Sortir dedans

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Sortir dedans

 

Voilà un drôle de titre, n’est-ce pas ? Mais ne vous en offusquez pas, c’est fait exprès ! De toute manière, il n’est guère possible d’expliquer la chose autrement, du moins en l’état actuel des connaissances spirituelles majeures de l’humanité. Un jour, sans doute, il sera possible de sourire avec indulgence des piètres tentatives d’explications des ésotéristes du début du 21e siècle. C’est toujours ainsi et ce le sera encore durant bien longtemps. Voire pour toujours, qui sait ?

Ceux qui savent expliquent à ceux qui ignorent, et les seconds, en bon ignorants qu’ils sont (et soucieux de le démontrer), se moquent des premiers. Puis les décennies passent et ce qui semblait étrange ou impossible devient connu et évident, car accessible à tous ou presque. Alors ceux qui savent se moquent de ceux qui, jadis, essayaient, maladroitement mais avec les moyens (mentaux) du bord, d’expliquer non seulement l’inexplicable mais également, ce que bien peu ont envie d’apprendre puis de comprendre.

Dans les deux cas, ce sont toujours des mêmes que l’on rit, en somme, que l’on soit ignorant ou que l’on s’imagine déjà bien savant et donc, plus ignorant encore. Certains se reconnaîtront sans peine.

 

Par exemple, quelques-uns sont persuadés, de nos jours, que l’homme est capable de « sortir de son corps » puis d’y retourner et d’expliquer à quelques autres, encore assez rares, leurs aventures hors du corps. Dire que ceux qui prétendent sortir de leur corps n’en sortent pas en réalité, serait une manière risquée de présenter les faits. Cela parce que la personne n’est pas complètement folle et sait tout de même ce qu’elle a vécu, n’est-ce pas ? Une fois l’excuse de la mauvaise foi ou du dérèglement mental laissée de côté, que reste t’il, sinon un être humain qui est conscient d’avoir effectivement vécu certaines choses ressemblant à s’y méprendre à un voyage hors des limites de la chair ?

Il reste le témoignage de ses sens, ainsi que l’énoncé de la plus pure des logiques :

« L’être humain ne peut pas avoir conscience d’une chose qui n’existe pas, ne serait-ce que pour sa conscience. »

Et s’il y a prise de conscience, peut-on affirmer sans broncher que cette dernière ne repose sur rien ? Cela est bien peu probable, ne croyez-vous pas ? Toutefois, prendre conscience d’une chose qui se produit pour nous et dans notre conscience, et être capable de correctement l’interpréter, peut être très différent. Dès lors, il n’est plus question de mettre en doute la bonne foi ou l’équilibre mental d’une personne, puisqu’il suffit de comprendre que c’est sans doute au niveau de la compréhension de ce qui a été effectivement vécu, que se situe le problème. Si problème il y a.

 

C‘est ce qui se passe le plus souvent et depuis des siècles au niveau des fameuses « sorties de corps » (ou dédoublements, voyages astraux, etc.) En réalité, personne ne « sort » de rien, car personne n’est dans rien. Du moins, dans rien d’autre que la conscience. Mais présentée de la sorte, la version peut paraître bien trop aride pour accrocher l’intérêt, ne serait-ce que de l’intellect. Force nous est de tenter une autre explication, en nous servant pour cela de termes qui, hélas, sont prévus pour décrire les choses matérielles de ce monde à des personnes persuadés qu’il n’existe que ce monde ci et rien d’autre, cela sous le prétexte effarant qu’ils ne connaissent rien d’autre que… Ce qu’ils connaissent déjà (et que connaissent tous ceux qui se sont arrêtés au même niveau, évidemment.)

Nous ne ferons pas de commentaires sur cette étonnante manière de concevoir la vie ni sur le degré d’ouverture d’esprit qu’elle présuppose : notre but est d’essayer d’expliquer une chose qui ne pourra l’être vraiment qu’avec le concours bienveillant de ceux qui désirent réellement apprendre puis comprendre. La seconde partie n’étant que rarement gagnée d’avance.

 

Or donc, personne ne « sort » jamais de son corps;  jamais ! L’homme ne quitte pas son véhicule de chair : il pénètre d’autres états d’esprit, s’identifie temporairement à eux et, durant ce laps de temps, il « oublie » (perd de vue) l’état d’esprit principal, celui avec lequel « il fait corps » généralement (avec lequel il s’identifie le plus souvent et le plus longtemps.) Chaque état de l’esprit, chaque émotion durable, peuvent être « habités » et donner ainsi l’impression d’être autant de « Mondes » dans lesquels la conscience de Soi (« Je Suis ») peut se projeter et s’y promener, comme dans un décor terrestre.

La nuit, lorsque vous rêvez, où êtes-vous ? Où allez-vous ? Combien de mètres parcourez-vous lorsque vous marchez en rêve ? Y avez-vous songé ? Pourtant, que diriez-vous des décors, de vos perceptions, durant vos rêves ? Diriez-vous qu’ils sont… Irréels ? Diriez-vous, et à l’inverse, que durant la nuit, vous êtes partis ailleurs, que vous avez quitté votre lit pour voyager au loin ?

 

Non pas que nous cherchions à ramener la projection psychique (nom exact du phénomène) au rang de rêves à peine plus impressionnants ! Ce n’est pas le cas, de toute manière. Rêver est une chose, se projeter dans nos différents Mondes Intérieurs en est une autre ! Pourtant, les deux phénomènes sont assez voisins puisqu’ils permettent pour le premier d’explorer le contenu de la subconscience tandis que l’autre permet de voyager au sein même de nos processus mentaux, aussi volontaires que conscients, mais en se retrouvant confrontés à d’autres lois du fonctionnement de l’esprit que celles auxquelles nous sommes d’ordinaire confrontés, plus ou moins consciemment d’ailleurs.

 

Certains se disent attaqués par quelques démons antédiluviens dont la plastique ferait verdir de jalousie le plus prolixe des auteurs de science-fiction ou de films d’horreur. Pourtant, tout ceci a un sens, un but et, surtout, une raison. Ceux qui subissent les assauts de démons infernaux sont en fait confrontés à leurs propres démons intimes qui peuplent symboliquement cet enfer quotidien qu’est devenue leur vie de tous les jours. Une vie dont ils aimeraient « s’échapper » plus ou moins longtemps. De même que ceux qui se croyant « possédés » sont en réalité dépossédés d’eux-mêmes, voire n’ont jamais seulement réussis à devenir quelque chose d’autre que la somme de leurs conditionnements mentaux.

 

Alors nous sommes bien obligés de dire ici que ceux qui vivent le phénomène de sortie de corps ne s’abusent en rien en ce qui concerne leur ressenti : il se produit bien quelque chose qui leur donne l’impression de quitter quelque chose, ici leur corps physique. Mais en réalité, il ne font que prendre un certain recul avec leur vie actuelle, cela pour en avoir une vision générale et dépassionnée si possible. Et ils vivent cela pour avoir la force de décider s’il veulent « réintégrer ce vécu » (continuer à vivre de la sorte) ou s’ils préfèrent s’en extraire définitivement, cela en changeant le décors de leur Monde Intérieur, en en l’habillant de pensées nouvelles qui feront pousser une toute autre végétation. Voilà qui devrait suffire à une solide réflexion !

 

Serge Baccino