Est-ce que les mots

Getting your Trinity Audio player ready...

Est-ce que les mots

 

Sans doute l’avons-nous oublié. Avec le temps, la mémoire n’est plus ce qu’elle était. Du moins, cette partie de la mémoire à laquelle nous avons librement et donc, consciemment accès. Bien sûr, il nous reste « les Mémoires », mais elles s’occupent de notre vie sans nous et, surtout, sans notre permission. Autant dire que les Mémoires nous foutent plus volontiers dans la merde que dans des situations qui nous mettent en valeur ou qui nous sont favorables.

Nous sommes tous conscients, parait-il. Quand nous regardons de plus près le comportement de certains de nos contemporains, et que nous le plaçons sous la lentille du microscope de la vie, nous sommes en droit de nous questionner sur cette vérité plus ou moins établie. Si nous sommes si conscients que cela, comment se fait-il que nos paroles puissent parfois dépasser notre pensée, selon l’expression aussi célèbre que consacrée ?

 

Si nous sommes conscients, pourquoi continuons-nous à commettre des erreurs dont le degré de grossièreté ferait honte à un enfant de dix ans ? Avons-nous conservé une correcte définition du mot « conscience » ? Ou bien nous sert-il seulement à nommer l’état inverse du sommeil, de l’évanouissement et donc, de l’inconscience ? S’il vous plaît, prenez une ou deux minutes pour réfléchir avant de nous répondre et de vous faire mentir ensuite à la moindre occasion, vous obligeant ainsi à justifier vos erreurs et à éluder le fait que vous venez de mentir « en toute conscience. »

Voici cette question, voyez à quel point elle est simple et claire : êtes-vous conscient ? Vraiment conscient ? Ne répondez-pas tout de suite ! Du moins, pas avant d’avoir lu la définition de la conscience, issue de l’enseignement séculaire de la psy éso !

 

Pour la psy éso, être conscient est un état d’être TRÈS différent de la condition naturelle diurne qui consiste à avoir l’usage de ses sens et de pouvoir ainsi participer à la vie de notre société. Sinon, autant dire que vous êtes « conscients », du matin à votre réveil jusqu’au soir et au moment de votre endormissement ! Nous sommes en 2019 ! Vous ne devriez plus confondre la conscience objective, celle relative au fonctionnement usuel de nos cinq sens du même nom (objectifs), avec le pouvoir spirituel ultime que l’on nomme « La Conscience. »

La plupart des gens ne connaissent que la partie purement objective de la conscience, à savoir celle qui passe par l’usage des sens et qui, de ce fait, dépend d’eux, est conditionnée par eux et donc, par la qualité de leur fonctionnement. De même que l’on pourrait confondre l’Éveil avec le fait d’être « éveillé », nous avons confondu avoir conscience avec être conscient. La première forme de conscience se résume à une possession (« avoir »), celle de sens objectifs fonctionnant correctement. La seconde consiste en un état (« être ») et va bien plus loin que le fait d’être objectivement réveillé et en possession de tous ses moyens physiques et mentaux.

 

La première est d’ailleurs nommée « conscience par soi » et implique que cette forme de conscience-là passe par soi-même et, en particulier, par la personnalité physique. Elle est relative aux sens et ne transmet, au mieux, que les informations que tout le monde est capable de recevoir également. La seconde est nommée « conscience de soi » et semble se référer non pas aux objets des sens ou à ce que l’on nomme « le Monde extérieur et les autres », mais à tout autre chose. L’expression « conscience de soi » pourrait évidemment laisser entendre que nous sommes uniquement conscients… De nous-mêmes ! Ce qui, en fait, ne signifierait pas grand-chose ou alors, pourrait être très mal interprété. Ici, le mot « soi » (dans conscience DE soi) se réfère à un Regard tout autre que celui qui serait porté uniquement sur notre personne physique ou même mentale. Nous pourrions, pour faire plus simple et surtout, plus explicite, la renommer « conscience qui va de soi » ! Ce qui serait du même coup une manière plus pratique d’indiquer où nous désirons en venir avec ces deux formes de dénomination d’une chose qui nous semble familière.

 

Mais peu de gens connaissent vraiment ce qu’est la conscience. Il ne s’agit pas là d’un jugement à l’emporte-pièce ni même une manière de « faire mousser » l’ego de quelques-uns seulement, mais un simple constat. Un constat qui certes, nécessite d’avoir acquis une définition bien plus exacte et logique de la conscience ! Nous ne vous dirons pas ici que l’expression « Conscience de Soi » indique que « Tout est en Soi et que, de ce fait, pour être conscient de Tout, il faut se tourner vers son propre Soi, puisque tout est en lui. » Nous ne vous proposerons pas cette définition, cela parce que nous savons que très peu de gens sont préparés, mentalement, à en accepter l’impact. Nous préférons revenir à une version plus sobre – mais non moins étonnante – de la conscience, à savoir celle qui consiste à la considérer comme étant le pouvoir d’accéder, si besoin, à toutes les formes possibles de compréhension directe, c’est-à-dire d’une connaissance et d’une compréhension capables de se passer des sens, de la mémoire et donc, de l’intellect.

 

Est-il possible de tout savoir, de tout comprendre et, selon notre actuelle définition, d’être conscient de tout ? Oui et… Non ! Non, parce que « Tout », c’est égal à l’illimité ou à l’infini. Nous ne pouvons pas être conscient de ce « Tout » là, si nous pouvons l’exprimer ainsi. Donc, nous ne pouvons pas être conscient de « Tout en même temps ». Cela nous rendrait fou, bien que ce ne soit pas possible, de toute manière. Par contre, nous pouvons devenir conscients et donc, tout connaître et tout comprendre d’un évènement ponctuel. De tous les évènements ponctuels successifs, dirons-nous, pour tenter de nous montrer plus simples. Un exemple, peut-être ? très bien. En voici un.

Imaginez que vous deviez recevoir dix personnes dans votre bureau, par exemple pour un entretien d’embauche. On va dire que vous êtes un DRH, en cette occasion. Imaginez, à présent, que chaque personne qui vient s’assoir dans le siège en face du vôtre et qui se trouve à un mètre de vous, derrière votre bureau, soit pour vous très facile à « percer à jour », à comprendre parfaitement. Par exemple, vous savez ce dont cette personne a réellement besoin, sans doute mieux qu’elle-même. Vous savez, entre autres, si vous pouvez lui faire confiance, ce qu’elle a vécu, son niveau social, ses capacités, ses peurs, ses doutes et ces fausses certitudes, etc. Et c’est ce pouvoir qui est en vous et que l’on appelle « la conscience », qui vous permet d’en être… Conscient, tout simplement.

 

Nous pouvons dès lors comprendre que la conscience est ce qui nous permet d’être immédiatement informés de tout ce qui se passe vraiment autour de nous, voire en les gens que nous côtoyons. Évidemment, nous ne pouvons pas – et nul ne le peut – être conscients de TOUT et de TOUS, en simultané. Mais nous avons cette capacité extraordinaire et qui est à notre portée, d’être pleinement conscients des faits, et non plus nous laisser abuser par nos schémas mentaux, nos croyances, nos désirs refoulés, nos peurs, notre jalousie, ainsi que toutes ces choses qui, loin de faire de nous des êtres humains, font de nous des êtres qui le sont si peu, en vérité.

Car en vérité, voici ce que sont devenus nos relations à l’autre ! Plus personne n’est conscient des faits, chacun se fait un film qu’il projette ensuite sur l’écran mental de sa conscience subjective, et surtout, sur les autres. Nous pourrions d’ores et déjà nous questionner au sujet de la manière dont se manifeste cette conscience des faits et des êtres et qui ne passe ni par les sens, ni par nos différents programmes mentaux.

Ou pour le formuler différemment, comment pouvons-nous être assurés que nous avons affaire à une personne qui ne projette plus sur nous mais qui nous « capte » tel que nous sommes, en vérité et donc, tel que nous sommes, pour le moment ?

 

C’est encore relativement facile, même de nos jours. Il suffit de se fier à la modalité d’expression principale de la conscience. Autrement dit, à la parole. « La parole consiste en l’incarnation de la pensée », dit-on. Ce qui n’est pas faux, tout en étant encore incomplet. La parole permet, normalement, de savoir ce qui se passe sous le crâne d’une personne donnée. Ceci à la condition expresse que la personne se contente vraiment d’exprimer sa pensée, sans chercher à l’édulcorer ou à en minimiser les effets sur autrui, par exemple. Mais est-il toujours possible d’exprimer notre pensée ?

Oui, à la condition unique que cette pensée soit issue de la conscience de soi, et non de la conscience (qui passe) par soi ! Quand la conscience passe par le « moi » humain, la conscience devient conditionnée par toutes les Mémoires qui forment ce même « moi ». Autant dire que cette forme de conscience-là est tout sauf consciente, justement ! « Quand l’intellect s’en mêle, il s’emmêle aussitôt », disait un Maître de la psy éso qui a vécu jusqu’aux débuts des années soixante.

 

Si vous regardez avec les yeux seulement, si vous n’écoutez qu’avec vos seules oreilles, alors ce n’est plus vous qui allez comprendre : ce sont vos Mémoires qui vont s’exprimer pour vous et à votre place, en vous faisant croire que vous voyez et écoutez vraiment l’extérieur et les autres, dans le monde social.

Pour le dire d’une manière plus amusante, croyant regarder et écouter les autres, au-dehors, vous allez surtout écouter vos conditionnements mentaux qui ne cessent de remuer en vous. Disons que vous connaissez déjà ce phénomène sous le vocable « projection » (projeter nos propres misères morales sur autrui) » et n’en parlons plus, d’accord ?

Parlons plutôt des mots, mais pas à mi-mots, pour une fois. Si la parole est censée exprimer la pensée, le choix des mots exprime quant à lui le niveau de conscience. Autrement dit, le niveau depuis lequel une personne ou un individu, perçoit le Monde ainsi que tous ceux qui le peuplent et qui viennent à sa rencontre.

Le niveau de conscience correspond donc bien au niveau de perception, permettant, selon le cas, de tout comprendre, d’une personne, ou de rien n’y comprendre du tout, voire mélanger les souvenirs de notre vécu aux siens. Si nos mots concordent avec nos pensées, alors nous pouvons, grâce à la parole, savoir, grâce à nos sens, si une personne est d’une certaine culture ou bien si elle est aussi bête qu’un cheval de trait.

 

Mais c’est là l’emploi unique de nos sens, et comme indiqué plus tôt, les sens peuvent aussi bien nous abuser ! D’ailleurs, certains ont ce désir de nous abuser par l’intermédiaire de nos sens ! Par exemple les spiritualistes de pacotille qui, avec la bouche seulement, ont déjà atteint un très haut niveau d’éveil, n’est-ce pas ! En fait, la tricherie n’est déjà plus un art depuis bien longtemps. Triché est aisé dans un monde où chacun préfèrerait ne pas connaître la vérité. Et comme celui qui désire abuser autrui sur son compte, trouvera toujours une oreille complaisante ne demandant qu’à être abusée, il y a fort à parier que d’écouter parler une personne, ne nous renseignera plus sur son degré réel d’évolution. Alors quoi, si ce ne sont les mots ?

Puisque nous ne pouvons accéder à l’esprit des êtres, c’est du moins ce que nous tenons pour acquit, comment savoir en qui nous pouvons placer notre confiance et à qui il nous faudra la retirer bien vite ? La réponse a été donnée dès le départ : la conscience !

 

Être conscient, c’est être conscient de tout ce qui consiste en le moment présent. Et c’est toujours dans le moment présent que « se cache » l’information qui pour nous sera capitale. Il n’est pas question ici de chercher à devenir un sur-homme ou à développer quelque étrange faculté psychique ! Il est tout d’abord question de s’arrêter de mentir, de se mentir, puis de s’ouvrir à la réalité des choses et des êtres.

En clair, celui qui désire savoir sait et celui qui désire comprendre comprendra. Il saura et il comprendra dès qu’il cessera de tout faire pour NE PAS TENIR COMPTE de certains « détails » de l’expérience vivante et directe qu’il est train de vivre.

Très bien, mais que viennent faire les mots dans l’affaire, si nous ne pouvons plus nous fier aux mots ? Nous pouvons continuer de nous fier aux mots mais… Autrement. Les mots deviennent alors pour nous ce que la personne désire nous voir croire et accepter à son sujet, tandis que notre perception directe, notre conscience totale des faits, nous aide à définir ce que les uns et les autres ont vraiment dans le ventre. Bien, mais pourquoi les deux, puisque la conscience, à elle-seule, suffirait à remplir cet office ?

 

La raison est relativement simple à expliquer et donc, à comprendre. Tout est double ! Savoir ce qu’est vraiment une personne ne servirait pas à grand chose, si nous ne savions pas également ce qu’elle attend de nous ou des autres, quels sont ses buts avoués, etc. Par exemple, si vous captez de la peur chez une personne, cela ne signifie pas que vous pouvez lui faire confiance ou non ou si vous devez l’aider ou pas. Mais SI VOUS COMPAREZ ce que vous captez de cette personne avec ce qu’elle affirme, par le biais de la parole et donc, des mots, vous pourrez alors comparer les deux versions et vous faire une idée plus juste du rôle que vous pouvez jouer OU NON dans la vie de cette personne. Sans compter que si la vie ne vous permet pas de passer outre la relation (employeur ou autre), vous pourrez déjà et au moins mettre les fesses de votre âme à l’abri et réduire les pertes occasionnées par de telles relations plus ou moins imposées par la vie. Savoir c’est pouvoir !

 

Si vous savez que quelqu’un cherche à vous abuser, inutile de vous affoler ou de vous exciter sur son compte : agissez promptement afin de placer la personne dans l’incapacité de vous nuire. Mais agissez depuis votre côté, sur vous et pour vous, et laissez les autres assumer leur destin. Destin qui dépend de la capacité de chacun de nous à vivre en concordance avec son propre état d’esprit. Par exemple, si vous deviez prêter de l’argent mais remarquiez que le demandeur est plus honnête et sincère avec la bouche que ce que vous percevez de sincérité en lui, agissez en ne lui prêtant pas cet argent ! Ainsi, vous n’empêchez pas les filous d’exister, mais vous ne ferez plus les frais de leur présence. Quoi de plus simple, finalement ?

 

Serge Baccino