La psy éso et les psy éso

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La psy éso et les psy éso

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître à une personne intelligente et rationnelle de ce siècle, vingt et unième du nom, il se trouve encore des personnes qui commettent l’erreur grossière de juger d’une chose à travers celles et ceux qui la représentent. Imaginez seulement si les autres peuples de cette planète, jugeaient la France à la capacité de notre gouvernement à prendre soin intelligemment de son peuple ! Nous serions dans de beaux draps et considérés d’une manière que je préfère épargner à la sensibilité réputée de certains de mes lecteurs ! Dans ce cas et puisque nous y sommes, pourquoi ne pas juger du métier honorable de menuisier, en se fiant au fait qu’au moins deux menuisiers que nous connaissons, trompent leur femme et sont malhonnêtes lorsqu’ils présentent un devis avant travaux ?

Et la mécanique auto, alors : parlons-en ! Elle doit être très mal vue, puisqu’il est dit qu’un garagiste sur trois, environ, gonfle ses factures et vole sa clientèle ! Voyons ce que nous pourrions penser d’un maçon… Est-il assez franc ? (sic) Et le métier d’égoutier ? Il doit être redoutable et très méchant, puisque ceux qui le pratiquent sentent mauvais six à huit heures par jour !

 

Je pourrais continuer très longtemps de la sorte, mais il me semble que les plus intelligents ont déjà compris où je désirais les amener, en m’armant, pour se faire, de cet humour décalé ou de seconde zone, dont je semble vouloir user, sans aucune retenue dans mes écrits, depuis pas loin de trente-huit ans à présent. Mais nonobstant cette outrecuidance littéraire qui a valu quelques crises cardiaques aux évêques du Vatican, où est-ce que je désire vraiment en arriver ? Car si – comme je le souligne sans vergogne – les plus intelligents ont sans doute déjà compris, qu’en est-il des autres ? Je désire en arriver à ceci :

Est-ce qu’il est vraiment rationnel, honnête et digne d’une personne supposée éclairée, de juger la psychologie ésotérique, en se fiant au comportement de l’un quelconque de ses étudiants, fut-il de ceux qui ont terminé les trois années d’étude générales ?

 

N‘avons-nous pas le droit, chacune, chacun, à une personnalité et à un caractère uniques et donc distincts de ceux de tous les autres ? Qui oserait affirmer que tous les étudiants de la psy éso sont soit tous cons, comme ce n’est pas Dieu permis, soit tous brillants et très évolués ? Dans les deux cas, ce type de jugement à l’emporte-pièce en dirait bien plus long sur celui qui s’y essayerait que sur ceux qui sont censés être concernés ou visés par ces propos ! Personne n’est « tout blanc » et donc, personne n’est « tout noir » : l’ignoriez-vous encore ? Vraiment ? Bien sûr, certaines puissances qualifiées « d’occultes » – et non madame, ce n’est pas un gros mot – aimeraient bien que nous devenions tous « égaux », ceci dans le sens que nous en arrivions, tous, tant que nous sommes, à nous ressembler comme se ressemblent les moutons. C’est pratique, des moutons : ça ne pense pas et ça ne fait jamais grève ! En plus, très peu de détails permettent de distinguer un mouton d’un autre. Sauf si on est le berger. Les bergers savent tout de leurs moutons et tous doivent bêler de concert ou bien se taire.

 

À l’évidence, quelques-uns adoreraient devenir « nos bergers » ou bien s’imaginent qu’ils le sont déjà, si vous voyez ce que je veux dire. Sinon, suivez mon regard ! Ainsi, le fait d’être un personnage unique, avec ses traits de caractère tout aussi uniques, est plus un signe de bonne santé mentale et donc, d’équilibre psychologique, que le fait de ressembler comme deux gouttes d’eau à telle ou telle autre adepte d’une même philosophie. À moins que le but inavoué soit de conduire chacun à se justifier à propos de qui il ose être, sans le consentement signé de ses (plus trop) « semblables » ? On pourrait en arriver à se questionner à ce propos. Mais le français moyen, parfois très moyen même, depuis quelques décennies, ne sait plus trop sur quel pied danser, ni même s’il sait lui-même où il a mal !

Mais jugez plutôt. S’il trouve plus de deux ou trois personnes qui pensent pareil, il crie « à la secte » et se fait un devoir de dénoncer ce qu’il prétend réprouver. Très bien, c’est un avis qui pourrait se défendre et être aussi respectable qu’un autre… Si ce n’est que dès qu’il trouve également plus de deux ou trois personnes qui pensent et agissent différemment, il crie également « à la secte ! »

 

Il faudrait un peu réussir à s’entendre, là, les gars ! On est dans une secte lorsque tous les adhérents à cette dernière pensent pareil ou la même chose, ou on est plutôt dans une secte lorsque chacun des ses adhérents a le toupet d’adopter un caractère différent de celui de tous les autres ? Nous en arriverions presque à penser que ce sont ces personnages soucieux de juger, voire de condamner les autres, qui font partie de « la secte de ceux qui n’autorisent pas les autres à être comme ils sont » ! Tiens, je lance l’idée, si quelque gourou d’opérette mais lui aussi en manque de reconnaissance, comme nos « lanceurs de jugements sectaires », cherchent à créer une nouvelle secte mais n’a pas le début d’une once d’idée au sujet du thème à proposer à ses ouailles ! Ben quoi ? On peut s’entre aider, entre humains, non ? Bon, OK, encore faudrait-il en trouver, des gens qui soient vraiment humains, dans toute l’acception du terme.

Mais ne soyons pas mesquins inutilement ! Puisque la mode est désormais au « Parti Nasillard d’estres qui aiment l’adroite », (comme on pourrait le dire en vieux français) dans lequel chacun peu en mettre plein la gueule à qui il a envie, pourquoi ne pas faire l’inverse, juste pour faire suer son prochain, et refiler des idées à tous ceux qui en manquent mais désirent eux aussi pouvoir nuire à leur prochain en toute tranquillité ?

 

Mais trêve d’humour au rabais : mon idée était de faire réfléchir mes lecteurs les plus fidèles et attentifs, au sujet de cette manie de ne plus permettre à l’autre d’être « semblable » ou « différent » à volonté ou du moins, à sa guise. J’oserais même avancer une idée, plus qu’une condamnation, laissant aux concernés le soin d’user de la seconde formule qui semble les ravir : Ceux qui reprochent aux autres d’être « trop ceci » ou « pas assez cela », sont très certainement des personnes qui ont peur de se retrouver seules, puisque les seules à être elles-mêmes. Il est clair que si tous ces intolérants (et pas qu’au lactose) avaient le pouvoir de transformer les autres, ils les transformeraient en ce qu’ils sont eux-mêmes. Autrement dit et pour aller au plus simple, l’intolérant aimerait que tous les autres soient ou deviennent comme lui !

Le problème, si un intolérant parvenait à ses fins, c’est qu’il se retrouverait en présence de nombreuses personnes pensant la même chose ou de la même manière unique, puisque toutes penseraient alors comme lui ! Voilà qui serait ballot, puisque du même coup, il devrait se remettre à les critiquer tous, voire à crier « à la secte ! » Une secte dont il serait devenu l’unique gourou ! N’est-ce pas amusant, finalement ?

 

Serge Baccino