Peur de vivre et de s’assumer

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Peur de vivre et de s’assumer

 

Les jeunes gens de notre époque ont beaucoup de mal à gérer le libre arbitre et à s’assumer, sans pour autant empiéter sur la liberté et les responsabilités d’autrui. Ce qui est normal, vu que non seulement on ne leur a jamais permis de décider librement mais que de plus, n’ayant jamais été aux commandes d’eux-mêmes (école, éducation puis boulot), il n’ont jamais eu à assumer quoi que ce soit. Mais tous ne réagissent pas pareil, car tous ne gèrent pas leur peur de vivre de la même manière. Les uns vont devenir ce que l’on nomme communément « de grandes gueules », des soit-disant meneurs, mais qui, au font d’eux, sont tout autant incapables de choix et de responsabilité qu’avant.

Les autres vont choisir la voix « reposante » et continuer à se faire assumer, sans faire de vague et sans exiger quoi que ce soit.

 

Les deux versions, que nous nommerons ici et pour simplifier, l’active et la passive, sont aussi nulle à ch… L’une que l’autre ! La troisième version, qui est évidemment inconnue de tous, parents, éducateurs et patrons compris, est plus facile à vivre qu’à expliquer, attendu qu’elle n’a jamais été usitée. Et nul ne songerait à orienter délibérément les jeunes dans cette direction ! Autant créer des individualités impossible à gérer ensuite et donc, totalement libres, ou plus exactement, dangereusement libres, dans un monde où des gens qui s’imaginent « puissants », tentent de régenter d’autres personnes qui, comble de bonheur pour les premiers, s’imaginent faibles et dans le besoin le plus complet d’aide et de direction.

 

Mais en quoi consiste cette troisième faction de personnalités humaines ? En gros, elle consiste à s’entrainer à ne faire que ce que l’on ne sait pas faire et à ne plus faire ce que l’on sait déjà faire. Grosso Merdo ! Par exemple, on n’a pas été habitué à se démerder seuls ? Alors on ne fait que ça, allant même jusqu’à refuser d’être aidé ou même conseillé ! On sait faire une chose parfaitement ou presque ? Alors c’est classé : on évite le plus possible de devoir la faire, afin de ne pas risquer de s’endormir sur ses lauriers !

 

Le plus difficile, pour les jeunes, c’est de se passer de papa/maman !
Pourquoi ? La réponse est évidente ! Comme ils n’ont jamais appris à se débrouiller seuls, dès qu’ils essaient et qu’ils échouent (forcément) à y parvenir, ils se découragent et cédant à la facilité, retournent vivre « provisoirement » chez leurs parents. Parents que, généralement, ils n’aiment et ne respectent guère, voire détestent cordialement ! Ce qui, d’un autre côté et à un niveau plus ou moins conscient, ne leur donne pas une très haute opinion d’eux-mêmes, on l’avait compris aussi !

La solution est donc de « se jeter à l’eau », au lieu de se concentrer sur l’idée fixe (et rassurante) qu’on n’a jamais appris à nager. Une fois dans l’eau, l’intuition accourt à toute vitesse ! Bien sûr, l’ennemi de la troisième version est et a toujours été LA PEUR !

 

Il est effrayant de constater la dose énorme de peur qui se trouve enchâssée dans l’âme humaine des jeunes gens, en particulier ceux de sexe masculin ! En plus, et contre toute attente, plus les jeunes se sentent nuls, plus ils sont vaniteux et, évidemment, susceptibles à n’en plus pouvoir ! Ce qui rend leur apprentissage un tantinet délicat, pour ne pas dire mieux. Il est un fait que les parents ne voient pas comment ils pourraient éduquer correctement leurs enfants et afin d’y parvenir, imposer un minimum de respect à leur progéniture, et en même temps, leur apprendre à se passer de tuteurs afin de pousser bien droit ! Quels parents ne rêvent pas, ne rêvent pas eux et pour eux-mêmes, de donner à leurs enfants une éducation aussi solide que convenable ?

 

Solide et convenable pour qui, au juste ? Ne sommes-nous pas tous en droit de nous poser la question ? Bien que la réponse aillent tellement de soi, qu’il est rare que parents et éducateurs en tous genres, ne se hérissent pas ou ne s’affolent pas, à ce stade de nos explications d’une solution aussi ÉVIDENTE que rationnelle. Car la solution a toujours été sous le nez de tous les spécialistes de l’éducation (parents) et de l’enseignement (école.) Et bien sûr, sous le nez des parents !

Surtout de ceux qui se sont demandés pourquoi, malgré une éducation réputée quasi parfaite, leurs mioches avaient « mal tournés » finalement ! Ou comme le disent parfois certains parents qui, apparemment,  ne doutent de rien : « Après tout le mal que nous nous sommes donnés et les sacrifices consentis pour lui offrir une bonne éducation, voyez comme notre fils/fille réagit ! »

 

Il est clair et sans appel que la plupart des parents, pour ne pas avoir à écrire tous, attendent quelque chose de leurs enfants ! Ils attendent que leurs marmots RÉAGISSENT positivement à leur tentative de les plier à leur volonté ou, plus communément, à leur propre vision de ce qui est juste et bon, bien ou mal (entre autres âneries du même genre.) Partant, un enfant qui s’est volontairement plié (comprendre cassé en deux) aux exigences tyranniques de ses géniteurs, sera considéré comme étant « bien élevé » ! Encore heureux, ma foi ! Bien que d’après moi, cet enfant a plus été contrarié dans sa trajectoire spirituelle et sociale, que « bien éduqué ou élevé » !

N’est-il pas stupide d’affirmer d’un côté que nous sommes tous différents, et de l’autre, imposer une éducation et un enseignement scolaire identique pour tous ? Où est le bon sens, dans cette manière mentale de fonctionner ? Comment réussir à obtenir des jeunes gens sains et équilibrés, si ceux qui en ont la (lourde) charge ont un mental aberré ? « Les chiens ne font pas des chats », dit le proverbe !

 

Si le but des parents est de se faire respecter, alors leur éducation doit être orientée vers le respect, certes, mais de tous, pas seulement de leurs géniteurs. Mais le respect implique une certaine discipline, voire une souplesse mentale très relative ! Les enfants ont besoin d’une certaines poigne, comme on le disait jadis. Mais si le choix a été celui d’une éducation très stricte, il ne faut pas s’attendre, par la suite et une fois que les enfants ont grandi, qu’ils témoignent un amour incommensurable à ceux qui les ont obligé à témoigner une forme de respect qui leur paraissait alors inutile, déplacée ou même contraignante au possible. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.

De même si dans une famille comptant deux enfants, l’un voulait une chose que l’autre a obtenu ou, ce qui est plus répandu, qu’un des enfants soit obligé de suivre soit les traces de son père (ou de sa mère) ou pire que tout, soit obligé de COMPENSER les attentes frustrées de son père, qui, plus jeune et par exemple, voulait être musicien et que l’on a forcé à devenir menuisier ou mécano,  » comme papa  » ! Alors le pauvre gamin est obligé de « faire plaisir à son père » et devenir musicien ! A ce stade, c’est carrément l’horreur et ce degré-là d’égoïsme parental est absolument inexcusable !

 

Certains argueront du fait qu’eux au moins ont élevé leur enfant dans l’amour. La belle affaire que voilà ! Comme si d’office l’enfant avait besoin de ça exclusivement ! Ou même comme si c’était aux parents de décider seuls ce qu’il convient ou non d’offrir à l’enfant comme éducation ! Et après cela, on se demanderait encore pourquoi les gens « font des enfants » ? Mais pour qui d’autres que pour eux-mêmes et très égoïstement ?

Si on nomme cela la reproduction, c’est bien parce que les parents cherchent toujours à SE REPRODUIRE EUX, alors que la logique voudrait que ce soit les enfants qui  » expliquent  » (observation) à leurs géniteurs, ce dont ils ont vraiment besoin, ce qu’ils attendent de la vie, etc. Un peu comme si un enfant était autre chose qu’un jouet ou qu’un chien, voyez-vous ?

 

Mais qui agit de la sorte ? Non pas qui pense ou s’illusionne à ce sujet, je sais déjà qu’il y en a des masses, mais qui agit vraiment dans l’intérêt UNIQUE des enfants ? Un étranger le pourrait mais pas un parent. Il est trop impliqué, émotionnellement. Si cette affirmation vous choque, sachez que dans certaines peuplades d’indiens d’Amérique du nord, par exemple, les jeunes font des enfants aux alentours de la vingtaine puis, à peine les enfants nés, mis à part la tété au sein par la mère, l’enfant est tout de suite confié aux autres membres de la tribu, généralement des personnes âgées et pleines d’expérience (et de patience), qui se chargent d’offrir à cette nouvelle âme terrestre, l’éducation -non pas qu’ils désirent lui donner ou même celle que voulait offrir les parents, mais l’éducation qui correspond le mieux aux besoins de l’enfant.

Et il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en psychologie pour être capable d’observer un enfant, sans passion ni a priori, cela dans le but de lui offrir la forme d’éducation ET d’enseignement, qui lui correspondent le mieux à lui, et uniquement à lui !

 

Ce type d’enfants est exceptionnel, car les résultats sont bien plus qu’encourageants ! En fait, il n’y a jamais de loupés ! Peut-on en dire autant de cette mascarade moderne que nous nommons « éducation » ou de ce bourrage de crâne mégalo-politique qu’on ose encore appeler « enseignement scolaire » ?

Avez-vous vu dans quel état de délabrement mental et psychologique sont actuellement nos jeunes gens ? Avez-vous remarqué, au moins, qu’ils ne savent même plus écrire convenablement et possèdent un niveau culturel général qui donnerait des sueurs froides aux profs de cours élémentaires des années soixante ?

Mais ils ont presque tous « BAC + quelque chose », lorsque ce n’est pas un diplôme plus supérieurement honteux encore ! Une preuve s’il en est de « la qualité indéniable » de ce que nous avons désormais à leur offrir, n’est-ce pas ?

 

Alors ? La solution ? La solution, tout le monde la connaît, en fait. Mais personne n’ose encore se l’avouer, et encore moins la mettre en pratique ! Il ne s’agirait pas non plus d’attirer l’attention sur soi, n’est-ce pas ? Ou du moins, de compter parmi les tous premiers à le faire. Ce qui est déjà nettement plus exact et précis.

Des réactions émotionnelles qui en disent long sur le degré de liberté des préposés à l’éducation et même, des disposés à avoir des enfants, mais surement pas prédisposés pour cela ! Certaine mères vont s’écrier : « Mais enfin, mon mari et moi-même travaillons tout deux : où voulez-vous que nous trouvions le temps ou l’argent, pour faire tout ce que vous conseillez avec tant de complaisance ? » La véritable question serait, selon moi : « Où avez-vous tirée cette idée qu’en voulant travailler les deux, vous pourriez tout de même avoir des enfants ainsi que le temps nécessaire pour vous occuper correctement d’eux ? » N’est-il pas égoïste, finalement, de faire des enfants alors qu’on pense encore à faire carrière et à gagner plus d’argent ?

Où sera la place exacte de l’enfant, dans cette équation « Maman et papa pas là mais plus de sous pour la famille bien que moins de temps » ?

 

Les psy éso sont les premiers à avoir parlé d’un problème délicat s’il en est. Ils sont sans doute les seuls à en parler toujours et d’une manière aussi abrupte, dirons-nous. Mais tourner autour du pot n’aide guère à le remplir, dit-on. De même que chercher à tourner autour d’un problème, ceci dans l’espoir de ne pas trop vite le réveiller s’il dort encore ! Nous sommes au 21e siècle, bon sang ! Devrions-nous encore plonger notre tête dans le sable à la moindre possibilité de froisser deux ou trois susceptibilités, quand bien même la nôtre compterait parmi celles menacées de vérité ? 

Sur dix parents, actuellement, au moins quatre regrettent d’avoir fait un enfant. Bien sûr, ils préfèreraient mourir plutôt que de devoir se l’avouer honnêtement ! Certains vont même jusqu’à refaire un second enfant, dans l’espoir de mieux cacher encore leur regret d’en avoir fait un premier ! Il fallait y penser, ma foi ! Mais ce qui est la partie supposée vexante pour quelques-uns, concerne plus les hommes que les femmes.

 

Sur dix couples avec enfants, cinq hommes au moins ne savent pas (ou plus vraiment), sur quel pied danser , autrement dit, comment se positionner, à présent que celle qui était leur femme est devenue la mère de leur enfant. Un enfant qui, désormais, est devenu prioritaire sur tout ! Surtout prioritaire, en fait ! Peu d’homme ont le courage d’avouer le marasme psychologique qui est désormais le leur, depuis qu’ils sont devenus papas. La peur a encore augmenté, si cela semblait seulement possible. Peur de beaucoup de choses, en fait… Peur de ne pas assumer cette petite vie supplémentaire qui leur tombe sur le coin de l’âme, à une époque où ils commençaient à peine à commencer à s’assumer eux-mêmes ! Peur de ne pas satisfaire la mère, aussi. Voire surtout ! Elle qui est désormais devenue si différente de la femme précédente, connue et… Aimée !

Aimée pour ce qu’elle était. Mais qu’était-elle ? Certainement pas une mère qui, désormais, passe le peu de temps de libre à assurer le rôle de maman. Un rôle épuisant pour elle, même si elle refuse de le reconnaître. Un rôle qui, parfois, la monte contre son mari, lui qu’elle prétendait tant aimer, précédemment. Avant la venue de cet être si petit, mais qui pousse des cris si forts !

 

A quand une école laïque pour apprendre à d’anciens enfants à être de nouveaux adultes ? Et par la même occasion, à quand une école laïque pour apprendre à d’anciens enfants à s’occuper des nouveaux ? Ne riez pas, ceci est très sérieux ! Pourquoi ne pas imaginer une école dans laquelle on apprendrait à de (trop) jeunes adultes à devenir des parents dignes de ce nom ? Se former sur le tas, ce n’est envisageable qu’avec un métier manuel, pas avec un être vivant, conscient et surtout, sensible ! Aucun être humain ne devrait nous servir de « coup d’essai » ! Au bout de combien d’enfants devient-on un bon parent, au fait ? Cela aussi, il faudrait se le demander, non ?

A moins que certaines questions puissent contrarier les gens comme il faut, vous savez, ceux qui n’apprennent jamais rien de personne, car ils savent déjà tout sur tout et même, comment on élève un enfant ? Auquel cas, le peu qui a déjà été écrit ici suffit pleinement à les décontenancer. Et il suffit surtout à celles et à ceux qui n’ont besoin que d’une poussée légère pour prendre un élan définitif dans leur vie d’adultes aussi matures qu’éveillés, mentalement.

Ce qui tombe bien, puisque ce n’est que pour cette dernière catégorie de gens que je couche ici ce qui devait être écrit seulement pour eux. Bien à eux, donc !

 

Serge Baccino