Sur la Méditation (citation – extrait)

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LAMA ANAGARIKA GOVINDA« Le cœur, la force centrale de la méditation est l’inspiration. Mais puisque l’inspiration est une faculté spontanée (interprétée aussi comme « ravissement »), elle ne saurait être créée sur commande, mais uniquement en provoquant chez nous intérêt ou admiration. Avant de pouvoir être inspiré, il faut donc préparer le terrain, créer la disposition, rendre l’esprit réceptif, et cela présuppose deux conditions : d’une part relaxation, tranquillité, paix, harmonie, et d’autre part quelque chose qui donne direction et concentration au mental ou bien un objet visible de contemplation qui soit suffisamment attrayant pour retenir l’attention du méditant.


La beauté de la nature ou d’un poème, une prière émou
vante comme un chant dévotionnel, le souvenir ou l’image d’une personnalité charismatique ou d’un être illuminé sur les traces de qui l’on voudrait marcher, tout cela invite à la méditation. D’autres bonnes préparations sont la musique, l’encens, les fleurs et la lumière, ou encore le rituel selon lequel on les offre dans un temple ou devant un autel (comme cela était courant dans toutes les familles tibétaines, ainsi que dans la plupart des familles indiennes bouddhistes ou hindoues).

En bref, les éléments de beauté et de dévotion sont ce qui incite le mieux à la méditation. Ces deux éléments sont réunis dans les tankhas tibétains, ce qui peut expliquer l’étrange fascination exercée par eux sur l’esprit moderne, et plus particulièrement sur ceux qui s’intéressent aux valeurs spirituelles et aux pratiques de méditation.

 

LAMA ANAGARIKA GOVINDA2Pour les gens à tournure dévotionnelle, la prière même ouvre la porte à la méditation ; en fait, la prière, au sens le plus profond, en tant que « direction du cœur » est une forme de méditation. Tout ce que nous aimons devient un sujet facile de contemplation, parce qu ‘il n’y a pas besoin d’effort et que l’on suit le penchant naturel de sa tête et de son cœur. Cependant, même des recherches intellectuelles, l’exploration d’idées et de phénomènes de notre vie courante et de ses problèmes, peuvent servir de point de départ pour notre méditation, bien que le danger existe toujours de rester sur le niveau intellectuel, de se contenter de solutions rationnelles au lieu de s’élever au niveau de l’expérience directe, où le problème se dissout.


Quoi qu’il en soit, aux stades initiaux de la méditation, la faculté de penser est aussi importante que n’importe lequel
des autres facteurs intervenant dans le processus de la méditation. Cela ressort clairement des deux premiers facteurs dans la plus ancienne définition de la méditation bouddhique : vitarka, la pensée initiale, et vichâra, la pensée soutenue : en d’autres termes, penser et réfléchir, les deux aspects de la pensée discursive.

Cela donne direction, cohérence et concentration à notre conscience dont nous ne pouvons pas arrêter le flux toujours changeant dépensées, sentiments, impressions, images ; nous ne pouvons que le canaliser, le limiter, le diriger en lui donnant une forte motivation, un point central d’intérêt ou d’abstraction.

 

LAMA ANAGARIKA GOVINDA3Penser et réfléchir ne sont ainsi que le début ; ils conduisent à un état de conscience intuitif où prend fin le processus de la pensée et de la réflexion, pour y être remplacé par quelque sorte de vision plus profonde ou d’expérience directe.

Le premier pas dans cette direction est l’expérience de l’infinité de l’espace, où la conscience perd ses limites, et conduit à l’expérience de l’infinité de la conscience. Cette expérience d’extension et de liberté illimitées conduit à la réalisation de shûnyatâ que dans les premiers textes pâlis, on décrit comme la sphère de no-thing-ness (nanchâya-tana).

Au-delà, les mots ne peuvent pas décrire l’expérience réelle du méditant, que l’on décrit par conséquent comme étant parvenu à l’état « ni perception, ni absence de perception », le royaume de la limite ultime de perception, parce que la distinction entre celui qui a l’expérience et l’objet dont il a l’expérience a disparu ; sujet et objet ne font plus qu’un, l’unification parfaite (samâdhi) a été réalisée ».

 

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