Sur la motivation

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Sur la motivation

 

On dit souvent, et je suis le premier à le faire, que les jeunes générations manquent cruellement de motivation. « Quand ils sont énervés, ils vont se coucher », comme disent encore quelques-uns de la mienne, de génération. Mais il faut savoir que ce manque d’énergie intime n’est pas relatif uniquement au caractère premier de nos jeunes gens, mais en grande partie à l’éducation qu’ils ont plus subie que simplement reçue. Notre société moderne est très hypocrite: tandis qu’elle ne peut éviter de constater que le domaine de l’éducation et de l’enseignement sont largement compromis, pour ne pas dire mieux, elle s’enferme dans des considérations plus ou moins douteuses à propos du fait que « les choses sont ainsi et l’ont toujours été » ou pire, car plus hypocrite encore, que « chacun fait de son mieux. » Comme si ce mode de raisonnement ultime suffisait à lui seul à excuser des résultat absolument désastreux !

 

Car il est clair que les résultats sont désastreux ! Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter parler ou mieux, de lire, les productions mentales de notre jeunesse actuelle pour réaliser à quel point elle s’est faite littéralement assassinée avant d’avoir eu l’occasion d’être seulement. Pour toute personne susceptible de le relever, d’une manière professionnelle ou non, la dépolarisation mentale est tout à fait évidente. Il est normal de désirer, quand on est jeune et en bonne santé mentale. Et il est de ce fait normal que ces désirs concourent à maintenir un certain niveau d’enthousiasme chez les jeunes. Or, où est ce fameux enthousiasme, cette fougue toute juvénile ? Il n’y en a plus. Nos jeunes sont désabusés voire déprimés à longueur de temps et préfèrent encore s’enfermer chez eux et vivre par procuration grâce aux « avatars » de leurs jeux vidéos, plutôt que d’affronter la vie avec, pour seules armes, leur inaptitude à lui faire face avec dignité et conviction.

Et pourquoi ? Parce qu’on a appris à nos enfants à s’occuper plus des désirs des autres que des leurs. C’est aussi bête et simple que cela. Et je ne me réfère pas ici au fait qu’il est nécessaire de « cadrer » un minimum nos charmantes têtes blondes ! Cadrer est une chose et ne devrait pas dépasser l’âge de cinq, sept ans au maximum. Ensuite, cela s’appelle « brimer l’épanouissement naturel de l’être. »

 

De toute manière et pour les pisse-vinaigres plus soucieux d’avoir la paix de l’esprit que d’aider leurs gamins à s’affranchir de la dépendance à autrui, j’affirmerai ceci : « Si vous n’avez pas réussi à vous faire respecter et donc, obéir à bon escient, ceci après l’âge de sept ans, ce n’est même plus la peine d’essayer de le faire ensuite ! Tout au plus deviendrez-vous le principal tortionnaire de vos rejetons ! » Sans entrer dans des considérations « complotistes » et autres âneries juste capables de dédouaner les plus inaptes à s’assumer vraiment, je dirais qu’en fin de compte, cela peut évidemment servir les plans de quelques-uns qui se laissent propulser à la tête d’un gouvernement quelconque, dans le seul but de servir leurs propres intérêts. Mais posez-vous la question qui fâche, pour une fois ! Ne vous contentez plus de pointer d’un index accusateur, ce qui est censé ne pas vous concerner mais être le malaise créé par autrui. Demandez-vous pourquoi ceux qui ne pensent qu’au pouvoir mais continuent de prétexter « servir leur prochain » (présidents, ministres, sénateurs, maires, etc.,) agissent et réagissent comme ils le font !

 

La réponse, nous sommes tous capables de la trouver seuls, n’est-ce pas ? Tous furent en leur temps des enfants bourrés de désirs personnels mais qui ont été brimés et ont du faire face à cette manie de s’oublier pour favoriser les désidérata d’autrui. Ce qui ne leur fourni aucune excuse supplémentaire, certes, mais a du moins l’avantage d’expliquer au lieu de juger puis condamner bêtement. Certains, brimés comme tous les autres durant leur enfance, réagissent pourtant différemment, tant est puissant, en eux, le désir d’accéder au pouvoir de… Au pouvoir ? Mais quel pouvoir, au fait ? Celui d’un président ou d’un ministre ? Certainement pas ! Car ce serait dès lors un moyen supplémentaire voire une excuse valable, de faire passer les intérêts d’une nation avant la leur ! Voilà bien un choix qui serait tout, sauf intelligent et pratique !

Non, leur seul désir est, justement de pouvoir laisser libre cours à leur désirs ! A tous ceux qui ont été réfrénés, brimés ou tués dans l’œuf. Le « pouvoir » recherché au départ était donc « le pouvoir d’exprimer librement leurs désirs », sans contraintes extérieures, sans avoir à se soucier des désirs d’autrui, étonnamment contraires au leurs, la plupart du temps.

 

En un sens, ceux qui se sont imaginé obtenir ce qu’ils désiraient en se propulsant à la tête d’un gouvernement ou d’une position sociale et professionnelle « en vue », se sont trompés de « pouvoir » ! En clair, ils se sont fait avoir ! Et comme une partie de leur être profond s’en est rendue compte, ils se sentent obligés de se conduire comme s’ils étaient seuls au monde et ne bossaient que pour eux. Ils sont même obligés de se montrer hautains ou condescendants envers le peuple, car au fond de leur âme, ils se sentent de nouveau trompés ou trahis, car ce n’était pas vraiment la « place » qu’ils convoitaient, loin s’en faut ! En effet, quel est le rôle premier d’un représentant du peuple, en supposée « démocratie » ?

Le titre y répond d’office : « représenter le peuple et ses intérêts, donc, ses désirs » ! Or, quel est leur fonction première, déjà ? Hum ? Mais oui : « représenter le peuple, ses intérêts et donc, SES DÉSIRS A LUI » ! Voilà bien nos charmantes têtes blondes brimés au départ mais très désireuses de liberté d’expression, dans de bien sales draps ! Vous réalisez ? Les voilà promus au rôle de représentants du peuple et donc, à celui d’exaucer ses désirs. Les désirs d’autrui ! Une fois de plus. Pire encore : afin de remplir correctement leur mission, les voici obligés de mettre leurs propres désirs de côté ! Il s’agit dès lors de l’ultime brimade, puisque celle-ci, c’est eux-mêmes qui en sont les responsables, puisque c’est eux qui ont brigué ces « postes à (soi-disant) pouvoir » !

 

Pour ma part, je ne voudrais pas être à leur place, ayant comme tout le monde de nombreux désirs à exaucer, tous capables de produire de plus en plus de PLAISIR. Tant qu’à être égoïste, autant l’être à fond et l’assumer sans arrière pensées ! Car cette notion d’égoïsme est une véritable aberration mentale qui poussera toujours l’être humain à se justifier pour ne pas encourir la honte de ne pas être et de ne pas faire comme tous les autres, à savoir comme tous ceux évidemment égoïstes, mais qui ont réussi ce tour de force de le cacher, voire de se faire passer pour des « altruistes » forcenés !

On sait qu’en Amérique, les plus grands donateurs pour la lutte contre la drogue et la criminalité, sont des parrains de la mafia, possédant leurs propres assassins et leurs revendeurs de drogue à la sortie des lycées. Mais évitons de nous montrer mauvaise langue. Pour poursuivre et en terminer, je proposerai ce qui suit.

On est motivé quand on a envie. On a envie lorsqu’on ressent du plaisir à la seule idée d’être ou de faire quelque chose de précis.
Moralité : c’est le degré de plaisir ressenti et surtout, bien vécu, qui est le véritable moteur de l’âme humaine.

 

Le problème, c’est qu’on nous enseigne immanquablement à tenir compte des désirs d’autrui et donc, du plaisir d’un autre que soi. Raison pour laquelle à présent, notre jeunesse ne sait plus où donner de la tête, vers quel but se diriger ni quoi incarner en matière d’individualité. Elle ne sait plus ce qui lui ferait plaisir. Et de toute manière, on ne l’a pas habituée à pouvoir décider seule. Alors cette jeunesse contrariée n’a plus aucune force et s’en remet aux autres pour savoir ce qui est désirable, puisqu’elle ne ressent plus rien et n’a pas été autorisée à le faire. Et bien entendu, les « conseilleurs » se font un devoir (plutôt qu’un plaisir) de leur expliquer ce qui leur ferait plaisir… à eux !

Mais comme dépendre d’autrui pour « recevoir du plaisir » n’est guère valorisant, les jeunes n’ont plus conscience de leur valeur et ignore comment retrouver goût aux « bonnes paroles et aux bons actes. » Alors ils recherchent ce qui leur manque dans les jeux vidéos, si possible virtuels et sans commune mesure avec « la vie de tous les jours », qui leur semble fade et triste à mourir. Qui leur semble étrangère à eux, en tous les cas !

 

De nos jours, plus personne ne sait conseiller les autres pour leur seul bénéfice, quitte à les voir faire des choses qui ne plaisent guère aux conseilleurs. Les seuls « conseillés » qui restent, attendent des autres qu’ils leur fassent plaisir, puisque eux n’y parviennent plus. Alors quelques-uns, pleins d’espoirs immatures, suivent un conseil puis réalisent qu’ils se sont fait b… bernés en beauté, une fois de plus, en faisant plaisir uniquement aux fameux conseillés. Raison pour laquelle je vois d’un très mauvais œil, tous ces jeunes qui, passé à peine la vingtaine, se présentent en « coachs » guides ou autres enseignants de la dernière heure. Ils sont surtout soucieux de se faire plaisir à eux-mêmes mais pour cela, ils croient encore et toujours avoir besoin des autres pour obtenir qui leur attention, qui leur argent. Autrement dit, ce qui leur a le plus manqué lorsqu’ils étaient plus jeunes, en règle générale.

De cela, chacun s’en apercevra en son temps mais évidemment lorsque le mal sera fait. L’homme apprend de ses misères, dit-on, rarement grâce au plaisir. On se demande pourquoi ! Ce qui ne veut pas dire que personne n’est capable d’aider voire de diriger ou instruire les autres ! Cela signifie seulement qu’avant de prétendre aider les autres à se libérer de leurs démons intimes, encore faut-il s’être libéré soi-même de ses propres démons. Dans le cas contraire, les autres ne peuvent nous servir que de passe-droit, de compensation, voire de pis-aller.

Comment vous expliquer ces choses plus simplement ?

 

Serge Baccino