Être soi pour être heureux

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Être soi pour être heureux

 

A la naissance et comme l’enseigne la psy éso, nous ne sommes « rien ni personne ». En fait, nous sommes un mélange plus ou moins heureux des enregistrements relatifs à notre mission terrestre (pourquoi nous sommes venus) et de ceux relatifs à la mémoire cellulaire de la mère. Hériter de la chair maternelle revient à hériter de ses programmes mentaux puisque aussi bien, ces derniers sont engrammés dans ses cellules. En grandissant, l’enfant est bien obligé de se servir de ce « prêt spirituel » (Mission + génétique, en gros) pour se confectionner un semblant de personnalité. Ou, plus précisément, pour ce créer un « moi » qui lui soit propre. Un « moi » qui, si on le comprend bien, naîtra de cette interaction entre les programmes installés dans son âme naissante et sa confrontation avec l’expérimental (ce qui lui arrive dans sa vie de tous les jours.)

 

Ainsi, le « moi » humain est formé par la somme de toutes nos réactions face à l’altérité, ou encore, de notre « réponse » ou attitude (Mudra, en sanskrit) aux différentes limitations en provenance d’autrui et de l’extérieur en général. C’est cette même interaction entre deux conditions opposées mais complémentaires, (évoquées plus haut) qui créera une troisième condition qui formera la personnalité propre au futur adulte. Ainsi que sa modalité d’expression, appelée « le caractère ». Très vite, l’enfant est confronté à l’autorité des adultes et, notamment, à celle de ses géniteurs. Ou à celle de ceux qui l’élèvent, si absence de parents après la naissance. L’enfant cherchera toujours soit à refuser la volonté d’autrui, soit à composer avec elle, en établissant des règles transactionnelles qu’il sera généralement le premier à « oublier », le cas échéant et au grès de ses désirs naissants. Mais refuser la volonté d’autrui est presque aussi épuisant que de la satisfaire à tous les coups !

 

Lutter a toujours été une perte de temps, d’énergie et…. De Soi ! Nous passons notre temps à lutter contre la volonté d’autrui, ce qui affaiblit la nôtre. Bien que le fait de dire « amen » aux moindre désirs d’autrui, puisse avoir le même effet, à plus ou moins long terme. A force de se battre pour rester soi, on devient un combattant et on ne connaît plus la paix. On ne se connaît plus soi, surtout ! Ce que l’on connaît, c’est la volonté d’autrui, tant nous sommes habitués à lui résister ou, à l’inverse, à la satisfaire dès que possible. Dans les deux cas, ce sont les autres que nous apprenons à connaître, au travers de notre volonté de contrer la leur ou de la satisfaire.

 

Ceux qui ont connu l’une quelconque des deux grandes guerres mondiales ne pouvaient être « eux-mêmes » entièrement, durant ces conflits. Ils devaient lutter, s’adapter, réagir en conséquence et surtout, penser en tout premier lieu à survivre. Que restait-il d’eux, durant tout ce temps ? En fin de compte, c’est cet instinct de survie qui a survécu à travers eux, pas eux. Ainsi, depuis notre prime enfance et sans le réaliser, nous combattons sans cesse pour demeurer « nous-mêmes », alors que tout, autour de nous concourt à nous rendre… « Les autres » !  Ou « comme eux », en acceptant plus ou moins volontiers de nous aligner sur eux, ou nous concentrer sur eux et donc, en fin de compte, à nous perdre de vue.

C’est pour cela qu’une fois rendus à « l’âge adulte », nous ressentons tant de mal à nous passer complètement de l’avis voire de l’aval des autres. Même si nous affirmons le contraire, « le regard des autres » pèse sur nous. Et quand ce n’est pas le cas, c’est nous qui nous servons des autres pour mieux nous juger ou nous punir sans en avoir l’air.

 

La plus grande forme de servitude est la dépendance à la volonté d’autrui. Depuis notre plus jeune âge, nous sommes si habitués à répondre à leurs attentes, que nous finissons par nous aligner sur une volonté autre que la nôtre, prêts à satisfaire des désirs qui nous sont étrangers. Alors nous sommes malheureux et songeons nous libérer des autres, alors que nous devrions songer à nous libérer de ces autres en nous, si je puis le formuler ainsi.

Car tout est en nous, et ce n’est pas peu dire !

 

Serge Baccino