besoin de personne pour se nuire, voire pour se persécuter une vie durant !

Le fameux paradis est en fait votre conscience d’être. Vous retournez au paradis quand vous avez compris que rien d’intéressant pour vous ne se trouve au-dehors et chez les autres. Vous n’êtes pas endormis. Vous n’avez pas besoin de sortir de quoi que ce soit : vous devez plutôt revenir à vos propres fondamentaux qui sont votre esprit et votre conscience. Retrouver le goût de l’étude de soi revient à surveiller votre esprit avec votre conscience.
Si vous laissez l’esprit bouger n’importe quand, n’importe comment et à propos de n’importe quoi, ce n’est plus un endormi, que vous êtes mais un esclave des mouvements de votre propre esprit.

Mouvements qui vous détournent de ce que vous êtes et du fait que nécessairement, vous êtes exactement ce que vous devez être. Partant, ce que vous faites vous correspond également à la perfection. C’est juste les autres qui n’aiment pas que vous soyez comme vous et non pas comme eux. Cela les rassurerait tellement, si vous étiez (ou si vous restiez) comme eux ! Il vous faut comprendre que rien n’est fait pour durer, ni ce que vous êtes, ni ce que vous faites pour le moment. Et encore moins vos différents processus mentaux !

Ainsi, plutôt que de parler d’éveil, plutôt que de vouloir sortir d’un rêve ou toute autre expression devenue rapidement à la mode, sur les réseaux sociaux, décidez de changer la direction de votre attention mentale. Faites cela pour vous ! Offrez-vous toutes cette bienveillante attention que vous méritez et que vous attendez des autres. Laissez donc à ces autres le soin de s’apprécier eux-mêmes au lieu de se juger et d’avoir ensuite besoin eux aussi des autres pour se déculpabiliser ou justifier ce qu’ils sont ou s’imaginent être.

Vous n’avez pas non plus à supprimer la personnalité. D’ailleurs, qui serait là pour agir en ce sens puis pour s’en féliciter ensuite ou simplement en profiter ? Laissez les gens être ce qu’ils sont ou s’imaginent être : vous n’êtes pas là pour les réformer, vous ne vivez pas leur vie et ils ne vivent pas la vôtre non plus. N’essayez surtout pas d’idéaliser ce que vous êtes en opposant vos croyances à votre propre sujet, à tout ce que vous aimeriez être par ailleurs.

Assumez seulement et pleinement qui vous êtes pour le moment. Agissez toujours en fonction de cette vision de vous, et non d’une version de vous qui sera soit idéalisée, soit jugée puis condamnée.
Ne vous faites pas à vous-mêmes ce que vous détesteriez que les autres vous fassent ! Ne soyez pas « indulgents » : soyez respectueux avec tout ce que vous avez déjà réussi à incarner, depuis votre naissance.

Vous n’avez commis aucune erreur, car la seule erreur serait de confondre l’expérience vivante et enrichissante avec une quelconque notion de réussite ou d’échec. Laissez votre ego tranquille et ignorez complètement celui des autres. Vous ne pourrez pas changer ce que vous êtes et encore moins changer ce que sont les autres, même si ce n’est que provisoire. La seule chose qui puisse faire évoluer la conscience que vous avez de vous-mêmes, c’est l’expérience vivante, directe, et non le fait d’imaginer ce que vous devriez vivre.

Est-ce que ce Monde est illusoire ? Réponse : Oui et non ! Si on parle d’illusion, à savoir de ce qui existe vraiment par rapport à ce qui est issu de l’esprit créateur, alors TOUT, absolument tout est illusion. Ce Monde est illusion, certes, mais il n’est pas pour autant « illusoire. » Ici, le mot « illusoire » est pris dans le sens où certains aimeraient nous entraîner. Illusoire, en ce sens dévoyé, signifie « qui ne mérite pas notre attention, qui est faux et qui devrait être supprimé. »

Si quelque chose mérite d’être supprimé, c’est surtout cette fâcheuse tendance à croire que le monde extérieur ainsi que les autres sont tels que nous les percevons. Nos perceptions passent toutes par nos filtres mentaux et ces derniers ne témoignent pas de ce qui est mais des Mémoires inscrites en notre âme. C’est en cela que consistent en ces mêmes filtres mentaux. Nous ne voyons que le passé, ce qui est déjà arrivé et qui a été mémorisé.

Cette manière d’être nous coupe complètement de l’actualité et cette actualité, c’est ce que certains supposent « illusoire ». En un sens, est illusoire le fait de croire percevoir l’actualité, ce qui se produit vraiment, alors que l’on ne voit que ce que nos filtres mentaux nous permettent de percevoir. Pour résumer le sujet, je dirais que, premièrement, il n’est pas utile de chercher à s’éveiller quand il est seulement question de réactualiser le sens de notre attention mentale.

En second, il nous faut comprendre que puisque tout est déjà là et se manifeste pour nous, c’est donc que nous n’avons pas à chercher à contrôler ce qui est déjà fait. Ce que nous sommes et faisons est aussi juste et bien que ce que sont et font les autres. Nous devons juste retrouver cette saveur du Soi, cette joie à l’idée d’être en présence de soi-même, sans rien juger, sans chercher à paraître autre chose que ce qui paraît déjà.

Lorsque nous comprenons que nous n’avons rien à devenir ou à faire pour être déjà tel que nous devions être à ce moment de notre vie, alors, en plus de la paix que nous ressentons, nous devenons heureux. Le bonheur, c’est quand nous comprenons que nous sommes déjà la Volonté de Dieu en Action et que nous sommes les seuls à pouvoir tout gâcher ou à réussir à être parfaitement à notre place en étant la juste personne et au juste moment.

 

Serge Baccino

Le vrai virtuel versus le faux réel

Le vrai virtuel versus le faux réel

Nous vivons dans un monde d’illusion, un monde virtuel, en somme, et nous commençons à nous en rendre compte, chacun de nous le faisant à sa vitesse et à sa mesure. Des films tels que « Matrix » sont pour ainsi dire des préformations d’accès au monde irréel. Ce genre de film démontre qu’il est possible de se retrouver dans un tel état de conditionnement mental, que l’on peut d’ores et déjà parler d’hypnose avancée. D’hypnose aussi profonde que collégiale.

Pour être plus clair, ce que nous nommons pompeusement « la réalité » est en fait une pure illusion. Et le fait que cette même illusion soit partagée par tous, ou presque, ne rend pas le monde plus réel pour autant. Mais tentons de nous montrer plus précis encore. Le fait que le monde dans lequel nous vivons soit une forme d’illusion collégiale, ne rend pas pour autant cette dernière « irréelle », dans le sens commun de ce terme. Autrement dit, nous sommes abusés par nos sens, certes, mais nous croyons dur comme fer à ce que ces mêmes sens nous indiquent.

Et ce ne serait rien encore s’il ne venait se mêler, à cette illusion, notre manière de l’appréhender, que ce soit personnellement ou en groupe (collectivement.) Et notre manière d’appréhender l’illusion consiste à la croire réelle. Clairement, nous pensons que ce que nous voyons et vivons correspond parfaitement à ce qui est, à ce qui se produit vraiment. Et c’est bien là que se situe le véritable problème ! Non pas dans le fait que notre vie est et se repose sur l’illusion et donc, sur le mensonge mais bien dans celui qui nous pousse à prendre pour argent comptant ce qui n’est qu’illusion.

Présenté autrement, même si l’illusion est notre lot quotidien, comme nous ne connaissons que cette illusion-là, alors nous sommes persuadés qu’elle correspond à ce que nous appelons « la réalité. » En fait, la seule réalité est que tout est illusion. Mais alors, pourquoi croyons-nous que la vie est vraiment telle que nous la percevons ? Pour le savoir, il faut tout d’abord se poser une autre question, assez étrange il est vrai, du moins de prime abord.

Cette question est celle-ci : « Est-il vraiment dommageable pour nous, de vivre dans l’illusion ? » La réponse pourra sembler étonnante : « Non, ce n’est pas dommageable. » Ce qui l’est, par contre, c’est de ne pas accepter que ce que nous considérons comme formant « la réalité » est en fait de la pure illusion ! Devrions-nous comprendre puis admettre que tout n’est qu’illusion ? Réponse : « très certainement ! »

Pourquoi ? Parce que si nous partions de la prémisse intelligente que la réalité qui est actuellement la nôtre est tout à fait illusoire, alors nous en arriverions à une conclusion extraordinaire. En effet, si la réalité est réelle, si l’on peut dire, nous n’avons alors aucune chance d’en réchapper. Nous devons vivre cette forme de réalité, que cela nous plaise ou non, un point c’est tout !

Mais en partant de la prémisse hautement libératrice que « Tout est illusion », qu’il n’existe pour réalité qu’une sorte de consensus, d’accord tacite au sujet de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas, alors il nous vient immédiatement une question. Une question dont la réponse pourrait bien correspondre à la promesse du Christ : « Vous trouverez la vérité, et la vérité vous affranchira ».

 

On ne peut s’affranchir que d’une forme quelconque d’esclavage. Et le fait que nous vivions selon des normes illusoires ne représente en rien une forme d’esclavage. Ce qui nous lie, spirituellement, c’est de croire que la forme d’illusion en laquelle croient la plupart des gens à notre époque, est la seule qui puisse se manifester. Autrement dit, ce n’est pas le fait que notre vie soit illusoire, qui consiste en le véritable problème, mais plutôt le fait que tout le monde s’imagine que la forme actuelle d’illusion est la seule qui soit ! Captez-vous le problème ainsi que sa solution ?

Cette vérité promise et seule capable de nous affranchir, pourrait se résumer ainsi : « Tout est illusion, certes, mais il existe de très nombreuses formes d’illusion. Partant, pourquoi ne pas choisir cette qui nous arrange le mieux ? » Ce n’est donc pas le fait de confondre l’illusion avec la réalité qui est cause de souffrance sans nombre, mais bien le fait de croire que cette illusion-là consiste en la seule réalité qui soit. Nous avons compris que c’est une quantité infime d’entités plus ou moins humaines, qui cherche à nous imposer, depuis toujours, une forme d’illusion qui n’arrange qu’elles.

Mieux encore : l’illusion engendrée et maintenue, sur cette Terre, est faite pour favoriser uniquement une certaine classe d’individus. Ces individus sont des parasites qui vivent sur le dos de ceux qui font tourner la boutique, comme on dit. En clair, tandis que la plupart des gens sont productifs au sein de cette actuelle matrice 3D, d’autres, bien moins nombreux, se contentent de récolter les fruits du labeur des premiers. Et le pire est encore que, jusqu’à ce jour, chacun s’imaginait qu’il s’agissait là de la seule et unique forme de réalité terrestre.

En fait, il ne s’agit pas d’une réalité mais d’une illusion très orientée, pour le bénéfice de quelques-uns seulement. Il n’est donc pas utile de « changer de réalité » ni même de tenter désespérément de la transformer depuis l’intérieur comme s’évertuent à le croire et donc, à le faire, les « lanceurs d’alertes » de nos jours. Le fait de comprendre puis d’accepter le fait que nous vivons dans la plus pure illusion, suffit amplement pour entrevoir un moyen non pas de s’échapper d’une réalité jugée insipide ou terrible mais bien pour en profiter pour créer, de toutes pièces, une autre forme de réalité !

Ou, pour être plus précis, une forme différente d’illusion, aussi illusoire que n’importe quelle autre illusion, certes, mais construite en rapport de nos intérêts, de nos attentes et donc, du moindre de nos désirs ! Pourquoi toujours lutter contre « la réalité » ? Réponse : parce que l’on croit qu’il s’agit de la seule forme de réalité qui soit et donc, on a envie de la défendre, de gagner son droit au bonheur au sein de cette même réalité. Une réalité qui est totalement illusoire !

Mais puisqu’elle est illusoire, quel intérêt de vouloir la changer ou même, l’améliorer ? Il suffit de se détourner de ce qu’elle affirme pour vrai puis d’affirmer une forme d’illusion différente pouvant faire office non pas de « réalité alternative » ou « de secours », mais bien de forme de réalité tout court. Cessez donc de vous battre contre des moulins à vent et au lieu de pester au sujet de ce que vous prenez pour la seule réalité qui soit, détourner fermement votre attention mentale pour la fixer sur tout ce qui vous inspire et vous convient parfaitement.

Croyez-vous la chose impossible voire simplement difficile ? Avez-vous seulement bien observé les enfants, alors que leurs aînés ne sont pas encore venus à bout de leur intelligence naturelle ? Si oui, observez mieux ! Observez encore et, surtout, écoutez bien ce que disent tous ceux qui se plaignent des caprices supposés de la jeunesse en général ! N’avez-vous jamais entendu une phrase du genre : « Oh, cet enfant, il n’en fait qu’à sa tête ! On a beau lui demander d’obéir, il dit oui mais agit selon ses caprices ! »

Sur le coup, nous croyons avoir compris le propos. Nous croyons savoir que le propre de certains enfants est de ne pas obéir à leurs aînés. Sans même remettre en question la prémisse que ces mêmes enfants ont pour seul devoir d’obéir et de se taire ! Mais les choses vont plus loin : Ils prennent connaissance de la réalité de leurs aînés, mais continuent de vivre selon la forme de réalité qui est la leur !

N’est-ce pas extraordinaire, finalement ? Bien sûr, les premiers opposent leur degré de réalité à celui des enfants. Sur ce point, il est exact que les adultes pensent déjà tous à peu près pareil. Ils sont persuadés d’avoir raison, en somme. Mais est-ce pour autant un indice probant de réalité, voire d’authenticité ? Qu’est-ce qui est vrai ou faux quand tout est illusion ? Le problème en présence n’est donc pas que les enfants n’ont pas une vision de la réalité qui soit « convenable » ou « logique » mais bien qu’ils défendent une forme d’illusion différente de celle de leurs aînés. Les Maîtres connaissent cette vérité et c’est la raison pour laquelle ils sont affranchis.

 

Serge Baccino

Cessez donc de vous faire avoir

Cessez donc de vous faire avoir !

 

Vous est-il déjà arrivé de vous faire baratiner, de vous laissez avoir, comme on dit vulgairement ? Si vous invoquez vos souvenirs à ce sujet, vous constaterez toujours le même phénomène : d’abord vous vous laissez abuser puis, seulement ensuite, vous réaliser ce qui vient de se produire. Ce n’est jamais simultané, en somme. Lorsque vous vous faites avoir, c’est toujours parce que la prise de conscience succède à l’acte. Les deux conditions mentales ne sont jamais simultanées. OK, mais pourquoi ? Déjà, parce que vous ne pouvez pas penser et être conscient en même temps ! Lorsque nous pensons, notre conscience se résume au contenu formel de la pensée.

 

Autrement dit, le niveau de conscience correspond parfaitement à celui permit par les processus mentaux en cours. Ce n’est que lorsque les processus mentaux cessent, que la conscience peut alors prendre le relais. Mais les deux, pensées et conscience ne peuvent pas se manifester en même temps. Vous pourriez commettre dès lors une erreur assez grossière, bien plus grave que le simple fait de vous faire avoir, comme on dit. Erreur consistant à vouloir comprendre, d’un point de vue purement humain, comment et pourquoi vous vous êtes fait ainsi avoir. En présentant le problème en partant de la prémisse négative au possible que l’on a abusé de vous, de votre mental, de votre intelligence, même, vous risquez seulement d’arriver à de très désagréables conclusions.

 

Conclusions qui, en plus d’être désagréables, seront tout à fait fausses ! En effet, quel pourraient bien être vos conclusions, partant de la prémisse risquée que vous vous faites souvent avoir ? Une des plus accessibles, à ce niveau de conscience, est par exemple, que vous êtes trop « naïf », comme on dit. Et qu’est-ce que la naïveté, en fin de compte ? Selon nos actuels critères de jugement, quelqu’un de naïf est quelqu’un qui croit très facilement tout ce qu’on lui dit. Ensuite, vous allez essayer de comprendre qu’est-ce qui pousse une personne telle que vous à tout prendre « pour argent comptant », à tout « gober », comme disent certains ? Et en conclusion disons « logique » de cette prémisse que vous êtes naïf, vous allez en déduire que cette naïveté vous rend incapable de juger sainement, vous endort ou pire, vous transforme en un idiot véritable.

Et cela parce que vous êtes partis de vous, en fait ! Et d’où auriez-vous pu partir, sinon de vous, puisque c’est vous qui vous êtes fait avoir ? Pour le comprendre, vous devrez toujours vous souvenir de ces deux sentences pourtant bien connues : la première qui énonce que « Tout est double », toujours ! Et la seconde qui ajoute « Qu’il ne vous arrive jamais rien à vous » !

 

A présent, présentons l’idée sous un autre angle. Que s’est-il passé au juste ? Nous avions d’un côté vous, qui avez foi en la vie, voire en les autres, qui êtes positif et qui savez que tout s’arrange toujours pour votre seul bénéfice. En clair, de votre côté, nous avons un véritable initié, confiant en cet univers duquel il fait partie intégrante. D’un autre côté, nous avions une personnalité en souffrance qui s’imagine toujours qu’il n’y a pas assez de bonnes choses dans son petit univers mesquin qui se résume à sa façon médiocre de penser et donc, de ressentir et de vivre.

Pour une telle personne, pour obtenir une chose, un autre doit la perdre, car il n’y a pas assez pour tout le monde, voyez-vous ? En lui, point de générosité, de confiance en l’humanité ou même en Dieu. Cette personne croit fermement que si elle ne vole pas à autrui ce qu’elle convoite, jamais cet autrui ne partagera quoi que ce soit avec elle. Il lui faut donc, tromper, trahir et, en un mot, manipuler autrui afin d’obtenir ce qui lui paraît nécessaire à sa survie.

 

Mais comme il s’agit d’un état d’esprit invariable, quoique puisse posséder ou voler cette personne, elle continuera de se croire « en manque. » A présent, amusons-nous à comparer ces deux états d’esprit opposés et, hélas, complémentaires, et posons-nous cette judicieuse question : Lequel de ces deux état d’esprit est le plus enviable ? Montrons-nous plus radical encore en ajoutant cette seconde question : Attendu que la vie humaine incarnée est courte mais que l’âme peut vivre éternellement dans l’état d’esprit qui est actuellement le sien, lequel de ces deux états d’esprit j’ai envie de vivre, durant des millénaires, de l’Autre Côté du Voile ?

Que nous apprend cette courte démonstration ? En premier, que nous commettons l’erreur de confondre des qualités spirituelles très rares avec un quelconque défaut, voire une tare purement humaine. En second elle nous explique l’origine de notre erreur de base : nous partons de nous au lieu de partir du contexte, c’est-à-dire de l’extérieur et des autres.

Pourquoi auriez-vous honte d’être plus évolués que la moyenne ? La honte ne devrait-elle pas être du côté de celui qui vit dans un état de misère morale telle, qu’il se sent obligé de tromper son prochain dès qu’il s’imagine le voir ? Mais que voit-il en fait, si ce n’est une excuse extérieure pour cautionner tout ce qui se trouve déjà dans sa petite tête ? Aimeriez-vous être à la place de ce pauvre diable ? Préfèreriez-vous vous produire au travers de son état d’esprit pitoyable ? Réfléchissez bien !

Vous n’êtes pas naïfs : vous êtes juste encore très inconscient de votre véritable valeur. De même, vous n’êtes pas « victime de la vindicte d’autrui » : vous êtes seulement victime d’une croyance que partage encore, hélas et toujours, la plupart des spiritualistes du monde ! Quelle est cette croyance ? Pour réussir à la comprendre vraiment, complètement et parfaitement, nous devons tout d’abord revenir à cet axiome bien connu : « Tout est double. »

Si « Tout est double », toujours, croyez-vous vraiment que la fameuse naïveté dont vous pourriez croire être atteint, se rapporte exclusivement aux autres et donc, au monde extérieur, à la Matrice artificielle ? Si vous le croyez, cessez immédiatement de le croire ! Car sinon, vous voici plus en danger encore que lorsque vous devez faire face à la décrépitude mentale d’autrui ! Ce qui se produit apparemment « au-dehors » se produit en vérité « au-dedans », la projection extérieure nécessitant obligatoirement un projecteur et un film à projeter. Et film et projecteur ne peuvent se trouver qu’en nous. Le projecteur, c’est simplement notre pouvoir de nous faire ressentir et vivre l’essentiel de ce que nous pensons. Cela n’est en rien une malédiction, bien au contraire !

Sans ce Jeu de projection mentale, nous ne pourrions jamais expérimenter vraiment la valeur, pour nous, de nos processus mentaux et des émotions qu’ils font naître. En clair, c’est parce que nous goûterons toujours au contenu de nos pensées, que nous réussirons à faire le choix entre ce qu’il est préférable de penser et ce qu’il vaudrait mieux éviter de penser. Rien de bien compliqué. Cela dit, si ce qui nous arrive au-dehors est semblable à ce qui se produit au-dedans mais à notre insu, la plupart du temps, alors qui est le supposé « Naïf » et qui est le supposé abuseur de confiance ?

 

C’est à ce niveau que les choses deviennent vraiment intéressantes pour nous, chercheurs de vérités. En effet, se dire que ce sont les autres qui ont un problème, en plus d’être quelque peu risqué, peut s’avérer à la longue lassant. OK, les autres sont de vilains pas beaux, et après ? Est-ce que ça fait d nous des personnes plus belles ou meilleures ? Mais quand nous conduisons notre petite enquête spirituelle vers nos profondeurs animiques, cela devient tout de suite plus précis et, surtout, plus rentable pour notre vie, présente et future. Nous avons déjà défini qu’il n’y avait aucune naïveté dans le fait de posséder un esprit pur et sain, à savoir sans crainte ni vision négative d’autrui. Il serait hautement préjudiciable de croire que le fait d’être de belles âmes au contenu lumineux et sain, consiste en une quelconque tare !

 

En partant de cette prémisse, aucun enfant n’est vraiment naïf. Il est simplement confiant en la vie et en tout ce qu’elle lui propose de vivre. Il s’agit de l’un des plus puissants de nos fondamentaux spirituels ! N’oublions jamais qui nous sommes vraiment et, surtout, qui nous pouvons être et cela, pour l’éternité ! Fort bien ! Dans ce cas, nous allons partir de la prémisse plus sérieuse que Cela qui peut éventuellement se faire berner, en nous… Eh bien, c’est nous ! C’est le Soi, ce que nous sommes vraiment, indépendamment de toutes les idées loufoques ou diaboliques qui peuvent éventuellement peupler notre mental humain. Il ne nous viendrait pas à l’idée de traiter notre Conscience Intérieure de naïve, n’est-ce pas ? Cela parce qu’elle n’a pas à croire quoi que ce soit mais a juste à incarner, pour ainsi dire, la confiance en sa propre divinité.

 

Partant, qui jouera donc le rôle de l’abuseur, du trompeur, du Diable et de Satan, à savoir le rôle peut enviable de celui qui nous oriente là où nous ne pourrions pas aller ou qui résiste à notre pureté sacrée ? Contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas le mental qu’il nous faut diaboliser mais plutôt son contenu ! Et que contient notre mental ? Réponse : des pensées qui ne sont que bien rarement « à nous » ni même « pour nous » (pour notre bénéfice, donc.) Et en quoi consiste l’acte d’être abusé ? Réponse : il se résume à cet acte sacrilège qui consiste à s’identifier avec ce contenu formel de notre mental. Nous ne sommes ni naïfs ni crétins : nous commettons simplement l’erreur de croire que c’est nous qui pensons. Du moins, durant le laps de temps où nous sommes pleinement identifié à nos processus mentaux.

Puis, juste à la suite, nous réalisons que ces mêmes processus mentaux sont d’un degré de médiocrité épouvantable ! Alors nous entrons en dépression, car nous sommes persuadés que c’est bien nous qui pensons ainsi et que, forcément, nous sommes tel que nous décrivent nos propres pensées ! Voyez-vous le piège ? Le voyez-vous vraiment ce piège ? Si c’est le cas, vous venez tout juste de percer le secret de l’incarnation humaine ! Si ce n’est pas encore le cas, vous venez juste de comprendre comment et par quoi vous vous faites régulièrement piéger. Mais il vous reste encore non pas à comprendre mais à en accepter l’idée.

 

C’est là qu’une forme de peur atavique peut faire son apparition et paralyser les plus courageux d’entre nous ! Mais, si je ne suis pas tout ce que je pense et croit, alors que c’est justement ça qui me personnalise, me caractérise, me distingue de tout le reste et de tous les autres, qui suis-je ou que suis-je ? La réponse est évidente : nous sommes tout ce que nous voulons ou désirons être, tour à tour mais pas simultanément. Mais pour cela, nous ne devons pas croire que nous sommes ceci ou bien cela de précis et de durable, car dans ce cas, notre vie et notre bonheur même dépendront du contenu formel de l’état d’esprit avec lequel nous avons commit l’erreur de nous associer puis de nous identifier.

 

Serge Baccino