Jean et le Maître

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Jean et Le Maître

 

C‘est le tout dernier problème des initiés, du passé et du présent, que nous allons évoquer là sans doute. Quelle est cette problématique nouvelle ? Celle de l’initiation qui ne veut plus finir ! Initié signifie « Qui a commencé à… » Comprendre « qui a commencé à apprendre. » Et c’est là le piège, si on ignore ce qui devait être appris et ce, dès le départ ! Bien sûr, un initié doit commencer par apprendre. Mais il doit aussi apprendre à ne plus se laisser piéger par l’apprentissage. Il ne doit plus confondre « apprendre » et « apprendre à ». S’il se borne à apprendre seulement, à savoir collectionner la connaissance, voire les expériences qui découlent de sa pratique, il demeurera un initié toute sa vie terrestre et même après. Il ne sera jamais un Maître qui lui, apprend à calmer cette soif irrépressible de connaissance qui, évidemment, ne pourra jamais être étanché, puisqu’il y aura toujours quelque chose à apprendre ou à expérimenter, ne serait-ce qu’en matière de spiritualité.

 

Mais dans ce cas, que devrait apprendre un initié et combien de temps devrait durer cet apprentissage, puisqu’il ne doit pas durer toute une vie ? La réponse se veut délicate, car la compréhension peut faillir. Mais nous allons courir le risque de la méprise, afin que ceux aptes à entendre comme il se doit, ne soient plus lésés sous le prétexte de difficulté à expliquer sans être incompris. Nous savons déjà qu’un initié n’est pas « celui qui sait », contrairement à la croyance populaire, mais « celui qui commence à comprendre. » Qui commence à comprendre ce qu’il lui faut installer en lui le plus vite possible. Et que doit-il installer en lui et le plus vite possible ? La conscience de Soi. Un initié est une véritable machine à apprendre, mais apprendre est insuffisant, même et surtout si ce qui est ainsi appris, se rapporte à ce qui doit être compris. L’idée est donc de ne plus confondre les verbes apprendre et comprendre.

 

Apprendre, nous savons ce que cela signifie, mais nous ignorons sans doute sur quoi doit se positionner l’attention de l’initiable (« apte à être initié ») et surtout, jusqu’où il doit apprendre. Dès le départ, l’ésotérisme est très clair sur le sujet : « La seule chose qui mérite d’être apprise correctement, c’est « l’étude des Lois et des Principes du fonctionnement de l’esprit. » Ce qui nécessite environ trois ans, voire quatre et ce, au maximum. Et ensuite ? Ensuite, l’initié, car à ce stade il en est devenu vraiment un, doit commencer à « initier » (débuter), justement, un processus tout autre qui n’a plus rien à voir avec le fait d’apprendre et donc, d’étudier. Jusque-là, rien de bien difficile à comprendre, n’est-ce pas ?

C’est ensuite que les choses peuvent éventuellement se gâter et plonger l’étudiant dans un abîme de réflexion. De réflexions inutiles et qui n’apporteront rien de bon au demeurant (bien au contraire), puisqu’elles ne feront que redonner plus de force encore à l’intellect, déjà bien « musclé » par nos sociétés modernes. Alors quoi ? Que doit « initier » l’initié, après la période relativement courte d’apprentissage ésotérique (étude des lois et principes) ? C’est ici que l’aventure, toute symbolique, de Jean, peut nous être utile. Il n’est même pas utile d’avoir lu la Bible pour en comprendre l’intérêt évident pour tout chercheur de Lumière. Et pour info, la Bible n’était pas un livre religieux, avant que l’église (pas très) catholique (mais très) romaine fasse main basse sur ces textes philosophiques d’une profondeur insondable. Auparavant, il y avait 5 livres qui servaient de livres de chevet à tous les initiés du monde. Mais laissons ce triste épisode de la profonde bêtise humaine pour revenir à notre sujet.

 

L’histoire de Jean nous apprend qu’il venait du désert (cf. « état d’isolement préalable, de repli sur soi, de méditation, etc. ») et qu’il prêchait la Venue (Avènement) du Seigneur (la Conscience de Soi.) On dit qu’il exhortait le peuple à se repentir (proposait à l’intellect à réformer l’ensemble de son contenu formel) afin de laisser la prépondérance au Seigneur (Conscience) car c’est Lui seul  qui devrait nous Guider tous. En clair, Jean représente cette volonté du « moi » humain de s’éclairer lui-même et jusqu’à un certain point, à savoir faire le tri, en lui-même, de tout ce qui est utile ou non, positif ou pas, etc.

Ce que la psy éso nomme « Processus de Réforme Psychologique » (ou P.R.P.) Le caractère de Jean est dit « irascible », ce qui symbolise la volonté tendue du « moi » de se réformer et aussi, sa colère à la seule idée d’être si insignifiant et indigne de sa véritable Nature. En clair, Jean représente les prémisses de la véritable Initiation, qui se borne, pour l’homme qui veut évoluer, à commencer (latin « initiaré ») lui-même un Processus qu’il ne devra surtout pas terminer ! Et c’est ici que se positionne la subtilité à côté de laquelle des générations d’initables sont passées. Même si c’est l’homme qui doit commencer à « se nettoyer » en profondeur et du mieux qu’il le peut, ce n’est pas lui qui devra (et qui pourra), conduire le Processus (PRP) jusqu’à son terme. Seule la Conscience de Soi le peut.

 

À un moment, Jean affirme lui-même : « Il faut que je décroisse afin que Lui puisse croître… » Il veut dire par-là qu’il a bien compris que sa mission était terminée, qu’elle consistait à « préparer les chemins du Seigneur » (« les Nadi ou circuits vitaux ») mais qu’il est conscient qu’il doit se donner cette instruction mentale pour y parvenir. En effet, l’homme qui commence à apprendre comment s’améliorer, est très vite subjugué par le processus en lui-même. Cela à tel point qu’au bout de deux, trois années, il n’est plus capable de s’arrêter !

Il a appris à se nettoyer seul, sans l’aide de personne, et il pense qu’il pourra mener le processus à son terme. Mais il oublie un détail : son intellect devenu très souvent surpuissant et qui s’imagine pouvoir tout réussir, y compris de « se passer de Dieu », comme on dit ! En réalité, le « moi » humain, s’il est capable de se nettoyer et ce, jusqu’à un certain point est incapable de franchir les tous derniers pas, car ces tous derniers pas consistent en… Sa disparition pure et simple ! Autrement dit, à la fin, « ce qui servait à nettoyer » (le « moi ») doit lui aussi être… « Nettoyé » ! Il ne peut donc s’occuper de cette partie ultime du processus, de même qu’un serpent qui déciderait de se dévorer lui-même et en commençant par sa queue, ne saurait dévorer la dernière partie de son corps : la tête !

 

Et c’est justement la tête de Jean-le-Baptiste qui est « coupée », après que ce dernier ait été jeté en prison (isolé, mis au silence.) Mais ceci est un symbole ! Aucun initié ne devra se faire couper la tête, si cela peut vous rassurer ! Il est d’autre façon de « faire taire » l’intellect orgueilleux, car ayant reçu la preuve formelle de sa capacité à gérer une partie au moins du PRP. Fort bien, mais une fois les deux parties (« Tout est double ») de l’Apprentissage terminées, à savoir l’étude des lois et des principes qui régissent le fonctionnement de l’esprit et la réforme des pensées malsaines qui induisent des émotions qui le sont tout autant, comment les choses se passent-elles, au juste ? Que doit faire la personne, cette partie « moi » humain de l’être global ? En fait, et c’est là le problème majeur, les choses se passent toutes seules, voire d’elles-mêmes ! La personne n’a absolument plus rien à faire, si ce n’est se rendre réceptive à « La Venue du Seigneur », à savoir à l’Adombrement par la Conscience de Soi, préalablement incapable de se rendre manifeste dans un véhicule dont le Majordome s’est pris pour le Maître des lieux et cela, depuis des décennies. L’homme tel qu’il se conçoit actuellement, n’est que le Gardien du Temple (corps), pas le Grand Prêtre (Maître des lieux.) Il se doit de préparer les chemins (Canaux subtils) mais ne doit pas prendre possession du Véhicule Divin.

 

Cela représente l’ancienne formulation, qui a effrayé tant de Mystiques du passé, se croyant incapables de « mourir » afin de céder la place à quelque divinité aussi mystérieuse qu’effrayante pour un « simple humain. » Sauf que l’homme est bien plus qu’un « simple humain » ! Il est un être multidimensionnel ! En clair, « il n’est pas tout là » ! Ce que l’on connaît de l’Homme complet n’est que la partie émergée de l’iceberg, pas l’iceberg au complet. Le « moi » n’est pas quelque chose qui puisse « mourir » pour céder la place à quelque chose d’autre ou même, à quelqu’un d’autre. Il n’est que la partie la plus basse de l’Être Global, de l’Homme Véritable parfois nommé « Christ » dans certaines traditions initiatiques.

Mais qu’est-ce que toutes ces phrases étranges peuvent bien signifier ? Tout ceci veut dire que l’homme aura toujours un « moi » mais que ce dernier sera simplement de plus en plus sain, pur et puissant ! Le « moi » actuel est si différent de notre « Moi » futur ! Mais le « futur » n’est pas une question de temps mais de lâcher prise ! Passer du « moi » d’un homme ordinaire, au « Moi » d’un Maître ou même plus, prendra « le temps  d’un simple lâcher prise. » C’est la peur de « mourir » à ce que l’on est depuis lors et que l’on refuse d’abandonner, qui fait durer le processus et engendre de la souffrance ainsi que plus de peur encore, pas le fait d’évoluer et de passer de « moi » à « Moi » puis de « Moi » à… Soi !

L’enfant de dix ans souffre-t-il et doit-il « mourir » pour avoir quatorze ans, quatre ans plus tard ? Il en va de même pour chacun d’entre nous. Il n’est pas demandé de « céder la place » mais bien de laisser s’exprimer à son tour un niveau de notre Être bien plus élevé. Puis de nouveau. Puis encore, puis toujours, éternellement !

Que ceux qui ont des Oreilles entendent ce que l’Esprit dit à l’esprit de l’homme !

 

Serge Baccino