Le présent à l’esprit

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Le présent à l’esprit

 

Le présent est un concept abstrait qui est de valeur nulle. Il n’a aucune durée. Il ne peut donc rien contenir du tout. Il s’agit seulement d’un point de référence immédiate, instantané, pour notre conscience qui se déroule sans cesse, passant d’un objet d’attention à un autre, créant ainsi l’impression du temps qui passe. Ce dont nous prenons conscience, le « ici et maintenant » de notre prise de conscience, appartient nécessairement au passé, puisque nous pouvons en prendre conscience. Et si nous pouvons en prendre conscience, c’est qu’il a déjà été créé et même, qu’il s’agit de notre passé, et non de notre présent, qui n’a aucune durée, qu’on ne peut pas mémoriser et dont on ne peut donc prendre conscience.

 

Dès lors, dès que nous croyons vivre une chose, en fait, nous portons notre attention consciente sur quelque chose de passé, qui n’est plus d’actualité. Mais en faisant ceci, nous réactualisons le passé et lui offrons une identité, une présence, alors qu’il n’est plus actualisé ou du moins, ne devrait plus être expérimenté par nous. Bien sûr, penser au passé ne le recrée pas, mais cela nous oblige à le revivre en esprit et de quitter le moment présent, d’en rater toutes les richesses linéaires.

 

Les gens croient vivre « présentement », alors qu’ils vivent en décalage temporel, c’est-à-dire « au passé ». Dans un passé qui est présent dans leur esprit, ce qui lui donne cette impression de réalité immédiate. En fait, en agissant de la sorte, l’homme fait durer le contenu formel de son passé. Et comme ce sont les personnes et les évènements les plus négatifs qui accaparent le plus son attention mentale, il reproduit sans cesse les mêmes problèmes et fait durer les mêmes souffrances qui lui sont associées. Alors, il se plaint de ses souffrance au présent, tandis qu’il observe et fait durer son passé. Ce qui engendre un futur aussi négatif que pouvait l’être son passé. Peut-être encore plus négatif, par l’effet de cumul sur le moral.

 

La solution est donnée par l’exemple d’un employeur qui congédie son employé, cela parce qu’il n’a plus besoin de ses services. Il est dit alors que l’employé est « remercié » par son ex-employeur. Cette expression était de mise il y a encore cinquante ans, car les employeurs prenaient le temps de réellement remercier l’employé congédié. L’employeur trouvait en cette manière de procéder, le moyen de faire savoir à son ex-employé que ce n’était pas la valeur ou la qualité de ce dernier qui était à remettre en cause, mais le fait que le poste n’était plus à pourvoir, n’avait plus d’utilité, etc.

 

C’est ainsi qu’il nous faut agir avec ce que nous croyons observer du présent, alors que nous observons, au présent, ce qui est déjà passé. Nous devons remercier notre passé, surtout s’il a été négatif, car c’est grâce à lui que nous avons pu évoluer. Et en l’occurrence, évoluer a consisté à savoir distinguer l’erreur de la vérité (par exemple.) Critiquer le passé, le traiter en ennemi, aurait pour seul effet de le faire durer plus encore. Pourquoi ? Parce que ces évènements, pour dramatiques qu’ils puissent nous paraître, étaient là pour nous instruire à notre propre sujet, pour nous permettre d’évoluer. Si nous les rejetons, les considérons comme nos ennemis, alors ils sont obligés de durer encore un peu, car nous ne faisons  que démontrer que nous n’avons pas encore bien saisi la leçon de vie.

 

La souffrance ne provient pas du présent mais d’un passé que nous faisons inconsciemment durer, cela en refusant de comprendre puis d’accepter les messages transmis par certains évènements, conditions ou même personnes. Pour faire cesser les souffrances relatives au passé qui dure à cause de notre ignorance des faits, il ne suffit pas de penser à autre chose ou même d’affirmer des idées positives, mais de REMERCIER la vie de faire de son mieux pour nous instruire. Nous devons reconnaître le côté éminemment pédagogique de notre vécu. Dans le cas contraire, il se reproduira indéfiniment et nous souffrirons longtemps et uniquement à cause de notre ignorance.

Vous pouvez bien sûr commenter ce texte, si possible sur mes pages Facebook, poser des questions ou le ré-expliquer à votre manière, avec vos mots, comme vous le voulez, le but étant de comprendre puis, et à votre rythme, d’en accepter le contenu. Ou pas, puisque vous êtes libres, y compris de vous priver de cette même liberté !

 

Serge Baccino