Archives par mot-clé : complexes égoïques

Incompétence et mensonge

chemise-cravatePour ceux qui ont des yeux pour observer, il devient évident que les années 2000 sont placées sous le signe de l’incompétence ! Nous sommes de plus en plus souvent confrontés à l’incompétence de services administratifs, sociaux ou autres qui, tandis qu’ils déclarent nous « servir », nous desservent, nous limitent et nous foutent dans la merde, en fin de compte. Le pire est que, parallèlement, ces mêmes services deviennent de plus en plus exigeants envers nous et attendent que nous puissions clairement exposer nos besoins et que nous nous adressions à chaque fois au service « compétent » pour traiter nos demandes et réclamations…

Comme s’il nous appartenait de connaître d’avance le service interne spécialisé dans le traitement de nos doléances ! Qui n’a pas eu cette réponse, à un guichet ou au bout de fil : « Monsieur (Madame), vous n’êtes pas au bon guichet (ou service) vous devez aller à (ou composer le…) »

 

 

 

Comment savoir quel est le bon service de réclamation ? Comment deviner quelles sont les formalités pour se plaindre, alors que les services qui nous promènent, physiquement ou au téléphone, semblent ignorer eux-mêmes à quelle porte frapper, tant est devenu complexe leur système de cloisonnement ? Devons-nous « taper 1 » ou « taper 5 » sur le clavier du téléphone, lorsque aucun des numéros proposés par le chaleureux disque vocal ne correspond à notre problème ?

 

 

A l’évidence, le mal du siècle devient l’incompétence, et bien que ce constat puisse paraître négatif, exagéré ou simplement attristant, il demeure sous le nez de ceux qui n’ont plus peur de regarder en face ce qui leur fait très peur, car échappe carrément à leur pouvoir d’action. Nier un problème n’aide pas vraiment à le résoudre, n’est-ce pas ? Et encore moins chercher à le justifier. Donc, nous souffrons de l’incompétence d’un très grand nombre d’individus et, pire que tout, sans doute sommes-nous appelés à faire souffrir autrui à cause de notre propre incompétence ! affraid

 

 

 

Mais au fait, Docteur, c’est quoi, l’incompétence, et comment apparait-elle ?
L’incompétence se résume à ne pas pouvoir assumer un rôle, un acte ou une mission qui nous a été attribué et que nous avons accepté, y compris contraint et forcé. Comment s’installe l’incompétence ? Se résume-telle à ne pas être bon dans un domaine quelconque ? Certes non et trois fois non !

 

 

indexIl est tout à fait normal de ne pas être compétent dans divers domaines et n’être spécialisé que dans un seul, par exemple.
L’incompétence « de fait » (c’est à dire ne pas savoir ou pouvoir faire une chose précise) est tout à fait naturelle et légitime, car elle se justifie d’elle-même par le fait que nous sommes de simples êtres humains.

Par contre, dès qu’une personne décrète ou se met dans l’idée qu’elle est capable de faire une chose alors qu’elle est consciente par ailleurs d’en être incapable, l’incompétence apparait.

 

 

L‘incompétence actuelle provient de ce désir de l’homme de nier la vérité, vérité qui concerne ses faiblesses ou ses limites, légitimes par ailleurs. L’incompétence actuelle est donc née du mensonge ou, plus prosaïquement, de cette maladie de l’ego humain qui veut à tout prix nier ce qui l’empêche de briller, ne serait-ce que quelques secondes.

 

De nombreuses personnes occupent (le terme est heureux) des postes pour lesquels elles ne sont pas compétentes. Cette occupation illégitime de positions sociales présentant un certain « pouvoir » par rapport à d’autres considérées comme plus modestes, provient d’une difficulté croissante de l’ego humain à avouer ses limites puis à les accepter. Plus la personne est incompétente, plus cela démontre à quel point son ego est compulsif et donc puissant dans l’art de la leurrer et de lui faire croire qu’avouer ses faiblesses revient à se suicider socialement et/ou spirituellement.

 

 

 

ombre vitreIl viendra donc un jour où les postes les plus en vue ou offrant le plus de pouvoir sur autrui, seront exclusivement occupés par des gens non seulement incompétents mais bourrés de complexes égoïques (relatifs à leur ego, donc.) Celui ou celle qui est sain d’esprit ne cherche pas à prouver sa valeur et n’a donc pas besoin de la démontrer sans cesse, y compris par la force. Celui ou celle qui est « clean » n’occupera donc que très rarement des postes à pouvoir et son incompétence naturelle et légitime n’affectera donc jamais les autres. A méditer, non ?

 

 

N’hésitez pas à réagir à cet article et… Hésitez encore moins à étudier vos propres réactions à la lecture de ce même article, car c’est de cette manière que l’on commence à apprendre à prendre un peu de recul avec son état d’esprit, unique manière de pouvoir l’étudier sans avoir cette désagréable impression de s’enfoncer un fer rouge dans l’âme.

 

 

 

 

Serge Baccino

Licence Creative Commons

 

Citation concordante :

 

La lutte pour l’incompétence reconnue.
Le nombre des fonctionnaires paresseux ou insolents est infini, comme l‘est celui des généraux dont les hésitations démentent leurs principes hardis, des gouvernants que leur servilité congénitale empêche de gouverner réellement.

Mon étude de centaines de cas d’incompétence dans le travail m’a donc conduit à formuler le « principe de Peter » :

(Le Principe de Peter, de Lawrence J. Peter et Raymond Hull, est une satire de l’organisation du travail, où l’humour cache une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît. Paru originalement sous le titre The Peter Principle (1969), son titre est un clin d’oeil au principe de plaisir de Freud, car « Peter » est non seulement un prénom en anglais, mais désigne aussi le phallus en argot.)

 

Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence. Ayant formulé le Principe, j’ai découvert que j’avais sans le vouloir créé une nouvelle science, la « hiérarchologie », ou étude des hiérarchies.

Le terme « hiérarchie  » désignait à l’origine un système de gouvernement de l’Église par des prêtres aux rangs différents. Aujourd’hui, il signifie toute organisation dont les membres ou les employés sont classés par ordre de rang, de grade ou de classe.

 

La hiérarchologie, bien que récente, semble pouvoir s’appliquer à tous les domaines de l’administration publique ou privée. Mon principe est la clef d’une compréhension de tous les systèmes hiérarchiques et, par conséquent, de toutes les structures de la civilisation.

Quelques excentriques s’efforcent de n’être mêlés à aucun système hiérarchique, mais tout le monde, dans les affaires, l’industrie, le commerce, les syndicats, la politique, l’armée, la religion et l’enseignement en est tributaire. Tous sont gouvernés par le principe de Peter.Beaucoup d’entre eux, sans doute, pourront gravir un échelon ou deux, passant d’un niveau d’incompétence à un niveau d’incompétence plus élevé. Mais la compétence dans cette nouvelle situation fait qu’ils se trouvent qualifiés pour une nouvelle promotion.

 

Pour chaque individu, pour vous ou pour moi, la dernière promotion fait passer d’un niveau de compétence à un niveau d’incompétence.
Ainsi, avec le temps – et en supposant l’existence d’un nombre suffisant de rangs dans la hiérarchie – chaque employé s’élève et demeure à son niveau d’incompétence. Le corollaire de Peter précise :

Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité.

 

Vous trouverez rarement un système dans lequel chaque employé aura atteint son niveau d’incompétence, naturellement. Dans la plupart des cas, le travail continue.Ce travail est accompli par les employés qui n’ont pas encore atteint leur niveau d’incompétence. Je les groupe, pour cette analyse, en trois classes : compétents, modérément compétents, et incompétents.

La théorie des moyennes, et l’expérience le confirme, veut que ces classes soient inégales : la majorité appartiennent à la classe modérément compétente, les minorités aux compétentes et incompétentes.

Dans la plupart des hiérarchies, la super-compétence est plus répréhensible que l’incompétence.

L’incompétence ordinaire n’est pas, comme nous l’avons vu, une cause de renvoi mais simplement un obstacle à la promotion.

La super-compétence aboutit souvent au renvoi, parce qu’elle bouleverse la hiérarchie et viole ainsi le premier commandement de la vie hiérarchique : la hiérarchie doit être maintenue.

 

Source : http://perso.orange.fr/marxiens/philo/pretapen/art.htm