Sang bleu ou sang Royal

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Sang bleu ou sang Royal

 

Il est parfois question de « sang bleu » ou de « sang royal. » Un certain film moderne traitant de ce sujet a d’ailleurs permis de laisser entendre, à qui sait écouter au-delà des mots, le lien magnifique existant entre le mot latin « Réal » et le mot français « Royal. » Ce qui nous intéresse ici étant le mot « Réal » duquel, et comme par hasard, on a fait le mot « Réalité ». La réalité est donc la forme de prise de conscience qui RÈGNE en maître sur notre vie et qui, forcément, la conditionne peu ou prou.

 

Mais quel rapport avec « le sang bleu » ? Le rapport arrive dès que l’on se positionne mentalement autrement que comme le ferait n’importe quel français, même soucieux du sens premier des mots. Le bleu n’est pas seulement une couleur liée à la royauté, ni même à l’une des trois composantes du drapeau français. Le bleu est avant tout la couleur de la Conscience. Plus précisément, de la Conscience de Soi, et non plus seulement de « la conscience par soi. »

Quelle différence entre « conscience de Soi » et « conscience par soi » ?

 

La première forme de conscience se rapporte au sentiment d’être, à une forme de perception intériorisée qui nous relie à soi-même et non plus aux objets des sens (fonctionnement des 5 sens objectifs.) Nous pouvons très bien être conscients sans pour autant penser ou ressentir quoique ce soit. Également, nous pouvons retourner cette même conscience dite « sans pensées » en direction de soi-même, c’est-à-dire de celui qui, d’ordinaire, est le témoin ou l’observateur de toutes choses, y compris de ses processus mentaux.

 

La seconde forme de conscience se rapporte au fonctionnement usuel de nos cinq sens objectifs (vue, ouïe, etc.,) : nous sommes conscients « par soi », c’est-à-dire que notre conscience est en fait une « prise de conscience », puisqu’elle procède d’un acte d’observation ou d’attention quelconque aux processus de cognition tels que la vue ou l’ouïe, par exemple. Nous ne faisons pas que « voir » ou « entendre » : nous prenons conscience de ce qui est vu ou entendu.

La nuance est importante, car elle seule permet de comprendre la différence exacte entre les deux formes de conscience, l’une étant directe et sans support autre que l’individu lui-même (dite « intérieure »), tandis que la seconde s’appuie essentiellement sur le fonctionnement des sens.

 

Nous savons très bien que nous sommes conscients, n’est-ce pas ? Il ne viendrait à personne l’idée de « ne pas être », d’être pure illusion. La Conscience de Soi est le dernier rempart (obstacle) entre Soi et l’infini. C’est cette conscience-là qui, bien que supérieure à la seconde, consiste en ce qui nous différencie de toutes choses et de tous (ou nous en distingue.) Nous savons « qui nous sommes » (ou croyons être), du seul fait que nous sommes conscients de « tout ce que nous ne sommes pas. » Pour simplifier. En ce sens, notre corps de chair consiste en une limite rassurante nous permettant de savoir où nous finissons et où commenceTout le reste de l’univers !

 

La seconde forme de conscience a besoin de supports extérieurs pour se manifester. Lorsque quelque chose remue ou fait du bruit, cela attire notre attention mentale et nous devenons conscients d’une forme visuelle, d’un son, d’une note de musique, etc. La conscience relative aux objets des sens est dite « rouge » par les psy éso, cela parce que le rouge symbolise l’esprit créateur (le mot hébreu « Adamah » dont on a fait l’Adam biblique, signifie « terre rouge ».)

Le rouge, c’est quand l’esprit est occupé à créer des formes mentales, qu’elles semblent « éthérées » (pensées, idées) ou qu’elles paraissent « solides », comme tout ce qui compose « la matière » qui, nous le savons enfin, est en fait de l’énergie.

 

Mais lorsque l’esprit se contente de vibrer à sa fréquence de base (ou originelle) et qu’il n’est pas occupé à former l’univers et les dieux (sic), sa couleur change et devient… Le bleu ! Le bleu symbolise La Conscience sans pensée et les hindous l’utilisent pour symboliser Shiva ou bien Krishna, par exemple. Shiva est la Conscience hors de toute forme mentale, tandis que Krishna (l’équivalent de notre Christ) symbolise cette même Conscience qui bien que « dans la forme », se distingue d’elle et/ou se manifeste sans être limitée par ce support ponctuel (par exemple une forme humaine.) Ce qui a fait dire au Christ historique (le Maître Jésus) : « Je Suis dans ce Monde mais Je ne Suis pas de ce Monde. »

 

Ainsi, nous pourrions dire, en résumant beaucoup, que l’homme peut être confronté à deux formes différentes de réalités. La première forme est celle qui provient du témoignage de ses cinq sens objectifs. Cette réalité-là est donc limitée puisque relative aux capacités de perception de nos sens physiques. Ces derniers fonctionnant selon un spectre lumineux et vibratoire précis (et donc limité), nous pouvons en effet parler non pas de limitations absolues mais de conditionnement, puisque notre degré de réalité perçue est conditionné par le bon fonctionnement de nos sens. La nuance nous semble intéressante.

 

Bon fonctionnement qui, à son tour, relève d’une moyenne générale humaine. À l’évidence, sont considérés comme « normaux » ou « bons », tous sens objectifs capables de fonctionner selon une fourchette vibratoire correspondant à la capacité de perception moyenne d’un être humain considéré comme sain de corps et d’esprit. Ce qui ne signifie pas pour autant que quelques-uns ne puissent pas « percevoir plus » ou « percevoir autrement » et donc, « autre chose » ! Mais laissons ce détail de côté pour ce qui concerne le présent propos.

 

Le premier niveau de réalité est donc lié au bon fonctionnement de nos sens objectifs et consiste donc à une prise de conscience « par soi » (selon nos capacités propres d’individus) et ne peut offrir, en fin de compte, qu’un NIVEAU de conscience très relatif et donc, limité. Quant au second niveau de Réalité (notez la majuscule au passage), comme il ne s’appuie sur ou ne dépend pas de la qualité de fonctionnement de nos sens, il procède d’un seuil de perception plus libre et donc, plus élaboré. Il est d’ailleurs le seul, des deux, qui permettent d’accéder à… Soi ! Ou de se connaître Soi. À l’inverse du premier, il ne passe par un quelconque intermédiaire et ne dépend donc d’aucun d’entre eux. Il s’agit de la Conscience de Soi et de ce fait, d’un niveau de Conscience supérieur, car orienté vers sa propre source, formant ainsi une sorte de boucle énergétique dont les effets, à long terme, peuvent être proprement spectaculaires. Mais là encore n’est pas le sujet.

 

Et donc ? Le rapport avec le « San-Réal » ou « Le Saint-Graal », puisqu’il s’agit ici de la même chose ? Le rapport devient dès lors plus apparent. Le sang est dit être le véhicule soit de « l’ego » (avec un petit « e »), soit de « l’Ego » (avec un « E » majuscule.) S’il est « rouge », autrement dit, si La Conscience se limite (ou est limitée) aux différents processus mentaux relatifs au fonctionnement des sens objectifs (ego), notre réalité est celle commune à la plupart des êtres humains de notre époque dite « moderne ». Comme c’est la seule forme de réalité qu’ils connaissent, cette réalité devient donc, pour eux, la seule chose qui soit et dont ils puissent être certains. Par extension, la seule chose qui existe et qui soit crédible. On imagine ce que ça peut donner comme résultat.

 

Si le sang est « bleu », autrement dit, si la Conscience se produit d’elle-même et sans support relatif aux cinq sens objectifs (dit aussi « extérieurs »), notre réalité diffère alors grandement de celle de chacun et de tous. Elle devient La Réalité, celle du véritable « Je Suis » (Ego Sum.) Comme cette forme autre de réalité n’est pas commune au plus grand nombre, les premières années, l’individu peut avoir le sentiment d’être seul, isolé ou qu’il n’est plus capable de frayer avec les autres, car devenu incapable de les comprendre ou du moins, d’accepter leur niveau de réalité.

 

Cette étape est TRÈS délicate, car en général, elle pousse l’individu à « rejoindre les rangs », à redevenir une « personne » et, comme on le disait jadis, à « remettre le masque » (Persona, en étrusque, dont on a fait « personnalité », signifie « masque. ») Si l’individu tient bon, s’il ne cède pas au découragement ou à la peur de se retrouver « seul au monde et incompris de tous », l’étape suivante le récompense de sa générosité envers lui-même. Mais ceci est une tout autre histoire…

 

Serge Baccino