Réputation, gens ordinaires et gens normaux

Getting your Trinity Audio player ready...

Réputation, gens ordinaires et gens normaux

 

L’être humain moderne est très sensible à la réputation. Plus exactement, à ce qu’il considère comme étant « sa réputation. » Il part donc du principe qu’il détient un quelconque pouvoir sur ce que les autres pensent puis disent de lui. Il va donc non seulement faire en sorte de ne pas « salir » sa réputation mais de plus, il fera tout pour qu’elle soit la meilleure possible. Et cela parce qu’il s’imagine toujours être capable de contrôler l’avis des uns et des autres à son propre sujet. Pourtant, même un imbécile comprend et admet qu’un chanteur, par exemple, ne peut pas décréter qu’il a du succès et qu’il vend beaucoup de disques, ce qui le rendra aussi célèbre que riche. Pour toutes ces choses, un chanteur a besoin de l’avis du public : c’est ce même public qui décidera si le chanteur est « bon » et s’il convient d’acheter ses disques ou pas.

 

Bien sûr, dans le monde du showbiz comme dans bien d’autres, il est possible de « manipuler l’opinion publique », autrement dit, de faire admettre à une certaine catégorie gens, sans en avoir l’air évidemment, que tel chanteur doit être aimé et ses disques achetés. Sous peine de ringardise galopante et hautement avilissante. Que l’on nomme cela publicité, marketing ou tout autre nom à consonance étrangère que l’on souhaite, le résultat final reste le même : les gens sont facilement manipulables et donc, sont facilement manipulés. Le tout est de réussir à leur faire croire que ce sont eux qui décident, qu’ils ont « le pouvoir » et autres fariboles mystico-religieuses du même genre.

L’homme a grand besoin de se sentir « important », car il n’arrête pas de vivre, pour ne pas dire de subir, des évènements qui lui prouvent, tout au long de son existence, qu’il n’a aucun pouvoir sur rien ni sur personne. Et la chose est si évidente en soi, qu’il faut être soit un imbécile heureux de première, un « totalement adapté social », ou bien n’avoir aucune envie de reconnaître une vérité qui serait ensuite bien trop lourde et cruelle à supporter.

À chacun de choisir l’option qui lui convient le mieux. Car accepter la vérité revient à accueillir également tout ce qu’elle implique par ailleurs. Par exemple, le mari trompé qui accepte les faits et donc, la vérité, va se croire obligé « d’agir » et se jugera lui-même très sévèrement s’il ne s’exécute pas.

 

Pourtant, et là encore, à quel moment pouvons-nous réellement parler « d’action » quand on passe sa vie à RÉAGIR, de peur de devoir AGIR ? Action est synonyme d’initialisation : « Tirez les premiers, Messieurs les anglais ! » Cette phrase n’est pas seulement célèbre : elle semble être faite pour célébrer la lâcheté morale des habitants d’un certain pays qu’il est inutile de nommer. Celui qui ne fait que RÉPONDRE aux injonctions de la vie, que ce soit sous la forme d’évènements ou de l’action d’un tiers, n’agit pas, n’agit jamais. Il ne fait que réagir à des stimuli qui arrivent à point nommé pour l’empêcher de s’endormir dans sa propre vie. Et comme le peuple adore dormir, n’est-ce pas.

 

Alors, nous avons d’un côté des gens qui redoutent comme la peste que d’autres décident de leur destin, pour eux et à leur place, démontrant ainsi, s’il le fallait encore, à quel point ils se savent impuissants, et de l’autre, mais dans la catégorie de ces mêmes gens (voir plus loin), d’autres gens qui s’imaginent détenir le pouvoir de décision. Cela parce que leur programme (ou schéma) mental intime a été écrit dans ce but unique. Par tout autre qu’eux s’entend ! Alors ces gens-là se mettent à s’occuper de la vie des autres. Ce qui est compréhensible au vu de la qualité de la leur. Et s’imaginant « en avoir le pouvoir », se mettent à « décider » de la valeur d’autrui, sans réaliser que cette manière de penser puis de vivre, fait d’eux des personnages aussi invalides, mentalement, qu’inaptes à la vie en une véritable société humaine.

 

En clair, nous n’avons pas deux sortes de gens mais les deux pôles opposés mais ô combien complémentaires d’une seule et même catégorie de gens. Le pôle négatif, de Genre Féminin et passif, est formé par ceux qui s’imaginent que ce sont les autres qui ont leur destinée entre leurs mains. Disons-le ainsi et pour résumer seulement. Quant au pôle positif, de Genre Masculin et de type actif, nous dirons qu’il est formé par ceux qui s’imaginent avoir un ascendant sur les autres. Et comme la vie est parfois cruelle, elle offre à cette seconde polarité, la joie indicible de ne rencontrer que des personnes du pôle opposé.

Ce qui aggrave, si cela pouvait être encore possible, la programmation présente en chacun des deux pôles opposés, offrant à chacun une excuse supplémentaire pour être convaincu des faits. Faits se résumant, pour les uns, à CROIRE que l’avis de ceux qui ont le pouvoir est important, et pour les autres, à CROIRE qu’ils sont effectivement très importants.

 

C’est le principe des élections communales, par exemple. Au départ, le préposé à la mairie ne sait plus comment faire pour obtenir des électeurs, parce que le jeu qu’il joue et qui semble lui plaire, consiste à CROIRE que les autres peuvent l’élire ou non. Alors il ne sait plus de quel artifice user pour se vendre et pour se faire aimer. Ce qui porte un nom il me semble, enfin passons. Mais une fois élu, Ô, miracle, c’est lui qui réclame les honneurs, qui se fait appeler « Monsieur le Maire », qui agrée la moindre courbette et qui, éventuellement, peut accorder ou non, quelque avantage à « ses gens », situés désormais et comme il se doit, sur une échelle sociale située en dessous de la sienne, évidemment. Du moins pour quelques malheureuses années ! Puis le jeu de séduction, aussi misérable qu’avilissant, reprend de plus belle ! Il en va de même de tout gouvernement faisant mine de se la jouer « démocratie », comme si les deux pouvaient être compatibles !

 

Le plus amusant, c’est que si on écoute parler les gens, cette sorte de gens, d’ailleurs, personne ne semble supporter la seule idée ou présence d’une quelconque hiérarchie ! Tous sont aussi libres que le vent, plus indépendants que les oiseaux. Du moins ont-ils plaisir à LE CROIRE et assez peu d’amour-propre pour y arriver gaiement. On sait très bien que dans le monde du travail, par exemple, l’ouvrier mettra « un point d’honneur » à tout faire pour avoir « une bonne réputation » auprès de son employeur, tandis que ce dernier fera de son mieux pour que l’on pense de lui ce que tout employeur adore que l’on pense de lui.

Et ce n’est pas en rapport avec l’amour ou le respect, mais plutôt avec la crainte révérencieuse qu’implique automatiquement son « statut social. » Et tant que l’employeur « joue le jeu », à savoir qu’il ne vire pas son employé, ce dernier fera tout pour ne pas s’intéresser à sa réelle situation. Mais si l’employeur impose à ses employés de CONSTATER à quel point ils ne sont à ses yeux que denrées périssables (licenciement), alors là c’est la guerre ! Une guerre qui n’est pas faite pour défendre de supposés « droits sociaux » n’existant que sur le papier (toilette, surement) mais bien dans l’espoir de faire chèrement payer à l’employeur d’avoir réussi à mettre la tête de ses employés dans leurs propres latrines.

 

Mais laissons les exemples, qui ne manquent pas, et progressons rapidement dans la suite de notre analyse sociale ou psychologique, ce qui revient au même. La première catégorie de gens, divisée, comme toutes choses, en deux polarités distinctes mais qui insistent pour ne jouer qu’ensemble, est donc composée de gens dits « ordinaires. » Expression qui passerait pour péjorative, si les susmentionnés ne faisaient pas tout pour se manquer de respect à eux-mêmes. Et avec une application et un taux de réussite que d’autres pourraient leur envier. Pour mémoire, cette première catégorie, désignée ici comme formant « les gens ordinaires », est composée d’une part de personnes qui croient pouvoir, par leurs paroles et par leurs actes, obtenir puis conserver le contrôle de ce que les autres pensent et disent d’eux, et d’autre part, de personnes qui sont persuadés de détenir le pouvoir de décider de l’avenir d’autrui.

Avouons que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, non ? Nous sommes bien d’accord ! Nous sommes en fait en présence de deux formes de programmations mentales opposées ET surtout, complémentaires. L’une ne pouvant décemment aller sans l’autre ! Pourriez-vous imaginer un bourreau existant sans sa victime et réciproquement ?

 

La vie ne l’imagine pas non plus. Voilà qui tombe bien ! Mais alors, c’est quoi, au juste, ces gens « normaux » ? Quelle est la différence entre eux et les « ordinaires » ? Pour le comprendre, nous avons besoin de revenir au concept de « la réputation. » Imaginons une personne qui apprend des choses peu catholiques au sujet d’un tiers. Elle tient ces informations de quelqu’un d’ordinaire, à savoir soit d’un pôle positif (incarné au mieux par les employeurs) qui sait les dégâts occasionnés par une langue bien pendue, ou même d’un pôle négatif qui, comme à son habitude, se sentant en état d’infériorité (complexes ou autres), fera de son mieux pour « faire descendre » les autres à son propre niveau. L’arme suprême des gens ordinaires, deux polarités confondues, est vous l’avez sans doute compris, LA CALOMNIE. La calomnie a été inventée par les gens ordinaires, afin de contrôler autrui (hommes dits « de pouvoir ») ou pour rabaisser les autres afin qu’ils ne s’imaginent pas « être meilleurs » (comprendre « moins mauvais que la moyenne en activité. »)

Dans les deux cas du type d’humain « ordinaire », le but est soit de « ne pas permettre aux autres d’accéder au pouvoir afin de ne pas avoir à le partager » (pôle positif), soit de « ne jamais permettre aux autres de s’extraire de la tourbe sociale » (dans laquelle trempent et végètent les pôles négatifs.) Une fois ces choses-là comprises, il devient enfantin de comprendre parfaitement la suite.

De la comprendre réellement, et non pas seulement en surface, d’une manière intellectuelle seulement. Une personne qui fait partie des gens ordinaires et qui entend une calomnie, ne va pas chercher à comprendre : elle va, premier exemple (pôle positif) la tenir pour vraie d’office et la mettre de côté, cela dans le but de « la ressortir en temps utile. » C’est la réaction typique d’une personne qui s’imagine encore avoir réellement du pouvoir sur les autres, sur n’importe quel autre, alors que sa croyance ne « fonctionne » (ou n’a d’effet) que sur un type bien spécifique de personnes, celles qui abritent un démon mental de sexe opposé, si je puis me permettre cette facétie.

Second exemple (pôle négatif), une personne entend jouer l’air de la calomnie, elle s’en empare et en use immédiatement ou dès que possible. Le besoin viscéral de maintenir les autres au même niveau qu’elle a raison de tout, y compris de son sens de l’efficacité.

 

À l’inverse du pôle positif qui lui, armé de vice, car poursuivant un but plus pratique bien qu’à long terme, saura se maîtriser le temps nécessaire pour ressortir cet « atout » au moment le plus opportun. Cet état d’esprit (pôle plus), ce choix comportemental, permet au pôle plus d’accumuler bien plus d’énergie que les représentants du pôle opposé. Raison pour laquelle certains occupent des postes que les deux polarités jugent « importants », tandis que d’autres persistent à n’occuper que des postes subalternes. Ce n’est pas une question de « valeur » mais une simple question d’énergie !

Le seul fait d’être capable de conserver « un secret » ou de savoir des choses sans en dilapider le contenu à tous vents, est ce qui permet aux représentants du pôle plus d’avoir assez d’énergie pour réussir à se maintenir à la place qui est la leur et qu’ils ont choisi. Et les gens normaux, dans tout cela ? Eux comme tous les autres, sont scindés en deux polarités aussi opposées que complémentaires.

 

Le pôle négatif et donc PASSIF, va entendre des calomnies et ne va ni les croire « par défaut », ni chercher à contrôler leur degré exact de vérité. En somme, si faute il y a, cela ne le regarde pas et il a déjà fort à faire à tenir ses propres fesses dans un état relatif de propreté, sans aller s’occuper aussi du postérieur d’autrui. Cela dit, s’il ne cautionne pas et ne participe pas, il ne fait rien non plus pour COMPENSER les paroles calomnieuses. Il ne se sent pas concerné et surtout pas intéressé, en somme.

Le pôle positif, nécessairement ACTIF, ne l’entend pas de cette oreille ! Lui déteste la calomnie et méprise ceux qui s’en font les portes-misère (plutôt que « porte-flambeau ») Et sa manière de réagir ressemble à s’y méprendre à une authentique ACTION. Mais comme il est intelligent, plutôt que de s’attaquer directement au mal et à entrer de pleins pieds dans son jeu à la con, il décide, s’il ne connaît pas lui-même la personne victime de calomnie, de la rencontrer puis de la connaître mieux.

 

Pourquoi ? Parce que son intelligence naturelle et sa connaissance du vulgaire (les gens ordinaires) lui permettent de savoir qu’on ne salit jamais les gens sales, seulement ceux dont le vêtement est encore un peu trop immaculé aux yeux de certains. C’est d’ailleurs le réflexe de tout être humain qui se respecte et dont l’intelligence est suffisamment développée, ou dont le niveau d’évolution est suffisamment élevé. Il y a si peu de personnes intéressantes, actuellement ! Et il faudrait laisser ceux qui rampent dans la boue, salir ceux qui marchent en se tenant debout sans rien dire ni faire ? Voilà ce que pense le représentant du pôle positif du type de gens normaux. Le mot « normal » pourrait aussi bien être interprété comme étant « la Norme d’Al », la manière la plus divinement naturelle d’être et de « fonctionner » mentalement.

 

Et si le représentant du pôle positif et donc, actif, entend dire du mal de personnes qu’il connaît et qu’il côtoie, voire qu’il apprécie, comment réagit-il ? Là encore d’une manière intelligente, en plus d’être un peu plus virile il est vrai. S’il se trouve en présence d’un tiers qui déblatère sur une personne qu’il connaît déjà, il va se servir de sa profonde compréhension de l’être humain pour faire aux autres ce qu’ils détesteraient qu’on leur fasse à eux-mêmes mais qu’ils font pourtant aux autres ! En clair, il va jouer avec les démons intimes du calomniateur pour lui mettre la tête dans ses déjections mentales.

Par exemple, il va affirmer : « Décidément, c’est la journée des mensonges ou des calomnies, aujourd’hui ! » Si l’autre, interloqué sur le moment, répond : « Mais ce ne sont ni des mensonges, ni de la calomnie mais la vérité ! » Il rétorquera, l’air embarrassé : « Oui, oui, mais c’est exactement ce que l’autre a dit à ton sujet… » Le gars va être immédiatement ferré, vous pensez bien et s’exclamera, l’air indigné, un truc du genre : « Quoi ? ! On a dit du mal de moi ? Qui a osé ? ! »

Et là, la personne normale ou de pôle plus, va lâcher, d’un air laconique, une phrase perfide en diable du style : « Tu penses bien que je ne vais pas te dire qui a dit ça ! Tu aimerais, toi, que je répète à « X » ce que tu colportes à son sujet ? Alors je ne le fais pas non plus aux autres. »

Et là-dessus, la personne normale clôture la discussion et trouve une excuse ou une autre pour se barrer et laisser l’autre tâche sur place et passablement décontenancée.

 

La nature fera le reste et la personne ordinaire qui adorait tant médire d’autrui, va passer le reste de sa journée à se demander qui a dit du mal d’elle ainsi que ce qui a bien pu être dit sur elle. Certains argueront du fait que ce n’est pas là une façon chrétienne de traiter son prochain, même si celui-ci est passablement gâté de l’intérieur… Ce qui tombe bien, car l’auteur de ces lignes n’est ni un chrétien, ni même un crétin qui se laisse influencer par ce que les autres pensent et disent de lui ! Il n’est pas « supérieur » aux autres : il est normal. Selon lui, ce sont les autres qui se tiennent accroupis en se plaignant qu’il soit « plus grand », alors que lui se contente de se tenir debout, tout simplement.

Puisse ce texte permettre à quelques-uns au moins de quitter le Clan des ordinaires pour venir gonfler le Club des gens normaux et heureux de l’être !

 

Serge Baccino