Immaturité

Getting your Trinity Audio player ready...

En ésotérisme, on parle d’immaturité (sous-entendu spirituelle ET sociale) lorsque une personne désire une chose qu’un(e) autre possède et qu’il (elle) est prêt(e) à s’emparer de cette chose, sans se soucier le moins du monde des conséquences, à court puis à long terme. Bien sur, le Moi-Idéalisé accourt afin de justifier paroles et actes ! Du moins tente t’il de trouver des excuses « valables » à ses yeux pour compenser la conscience, toujours présente, des dégâts possiblement occasionnés.

 

Preuve s’il en est qu’immaturité et inconscience ne vont pas nécessairement de pair. En fait, l’immaturité est différente de l’inconscience. L’inconscient agit avant de réfléchir et il est du même coup sincère lorsqu’il explique qu’il ne savait pas ce qu’il faisait et en ignorait les implications multiples. Tandis que l’immature (nous mettrons tout au masculin, désormais) est parfaitement conscient de ses décisions et de ce qu’elles impliquent par ailleurs. L’idée est bien plus de les justifier pour compenser, que de chercher à prendre conscience des éléments en présence et de ce que certaines combinaisons inopportunes vont occasionner.

 

L’immature désire une chose, il sait pertinemment que son désir coûtera de la souffrance pour autrui mais il n’en a cure, pensant tout d’abord puis ensuite uniquement à lui et se moquant des effets ultérieurs sur autrui, « comme de l’an quarante », comme on disait jadis et en Provence. Sa réflexion est donc tout ce que l’on veut, sauf inconsciente, justement, car elle inclut les véritables conséquences. L’immature sait pertinemment le mal qu’il va produire mais ne s’en inquiète nullement. Son seul souci ainsi que sa seule réflexion, consistent à savoir ce que ça pourrait bien lui coûter à lui. Quant aux autres, peu lui chaut !

 

L’immature agit et jette ses filets dans le Grand lac de la vie (en particulier des autres), dès qu’il est assuré de ne pas avoir à en payer le prix. Le prix social il va de soi. L’immaturité n’est donc pas un gage de manque d’intelligence ou d’instruction, bien au contraire. L’immature n’est pas impulsif comme l’on pourrait s’y attendre. Du moins, pas au niveau de ses actes qui eux, sont toujours réfléchis. Si impulsivité il y a, elle se situe au niveau de ses désirs. Désirs sur lesquels l’immature n’a aucune prise, aucun contrôle et donc, aucun pouvoir. Cela l’oblige, pour compenser et surtout, pour ne pas avoir à en prendre conscience plus que de raison, de prendre le contrôle de la vie des autres.

 

Ainsi, l’immature est-il toujours fort bien entouré, lorsqu’il n’est pas carrément le chef de quelque bande, constituée de personnes faibles de caractère et en recherche de principe directeur autre que le leur, évidemment. L’immature semble très actif mais en vérité, il fait bosser les autres pour lui et à sa place. Son mot d’ordre pourrait aussi bien être : « ce qui est à vous est désormais à moi. » Dès lors, l’immature se reconnaît au fait probant qu’il ne crée rien, n’initialise rien et ne possède, en vérité, que ce que possèdent les autres. L’immature ne prend pas « une » femme pour épouse : il prend la femme d’un autre et comme la place dépolarise ses actes d’immaturité, il est bien obligé d’en virer une pour en prendre ensuite une autre, et ainsi de suite. Ou ce sont elles qui s’en vont pour céder la place.

 

Ceci n’est pas réfléchi mais la conséquence d’un besoin compulsif de ne pas devenir une victime d’immatures à son tour ! Si l’immature se mariait, par exemple, un autre immature pourrait bien lui faire subir ce que lui n’hésiterait certes pas à faire subir à un autre. Ce qui serait insupportable, car seul l’immature a le droit, voire le devoir, de prendre ce que d’autres possèdent déjà. Du coup, l’immature est condamné, et c’est lui-même qui se condamne ainsi, à ne jamais rien posséder vraiment. S’il en était autrement, ce prédateur social se transformerait alors en victime. Ce qui n’est absolument pas possible, en l’occurrence.

 

Celui qui ne possède rien peut prendre tout aux autres mais rien se faire prendre à son tour. Agissant de la sorte (empêcher un juste retour des choses), l’immature se promet à lui-même « des lendemains qui chantent » ! A savoir que violant à chaque fois la Loi dans sa demi polarité (Retour de bâton), ces mêmes « Retours » séparés injustement de leurs « Allers », s’accumulent au-dessus de sa tête et jusque dans son aura. Et la Loi n’a ensuite de cesse que d’attendre le moment où tous ces « Retours » inexploités (car autant d’apprentissages en souffrance), s’effectueront en même temps et sur un très cours laps de temps.

 

Seule l’intelligence, dévoyée, certes, mais intelligence tout de même de l’immature, permet que ce « Moment » de juste retour des choses (« Tout est double ») soit retardé au maximum. Mais même ce qui retarde finit par ne plus retarder et l’heure juste se met à sonner à l’horloge biologique de tous et de chacun. L’immaturité n’est pas un gage de sécurité, loin de là ! Il s’agit juste d’une méthode permettant de faire reculer un peu plus et à chaque fois, l’inéluctable, qui comme son nom l’indique, ne saurait être éternellement remis à plus tard. De toute manière, tous les plus tard se combinent un jour en un extraordinaire et retentissant « Maintenant. »

 

Mais au fait, d’où provient l’immaturité (spirituelle et donc forcément sociale, par extension) ? Quelle en est l’origine, l’histoire, si historique il y a ? Nous laisserons de côté l’historique, pour cette fois, n’ayant ni le temps ni l’envie de débattre jusqu’à satiété, d’un si triste sujet. Nous ne retiendrons que son origine psychologique (et non linéaire ou temporelle.)

Si le terme d’Immaturité a été finalement retenu, malgré quelques connotations inévitables, telle que le fait supposé d’être « irréfléchi », ce n’est pas non plus par pur hasard ou sens pratique. La véritable immaturité ne s’adresse pas aux gens irréfléchis ou même, peu évolués et donc « un peu justes », mentalement. Bien au contraire ! Pour être Immature, il faut connaître toutes ces choses qui font d’un animal supérieur un homme véritable, mais choisir délibérément de les ignorer toutes ou peu s’en faut.

 

Mais pourquoi ? L’Immature n’a pas manqué de tout, contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord : il en a eut seulement le sentiment ! Ce qui est très différent. Ce désir de s’approprier illégalement ce que d’autres « osent » posséder en toute légitimité (et engagement) sans partager avec lui (alors qu’ils ne le méritent pas, n’est-ce pas), pousse l’immature à ne convoiter que la richesse des autres, pas celle accessible par ailleurs et en attente de légitimes possesseurs.

 

Ce simple « détails » devrait pouvoir mettre « la puce à l’oreille » de n’importe quel psychologue (non professionnel) qui se respectent ! Pourquoi ne viser que la propriété d’autrui ? La réponse coule de source : parce qu’étant jeune, le futur Immature en est arrivé à la conclusion définitive que la vie ainsi que les autres, lui refusent constamment ce qu’il mérite « de droit », à savoir ce qui était déjà à lui mais que l’on a refusé de lui transmettre.

Et comme on ne peut s’en prendre à la vie ni lui dérober quoi que ce soit, que reste t’il si ce n’est… Autrui ? Mais pas n’importe quels « autres » ! Seulement celles et ceux qui possèdent déjà ce que l’immature désire, ce dont il a besoin pour vivre et pour faire mine d’être heureux.

 

Hélas ! L’état d’esprit qui est à la base de cette quête incessante des trésors d’autrui, contient pour ainsi dire sa propre « punition » : la personne ne possèdera jamais rien qui soit vraiment à elle et devra éternellement prendre de force tout ce qu’elle ne possède pas. Et comme elle ne possèdera jamais rien, elle prendra toujours tout aux autres. En fait, elle prendra de plus en plus, ce qui serait plus exact. Il y a donc augmentation du pouvoir du conditionnement mental (compulsion) et non pas diminution, comme l’on pourrait s’y attendre. En effet, celui qui réussit à posséder une chose ne devrait plus la convoiter une fois cette chose acquise, n’est-ce pas ? Voilà qui devrait être médité.

 

En vérité, l’idée réelle (le schéma mental réel, voir plus loin) cachée sous l’idée prémisse (« les autre possèdent ce qui me revient de droit ») fera que la personne souffrant d’immaturité, ne sera JAMAIS satisfaite. Son vrai but n’est pas tant de « posséder » que de « récupérer », si l’on puis dire ! Et si posséder peut avoir une quelconque fin, « le sentiment de manque » n’en a aucune ! Même en prenant tout ce que les autres possèdent, l’idée de MANQUE, cruelle s’il en est, demeurera et cela, quoiqu’il arrive. Ainsi, l’Immature ne pourra jamais être heureux, même marié, même avec des enfants, même riche à milliards, etc. Toujours, il aura cette impression terrible que les autres lui doivent encore et toujours quelque chose.

 

Et il sera éternellement en quête de ce quelque chose. Et comme l’esprit possèdent tout, alors l’immature tentera, en fin de compte de posséder l’esprit ! Et là, c’est l’esprit qui le possèdera. Alors l’immature réalisera l’origine secrète de sa quête à sa finalité plus qu’improbable. Il ne voulait pas « tout ce que possèdent les autres », mais bien « Tout ce que possède l’esprit. » Et ce sentiment terrible de « manque » provenait seulement d’une ignorance des faits. La personne se croyait encore DISTINCTE de l’esprit, ce qui lui donnait cette impression de vide ou de manque.

Mais lorsqu’elle réalise qu’elle est déjà l’esprit, qu’elle n’a donc pas à le devenir, elle comprend du même coup qu’elle possède déjà tout, et qu’en volant « les autres » (dont l’image plus que faussée n’existent que dans sa conscience), elle se volait en fait elle-même. D’où le sentiment de « perte », de « vide » et donc, de MANQUE. Cette prise de conscience est la seule chance, pour un immature, de s’extraire de ce Cercle Vicieux Autogène.

 

Serge Baccino

Tous droits réservés – © 2014 – 2019

(Merci de citer origine et auteur si vous utilisez ce texte.)