Un peu de Sanskrit, ça vous dit ?

Getting your Trinity Audio player ready...

Dans l’œuvre fondamentale de l’Inde, « les Yoga-Sutra », Maharishi Patanjali décrit ainsi sa vision personnelle et infiniment éclairée du Yoga : « Yogachitta vritti-nirodhah » (Yoga-sutra 1,2.)

Ce qui signifie :

« Le yoga est l’apaisement des modifications (vritti) de l’esprit »

Patanjali, qui fut à mes yeux le dernier grand Rishi de l’Inde « moderne » (par rapport à ses confrères qui vécurent des milliers d’années avant lui) était un Psychologue dans le sens le plus absolu de ce terme. Il savait que « c’est l’esprit qui détermine l’état dans lequel nous sommes. » Selon que nos pensées sont agréables ou désagréables, nous sommes heureux et gais ou bien tristes et malheureux. Les psychologues ésotéristes ne font pas de distinction réelle entre les pensées et les émotions : de toutes manières, les émotions, les sentiments et les diverses perceptions sensorielles naissent toutes des mouvements de l’esprit (Karma Chitta, en sanskrit.)

Les anciens Siddha, il y a six mille ans de cela, savaient que c’est l’esprit, de par ses mouvements (karma) et ses modifications sans nombre (vritti) qui a le pouvoir de déterminer notre expérience directe du monde. Cela parce qu’il est une forme contractée de ce pouvoir divin qui crée toutes choses. Cette forme contractée est appelée « Chitta » (esprit) mais lorsque ce même pouvoir n’est pas contracté ou occupé à donner forme aux pensées et aux choses, il se nomme « Chitti », c’est à dire CONSCIENCE.

La Conscience pure, sans pensées et au-delà de l’esprit (le Dieu des Chrétiens) est le plus haut pouvoir de l’univers.

Lorsque la conscience se contracte ou se rassemble en un point, elle forme l’esprit qui, à son tour, forme toutes choses. Mais à l’inverse, lorsque l’esprit se contracte ou se concentre, il perd toutes formes et redevient pure conscience d’Être (Purusha, en sanskrit.) L’esprit possède ce pouvoir étonnant de s’imprégner de tout ce sur quoi se concentre notre attention mentale puis de s’y identifier totalement. Ainsi, si nous acceptons de « capter » des pensées de colère, notre esprit va affirmer : « Je suis en colère » !

Si nous acceptons de « capter » des pensées d’amour, l’esprit s’écrie aussitôt : « Mon Dieu comme j’aime les gens, moi ! »
Mais si nous refusons de « capter » quoique se soit et que nous retournons, symboliquement, notre parabole animique en direction de l’intérieur, alors l’esprit capte le Soi et s’écrit : « Je Suis Cela, Je Suis la Divine Essence Cosmique ! »

En somme, la cause de la souffrance, c’est l’esprit !
Et la solution à la souffrance, c’est… Aussi l’esprit !

La Maîtrise véritable se résume donc à maîtriser notre propre esprit (et non à plier les autres à notre volonté, n’est-ce pas.) Mais comment maîtriser l’esprit, sachant que ce dernier est LE SECOND pouvoir infini et illimité de l’univers ? Car il ne s’agit certes pas de « s’attaquer à l’esprit », c’est-à-dire de le menacer de lui casser la gueule s’il fait mine de remuer le petit doigt !

Eh bien ! Justement, attendu qu’il est le second pouvoir de l’univers, il suffit de s’orienter vers le premier et de s’y cantonner ! Concrètement, et d’un point de vue purement psychologique, il est question de quelques prises de conscience successives autant que salutaires, que je résumerai en sept points :

1. L’esprit est le Corps Universel de la Conscience (Ultime Pouvoir Divin par ailleurs.)

2. C’est l’esprit qui fait toutes choses, produit toutes formes de manifestations. Rien n’arrive sans l’esprit, car tout est fait d’esprit.

3. Tout comme la Conscience Cosmique possède un corps unique qui est l’esprit universel, de même, ce que Je Suis possède un corps qui est l’esprit également.

4. Les pensées sont faites d’esprit, mais je ne suis pas ce que je pense mais Celui qui pense.

5. Les émotions sont produites par l’esprit, mais je ne suis pas ce que je ressens : Je suis Celui qui ressent toutes ces choses.

6. Si je m’identifie à l’esprit, alors je me transforme en un mouvement incessant, sans limite, sans répits et qui se modifie sans cesse.

7. Si je comprends que puisque je ne suis pas l’esprit, je ne peux être que la Conscience, alors mon esprit se concentre sur cette idée unique et je redeviens pure conscience d’Être.

Chacun de nous crée un monde indépendant dans son esprit puis se complait dans sa propre création mentale. Autrement dit, même si en apparence nous partageons tous la même actualité (ce qui se passe et arrive en fait, indépendamment de notre prise de conscience), chacun de nous comprend et réagit à cette même actualité d’une façon unique. Cette façon de réagir ou de répondre à l’actualité, est conditionnée par la perception individuelle que nous avons de ce que nous appelons pompeusement « la réalité ». Les Yogis savent que l’esprit ainsi que ses mouvements incessant et le prâna (la force vitale, en Français) sont intimement liés.

Lorsque le prâna cesse de circuler dans notre corps psychique, l’esprit se calme, et inversement.

Selon la psychologie Hindou, l’esprit adopte quatre formes différentes, selon ses diverses fonctions et activités.

Quand l’esprit est occupé à produire des pensées, il se nomme Manas (le mental.)

Quand l’esprit est investit dans la contemplation, il est « Chitta » (substance de l’esprit) et se comporte comme un réservoir illimité d’images, de sons et de diverses autres perceptions psychiques. C’est notre fameux « inconscient collectif. »

Quand l’esprit dirige, prend des décisions et donne des instructions, il se nomme « Boddhi » et devient l’intellect éclairé, c’est-à-dire cette partie de l’esprit qui reflète ce qu’elle a enregistré (On dit aussi « Mental Analytique. »)

Quand l’esprit s’imprègne de ses propres mouvances et s’identifie à elles, il devient « Ahamkara », à savoir l’ego (Littéralement, « Je donne corps à... »)

Ces quatre fonctions spirituelles forment « l’Antakharana », (pont) l’instrument psychique interne qui permet de relier nos diverses expériences personnelles à notre Conscience Individuelle (le Soi.)

Selon la psychologie ésotérique, le siège de l’esprit est le cœur.
Si nous avons la nette impression que nous pensons « avec la tête » ou que nos processus mentaux s’élaborent par et dans notre tête, c’est parce que le prâna fait monter les mouvements de l’esprit dans le cerveau. Mais le cerveau n’est qu’une sorte de poste récepteur/émetteur et non le lieu où se forment nos pensées et le pouvoir (Shakti) qui les accompagne.

De nombreux canaux (Nadi) traversent et irriguent notre corps psychique en force vitale. Un de ces canaux monte directement du cœur et vient « frapper » un centre psychique, dont la correspondance physique se trouve dans l’hypothalamus, ce qui produit non pas des pensées, mais notre prise de conscience personnelle que de telles pensées existent. Qu’elles existent déjà !

Plus sobrement, le prâna concentré dans le cœur, élève l’esprit vers le cerveau et nous permet ainsi de « penser », c’est-à-dire et, en réalité, de CAPTER des idées déjà toutes faites et donc prémâchées.
Ce dernier paragraphe demande sans doute à être médité en rapport avec le conditionnement mental personnel et collectif .

Attendu que c’est le prâna qui élève l’esprit vers le cerveau afin que ce dernier nous permette de prendre conscience des mouvements de l’esprit (karma Chitta), il devient dès lors évident que :

Si le prâna cesse de faire monter l’esprit vers le cerveau, nous sommes dès lors libérés des processus mentaux incessants.

En fait, l’esprit continue toujours de « remuer » et de raconter plein de choses (y compris des conneries) mais cela ne nous concerne plus parce que nous n’en sommes plus conscients ! Imaginez le pieds monumental que ça peut être de demeurer « sans pensées », calme, reposé, concentré sur sa nature réelle et heureux spontanément (Sahaj) ! Les gens non instruits de ces questions là s’imagine qu’il est impossible de s’arrêter de penser. Ces gens-là ont tort. En réalité, ce qui est impossible, c’est d’empêcher les mouvements de l’esprit !

Car il est dans la nature de l’esprit de remuer sans cesse et de former des pensées qui produiront à leur tour des émotions. Mais pourquoi dire à une cascade : « Cesse de couler, il me faut passer dessous tes chutes d’eau ! » Alors qu’il suffit de contourner l’obstacle ? De même, pourquoi se forcer à ne pas penser, alors qu’il suffit de ne plus être conscient que ces mêmes pensées existent ? Si nous n’avons pas conscience d’une chose, pour nous, cette chose n’existe pas, c’est aussi simple que cela.

Bon, soit, mais comment empêcher la force vitale (prâna) qui est concentrée dans notre cœur, de s’élever en direction du cerveau ?
En se servant d’une Loi. Chouette ! Et laquelle ? Celle-ci :

« L’énergie de la force vitale suit notre attention mentale et se concentre là où se fixe notre attention. »

Et une fois traduit de l’Arménien littéraire, ça nous donne quoi, en clair et en pratique ? Cela donne et se résume au seul exercice spirituel qui est recommandé depuis des milliers d’années par tous les psychologues ésotéristes, quelle que soit leur dénomination du moment : La Médiation sur le cœur !

Autrement dit, se concentrer sur la partie gauche du cœur, de manière à créer une « boucle spirituelle. » Attendu que l’énergie est déjà dans le cœur, le simple fait de se concentrer sur le cœur, oblige le prâna à y demeurer et à s’y concentrer en plus grande quantité. Cet afflux et cette concentration inespérée de pouvoir vivant, permet à l’atome germe du cœur, Siège de la Conscience de Soi, de se réveiller, dans un premier temps, de s’activer, dans un second temps, puis de s’épanouir lentement mais fermement, dans un troisième et dernier temps.

La Voie de la Siddha, cette philosophie pratique suivie par tous les plus grands Maîtres du passé (Jésus et Gautama en tête) est entièrement basée sur cet exercice-phare que tous les mystiques et ésotéristes du passé connaissaient et pratiquaient. Sans cet éveil de la Conscience Intérieure, il est impossible à une femme ou à un homme de se prétendre « spiritualiste » et encore moins ésotériste.

Hélas, avec le temps et les diverses tentatives pour supprimer le savoir ou de le réserver à « une élite » (prout !), un tel exercice a bien failli être définitivement perdu pour les Chercheurs de Lumière de cette Terre. Quelques rares ordres initiatiques ont bien essayé de le faire revivre mais le mal était fait et plus personne ne croyait en son pouvoir immense, à ce pouvoir de connecter l’homme à son propre Dieu le plus intime et intérieur (ésotérikos, en Grec.)

Et c’est avec un vif plaisir que ma femme, Lætitia, et moi-même, présentons ce même exercice de la Médiation sur le cœur, dans sa version originale et complète, que ce soit dans nos stages et ateliers et/ou dans nos cours privés par correspondance (avec suivi personnalisé pour chacun des affiliés à ces mêmes cours.)

Je demeure à la disposition de celles et ceux qui désireraient de plus amples informations à ce sujet (pas sérieux s’abstenir, merci ^^)

 

Serge Baccino