Technique, pratique et enseignement scolaire

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Technique, pratique et enseignement scolaire.

 

Aujourd’hui, alors que je discutais sur Facebook avec un de ses usagers, il m’est brusquement venu à l’esprit une compréhension d’une évidence absolue ! J’ai compris pourquoi les gens différencient autant ceux qui savent et sont de véritables spécialistes d’un sujet quelconque, en spiritualité, de ceux qui sont ignorants, tentent d’apprendre seuls et par leur seule expérience.

Tout d’abord, je me suis souvenu que j’ai toujours compté parmi ceux qui dénonçaient ouvertement l’enseignement académique (ou scolaire) qui, au mieux, nous servait un savoir inutile et encombrant et au pire, programmait la tête des enfants et cela, dès leur plus jeune âge. Je me suis souvenu également du peu d’empressement que mettaient les autres à se prononcer à ce sujet, surtout s’ils avaient encore des enfants scolarisés !

 

Je me disais alors qu’il s’agissait là d’un manque de force morale, voire d’une volonté de se cacher une évidence pourtant flagrante, mais ne faisant évidemment pas l’affaire de parents travaillant tous deux, ne sachant pas quoi faire de leurs gosses durant la journée et ne pouvant pas se permettre de se payer un enseignant à demeure ou même une « nounou. » J’en étais arrivé à la conclusion que personne ne désirait seulement remarquer que les jeunes sortant du monde de la connaissance purement académique avec leur fameux « BAC + quelque chose », autrement dit, ayant suivi de longues années d’études supplémentaires, étaient surtout « armés » d’une incapacité flagrante à faire face à une véritable vie active et surtout pratique. Dit autrement, j’avais remarqué depuis longtemps que plus un jeune poursuivait ses études longtemps, moins il devenait apte à les mettre en application, le moment venu.

 

Cela parce que ce qu’il avait appris sur tant d’années, ne correspondait pas, mais alors pas du tout, à ce qui lui serait brusquement réclamé, en entreprise ou autre, le moment venu. À ce point que je connaissais un employeur qui demandait à ses plus hauts diplômés mais encore jeunes et donc, totalement inexpérimentés, de venir dans leur société deux heures par jour, gratuitement, et de se contenter d’observer les autres travailler, ceci afin de se familiariser avec un monde qui leur était totalement étranger. Il faut dire qu’après avoir passé des années à obéir aux ordres plus ou moins rationnels d’une cohorte d’enseignants plus stressés par leur travail que passionnés par ce qu’ils enseignent, il me semblait culotté d’attendre d’un jeune totalement inexpérimenté, qu’il réussisse à se débrouiller seul dès les premiers jours et prennent des décisions, alors qu’il ne lui a jamais été donné d’en prendre durant sa scolarité.

 

Et les fameux « stages en entreprise » sont de véritables foutages de gueule, attendu qu’un jeune stagiaire sera toujours « à l’abri » de la véritable « ambiance » qui règne dans ces ruches inhumaines que l’on nomme les entreprises. La transition est parfois très dure lorsque le fameux stagiaire est définitivement embauché et qu’il lui faut alors devenir rapidement « opérationnel », à savoir rentable pour l’entreprise. Et l’on sait que la rentabilité d’une entreprise est toujours proportionnellement inverse aux intérêts d’un employé.

Dans le cas opposé, cela se saurait ! Du coup, il m’est soudain apparu que ce n’était pas parce que personne ou presque en parlait, que personne ou presque en était conscient !

Mais il fallait pour s’en rendre compte, passer par un domaine très mal connu en France et depuis toujours, cela à cause de certains lobbies que personne n’a encore envie de dénoncer, et encore moins de montrer du doigt. Je veux parler du domaine de la spiritualité, devenu désormais un repaire de brigands et de marchands de rêves inaccessibles en tous genres. Un repaire de brigands du fait que désormais, en plus des anciens marchands d’aspirateurs en grandes surfaces reconvertis en spécialistes de l’esprit et autres « coaches d’entreprises », les lobbies évoqués plus haut ont depuis quelques années décidé de faire main basse afin de s’en assurer le contrôle, comme c’est déjà le cas dans certains domaines qui, jadis, considéraient la spiritualité comme une douce folie.

 

Une douce folie qui, désormais et l’air de rien, peut faire gagner des milliards supplémentaires à ces mêmes lobbies par lesquels tous doivent passer pour avoir la chance inouïe d’être « officialisés ». Il n’est pas utile d’être passionné ou même honnête pour gagner du fric, n’est-ce pas ? Il suffit d’avoir les moyens d’expulser de la place ceux jadis montrés du doigt et de prendre leur place et ni vu ni connu ! Et ce n’est pas le principal concerné, autrement dit le peuple français, qui y trouvera à redire, du moment qu’on continue à l’assumer sans lui demander de réfléchir, c’est tout ce qu’il demande et, d’ailleurs, c’est depuis toujours ce qu’il reçoit. Et tout le monde est content ! Ou bien le croit.

 

Oui mais voilà : la vérité commence à se faire jour et certains dénoncent le fait qu’ils ont bien vu ce qu’il y avait à voir, même si, évidemment, ils n’ont jamais eu le courage nécessaire pour l’énoncer à voix distincte et haute ! Ils ont vu ! Ils ont compris que le calcul est fort simple : « Plus une personne a étudié, moins elle a eu le temps de mettre en pratique. » CQFD ! Du coup, ce sont ceux qui se présentent en « spécialistes » ou pire, en techniciens, qui sont considérés d’office comme ayant surtout une culture dite livresque mais aucune pratique ou expérience vivante ou directe réelle. Un peu comme nos jeunes « BAC+ trente-douze », vous voyez mieux ? Eh oui, fallait y penser. Leur esprit, peu habitué à réfléchir par lui-même et intelligemment s’entend, a vite fait de trouver combien font deux plus deux !

« Tu sais des choses ? Cool ! Alors, tu es bon à rien, juste à étaler ta science ! Mais moi, tu comprends, j’ai appris seul, sur le tas, je sais peu mais je peux beaucoup, j’ai beaucoup expérimenté, vois-tu ? »

Certes, je vois même très bien ! Je vois surtout le piège dans lequel sont tombés les gens instruits seulement. Et en particulier, celles et ceux qui ne désiraient pas reconnaître les affreuses limitations de l’enseignement scolaire depuis des lustres.

 

Le raisonnement serait valable s’il ne concernait que l’enseignement académique. Mais s’opposer au pouvoir en place est effrayant, voyez-vous ? Et puis on sait d’avance que ce qui en résultera ne pourra satisfaire que ceux qui le sont depuis toujours et se donnent à eux-mêmes et en premier, tout ce qu’il leur faudra nécessairement refuser aux autres et en second. Et l’éternel second, c’est le peuple français, pour ceux ayant du mal à suivre et donc, ayant étudié à l’école un peu trop longtemps. OK, mais quel rapport avec la choucroute, Monsieur le curé ?

Le rapport consiste en cette brusque prise de conscience qui m’a sautée dans l’âme ce jour et, comme déjà expliqué, lors d’un simple échange avec un usager de Facebook. En le lisant, en voyant que j’avais pourtant répondu à sa question mais qu’il attendait toujours que j’y réponde, j’ai réalisé brusquement qu’il attendait seulement que je réponde quelque chose qui se trouvait déjà dans sa tête ou qui, du moins, correspondait à ce qui s’y trouve déjà et depuis lors.

 

Les gens n’attendent pas qu’on leur réponde « selon nous » mais plutôt « selon eux. » Selon ce qu’ils pensent déjà du sujet sur lequel et pourtant, ils vous interrogent ! Ce qui, vous l’avouerez sans doute, ne permet pas une réelle communication entre les êtres. Si les gens connaissent déjà les réponses, pourquoi questionner les autres à ce propos ? Réponse logique : parce que leur seule intention est de SE RASSURER au sujet de tout ce qu’ils supposent vrai et juste. Et le seul fait qu’ils questionnent pourtant, dénoncent qu’ils commencent à douter eux-mêmes de leurs si chères certitudes. Ce qui et par ailleurs est plutôt bon signe. Sauf pour ce qui a trait à la qualité du relationnel, certes ! Bien que là ne se situe pas ma prise de conscience tardive.

Mais voici que j’y arrive enfin. J’avais remarqué que depuis quelques années, lorsque je disais à une personne que j’étais un spécialiste du fonctionnement de l’esprit et un ésotériste de longue date, la personne me répondait, d’un air entendu que par contre, elle, elle pratiquait depuis « X » temps. Et les gens me servaient ce genre de réponse comme si je leur avais dit plutôt : « Voyez-vous, je suis un ignorant qui n’y connaît rien en spiritualité et qui, forcément, n’a jamais rien pratiqué à ce sujet. »

 

Au départ, j’ai mis ce genre de réaction sur le dos d’une réaction épidermique comme il en est temps et relative au manque d’estime de soi, à la peur de ne pas assurer face à ce qui pourrait être considéré comme de la concurrence, etc. Autrement dit, la réaction typique de l’imbécile heureux qui veut prouver qu’il est « mieux », qu’il fait « plus » et que la sienne est forcément plus longue. Puis, ayant eu affaire à des personnes normalement constituées, du moins en apparence, j’en suis venu à me questionner sur ce type de réaction d’une logique fort discutable. En effet, comment une personne passionnée d’ésotérisme, qui est la spécialité incontournable en spiritualité, et ayant plus de trente années d’étude et de pratique assidues, pouvait sembler peser peu de chose, face à une personne qui avoue n’avoir rien appris à ce sujet, que « la chose » lui est tombée dessus alors que la personne n’avait rien demandé, puisque ignorante ou presque de ces domaines spécialisés, et dont le peu de « pratique » se fondait non pas sur un savoir transmis de génération en génération, mais sur sa seule et modeste expérience ?

 

Je ne suis pas susceptible et donc sensible à la vexation, à la honte ou à toutes ces choses qui rendent les gens à moitié cinglés. Par contre, je suis d’une curiosité maladive et je n’ai de cesse que lorsque j’ai enfin compris pourquoi les gens pensent, agissent et réagissent comme ils le font. Je trouve la compréhension des causes nécessairement « cachées », supérieure à la stupide condamnation ou au jugement hâtif, deux états d’esprit qui ne font pas avancer les choses et encore moins notre société. Je m’étais donc promis de comprendre, tôt ou tard, pourquoi les gens me répondaient qu’eux, par contre, avaient « de l’expérience pratique », lorsque je leur faisais part, souvent à leur demande d’ailleurs, de mes propres références qui, ma foi, valent ce qu’elles valent mais certainement pas le type de réponse presque toujours reçu en retour. En effet, pourquoi eux pourraient justifier de leur pratique, de leur expérience, surtout ceux ayant commencé à s’intéresser à ces choses bien après moi ?

La chose paraissait illogique, d’autant que la plupart m’avouaient qu’auparavant, soit ils ne s’occupaient pas de ces choses, soit n’y croyaient même pas ! Voilà qui me laissait rêveur…

 

Puis aujourd’hui j’ai compris enfin ! J’ai compris qu’ils se servaient simplement d’un a priori basé sur une prise de conscience réelle mais hélas refoulée, mais qu’ils commettaient l’erreur de ce que l’on nomme une transposition, voire une métaphore !
Ils supposaient d’office que puisque le fait d’étudier longtemps, à l’école, permettait surtout d’avoir une tête bien remplie mais supposait du même coup être incapable encore de PRATIQUE, il devait en être de même en spiritualité ! Ainsi, tout devient immédiatement plus clair ! Une personne telle que moi et qui aurait « étudié » plus de trente ans, est du même coup une personne qui ne sait rien foutre depuis trente ans !

Forcément, une autre personne, même très ignorante et qui pratiquerait depuis seulement quelques années, serait du même coup considérée comme étant plus « rentable » et ce, depuis des années, contrairement à la première qui se contente d’étudier et, bien sûr, de ne jamais rien mettre en pratique !

 

Eureka ! Mais bon, reconnaissez qu’il fallait y penser, non ?
J’avais de ce fait et sans doute une « excuse » même très mesquine, pour ne pas saisir directement et du premier coup, la « logique » sous-jacente à cette manière étonnante de penser. Manière de penser qui dénonce la lâcheté avérée du français moyen qui VOIT DONC TRÈS BIEN dans quelle merde il se trouve depuis toujours, mais QUI A PEUR d’en tenir compte, ne serait-ce qu’en pensée ou dans ces échanges « inter-peureux. » C’est cette même peur de l’autorité, initialisée dans les familles, perpétuée par les professeurs d’école successifs, consolidée par les lois (faites surtout pour brimer, limiter, imposer, etc.) et mis en valeur définitivement par « le Monde du Travail », ultime laminoir des âmes individuelles et dans lequel un chef d’entreprise est roi et a droit de vie ou de mort (sociale) sur ses « sujets/employés », que nous retrouvons ici et en définitive.

 

C’est la peur de s’exprimer librement, de trop en dire puis d’en subir « les conséquences funestes ». Cette peur-là est omniprésente chez le français moyen et c’est justement d’elle que se sont débarrassés tous ceux qui se retrouvent propulsés « au pouvoir » par ceux qui, justement, ont bien trop peur de prendre la moindre décision importante pour « oser exister sans document légal. » Décision qui implique, quelle horreur, responsabilités et donc, punition » en fin de compte ! Du moins selon leur unique et sacro-sainte « expérience personnelle. » Bon, avec le recul et après avoir pris connaissance de ce texte, il apparaît comme évident qu’une personne ordinaire puisse, en même temps qu’elle apprend, trouver le temps nécessaire de mettre en pratique, n’est-ce pas ? D’autant qu’il y va de l’ésotérisme comme de la chirurgie : apprendre ne saurait suffire ; il faut aussi opérer !

Mais opérer sans connaissance de l’anatomie, est-ce bien prudent ? Ne serait-il pas du droit moral de tout ésotériste qui se respecte que de s’informer au moins du degré de connaissances réelles de tous ceux qui se prétendent « spécialistes » d’un domaine qu’ils découvrent à peine ? Où auraient-ils trouvé le temps d’apprendre puis de comprendre vraiment, ceux qui à peine passé vingt ans, se proposent de conduire ou de guider leurs semblables, y compris les plus âgés d’entre eux ? L’étude purement académique ne nous aurait-elle pas surtout appris à « nous passer » de bon sens et de logique ? Ou plus simplement, à ne plus avoir LA PRATIQUE du raisonnement aussi sain que rationnel ? À chacun de juger selon non pas son bon vouloir mais sa capacité à le faire !

 

Serge Baccino